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4. 3. Visite de la Grand-Place de Bruxelles - 3ème partie
Visite de la Grand-Place de Bruxelles
Troisième partie
L'Hôtel de Ville
Sa structure
L’aile gauche et le pied carré de la tour font partie d’un même ensemble stylistique. Tant les articulations horizontales que verticales sont identiques. Le corps octogonal de la tour fait également partie de cet ensemble. Ces amorces sont intégrées dans le pied. Mais il y a une différence entre le corps et le sommet de la tour : dans le corps, les balconnets sont décorés d’ogives, comme en gothique classique. Au pied du sommet, au contraire, le balconnet est décoré de motifs en gothique tardif. Ces constatations démontrent que l’hôtel de ville a été réalisé en deux phases.
Un premier édifice
Grâce à sa situation favorable sur l’axe économique Bruges – Cologne et au développement de son industrie drapière, renommée aux quatre coins de l’Europe, Bruxelles atteint le rang de cité dès le 13ème siècle.
Jusqu’alors, Bruxelles n’avait eu comme siège de son administration que deux « steenen » : « de Meerte » et « Den Wilden Ever ». Les séances du Magistrat semblent aussi avoir eu lieu sous toit, mais en plein air, dans la Halle au Pain, l’actuelle Maison du Roi.
Les autorités communales décidèrent alors la construction d’une maison de ville qui servirait aux séances du Magistrat. En 1401 débuta la construction d’un premier édifice, digne du degré de prospérité atteint par la ville. Ce premier édifice, en style gothique tertiaire, fut bâti d’après les plans de l’architecte Jacques van Thienen à l’emplacement des deux « steenen » précités.
L’hôtel de ville de 1401 ne comprenait que l’aile gauche de l’édifice actuel. Cette première construction se termina en 1421. L’ « escalier des lions » en était l’entrée principale et l’édifice se terminait à droite par une petite tour carrée, sorte de beffroi symbolisant les libertés communales. Du balcon étaient promulgués les lois, les ordonnances, les traités de paix.
Bénéficiant d’un climat favorable grâce à l’installation de la cour de Philippe de Bon à Bruxelles, notre ville connut une grande prospérité, une extraordinaire richesse au 15ème siècle. Il fallut alors envisager d’agrandir l’hôtel de ville. C’est en 1444 que Charles le Téméraire, à peine âgé de neuf ans, posa la première pierre de la nouvelle aile. Cette aile est plus courte que la première.
L’édifice formait un ensemble particulièrement réussi mais il manquait un peu d’envolée. C’est ainsi que de 1449 à 1455, sur l’emplacement du beffroi primitif une tour beaucoup plus haute a été édifiée, destinée à équilibrer le tout. Elle est l’œuvre d’une des plus belles figures de l’architecture flamande, Jan van Ruisbroeck, dit vanden Berghe qui l’a conçue en trois parties : un parallélépipède de quatre étages, une partie octogonale de trois étages et une flèche.
En observant l’hôtel de ville de face, on remarque que le porche de la tour ne se trouve pas dans l’axe de cette tour. Il existe plusieurs hypothèses en ce qui concerne l’asymétrie de l’édifice. Cette bêtise architecturale est souvent attribuée au maître d’œuvre Jean van Ruisbroeck. Quand l’erreur fut constatée, la légende prétend qu’il se serait suicidé, que l’architecte se pendit de désespoir lorsqu’il constata son erreur. En réalité, van Ruisbroeck ne s’est pas occupé de la porte mais du sommet de la tour… et il ne s’est certainement pas suicidé : il est décédé de mort naturelle à l’âge respectable de 90 ans en 1486.
Il semble que ce soit la mauvaise qualité du sol qui ait été la cause principale de cette asymétrie. A l’origine, la tour s’appuyait uniquement sur la gauche, sur la masse du bâtiment qui constitue l’aile gauche. L’architecte avait simplement décidé de conserver le porche existant du beffroi dont il renforça les assises à droite. La porte fut déplacée vers la gauche, pour permettre la réalisation d’un large mur de soutènement, qui devait porter le poids de la tour du côté droit.
