• * A Boulogne-sur-Mer (4)

    Excursion à Boulogne-sur-Mer (4) 

    Visite de la crypte de la basilique Notre-Dame de Boulogne-sur-Mer

    Aménagée au 19ème siècle autour des vestiges de la crypte romane redécouverte en 1828, la crypte que nous avons visitée est un véritable dédale de salles et de galeries qui s’étendent sous toute la surface de la basilique Notre-Dame comme l’indique cette photo d’une coupe prise par mon épouse à l’entrée de l’édifice :

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    A la fois monument historique orné de peintures couvrant la totalité des murs et des voûtes, cette crypte est aussi un site archéologique témoignant des origines romaines de Boulogne, et un véritable musée où sont présentés un trésor d’art sacré et une collection lapidaire d’éléments provenant de l’ancienne cathédrale médiévale. Le site vient de bénéficier d’une restauration et d’un nouvel aménagement muséographie inauguré le 30 mai 2015.

    La découverte de la crypte médiévale

    Le chantier de la nouvelle église a débuté en 1827 par la chapelle de la Vierge, et c’est l’année suivante, lors des travaux de fondation du dôme, que sont apparus les restes de la crypte romane, probablement comblée depuis le 14ème siècle quand le chœur gothique fut construit.

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    La découverte a suscité une certaine émotion ; certains voulaient y voir l’église érigée au temps de l’arrivée de la statue miraculeuse au 7ème siècle. Assez vite, on protègea les vestiges par la construction d’une grande voûte, mais ce n’est que 10 ans plus tard, pendant l’hiver 1838/1839, que la salle fut entièrement vidée de ses terres. La restauration en a été confiée à l’architecte de la ville, Albert Debayser, formé à l’école des Beaux-Arts, et le lieu fut ouvert au public pour la première fois le 8 avril 1839 à l’occasion des fêtes de Pâques.

    Simultanément, fut mise au jour une seconde salle d’origine médiévale, décorée de fresques du 13ème siècle et située au côté nord de la crypte romane. A son tour, celle-ci fut couverte d’une voûte moderne et déblayée.

    Ce sont ces découvertes qui décidèrent l’abbé Haffreingue à imaginer autour de ces vestiges du passé une vaste crypte moderne que ne prévoyait pas le projet initial.

    L’aménagement d’une vaste crypte moderne

    Les autres salles suivent la même logique d’aménagement. A l’exception de la salle sous la rotonde établie au 19ème siècle, leurs murs constituent le réemploi des murs de fondation de l’église médiévale sur lesquels viennent reposer les voûtes modernes. Il suffisait ensuite de retirer les terres pour créer les salles. Ce chantier de déblaiement s’est échelonné jusqu’au début des années 1850. Il s’est accompagné de l’exhumation d’une grande quantité d’ossements réunis dans une dizaine d’ossuaires et de fouilles archéologiques.

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    Plan de la crypte en 1859

    … au décor foisonnant

    L’aménagement de la crypte s’est accompagné d’un ambitieux programme pictural mené progressivement jusqu’au milieu des années 1860, se traduisant, à terme, par la décoration de l’ensemble des parois, soit une surface peinte d’environ 4000 m2.

    Au point de départ de ce programme, se trouve la restauration des peintures romanes et gothiques de la crypte médiévale, qui font écho à la redécouverte par les architectes et les archéologues de l’utilisation de la couleur dans l’architecture de l’Antiquité et du Moyen-Age. En 1836, avait ainsi commencé par exemple la restauration des peintures de la Sainte-Chapelle à Paris sous la direction de l’architecte Duban.

    Les peintures murales du 19ème siècle, dont le programme a été défini par l’abbé Haffreingue, regroupent 160 scènes figuratives consacrées aux personnages de l’Eglise, à l’Ancien et au Nouveau Testament, à l’histoire de Notre-Dame de Boulogne.

    Ultérieurement, plusieurs de ces peintures altérées par l’effet du temps et le climat humide, ont été recouvertes de badigeons. Les voûtes quant à elles se sont ornées d’un décor d’arabesques ou de faux-parements.

