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Par Dans mes malles le 27 Octobre 2017 à 21:21
Voici quelques photos personnelles prises à l'exposition consacrée au peintre
Jean-François Millet
au Palais des Beaux-Arts de Lille
Femme faisant paître sa vache L'homme à la houe
L'Angélus L'automne
Le printemps Bergère avec son troupeau
Photos A. B.
3 commentaires -
Par Dans mes malles le 27 Octobre 2017 à 21:20
Ce vendredi 27 octobre 2017, nous sommes allés au Palais des Beaux-Arts de Lille pour voir la grande rétrospective consacrée à...
JEAN-FRANÇOIS MILLET
Il s’agit d’un point de vue inédit sur la postérité américaine de l'artiste.
1. Rappelons tout d’abord qui fut Jean-François Millet.
Jean-François Millet (4 octobre 1814 - 20 janvier 1875) est un artiste-peintre réaliste, pastelliste, graveur et dessinateur français du 19ème siècle, l’un des fondateurs de l’école de Barbizon. Il est célèbre notamment pour ses scènes champêtres et paysannes réalistes.
Il a eu une grande influence sur des impressionnistes comme Claude Monet et Camille Pissarro, ainsi que sur Vincent van Gogh, qui a interprété certaines de ses scènes rurales. Son œuvre a également influencé l'autrichien Albin Egger-Lienz.
Autoportrait de l'artiste
2. Ses tableaux.
Jean-François Millet est incontestablement l'un des plus grands peintres du 19ème siècle. Ses deux tableaux les plus célèbres sont des œuvres emblématiques de l'art occidental, sans cesse réinventées par l'art, par la publicité, par le cinéma. Il s'agit de « L'Angélus » et « Des Glaneuses ».
Des Glaneuses L'Angélus
Comme « Des Glaneuses » (1857), dépeignant les plus pauvres des femmes de la campagne se penchant dans les champs pour glaner les restes du champ moissonné, ses tableaux expriment une présentation forte et éternelle de la classe paysanne qui résonne encore à ce jour (« Des Glaneuses » sont conservées à Paris au musée d'Orsay).
Son « Angélus » (1858) a été très largement reproduit sur différents objets et supports et copié ou réinterprété par d'autres artistes des 19ème et 20ème siècles. Salvador Dalí en particulier a été fasciné par ce travail, lui consacrant tout un livre (« Le Mythe tragique de l’Angélus de Millet »). Des variations de ce tableau de Millet apparaissent dans plusieurs de ses propres peintures.
« L'Angélus » est sans doute, avec « La Joconde » (de Léonard de Vinci), le tableau le plus célèbre de l'art occidental. Paradoxalement, l'ensemble de l'œuvre de Jean-François Millet est aujourd'hui à redécouvrir.
Une première depuis 1975, la grande rétrospective internationale organisée en 2017 au Palais des Beaux-Arts de Lille met en lumière un artiste profondément inventif et admiré de l'avant-garde, dessinateur talentueux. Trop longtemps étiqueté « peintre paysan », ses peintures et dessins révèlent avant tout l'univers sensible et poétique d'un peintre hors norme qui a profondément marqué Van Gogh, Pissarro, Seurat, Gauguin, Permeke, Dali et plus récemment Banksy.
« Des Glaneuses » (souvent nommé à tort « Les Glaneuses ») est un tableau de Jean-François Millet, peint en 1857 et présenté la même année au « Salon ».
Ce tableau s'inscrit dans une série de peintures de Millet illustrant la vie paysanne. En voici quelques exemples :
Les planteurs de pommes de terre La récolte des pommes de terre Le repos des faneurs La naissance du veau
Fidèle à l'un de ses sujets favoris, la vie paysanne, Millet livre dans « Des Glaneuses » le résultat de dix années de recherches autour du thème des glaneuses. Ces femmes incarnent le prolétariat rural. Elles sont autorisées à passer rapidement, avant le coucher du soleil, dans les champs moissonnés pour ramasser un à un les épis négligés. Le peintre en représente trois au premier plan, dos cassé, regard rivé au sol. Il juxtapose ainsi les trois phases du mouvement répétitif et éreintant qu'impose cette âpre besogne : se baisser, ramasser, se relever. Leur austérité s'oppose à l'abondance de la moisson au loin : meules, gerbes, charrette et la multitude de moissonneurs qui s'agitent. Ce foisonnement festif et lumineux paraît d'autant plus lointain que le changement d'échelle est abrupt. La lumière rasante du soleil couchant accentue les volumes du premier plan et donne aux glaneuses un aspect sculptural. Elle souligne vivement leurs mains, nuques, épaules et dos et avive les couleurs de leurs vêtements.
Puis, lentement, Millet estompe les lointains pour produire une atmosphère dorée et poudreuse, accentuant l'impression bucolique de l'arrière-plan. Le personnage à cheval, isolé à droite est vraisemblablement un régisseur. Chargé de surveiller les travaux réalisés sur le domaine, il veille également à ce que les glaneuses respectent les règles liées à leur activité. Sa présence ajoute une distance sociale en rappelant l'existence des propriétaires dont il est l'émanation. Sans user d'anecdotes pittoresques, par des procédés plastiques simples et sobres, Millet confère à ces glaneuses, pauvres sans doute, mais pas moins dignes, une valeur d'emblème, dénuée de tout misérabilisme.
3. Millet USA.
Directement inspiré du mythe des grands espaces et de la conquête du Nouveau monde, « Millet USA », le volet contemporain de l'exposition 2017 à Lille, explore la postérité américaine de l'artiste à travers les œuvres de poètes, de peintres, de photographes et de cinéastes, d'Edward Hopper à Patti Smith, en passant par Dorothea Lange, Terrence Malick ou Mat Collishaw.
La rénovation des salles où sont accrochées ces œuvres offre l'opportunité d'organiser, pour la première fois « hors les murs », une exposition autour de l'ensemble des Millet du Musée d'Orsay. Les plus grandes collections d'œuvres de Millet se trouvent en effet à Paris au musée d'Orsay, au musée des beaux-arts de Boston, au musée Thomas-Henry de Cherbourg-Octeville et au Metropolitan Museum of Art de New York.
Les Millet du musée d'Orsay offrent la particularité d'être représentatifs de toutes les facettes de la carrière du peintre. On y découvre ses premiers portraits réalisés après ses études à Cherbourg son travail à Barbizon, ses talents de paysagiste et, bien sûr, ses représentations de paysans, thème au cœur des préoccupations du peintre.
