• * Le peintre Eugène Leroy

    Quelques tableaux du peintre Eugène Leroy

    A l’occasion du centenaire d’Eugène Leroy (1910 - 2000), le Musée des Beaux-arts de Tourcoing avait présenté le peintre Eugène Leroy comme un grand parmi les meilleurs : Titien, Giorgione, Matisse, Cézanne, Pollock… Les comparaisons ont fleuri à l’occasion de cette exposition qui regroupait 150 chefs d’œuvre de Leroy issus de grandes collections publiques et privées du monde entier. Le public a ainsi pu découvrir la lumière du Nord, une peinture des gestes et une œuvre énigmatique qui mérite l’attention qu’elle exige.

    Au hasard de quelques visites du musée "MUba Eugène Leroy" de Tourcoing, j'ai eu l'occasion de découvrir quelques-uns de ses tableaux qui m'ont interpellé et beaucoup plu.

     * Le peintre Eugène Leroy

     * Le peintre Eugène Leroy

    Autoportrait - 1970

    Le peintre et sa vie

    Eugène Leroy est un peintre français, né le 8 août 1910 à Tourcoing, mort à l’âge de 89 ans le 10 mai 2000 à Wasquehal, dans la banlieue de Lille.

    Eugène Leroy a été élevé à Tourcoing. Pour ses quinze ans, sa mère lui a offert la boîte de peinture de son père, peintre, mort en 1911 alors qu'Eugène Leroy avait 1 an. Il commence alors à dessiner et découvre Rembrandt, puis Jordaens, Greco et Goya avec l'aide de ses professeurs qui remarquent son talent et lui recommandent de travailler d'après nature, précepte qu'il ne remettra jamais en question. En classe de philosophie, il lit Bergson, puis Proust et part visiter Rome. Il se lie avec Valentine qui va devenir sa femme en 1933.

    En 1931, il entame, à l'école des Beaux-Arts de Lille, de courtes études, qu'il poursuit à Paris par des cours de dessin à la Grande Chaumière. Se considérant « pas fait pour les études » il retourne dans le Nord.

    En 1935, il s'installe près de Roubaix où, parallèlement à sa carrière de peintre, il enseigne le latin et le grec au collège Notre-Dame-des-Victoires. En 1936, il découvre « La Fiancée juive » de Rembrandt au Rijksmuseum d'Amsterdam, mais aussi la peinture de Malevitch qui la frappe par son « rêve de totalité ».

    Eugène Leroy sera toujours intéressé par la peinture abstraite en particulier celle de Mondrian. Il expose pour la première fois à Lille en 1937.

    Après la Seconde Guerre mondiale, peignant alors des scènes de genre comme « Le Massacre des Saints Innocents » ou « L'Opéra de quatre sous ». En 1943, il rencontre le critique Gaston Diehl qui l'expose à Paris.

    Il peint les paysages de la mer du Nord, près de Gravelines et à Croix de 1945 à 1950 dans de vastes aquarelles aux couleurs sombres et grises. En 1951 il rencontre le marchand Pierre Loeb qui lui achète une dizaine de toiles.

    Passionné par les grands maîtres, Giorgione, Rembrandt, Van Gogh, il voyage en Allemagne, Espagne et Italie et expose régulièrement à Lille. Peintre figuratif, il se tient à l'écart des avant-gardes.

    De 1946 à 1948, il réalise une peinture murale de 27 m2, « Crucifixion », pour la chapelle du collège Notre-Dame-des-Victoires de Roubaix.

    Il expose en 1954 à Paris avec Sam Francis, Serge Poliakoff et Marcel Pouget sous la férule de Charles Estienne. En 1956, il expose avec Eugène Dodeigne à Lille. La même année a lieu la première exposition de ses œuvres au musée de Tourcoing, puis l'année suivante au Musée de Dunkerque, il reçoit le prix Emile-Othon Friesz.