    2010-2015 : le chantier de valorisation

    Le projet de valorisation de la crypte s’est inscrit dans celui plus vaste de la restauration de la basilique Notre-Dame engagée au début des années 2000 par la réfection des toitures et le nettoyage des façades extérieures de l’église occidentale.

    Suite à deux études portant sur le bâti et les fresques, le projet crypte a été véritablement lancé en 2009. Protégée au titre des Monuments Historiques, mais aussi espace muséographique où sont présentées des collections, la crypte relève d’un programme confié à une double maîtrise d’œuvre : l’Architecte en Chef des Monuments Historiques, Lionel Dubois, et le cabinet d’architectes muséographes Catherine Frénak, Béatrice Jullien et Sylvain le Stum.

    Le parti pris muséographique s’est fondé sur la réalisation d’un nouveau sol en béton de chaux qui intègre les réseaux et qui ménage latéralement des gorges qui reçoivent les sources d’éclairage tout en créant une mise à distance pour la protection des peintures murales. En se détachant des murs, ce nouveau sol affirme par ailleurs son caractère contemporain, de même qu’il constitue une invitation à la déambulation. Une bichromie du béton matérialise aussi les principales structures antiques mises au jour lors des fouilles archéologiques menées en 2012.

    Les collections, restaurées, ont quant à elles été mises en valeur par une nouvelle présentation et une nouvelle organisation. La collection lapidaire se déploie de façon chronologique sur les deux galeries nord et sud tandis que les collections du trésor occupent les salles du transept.

    Architecture de la crypte

    Véritable dédale de salles souterraines, le lieu impressionne par ses dimensions considérables - 100 mètres de longueur et 1400 m2, qui en font l'une des plus grandes cryptes de France - et ses décors peints qui recouvrent l'ensemble des murs et des voûtes...

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    Située à l’extrémité orientale de l’église, la crypte orientale se situe à l’emplacement de l’ancienne chapelle de la Vierge du 14ème siècle dont est toujours visible, de chaque côté à mi-hauteur, la partie inférieure des murs et colonnettes.

    Cette partie de la crypte est consacrée à Jésus. Les peintures retracent des épisodes de la Passion ; l’arcade rustique symbolise l’entrée du Sépulcre au-delà duquel se dressent les trois croix du Golgotha. Cette mise en scène baignait au 19ème siècle dans une lumière rougeoyante

    A l’entrée de la salle s’élève le tombeau de l’abbé Benoît-Agathon Haffreingue, bâtisseur de la basilique Notre-Dame, mort en 1871. Deux autres tombeaux modernes abritent les corps de deux  prélats du 20ème siècle : l’évêque d’Arras Monseigneur Lobbedey, mort en 1916 à Boulogne où s’était replié le siège épiscopal pendant la Première Guerre mondiale, et Monseigneur Lejeune, organisateur du Congrès marial en 1938 et qui selon sa volonté a été inhumé dans l’église de la Vierge Nautonière.

    La salle de la crypte romane est divisée en trois vaisseaux par deux rangées de colonnes qui recevaient à l’origine des voûtes d’arêtes, disparues lors de son comblement intervenu probablement dès le 14ème siècle.

    Le décor des supports est une restitution de 1839 réalisée à partir des peintures que conservaient deux des colonnes au moment de leur découverte. Il présente un motif typiquement roman constitué de chevrons, ici alternativement bleu et rouge.

    Si certains chapiteaux sont le fruit de la restauration du 19ème siècle, les autres en revanche comptent parmi les plus anciens témoignages de l’art roman dans le nord de la France.

    Ce sont notamment ceux des colonnes engagées dans les murs sud et ouest. L’un d’eux montre une tête animale au milieu d’entrelacs, un autre deux bêtes dos à dos, un troisième est simplement orné de volutes, un quatrième montre à côté de lions les restes d’un personnage dont les pattes griffues laissent à penser qu’il s’agit d’une représentation du diable. Stylistiquement, ces sculptures peuvent s’accorder avec une datation du dernier tiers du 11ème siècle.

    Consacrées à la légende de Notre-Dame de Boulogne, les peintures murales ont complété la décoration de la salle vers 1860.