Homme greffant un arbre Les scieurs de bois
Un après-midi dans la maison (Paysans endormis)
Le Semeur La Petite Bergère Le départ pour le travail
L'église de Gréville
L'exposition est ainsi conçue comme un hommage complet rendu à Millet, « l'un des artistes qui ont le plus profondément cherché l'expression de la vie, qui ont fait parler non seulement les êtres mais les choses », disait Jules Breton. Elle est l'occasion de donner à voir des œuvres exceptionnelles, qui font partie de l'imaginaire national français et permet de faire connaître une page de la civilisation française.
Contrairement à la plupart de ses confrères pour lesquels la nature ou les animaux constituent l’essentiel de leurs sources d’inspiration, Jean-François Millet s’est surtout intéressé à la vie des paysans. Lui-même était issu d’une famille rurale aisée du Cotentin.
Sa maison natale, au village de Gruchy dans la commune de Gréville-Hague, a été reconstruite à l’identique et meublée comme une maison paysanne du 19ème siècle. On y peut découvrir de nombreuses copies de ses tableaux.
4. Quelques tableaux de Millet ont plus particulièrement retenu notre attention.
4. 1. Analyse du tableau « Un vanneur »
Cette peinture est une variante tardive d'une oeuvre présentée par Millet au Salon de 1848 sous le même titre et achetée par Ledru-Rollin, alors ministre de l'Intérieur de la toute jeune Seconde République. Millet ouvrait ainsi une nouvelle voie dans son art. Abandonnant les mythologies et le pittoresque, il avait trouvé son héros : le paysan.
Le vanneur est ici saisi dans la réalité de son travail, le geste est observé avec précision. Il soulève le van de son genou, secoue le grain, faisant ainsi voleter des paillettes d'une poussière qui emplit la grange et donne au tableau une atmosphère dorée. Tout l'art de Millet est présent ici, ses larges simplifications, ses grandes localisations de tons, la qualité de ses teintes, de ses rapports de valeurs et surtout, la présence de grandes figures pensées comme des allégories.
Cette toile fut largement commentée en 1848. Gautier donne le ton : « Il est impossible », écrit-il alors, « de voir quelque chose de plus rugueux, de plus farouche, de plus hérissé, de plus inculte », mais il ajoute « eh bien, ce mortier, ce gâchis épais à retenir la brosse est d'une localité excellente, d'un ton fin et chaud quand on se recule à trois pas. Ce vanneur [...] se cambre de la manière la plus magistrale ». Dans cette version tardive, Millet souligne encore plus l'effort du paysan dans la courbure du corps. Courbet fut un grand admirateur du « Vanneur », et il l'eut sans doute à l'esprit lorsqu'il entreprit l'année suivante « Les casseurs de pierre » (œuvre détruite lors des bombardements de Dresde au cours de la Seconde Guerre Mondiale).
4. 2. Analyse du tableau « Des glaneuses »
Des Glaneuses
Fidèle à l'un de ses sujets favoris, la vie paysanne, Millet livre dans ce tableau le résultat de dix années de recherches autour du thème des glaneuses. Ces femmes incarnent le prolétariat rural. Elles sont autorisées à passer rapidement, avant le coucher du soleil, dans les champs moissonnés pour ramasser un à un les épis négligés. Le peintre en représente trois au premier plan, dos cassé, regard rivé au sol. Il juxtapose ainsi les trois phases du mouvement répétitif et éreintant qu'impose cette âpre besogne : se baisser, ramasser, se relever. Leur austérité s'oppose à l'abondance de la moisson au loin : meules, gerbes, charrette et la multitude de moissonneurs qui s'agitent. Ce foisonnement festif et lumineux paraît d'autant plus lointain que le changement d'échelle est abrupt. La lumière rasante du soleil couchant accentue les volumes du premier plan et donne aux glaneuses un aspect sculptural. Elle souligne vivement leurs mains, nuques, épaules et dos et avive les couleurs de leurs vêtements.
Puis, lentement, Millet estompe les lointains pour produire une atmosphère dorée et poudreuse, accentuant l'impression bucolique de l'arrière-plan. Le personnage à cheval, isolé à droite est vraisemblablement un régisseur. Chargé de surveiller les travaux réalisés sur le domaine, il veille également à ce que les glaneuses respectent les règles liées à leur activité. Sa présence ajoute une distance sociale en rappelant l'existence des propriétaires dont il est l'émanation. Sans user d'anecdotes pittoresques, par des procédés plastiques simples et sobres, Millet confère à ces glaneuses, pauvres sans doute, mais pas moins dignes, une valeur d'emblème, dénuée de tout misérabilisme.
Le labeur paysan, Millet le représente tel qu’il l’a vécu : âpre, fatigant. Le tableau traduit l’effort du corps, ployé dans une position douloureuse. Pire : la tâche est répétitive et aliénante. Une des difficultés, pour un peintre, est de figurer le mouvement. Millet y parvient par un procédé habile : à travers la posture des trois femmes, il juxtapose –de gauche à droite- les trois phases de l’acte de glaner : se baisser, ramasser, se relever. Et recommencer, en une sorte de mouvement perpétuel et décomposé, à la façon d’un travail à la chaîne, accompli par des anonymes. Anonymes… Car elles ont beau figurer en gros plan, elles sont dotées de visages à peine discernables, non caractérisés. Elles n’ont pas d’existence propre. Clones interchangeables, elles se résument à leur fonction. Des glaneuses, et non les glaneuses. C’est subtil et impressionnant.
Du coup, les choses semblent se mettre naturellement en place. A l’arrière-plan, les meules du maître offrent en spectacle une abondance dont elles sont exclues. La présence du régisseur, à cheval sur la droite, ajoute une distance sociale en rappelant l’existence des propriétaires dont il est le représentant par métonymie, tout en incarnant la loi.
Avec ce tableau, Millet réussit un coup de force : réunir plastiquement, dans le même espace, deux mondes qui ne se rencontrent pas, et mettre ainsi en scène le prolétariat campagnard côtoyant la classe au pouvoir qui l’ignore. Surinterprétation ? Elle est corroborée par certains propos de Millet, dépourvus d’ambiguïté : « Je me refuse à montrer ce travail gai et folâtre auquel certaines gens voudraient nous faire croire ». Et il ajoute même : « Je regrette de troubler les heureux dans leur repos ».