La tour, construite dans le style gothique fleuri ou gothique flamboyant, fut terminée en 1455. Avec une hauteur de 91 mètres 55, la flèche de l’hôtel de ville, fine et ajourée comme une dentelle de pierre, est surmontée d’une girouette en cuivre repoussé d’un peu plus de cinq mètres de haut, représentant saint Michel, patron de la ville, terrassant le démon. Elle est l’œuvre du chaudronnier Martin van Rode qui la fit hisser dans le ciel en 1454. Saint Michel, qui pivote sur sa base, a été descendu à diverses reprises pour être redoré – 2 500 feuilles d’or de 60 centimètres carrés – et pour rendre au démon la langue longue de 40 centimètres qu’il avait perdue au cours des ans.
Le porche de l’Hôtel de ville
Dans le tympan du porche d’entrée de l’Hôtel de ville, nous découvrons les statues des patrons des serments ou gildes militaires de la cité.
· Au centre : Saint-Michel, patron des escrimeurs, terrassant un démon enchaîné ;
· A droite, d’une part, Saint-Georges, patron des arbalétriers, enfonçant une lance dans la gueule d’un dragon ; d’autre part, l’évêque Saint-Géry, en l’honneur duquel fut élevée une église dans l’ancienne île Saint-Géry ;
· A gauche, d’une part, Saint-Christophe, patron des arquebusiers ; d’autre part, Saint Sébastien, patron des archers.
Les deux premières statues citées présentent une symbolique commune. Les autres sont sans intérêt.
Gardien sévère des forces cachées, le dragon symbolise l’obstacle qu’il faut vaincre pour accéder à la Lumière, les forces matérielles qui s’interposent entre le désir de la Connaissance et la Connaissance elle-même, qui demeure cachée dans un domaine interdit de l’homme ordinaire. Il est l’expression de l’ignorance, de l’obscurité, des tendances démoniaques.
Le démon symbolise la chute de l’esprit, la régression dans le désordre (le chaos), dans l’abîme où il est enchaîné. Il est la synthèse des forces désintégrantes de la personnalité. Centre de nuit, il s’oppose à Dieu, centre de Lumière.
La lance et l’épée sont des symboles solaires. L’Épée flamboyante surtout, par sa forme ondulée, concrétise le mouvement ondulatoire et vibratoire de la flamme, du rayon de Lumière et de Feu émis par le Soleil, symbolise la pure connaissance, destructrice de l’obscurité, de l’ignorance. Elle est l’arme unique de l’Initié. C’est pourquoi, elle sert à la consécration du candidat Franc-maçon car elle est aussi instrument de transmission. Seule la pureté de l’Initié permet de vaincre les forces obscures et d’atteindre à la parfaite Connaissance qui assure pouvoir et félicité.
Saint-Michel et Saint-Georges livrent donc un combat identique au terme duquel la Lumière vainc les Ténèbres.
L’Hôtel de ville du 15ème siècle
Plusieurs architectes ont travaillé à cette aile droite pour laquelle il avait fallu exproprier et raser une série de maisons. Elle est composée de trois parties, comme les chapiteaux l’indiquent. Aux étages, les neuf fenêtres sont séparées par des niches. Toutes les trois fenêtres se trouvent deux niches au lieu d’une.
C’est sous le portique que nous trouvons les sculptures les plus intéressantes. En allant de gauche à droite, nous trouvons, dans le coin, une représentation comique d’un bonhomme tombé dans une cuvelle. Ensuite c’est un homme qui s’escrime un siège à la main et un autre qui construit un siège en bois ; plus loin, deux individus qui se disputent, un bourgeois et un clerc ; celui-ci se défend à l’aide d’un bréviaire enveloppé dans une chemise de cuir, celui-là se servant d’une escabelle comme arme de défense.
Plus loin encore, un personnage – probablement un clerc – qui tient dans ses mains un pot et une gourde, buvant alternativement à l’un et à l’autre, à côté un chanoine, reconnaissable à l’aumusse qu’il porte sur la tête ; accoudé sur ses in-folios, il a vidé un broc et semble peu disposé au travail.
Au cul-de-lampe voisin, un clerc explique à un manant hébété le texte d’un in-folio largement ouvert ; enfin les deux derniers culs-de-lampe représentent, l’un un homme coiffé d’un chaperon, tenant un vase sous le bras, l’autre un homme, la dague au côté, qui porte dans une main une grosse boule.
Dans les travées de droite, nous trouvons des sièges, des escabelles, des fauteuils, des chaises et des pelles entrecroisées, allusion manifeste à la scène des empileurs de chaises figurée sur un des chapiteaux.