    La salle du dôme

    La crypte circulaire a été établie au cours des années 1830 pour servir de fondation à la rotonde de la basilique. Elle se compose d’une rangée de huit arcades qui débouchent sur un couloir annulaire obstrué depuis 1930 par une ossature en béton armé établie face à la menace d’effondrement du dôme.

    La crypte circulaire a été établie au cours des années 1830 pour servir de fondation à la rotonde de la basilique. Elle se compose d’une rangée de huit arcades qui débouchent sur un couloir annulaire obstrué depuis 1930 par une ossature en béton armé établie face à la menace d’effondrement du dôme.

    Les récents travaux de restauration ont pourvu à l’élargissement des passages à travers ces maçonneries modernes afin d’améliorer l’accessibilité et de récréer la perspective axiale sur toute la longueur de la crypte.

    Probablement exclue du programme d’aménagement initial, ce n’est qu’à partir de 1845 que l’abbé Haffreingue a décidé de la relier aux autres salles souterraines et qu’il en fait réaliser le décor peint, dédié à la Vierge et aux douze évêques de Boulogne inhumés pour plusieurs d’entre eux dans ce secteur.

    Ces peintures ne sont plus visibles depuis la pose des renforts bétonnés de l’entre-deux-guerres.

    Installé vers 1870, le monument central est dédié à la Dormition de la Vierge qui évoque la mort de Marie dont le corps, monté au ciel, ne laisse la place qu’à un tombeau fatalement vide. Il a été réalisé par Laurent Constant, sculpteur boulonnais.

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    La crypte au 19ème siècle

    L’aménagement de la crypte a été décidé après la découverte des vestiges de la crypte romane en 1828. Autour de cette crypte ancienne, couverte d’un voûtement moderne et restaurée en 1839, ont été aménagées toutes les autres salles souterraines.

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    La crypte romane

    Servant ainsi d’assise à l’église supérieure, la crypte reprend exactement ses dimensions et ses différentes parties que l’on retrouve de façon cloisonnée. L’abbé Haffreingue fit de la crypte le symbole de l’église « souffrante » en complément des églises « militante » et « triomphante », respectivement représentées par la nef et le dôme.

    Relativement fréquentes aux époques carolingienne et romane, c’est-à-dire du 8ème au 12ème siècle, les cryptes sont ensuite très rares. Les très vastes cryptes du Panthéon à Paris, ancienne église Sainte-Geneviève, ou de Saint-Paul de Londres comptent parmi les rares exemples des temps classiques.

    La crypte au décor gothique

    La salle nord adjacente est également d’origine médiévale. Dans son dernier état avant comblement, elle présentait un caractère gothique.

    Des restes de colonnettes datables du 13ème siècle indiquent qu’elle était probablement divisée en 3 nefs ; les murs étaient ornés de fresques figurant des arcatures surmontées de cadres avec personnages.

    Assez bien conservé lors de sa mise au jour, ce décor a ensuite été restauré et recopié sur les autres parois.

    Une étude menée en 2012 a montré que ces  peintures du 13ème siècle recouvraient deux couches de polychromie antérieures, révélant le caractère plus ancien de cette salle, peut-être contemporaine de la salle romane voisine.

    La collection lapidaire

    Depuis sa création au 19ème siècle, la crypte est le lieu de dépôt d’éléments lapidaires provenant de l’ancienne église Notre-Dame.

    La section romaine témoigne de l’occupation du site dès l’Antiquité. Ses quelques objets proviennent des fouilles exécutées par l’abbé et historien Daniel Haigneré en 1850 dans le secteur de la grande salle centrale de la nef. Ils comprennent notamment un chapiteau, le fragment d’un buste de guerrier, et une inscription qui demeure énigmatique.

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    La collection gothique

    A partir du 13ème siècle, l’abbaye romane fait l’objet de plusieurs transformations dont rendent compte les collections de la crypte. Les éléments les plus remarquables sont ceux de la corniche du 13ème siècle et ceux du portail du 15ème siècle.