4. 3. Analyse du tableau « L'Angélus »
L'Angélus
Un homme et une femme récitent l'angélus, prière qui rappelle la salutation de l'ange à Marie lors de l'Annonciation. Ils ont interrompu leur récolte de pommes de terre et tous les outils, la fourche, le panier, les sacs et la brouette, sont représentés. En 1865, Millet raconte : « L'Angélus est un tableau que j'ai fait en pensant comment, en travaillant autrefois dans les champs, ma grand-mère ne manquait pas, en entendant sonner la cloche, de nous faire arrêter notre besogne pour dire l'angélus pour ces pauvres morts ». C'est donc un souvenir d'enfance qui est à l'origine du tableau et non la volonté d'exalter un quelconque sentiment religieux, Millet n'est d'ailleurs pas pratiquant. Dans une scène simple, il souhaite fixer les rythmes immuables des paysans. Ici, l'intérêt du peintre se porte sur le temps de la pause, du repos.
Isolé au premier plan, au milieu d'une plaine immense et déserte, le couple de paysans prend des allures monumentales, malgré les dimensions réduites de la toile. Leurs visages sont laissés dans l'ombre, tandis que la lumière souligne les gestes et les attitudes. La toile exprime ainsi un profond sentiment de recueillement et Millet dépasse l'anecdote pour tendre vers l'archétype.
C'est sans doute ce qui explique le destin extraordinaire de « L'Angélus » : objet d'un incroyable engouement patriotique lors de sa tentative d'achat par le Louvre en 1889, vénéré par Salvador Dali, lacéré par un déséquilibré en 1932 et devenu au cours du 20ème siècle une icône mondialement célèbre.
4. 4. Analyse du tableau « La Becquée »
La Becquée
Devant la maison, une femme, probablement la mère de famille, nourrit trois jeunes enfants. Les petits sont sagement installés sur le seuil, et attendent que vienne leur tour. Ils sont chaussés de sabots de bois, un tablier bleu vient recouvrir une robe plus longue, ils portent tous un petit bonnet.
L’enfant du milieu, un garçon peut-être (ne nous fions pas à la robe, qui était portée jusqu’au début du 20ème siècle par les jeunes enfants des deux sexes), qui semble être le plus jeune, avance la tête pour avaler la nourriture qui lui est présentée à l’aide d’une grande cuillère de bois. Son geste rappelle celui de l’oisillon qui réclame la becquée attendue et a donné son nom au tableau. Son bonnet rouge bordé d’un ruban doré fait une tache colorée sur une toile aux couleurs sourdes. La petite fille à sa gauche lui tient la main et l’épaule d’un geste tendre. Son regard accompagne son geste. De l’autre côté, la plus grande tient une poupée dans ses bras.
La mère, simplement vêtue, a le visage dans l’ombre. Toute concentrée sur son activité du moment, on devine qu’elle esquisse un sourire. Elle tient fermement sur ses genoux le plat qu’elle a préparé.
Des poules viennent animer l’ensemble. Un homme, au travail des champs, en train de bêcher derrière la maison, se laisse découvrir en suivant la ligne formée par les têtes des autres personnages.
La maison en pierre, bien ancrée dans la terre, inscrit cet instant saisi sur le vif dans la continuité et dans la durée. Au premier plan, un panier, dont on distingue mal le contenu, est renversé. Cette scène toute tranquille, pleine de douceur, illustre une vie à la campagne modeste, proche de la nature et sereine.
Le dessin préparatoire, conservé au Louvre, permet de découvrir le travail du peintre avant qu’il ne commence à toucher sa toile, et de se rendre compte de l’évolution entre les études et l’œuvre définitive.
4. 5. Analyse du tableau « Le printemps »
Le printemps
Cette peinture fait partie d'un cycle des saisons qui occupa Millet pendant les dernières années de sa vie. Il lui fut commandé par Frédéric Hartmann, un des mécènes de Théodore Rousseau, en mars 1868.
Jean François Millet a peint « Le Printemps » entre 1868 et 1873. Cette peinture est un paysage, elle représente un jardin potager dont une partie est lumineuse et l’autre partie est obscure. Jean François Millet participe du mouvement réaliste et particulièrement dans cette œuvre. Il a réalisé le tableau « Le printemps » à la fin de sa vie, il se peut que ce soit l’un de ses derniers tableaux. Pour cette peinture, Millet utilise la technique de l’huile sur toile. Celle-ci est exposée actuellement au Musée d’Orsay à Paris.
La verdure donne une sensation de vie, de plus, elle est illuminée d’un rayon de soleil qui vivifie la pelouse. L’arbre est fleuri et embelli grâce à la force de la lumière. D’un autre côté, un autre arbre agonise, il perd ses feuilles à cause de l’obscurité qui semble lui être fatale. Il n’y a plus d’espoir pour la verdure prise dans les ténèbres. Mais l’arc en ciel en arrière-plan me donne l’impression qu’il y a de l’espoir car après la pluie vient le beau temps, synonyme de soleil et donc de lumière.
Cette peinture « Le Printemps », me donne l’impression d’une métaphore de la vie avec ses hauts et ses bas. Lorsque la fatalité nous frappe, nous penchons du côté du mal, le moral décline, le cœur se contracte, on perd la force de poursuivre. Lorsque nous sommes touchés par le bonheur, on change du tout au tout, l’envie de bien faire reste présente, notre force est décuplée, notre corps se sent revivre. Voilà ce qui m’a touché dans ce tableau qui peut parler à tous.
Millet y travailla épisodiquement jusqu'à sa mort, acheva « Le Printemps » en mai 1873, « L'Eté » et « L'Automne » en 1874, mais laissa « L'Hiver » inachevé. « Le printemps » est un des derniers tableaux du peintre de l'école de Barbizon.
« Le Printemps » est d'abord une peinture de paysage, genre auquel Millet se consacre davantage depuis 1865. Il ne laisse que peu de place à l'homme – petite figure de paysan sous l'arbre au centre – mais est l'expression d'une rencontre, d'un dialogue teinté de lyrisme et de poésie entre l'homme et la nature. Celle-ci y est précisément observée, notamment avec ces petites fleurs qui émaillent le bord du chemin. Il s'agit d'une nature aimée et habitée. On y a planté un verger, installé une route, bâti une barrière (protection contre la nature sauvage que l'on aperçoit au fond). Ici, tout est symbole : la course des nuées d'orage, la terre lilas brun, les branches dépouillées et coupées aux arbres suggèrent la fuite de l'hiver tandis que les arbres en fleur, la verdeur claire de la forêt sont signes du renouveau printanier.