Dans les travées de gauche sont représentées des figures de clercs, d’évêques, de bourgeois, de manants, de femmes du peuple, types divers qui sont empruntés aux différentes classes sociales et où se mêle parfois une pointe satirique.
Les chapiteaux historiés des colonnes sont particulièrement dignes d’attention. Selon Paul Bonenfant, les sujets représentés sur les chapiteaux de cette aile rappellent deux de ces maisons disparues.
- Un premier chapiteau, au milieu, intitulé « les Moines buveurs », représente des moines au cours d’une beuverie et rappelle la maison dite « Papenkelder » (le caveau des moines). Il s’agit d’une satire des mœurs dissolues du clergé. Des moines attablés mangent et boivent, d’autres, en cellule, se livrent à des libations que favorise un personnage qui leur tend du dehors un broc de bière. Un moine pourtant représente la vertu au milieu de cette bacchanale.
- Un second chapiteau présente des personnages qui entassent des trépieds avec des pelles. L’escarpolette était effectivement un trépied, beaucoup utilisé pour le travail mais aussi comme instrument de punition. Cette scène rappelle une maison dénommée « Scupstoel » (l’escarpolette) qui occupait sans doute l’emplacement où l’on infligeait le supplice dit « de l’estrapade », châtiment qui consistait à asseoir le condamné sur une chaise fixée à des cordes reliées à une poulie. Après quoi, ce dernier était plongé brusquement dans la boue du marécage.
- Le Maure est le chapiteau le moins clair. Ce troisième chapiteau évoque l’emplacement d’une maison dite « de Moor ». Les parties conservées semblent indiquer le contraste entre un couple adultère et un ménage exemplaire pour l’époque : la femme manque de mains pour bercer un enfant et en allaiter un autre. Le Maure, au contraire, dort dans un fauteuil, l’épée au fourreau. D’autres scènes montrent son harem.
Les sculptures des façades
C’est à l’occasion de la restauration que l’on décida d’orner les façades de l’hôtel de ville de statues. On ne sait avec certitude quelles statues s’y trouvaient autrefois, ni même s’il y en avait.
En se basant sur une gravure du 17ème siècle représentant la façade avant, Wauters, l’archiviste de la ville, dénombra 152 niches pour statues. Les seules qui existaient déjà étaient celles de Philippe le Bon, de Charles le Téméraire, de Marie de Bourgogne et de Maximilien d’Autriche. Elles décoraient la tourelle au coin de la rue de la Tête d’Or. Mais lors de la restauration, cet élément ne fut pas retenu.
Tel un impressionnant arbre généalogique, la façade de l’hôtel de ville est devenue un inventaire des princes et des princesses qui ont gouverné Bruxelles et de leurs conjoints respectifs. Y sont représentés des Carolingiens, des ducs et des comtes de la Maison de Louvain, ainsi que des membres des maisons de Bourgogne et de Habsbourg.
La façade de l’hôtel de ville comporte de nombreuses sculptures remontant à des temps plus ou moins proches.
Dans les niches, autrefois vides, ont été placées, depuis le 19ème siècle, des statues représentant des citoyens bruxellois illustres. Les statues des ducs et duchesses de Brabant datent également d’une restauration effectuée au 19ème siècle.
Par contre, l’ensemble des huit statues de prophètes, qui ornent l’arc de la porte de la tour, retiendra particulièrement notre attention car ces ravissantes statuettes sont en réalité les répliques fidèles des originaux conservés au Musée communal. Elles ont été attribuées erronément à l’école flamande de Claus Sluter du 14ème siècle jusqu’au moment où l’on s’est rendu compte que la base de la tour ne datait pas de la fin du 14ème siècle mais du début du 15ème. Les plis des draperies ont encore cette belle souplesse qui disparut dès l’avènement de Philippe le bon pour faire place à des lignes plus marquées et anguleuses. Admirons aussi les très jolies filles dont les traits sont perpétués dans les représentations de la Paix, la Prudence, la Justice, la Force, la Tempérance et la Loi.
Les façades latérales sont également décorées de statues. Ainsi, dans la rue Charles Buls, figurent des bourgmestres originaires des familles patriciennes. Dans la rue de la Tête d’Or, un hommage est rendu aux bruxellois qui se sont distingués dans les domaines des sciences, des beaux-arts ou de la littérature. Le choix de ces statues intervint en 1900 et donna lieu à de nombreuses discussions.