    La collection romane

    La collection romane témoigne de la reconstruction de l’église traditionnellement attribuée à la comtesse Ide de Boulogne vers 1100, même si certains chapiteaux conservés semblent relever d’une période légèrement plus ancienne.

    Parmi les pièces remarquables, figurent deux chapiteaux, l’un sculpté d’un lion, l’autre d’un griffon, et une cuve baptismale provenant des collections du musée.

    Le chapiteau aux lions, dont une seule face subsiste, est doté d’une iconographie entièrement vouée à la figure emblématique du lion, animal omniprésent du bestiaire médiéval.

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    Les fonts baptismaux dits de Wierre-Effroy sont datables de la première moitié du 12ème siècle. La frise sculptée sur la cuve associe un bestiaire fantastique et des personnages, aux têtes désormais mutilées, dans une scène pouvant être interprétée comme « une évocation de la lutte entre l’esprit malin et l’homme, sûr de triompher avec l’aide du Christ ».

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    Selon Camille Enlart cette cuve appartenait à Notre-Dame et fut cédée à la modeste église de Wierre-Effroy après avoir été endommagée par les Réformés lors du saccage de l’édifice boulonnais en 1567.

    Le Trésor d’art sacré

    Les collections d’art sacré occupent désormais les salles centrales de la crypte correspondant au transept et les deux salles orientales mitoyennes.

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    Depuis 1980, la crypte accueille un dépôt d’art sacré, extension du trésor d’Arras. A ce titre, il rassemble principalement des pièces d’orfèvrerie et des sculptures provenant des paroisses de Boulogne, une série d’œuvres provenant d’une dizaine de communes du Boulonnais ou du Montreuillois. Parmi elles, 6 statues proviennent de la  commune de Wambercourt dont une Vierge à l’enfant, dite aussi Vierge du Joyel. Datant du début du 14ème siècle, cette œuvre de très belle facture, s’inscrit stylistiquement dans l’art courtois d’Île de France.

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    La Vierge Nautonière

    Selon la tradition, une statue miraculeuse de la Vierge à l’Enfant, portée dans une barque conduite par des anges, aborde le rivage en 636. Apparaissant simultanément aux habitants de la ville haute, la Vierge leur révèle l’existence d’un trésor pour la construction d’une église.

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    Le Christ en ivoire

    Datable du 17ème ou 18ème siècle, ce Christ en ivoire représente Jésus, la bouche ouverte, le regard dirigé vers le ciel, en train d’agoniser sur la croix.

    Le sentiment de vérité qui se dégage de l’expression et le réalisme du traitement forcent à la compassion.

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    Cette crypte invite à la déambulation et à l’émerveillement, notamment en y découvrant une dizaine de chefs-d'œuvre :

    le bas-relief d’Adam et Eve  * A Boulogne-sur-Mer (4)

                         le bas-relief du vœu de Louis XIV  * A Boulogne-sur-Mer (4)

                              le reliquaire du Saint-Sang datant du 14ème siècle  * A Boulogne-sur-Mer (4)

                                                                          la cuve baptismale datant du 12ème siècle  * A Boulogne-sur-Mer (4)

    l’ostensoir de Notre-Dame  * A Boulogne-sur-Mer (4)

      le chapiteau aux lions datant du 11ème siècle  * A Boulogne-sur-Mer (4)

                                                l’ostensoir de l’orfèvre Thomas Lissau  * A Boulogne-sur-Mer (4)

                                                                                                                le christ en ivoire  * A Boulogne-sur-Mer (4) 

           le ciboire, Placide Poussièlgue-Rusand  * A Boulogne-sur-Mer (4)

    La statuette Notre-Dame du Saint-Sang datant du 17ème siècle  * A Boulogne-sur-Mer (4)

                                                                                                           la Vierge du Joyel  * A Boulogne-sur-Mer (4)

     

     

    Lien vers la suite de l'excursion : visite de la basilique Notre-Dame

    A. B.

    Références :

    http://crypte.ville-boulogne-sur-mer.fr/index.php/fr/

     


  • Commentaires

    1
    Samedi 22 Juillet 2017 à 18:25
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