Le thème est classique - il fut notamment traité par Poussin – mais Millet l'aborde avec une volonté expressive dans la représentation de la nature. Par la simplicité du sujet, par le sentiment qu'il exprime des variations de la lumière, Millet se rattache à la tradition du paysage de son ami Rousseau, et au-delà à celle de Constable ou Ruysdaël, mais par ses couleurs étonnamment fraîches, par sa façon de capter l'instant, il se rapproche des Monet, Bazille ou Renoir qui fréquentaient la forêt de Fontainebleau à cette date, avant que le nom d'impressionnistes leur soit attribué.
4. 6. Analyse du tableau « Bergère avec son troupeau »
Bergère avec son troupeau
« Bergère avec son troupeau » est un tableau de Jean-François Millet, peint vers 1863, peinte après « Les Planteurs de pommes de terre » et avant « La Méridienne ». Exposé au Salon de 1864, ce tableau fut apprécié par la critique. Reprenant les thèmes chers au peintre, comme le labeur, la bergère, les champs, Millet s'est toutefois détaché de tout ce qui avait été peint auparavant. Jamais le monde rural n'avait atteint une telle justesse et une telle beauté dans la simplicité.
Si Millet peint ainsi le monde pastoral, c'est aussi et avant tout parce qu'il était attaché à l'homme. Quand il peint un paysan, c'est avant tout un homme vrai placé dans son milieu qu'il peint. Pour Millet, la relation entre l'homme et la nature est primordiale et notre mentalité est constituée des liens qui nous unissent à certains lieux. Un homme se comprend à travers le lieu où il évolue, et c'est dans les forêts, dans les champs labourés, que Millet trouve la paix, la plus grande humanité. Ainsi, son tableau représente le dur labeur d'une bergère, qui éprouve quelques secondes de répit pendant que son troupeau paît.
Le calme, la sérénité et l'harmonie triomphent sur cette toile. Vêtue d'une capeline de laine et coiffée d'un capuchon rouge, une jeune bergère (peut-être la propre fille du peintre) se tient debout en avant de son troupeau. Elle tricote, le regard baissé vers son ouvrage. Dans un paysage monotone, qui s'étend sans le moindre accident jusqu'au lointain, elle est seule avec ses animaux. Le troupeau forme comme une tache de lumières ondulantes, reflets des embrasements du soleil couchant. La scène est admirable de justesse et de mélancolie. Millet a su observer jusqu'aux moindres détails, telles les petites fleurs du premier plan. Il joue de la parfaite harmonie des bleus, des rouges et des dorés.
Dès 1862, Millet pensait à un tableau de bergère gardant ses moutons. Il n'en parlait à personne, mais Alfred Sensier raconte que le thème « s'était emparée de son esprit ». Une fois achevée, cette œuvre fut présentée au Salon de 1864 où elle reçut un accueil chaleureux. « Tableau exquis » pour les uns, « chef-d’œuvre » pour les autres, la scène des plus paisibles séduit tous ceux qui préfèrent l'évocation des idylles champêtres à celles de la misère paysanne. Bergère avec son troupeau obtient même une médaille et l'Etat, jusqu'alors fort peu intéressé par Millet, souhaite l'acquérir. Mais l'œuvre a déjà été promise au collectionneur Paul Tesse. Comme nombre d'autres Millet, ce tableau entre finalement dans les collections nationales en 1909, grâce legs d'Alfred Chauchard, le directeur des Grands magasins du Louvre.
5. Une scène d’intérieur, plutôt que de travaux des champs
Moins fréquentes dans l’œuvre de Millet que les représentations de travaux des champs, les scènes d’intérieur jalonnent cependant sa production depuis la fin des années 1840. « La Couseuse » peut notamment être rapprochée de « La leçon de tricot » de 1869, qui montre également des figures coupées à mi-jambe se détachant sur un fond neutre structuré simplement par quelques éléments de mobilier.
La Couseuse Bergère tricotant La leçon de tricot La tricoteuse
dans la campagne de Barbizon
Pauline Ono en déshabillé Pauline Ono en robe bleue
La Charité
6. Une femme occupée à une tâche domestique
Ces scènes dans laquelle des femmes sont occupées à des tâches domestiques dégagent une atmosphère paisible soulignée par la lumière qui modèle doucement les formes. La simplicité des occupations comme celle des vêtements et du mobilier dépeint avec cohérence la vie de la population rurale, sans aucun misérabilisme.
La précaution maternelle Le chuchotement La brûleuse d'herbes Famille de paysans
Le triangle formé par la tête, le bras et les mains de la couseuse, absorbée par son travail, concentrent l’attention sur son geste attentif. La gamme de couleurs majoritairement froide et neutre est réveillée par la tache claire du vêtement posé sur les genoux de la couseuse ainsi que par son col blanc et le ruban rouge de ses ciseaux accrochés au dossier de la chaise.
« La Couseuse » a été léguée à l’État par Hélène Cuvelier, petite-fille des aubergistes Ganne.
En guise de conclusion :
Millet est considéré comme un peintre réaliste, mais il a eu une grande influence sur des impressionnistes tels que Claude Monet et Camille Pissarro, et surtout sur Vincent van Gogh, qui a reproduit à sa façon la plupart de ses scènes rurales.
Trois bonnes raisons de franchir les portes du Palais des Beaux-arts :
1. Redécouvrir Jean-François Millet
La première bonne raison de franchir les portes du Palais des Beaux-arts, c’est pour découvrir ou redécouvrir sa production magistrale de portraits, puis de paysans. Il est d'ailleurs souvent qualifié de peintre paysan.
Au fil du temps Jean-François Millet va donner de plus en plus de place à la nature qui fera, dans ses derniers tableaux, disparaître complètement la présence de l'homme.
2. Un peintre proche de la nature
La deuxième bonne raison de découvrir l'oeuvre de Jean-François Millet, c’est de voir à quel point son univers décrit dans ses oeuvres est lié à notre actualité, dans laquelle on cherche à redonner une place à la nature.
3. L'influence de Millet aux USA
La troisième bonne raison de visiter la rétrospective de Jean-François Millet, c'est de découvrir à quel point il a influencé le cinéma américain et la photographie.Donc : Merveilleuse exposition, à voir et à revoir !