    En 1958, il s'installe près de Lille, à Wasquehal, dans sa maison-atelier et cet emménagement dans un nouvel espace allait lui permettre de faire évoluer le format de ses toiles. La même année, il réalise les vitraux de l'église Notre-Dame-des-Flots de Dunkerque. Il rencontre alors la sculptrice Germaine Richier et de grands collectionneurs du Nord, Masurel ou Leclerq, le défendent.

    Il participe au Salon de Mai de 1955 à 1970 à Paris et par deux fois au salon des Réalités Nouvelles en 1973 et 1976.

    En 1979, une présentation de l'œuvre peinte de Leroy eut lieu à la FIAC à Paris, une rétrospective de l'œuvre gravé a lieu à Gravelines.

    La Galerie « K » de Washington le présente puis le Museum van Heidenhaage Kunst de Gand, en 1982. Le galeriste allemand Michael Werner, ami et marchand des peintres allemands Baselitz et Markus Lüpertz, devient son agent et organise des expositions en Allemagne, Autriche, Belgique, Grèce, aux États-Unis.

    Connu pour sa peinture épaisse et fouillée, bravant les limites de la discipline, l'artiste d'envergure internationale était aussi un dessinateur de premier plan.

    Sa peinture se caractérise de plus en plus par une accumulation de strates de peintures épaisses de chaos d'empâtements extravagants d'où des figures, portraits, nus, paysages émergent à travers une observation minutieuse du spectateur.

    Les tableaux très énigmatiques ont besoin d’être regardé longtemps avant de révéler leurs secrets. Il y a des couleurs entremêlées et inextricables comme un nœud gordien, des silhouettes qui n'apparaissent qu’après le troisième ou quatrième regard et qui continuent à bouger comme si Eugène Leroy avait continué à travailler ses tableaux après des années ou des décennies, parfois sous l’œil stupéfait du collectionneur dépossédé qui, après le travail terminé, n’a plus reconnu l’œuvre qu’il avait achetée!

     * Le peintre Eugène Leroy   * Le peintre Eugène Leroy

    Eugène Leroy travaille la peinture : couche après couche, il enfouit l'image sous la matière pour parvenir à une occultation qui semble complète. Mais, de l'amas de matières et de couleurs émerge une figure, paysage, portrait ou nu ; c'est cet amas qui permet « que la peinture soit totalement elle-même. » Jean Clair écrit de lui qu’il veut « saisir non la ressemblance mais au contraire l’indéfini, l’insaisissable, l’imprévu. »

     * Le peintre Eugène Leroy

    En 1985, Eugène rencontre Marina qui devient son modèle. En 1987, Baseliz et Rudi Fuchs, entre autres, signent un texte dans le catalogue de l'exposition du Musée d'art moderne de Villeneuve d'Ascq.

      * Le peintre Eugène Leroy   * Le peintre Eugène Leroy

    En 1988, le musée d'art moderne de la ville de Paris lui consacre une rétrospective, en partenariat avec le musée d'Eindhoven. La peinture d'Eugène Leroy est largement reconnue. Suivent alors des expositions personnelles et rétrospectives en France et à l'étranger. En 1992, il participe à la Documenta IX à Cassel, en Allemagne et en 1995, il est invité à la Biennale de Venise. En 1996, il reçoit le Grand Prix national de peinture.

    Il meurt le 10 mai 2000 dans sa maison de Wasquehal, près de Lille.

      * Le peintre Eugène Leroy

      * Le peintre Eugène Leroy    * Le peintre Eugène Leroy

    Le rayonnement d'abord régional de l'œuvre d'Eugène Leroy, au Nord de la France et en Flandres, a incité plusieurs plasticiens à s'engager dans des explorations plastiques nouvelles, son influence est, sans doute, palpable dans le travail des expressionnistes wallons (Bernard Courcelles, Michel Frère) et flamands avec lesquels Leroy entretenait des relations amicales tout au long de sa vie.

     * Le peintre Eugène Leroy

     

    A. B.

     


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