A. B.
Lien vers : mes photos personnelles
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Par Dans mes malles le 8 Octobre 2017 à 16:45
Ce dimanche 8 octobre 2017, nous sommes partis sans préparatifs en excursion à Arras. Notre but était d'aller visiter une exposition consacrée à NAPOLÉON.
Le musée des Beaux-Arts d'Arras en partenariat avec le château de Versailles organisent pour la troisième fois une superbe exposition.
Une photo personnelle de l'affiche de l'exposition
Napoléon : Images de la légende
Plus de 200 ans après le mariage de l'empereur dans la ville, le musée des Beaux-Arts rend hommage à l'un des personnages les plus emblématiques de l'histoire de France.
Photos prises par mon épouse
Plus d'une centaine d'oeuvres sont présentées au public autour du célèbre empereur. Cette exposition montre la vie de Napoléon de la conquête à l'exil à travers 161 œuvres : tableaux, sculptures, objets d'arts... pour permettre aux spectateurs de mieux comprendre qui était Napoléon, "le communicant le plus complet et le plus moderne de notre histoire".
Photos prises par mon épouse
Ces pièces proviennent exclusivement des collections du château de Versailles. On ne le sait pas assez, mais c’est à Versailles que se trouve la plus grande collection napoléonienne au monde. Et ce, grâce à Louis-Philippe qui, en 1837, décida d’y créer un musée de l’histoire de France dédié aux gloires de la nation.
De Clovis jusqu’à Louis-Philippe. Forcément, la partie napoléonienne est importante. Des tableaux trustant les livres d’Histoire ont fait le déplacement à Arras. On pense au Général Bonaparte à Arcole de Gros et Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard de David.
Des œuvres qui ne font pas partie du circuit traditionnel des visiteurs de Versailles. Alors, réunir autant de pièces sur Napoléon, c’est très rare. Pour ce rendez-vous arrageois, le choix a été fait de retracer le parcours de Napoléon, de sa première campagne en Italie au retour de ses cendres à Paris en 1840. L’exposition suit un découpage chronologique, permettant de suivre la vie de l’Empereur et d’évoquer la Cour impériale. Ce qui a été privilégié, c'est la chronologie des évènements. Les organisateurs ont aussi évité de trop évoquer les batailles. Le but est de présenter un Napoléon intime. C’est une exposition qui n’est pas à la gloire de l’Empereur. Ce qui est plutôt évoqué, c'est le destin fulgurant d’un homme qui est devenu le maître de l’Europe.
Batailles, conquêtes et vie de famille : Napoléon s'est toujours mis en scène dans des tableaux. C'est bien ce que montre cette belle exposition qui regroupe des tableaux des peintres les plus représentatifs de l’Empire (François Gérard, Antoine-Jean Gros, Robert Lefèvre, Louis-François Leujeune …) et présente les oeuvres emblématiques de cette période : Bonaparte franchissant le Grand Saint Bernard de Jacques-Louis David ; le Général Bonaparte à Arcole d’Antoine-Jean Gros ; la Bataille des Pyramides de Louis-François Lejeune …
Tout au long de sa vie, de Napoléon général à l'empereur Bonaparte, il a su utiliser le travail des artistes pour se façonner une image. Les mises en scènes voulues par Napoléon devenaient des tableaux, célèbres encore aujourd'hui, mais aussi des gravures, reproduites dans la presse. "Napoléon et son entourage ont su utiliser l'art pour affirmer et construire un pouvoir, diffuser sa gloire et devenir un incontournable". Partout, c'est l'image du commandement que l'on retrouve, notamment à travers des symboles.
L'exposition retrace, au travers des riches collections versaillaises, l’histoire de Napoléon, du général Bonaparte à l’Empereur déchu. L’exposition montre aussi comment, très tôt, Napoléon a souhaité écrire lui-même et montrer sa légende pour la postérité en commandant de nombreux tableaux commémorant les grands épisodes de sa vie (décisions, batailles, …). Napoléon avait compris très tôt le pouvoir de l'image et du texte. Il a écrit son histoire officielle et la fait représenter par des artistes. De la communication politique, en somme.
Pour la première fois, une centaine d’œuvres emblématiques des collections napoléoniennes du château de Versailles, pour la plupart commandées directement par Napoléon, ont été réunies et présentées au public. Certaines sont des chefs-d’œuvre emblématiques et universellement connus : la colonne d’Austerlitz en porcelaine de Sèvres ou encore la sculpture de Vincenzo Vela: les derniers jours de Napoléon à Saint Hélène.
Photos prises par mon épouse
Peintures, sculptures, mobilier, révélant la richesse et la qualité de la production artistique de l’époque, mènent le public sur les traces de Napoléon Bonaparte dont le destin unique marqua une page inoubliable de l’histoire de la France et de l’Europe.
Cette exposition est aussi l’occasion de découvrir des oeuvres peu connues, témoignages précieux de l’époque impériale et de la façon dont Napoléon lui-même a façonné son image politique et sa propre légende. Les meubles et objets d’art présentés sont une sélection d’objets, représentatifs du style Empire, conçus principalement par le grand ébéniste de l’Empire, Jacob-Desmalter, pour le Grand Trianon ainsi que pour les Palais des Tuileries, de Compiègne ou de l’Elysée.
Photos prises par mon épouse
Cette exposition se tient au musée des Beaux-Arts d'Arras du 7 octobre 2017 au 4 novembre 2018, Abbaye Saint-Vaast - 22, rue Paul Doumer à 62000 Arras. A ne pas manquer !!!
A. B.
2 commentaires -
Par Dans mes malles le 20 Janvier 2017 à 22:21
ING propose depuis le 19 octobre 2016 …
LA NOUVELLE EXPOSITION GUGGENHEIM - FULL ABSTRACTION
organisée par la fondation Solomon R. Guggenheim,
en partenariat avec « Le Soir » & « De Morgen »
à l’ING Art Center, Mont des Arts, Place Royale, 6 à 1000 Bruxelles
Cette exposition évoque la naissance et l’évolution de l’art abstrait des deux côtés de l’Atlantique dans les années 1940 – 1960, au départ de chefs-d’œuvre provenant de deux musées fondés par les collectionneurs américains Solomon R. et Peggy Guggenheim.
Ces deux collectionneurs américains de premier plan ont contribué d’une manière très particulière à la reconnaissance et au succès de l’art abstrait en Europe et aux États-Unis, entraînant dans leur sillage quantité d’autres collectionneurs.
L’exposition permet de découvrir un impressionnant ensemble d’œuvres d’art issues des collections Peggy Guggenheim à Venise et Solomon Guggenheim à New York. Un fil artistique tendu entre les deux côtés de l’Atlantique à travers les vies de Peggy et Solomon Guggenheim, collectionneurs de premier plan entraînant dans leur sillage quantité d’autres, dont certains ont légué leur patrimoine artistique à la fondation elle-même. Parmi ces collections, de nombreux chefs d’œuvre représentatifs des courants de l’abstraction expressionniste d’après-guerre américain et européen, datant des années 1940 jusqu’aux années 1960, et surtout bon nombre d’œuvres d’artistes rarement exposés en Belgique.
L’art abstrait est un concept utilisé dans les contextes les plus divers. Mais que désigne-t-il exactement ? Comment et où l’art abstrait a-t-il vu le jour, et comment s’est-il propagé aux Etats-Unis et en Europe ? Tel est le sujet de cette exposition.
La soixantaine d’œuvres présentées nous racontent cette histoire, mais également celle de deux collectionneurs acharnés qui ont contribué à faire connaître ce courant artistique.
L’abstraction est un point de vue passionnant que prend l’artiste, une expression libre de ses sentiments et visions. Les artistes abstraits sont principalement préoccupés par la couleur, le geste, la matière et leur philosophie de vie.
Par cette scénographie particulière, le visiteur est invité à vivre une expérience un peu particulière, à oublier ses préoccupations personnelles pour mieux ressentir les œuvres. Le décor de textile coloré crée un cadre serein qui l’éloigne de l’agitation frénétique de la société et le place dans un décor irréel, les yeux dans les yeux avec les chefs-d’œuvre.
L’exposition ouvre sur la présentation de chefs-d’œuvre de grands noms comme Marcel Duchamp et Max Ernst avant d’explorer les développements de l’art abstrait de l’après-guerre : d’abord la scène artistique américaine au travers d’œuvres de Jackson Pollock (dont quinze sont présentées), Mark Rothko, Alexander Calder et ses « mobiles & stabiles », Willem de Kooning, Sam Francis, Robert Motherwell, Cy Twombly suivi de l’art informel avec des artistes comme Alberto Burri, Emilio Vedova, Jean Dubuffet, Lucio Fontana et bien d’autres.
C’est une occasion unique d’admirer de nombreux chefs-d’œuvre, rarement exposés en Belgique et représentatifs des courants de l’abstraction expressionniste d’après-guerre américaine et européenne, datant des années 1940 à 1960.
L’exposition Guggenheim Full Abstraction nous donne l’occasion unique de confronter le travail des représentants européens du dadaïsme, de l’art informel ou encore du spatialisme.
Collectionneurs passionnés, Solomon Guggenheim et sa nièce Peggy ont marqué la scène artistique pendant trois décennies.
Lui, l’oncle, Solomon Guggenheim (1861-1949), c’est une personnalité forte. Après s’être occupé des florissantes affaires familiales, il se retire pour se consacrer, avec sa femme Irène, à sa passion pour l’art non figuratif. Il se fait aider par Hilla de Rebay, une artiste allemande, au goût très sûr et totalement dévouée. Sous ses conseils, il investit dans l’art abstrait. En 1937 naît ainsi officiellement la Fondation Solomon R. Guggenheim. Son but? Promouvoir cet art auprès du grand public. Il y apporte sa collection personnelle où cohabitent entre autres Paul Klee, Marc Chagall et plus de 150 tableaux et esquisses de Kandinsky.
Elle, la nièce de Solomon, Peggy Guggenheim (1898-1979) a, à l’époque, près de quarante ans. L’âge où l’on prend soudain conscience du temps qui passe? Toujours est-il que depuis un an ou deux, elle, pauvre petite fille riche, privée à 14 ans d’un père sombré en mer avec le Titanic, elle qui a pas mal bourlingué et fait la fête à Paris, New York, Capri, Saint-Tropez, avec des amis, des artistes et un paquet d’amant(e)s, elle qui a rencontré Marcel Duchamp, Hemingway, Samuel Beckett, sans oublier de se marier et de donner naissance à deux enfants, elle, si turbulente, excentrique, sensuelle et libertine, se dit qu’il est grand temps qu’elle accomplisse enfin quelque chose.
Peggy, une « art addict » !
Baignant depuis son enfance dans un biotope culturel, elle hésite entre la littérature et l’art. Ce sera l’art. En 1938, à Londres où elle a suivi un écrivain alcoolique dont elle s’est déjà lassée, elle crée la galerie « Guggenheim Jeune ». Avec détermination et sans doute une dose d’inconscience car, elle l’avouera plus tard dans une autobiographie livrée sans tabou, elle n’y connaissait pas grand-chose. « J’étais incapable de faire la différence entre l’art abstrait et le surréalisme » précisera-t-elle. Jean Cocteau et Marcel Duchamp, de bons amis, lui donnent des cours. Et elle expose coup sur coup Brancusi, Jean Cocteau, Kandinsky. « Guggenheim Jeune » devient une galerie reconnue. Et Peggy, une « art addict » assumée.
Tout est fait pour nous faire passer un moment précieux !
Le palazzo Venier, la « maison » de Peggy Guggenheim, est constituée d’une succession de petites pièces, de chambres. Peggy y vivait littéralement entourée de ses collections. « On est dans l’intime », explique Lucia Massimo Barbero, le curateur. L’échelle domestique a donc inspiré la scénographie, elle aussi divisée en dix salles, privilégiant la proximité avec les 60 œuvres puisées à la fois dans les collections de Solomon et celles de Peggy. C’est La boîte-en-valise de Marcel Duchamp, daté de 1941, qui accueille le visiteur. Elle contient en miniature ses œuvres principales et répond ainsi à l’invitation au voyage que se veut cette expo, entre l’Europe et l’Amérique, comme le firent Peggy et les différents courants artistiques qu’elle a soutenus. Pas loin de Duchamp, une toile de Max Ernst où apparaissent Peggy et les siens. Leonor Fini et Leonora Carrington ne sont pas loin.
Les grands noms défilent : Matta, Clyfford Still.
Le noyau de l’expo se concentre sur l’expressionnisme d’après-guerre, Willem de Kooning, Sam Francis, Mark Rothko dont Peggy a très vite senti le potentiel, Robert Motherwell, Lucio Fontana et ses toiles trouées, Jean Dubuffet... Un autre temps fort est la magnifique sélection d’œuvres de Jackson Pollock, le maître de l’écoulement de la peinture (dripping), présenté sur fond bleu. Twombly, Stella sont là aussi. Et magiques, le long du parcours, accrochés au plafond, les mobiles de Calder !
Visuellement, une expo très forte. Pour bien en profiter, il convient de se rendre, en sous-sol, afin de parcourir une magistrale ligne du temps qui recadre tout cela. Un petit livret visiteur est prévu. Et pour initier les enfants, de nombreux ateliers sont organisés. Des extraits de films sont diffusés. Bref, tout a été fait, et bien fait, pour faire passer un moment précieux.
En préparation depuis deux ans, cette ambitieuse exposition Guggenheim Full Abstraction de l'ING Art Center se termine le 12 février 2017.
A. B.
Sources :
https://about.ing.be/A-propos-dING/Art/Guggenheim.-full-Abstraction.htm
https://agenda.brussels/fr/event/395665/guggenheim-full-abstraction.html
http://www.out.be/fr/evenements/429114/guggenheim-full-abstraction/
http://www.moustique.be/16889/les-guggenheim-font-escale-bruxelles
http://www.jvmagazine.be/agenda/expos/2963-guggenheim-a-l-ing-art-center
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Par Dans mes malles le 18 Janvier 2017 à 21:02
Notre visite au Musée départemental Matisse
Musée départemental Matisse
Palais Fénelon
Place du Commandant Richez
B.P. 70056
59360 Le Cateau-Cambrésis
Le 16 janvier 2017, nous sommes allés visiter le Musée Matisse au Cateau Cambrésis.
Après avoir visité, le matin, l'exposition temporaire consacrée à Pierre Alechinsky, l'après-midi, nous avons visité la Collection Herbin, la collection Tériade et enfin la Collection Matisse.
La collection Matisse
Présentation générale
La collection, présentée de façon chronologique, occupe les salles du premier étage et comprend 170 œuvres. Elle couvre toute la carrière de l’artiste, de sa découverte de la peinture aux dernières gouaches découpées.
L’ensemble des dessins est unique puisqu’il est le seul à avoir été choisi pièce par pièce et donné par le peintre. Le Musée a reçu des descendants du peintre, les chefs-d’œuvre que sont les plâtres originaux des sculptures monumentales Nus de Dos.
On retrouve la diversité de la création du peintre qui mena de front des activités de peintre, sculpteur, graveur, illustrateur et qui conçut également des tentures et des tapisseries…
A la fin de sa vie, Matisse créa des compositions avec des papiers gouachés, découpés et collés et réalisa pendant quatre années la chapelle des Dominicaines de Vence.
Intérieur de la chapelle des Dominicaines à Vence
Matisse et le Nord de la France, son pays natal, 1869-1903
Cette première salle est consacrée à l’évocation des premières années dans le nord. Elle présente notamment les cahiers d’échantillons de tissus faits à Bohain pendant l’enfance du peintre et des peintures réalisées en 1902-1903 quand il revient à Bohain et Lesquielles-Saint-Germain passer une des périodes les plus noires de sa vie.
Jardins du Luxembourg Nature morte à la chocolatière
Matisse élève de Gustave Moreau, 1892 à 1897
Élève de Gustave Moreau, Matisse connut une longue période de formation marquée par l’influence de son maître à travers Bouquet de marguerites, 1895 et des copies faites au Louvre La Raie d'après Chardin (donné par Matisse), le Buffet d’après Chardin (dépôt du FNAC). Il sculpte Jaguar dévorant un lièvre en 1899, puis Le Serf en 1900 et Madeleine II en 1903 marquée par l'œuvre de Rodin. Il peint en 1898, après un séjour en Corse, Première nature morte orange (dépôt du MNAM), et sent se développer en lui la passion de la couleur.
La Raie Le Buffet Première nature morte Oranges
Première nature morte Oranges
1905-1914, la période fauve, la révélation de la lumière dans la nature
Saint-Tropez (1904) Les toits de Colioure (1905) Vue de Colioure (1905)
Auprès de Signac, Matisse, à Saint-Tropez en 1904, s’initie au divisionnisme. Il construit sa peinture avec des juxtapositions de points de couleurs pour créer des mélanges optiques tout en supprimant les ombres et les couleurs dominantes. Il en conçoit les limites qu’il dépasse, en compagnie de Derain, pendant l’été 1905 à Collioure et peint en toute liberté ses peintures avec de la couleur pure.
Rue du Soleil à Collioure, peinte en 1905, est une de ses peintures fauves dans laquelle éclate la couleur libérée de toute contrainte de dessin et de réalisme.
Rue du Soleil à Colioure (1905)
Le Portrait de Marguerite de 1906 est marqué par l’art nègre que Matisse découvre et dont il utilise la valeur expressive. Une peinture importante de 1914, Marguerite au chapeau de cuir peinte dans des lavis de bleus transparents et lumineux vient d’enrichir la collection.
Portrait de Marguerite (1906) Marguerite au chapeau de cuir (1914)
Deux grands panneaux de fleurs, peints au Maroc en 1912, sont emprunts d’une forte charge poétique : Coquelicots et Iris I et II.
Coquelicots (1912) Iris (1912)
Au milieu des peintures sont exposées cinq petites têtes sculptées.
1918-1939, Nice, la volupté des noirs, Tahiti la lumière des tropiques
Matisse quitte Paris pour Nice en décembre 1917. Ses thèmes favoris seront essentiellement la femme souvent vêtue à l’orientale. Il retrouve le plaisir de traduire le rendu des tissus avec les couleurs de la palette. Pour faire jouer les nus autour de l’arabesque et utiliser le noir comme couleur de lumière, il dessine des centaines de gravures.
Le Musée présente un Autoportrait peint en 1918 dès l’arrivée du peintre à Nice. Matisse exalte la femme qu’il peint dans un décor luxuriant et reprend la sculpture en contrepoint de la gravure qui occupe l’essentiel de son temps. Il sculpte Grand nu assis pendant cinq années et une série de têtes de son modèle préféré Henriette.
Autoportrait d'Henri Matisse (1918)
Un voyage à Tahiti en 1930 lui fait découvrir la lumière dorée de l’autre hémisphère. A son retour, il peint Fenêtre à Tahiti, une gouache monumentale de 1936 qui annonce, par ses couleurs pures, les gouaches découpées.
Fenêtre à Tahiti (1936)
Les années 40, l'accord du dessin et de la couleur
Les années 40 seront celles de la plénitude, celles qui verront s'accorder le dessin et la couleur. Le peintre se réfugie à Vence à partir de 1943 et y passe une période particulièrement florissante de dessins et de peintures. Il peint la femme dans plusieurs séries d’intérieurs, mais aussi des fleurs et des plantes luxuriantes, et le dessin est l’expression la plus pure de son émotion. Des gravures illustrent ses poètes préférés tels que Ronsard, Charles d’Orléans ou Baudelaire. Le musée possède quelques peintures particulièrement célèbres. Intérieur aux barres de soleil, achevée en 1942, est la lumière dans un intérieur, la multiplication des espaces, la couleur qui devient dessin, le rendu de l’émotion par l’expression. Deux jeunes filles, robe écossaise, robe jaune, 1942, a le même épanouissement qu’un Primitif flamand, Nu rose, intérieur rouge, 1947, mêle la somptuosité du rouge au rose à peine marqué du nu.
Femme à la gandoura bleue, 1951, dernière peinture de l’artiste, est une symphonie de couleurs orchestrée dans une magistrale liberté gestuelle.
Femme à la gandoura bleue (1951)
Le tailleur de lumière
Pendant les dix dernières années de sa vie, Matisse réalise la synthèse de son œuvre dans la création de la Chapelle de Vence et dans de monumentales gouaches découpées. Le procédé des gouaches découpées est simple : Matisse fait couvrir de gouache dans une quinzaine de couleurs, de larges feuilles de papier. De grands ciseaux lui servent alors à révéler les formes, réunissant dans un seul geste la couleur et le dessin.
Le Musée expose Vigne, papier gouaché et découpé « à vif dans la couleur » de 1953, maquette d’un vitrail, et les deux panneaux : Océanie, le ciel, Océanie, la mer donnés par les descendants du peintre. Ces formes blanches sur fond beige sont les premières réalisations monumentales faites avec la technique des gouaches découpées et sont nées en 1946 des souvenirs du voyage de Matisse à Tahiti.
Les bas-reliefs : nus de dos
Le Musée expose les plâtres originaux des quatre bas-reliefs sculptés sur le thème de la femme nue de dos et travaillés de 1909 à 1930 par l’artiste.
Quatre étapes, 1909, 1913, 1916-17 et 1930-31 aboutissent à l'un des sommets de la sculpture de Matisse, à l'équivalent en volume des grandes réalisations en deux dimensions que sont la Danse de Chtchoukine et celle de la Fondation Barnes. Le passage du figuratif au monumental se construit en quatre phases qui se développent crescendo. Le Dos I (à gauche sur la photo) est proche de l’anatomie du modèle, le 2ème état supprime le descriptif, le 3ème, taillé avec violence, s’oppose au dernier état (à droite sur le photo) puissant et apaisé que Matisse conservera dans son atelier.
Le cabinet des dessins
Le Musée expose le seul ensemble de dessins et de gravures non seulement choisi par Matisse mais aussi disposé selon ses indications. C’est aussi une des salles les plus impressionnantes du Musée.
Le plafond restauré, révélé au public
En 1950, le peintre reçoit la visite de ses trois petits-enfants, Gérard, Jacqueline et Claude. Devant eux, il dessine au plafond de son atelier leurs trois portraits avec un bâton de 2 m de long.
Le plafond a été offert au Musée par les descendants de Pierre Matisse.
« Ce sont mes petits-enfants. J'essaie de me les représenter et quand j'y parviens, je me sens mieux. Aussi, je les ai dessinés au plafond pour les avoir sous les yeux, surtout pendant la nuit. Ainsi, je me sens moins seul. ».
La chapelle de Vence : le chef-d’œuvre de toute une vie
Conçue et édifiée dans le moindre détail par le maître du fauvisme Henri Matisse, cette minuscule chapelle est d'abord un lieu de recueillement magnifiquement réussi. Au départ, la chapelle Matisse fut mal reçue car cet édifice fut une révolution, et ce modernisme était difficile à faire admettre. La chapelle attire aujourd'hui 70 000 visiteurs par an et, pour une très large majorité, c'est l'éblouissement.
Maquette de la chapelle de Vence
De 1948 à 1951, Matisse réalise, à la fin de sa vie, une chapelle à Vence pour les Sœurs Dominicaines. Elle est le point d’aboutissement de sa création. « Cette chapelle est pour moi l'aboutissement de toute une vie de travail et la floraison d’un effort énorme, sincère et difficile », conclut-il en 1951. « Je voudrais que tous ceux qui y entreront se sentent déchargés de leurs fardeaux. J’ai créé un espace religieux ». Le Musée expose des études monumentales pour cette œuvre majeure dont un dessin pour la Tête de Saint Dominique, le dessin définitif pour le tondo de la façade, La Vierge à l'enfant, deux maquettes en papier gouaché et découpé pour la chasuble noire et la première maquette pour la chasuble blanche. Le centre de la pièce est dominé par le mince crucifix.
Projet de tondo pour la façade : La Vierge à l'enfant
N.B. : Le tondo est un profil, généralement sculpté en faible relief, mais qui peut aussi être peint, réalisé sur un support de format rond ou à l'intérieur d'un disque.
FIN de la visite au Musée départemental Matisse au Cateau Cambrésis
Nous avons apprécié le calme de cette agréable visite au Musée départemental Matisse. Le musée offre à chaque visiteur un lieu de rencontre avec les œuvres, un espace de poésie, de ressourcement et d’aventure culturelle et propose des expositions temporaires d’art moderne et contemporain autour de ses collections. Selon le désir de Matisse qui disait « Je m’emploie à créer un art intelligible à tous, quelle que soit sa culture », le musée est un véritable outil de développement culturel. Le cadre est très agréable et les œuvres exposées superbes. Leur accrochage était bien pensé, clair. C'est un musée où nous avons aimé flâner et découvrir de très belles peintures, très bien présentées. Les œuvres exposées en permanence dans la Galerie Matisse retracent l'évolution de cet artiste, de sa ville natale à ses dernières productions. La taille relativement restreinte du musée ne permet pas une exposition trop importante, mais le choix des œuvres exposées et les conditions de visite sont de qualité. La collection Tériade (éditeur) est également très intéressante et propose notamment quelques œuvres de Picasso et de Chagall...). Le personnel du musée est d'une grande gentillesse, très accueillant et très serviable.
A. B.
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