L’hôtel de ville ainsi construit était contigu à la Halle au Drap édifiée antérieurement, en 1353. Cette halle fut détruite lors du bombardement de 1695. Elle ne fut jamais reconstruite. Sur son emplacement, une troisième partie a été ajoutée au bâtiment de l’hôtel de ville dans les années 1700 : ce sont les ailes gauche et droite ainsi que l’aile postérieure qui, aujourd’hui, fait face à l’hôtel Amigo, dans la rue de l’Amigo. Alors que l’hôtel de ville a été construit en style ogival, ces dernières parties l’ont été en style Louis XIV.
L’hôtel de ville de Bruxelles, avec sa grande tour, est un témoin exceptionnel de l’architecture civile du gothique tardif, et sa position au sein de la Grand-Place, ornée des façades des maisons des corporations, le rend plus remarquable encore.
L’édifice a souffert au cours des siècles et sa grande tour particulièrement délabrée a connu, en 1997, une restauration lourde pour laquelle le caractère exceptionnellement précieux du bâtiment a justifié, à côté des études architecturales, un nombre considérable d’étude scientifiques approfondies préalables aux travaux, et de mesures scientifiques d’accompagnement du chantier. Cet effort, à la fois scientifique et financier aurait été impensable pour un bâtiment plus ordinaire.
Conclusions
Quelques années à peine après le cataclysme provoqué par Louis XIV, Bruxelles était dotée d’un des plus précieux ensembles architecturaux ayant jamais existé, semblable à un bijou orné de feuilles d’or.
Déjà au 16ème siècle, les tailleurs, en reconstruisant leur maison « la Chaloupe d’Or » en un beau style gothique, et les peintres en édifiant « le Pigeon » dans le style de la Renaissance, avaient inauguré un mouvement d’embellissement que les autres corporations suivirent au siècle suivant.
C’est à partir de 1640 qu’une fièvre d’émulation s’empara des métiers. Les maisons en bois furent abattues. En 1644, les graissiers remplacèrent la vieille façade de leur demeure « la Brouette » par une façade en pierre composée des trois ordres. Les ébénistes et les tonneliers imitèrent leur exemple en édifiant « le Sac » dans un somptueux style italo-flamand. En 1690, « la Louve » étant devenue la proie des flammes, les archers s’empressèrent de la rebâtir. Enfin les merciers, en même temps que les ébénistes et les graissiers réédifièrent luxueusement la maison du « Renard » vers 1645.
Toutes ces constructions avaient été conçues dans le style baroque italien qui s’était répandu aux Pays-Bas au début du 17ème siècle. Mais nos architectes flamands ne l’avaient pas appliqué servilement. Ils l’avaient transposé et en avaient fait un style propre au Brabant et même particulier à Bruxelles, un style distinct de la Renaissance italienne par une plus grande fantaisie, par un décor plus abondant et surtout par la présence d’un gâble triangulaire qui rappelait le gâble à redents, absolument inconnu en Italie.
Ce style se servait des éléments essentiels du style classique :
1°) la superposition des trois ordres, dorique, ionique et corinthien ;
2°) l’application du pilastre ou de la colonne engagée unique ;
3°) le gâble ou pignon, qui se rattachait par son origine à l’ancien pignon à gradins de la maison du Moyen Age ;
4°) les bandes saillantes, qui sont probablement un rappel des maisons en bois ;
5°) le plein cintre ;
6°) les pilastres et les chapiteaux des ordres dorique, ionique et corinthien.
Mais il dégénéra par une fantaisie et une grande profusion d’ornements répondant au caractère exubérant de nos architectes flamands, incompatible avec la sévérité du style classique d’où son nom de style baroque qui lui fut appliqué au 18ème siècle : les façades furent littéralement surchargées d’ornements : des vases et des torchères, des statues et des médaillons, des cartouches vigoureusement modelés, des chutes de fleurs et de fruits, des godrons, des consoles fleuries, des trophées.
Exceptionnellement, le style Louis XIV fit son apparition dans deux façades : du point de vue de la décoration du pignon dans celle du « Renard » et, du point de vue de la compréhension architecturale même de la maison, au « Cygne ».
Pour bien comprendre les idées qui animèrent l’œuvre architecturale de la Grand-Place, il faut songer à l’éducation professionnelle de ceux qui se sont occupés de la réédification des maisons. A la fin du 17ème siècle, la profession d’architecte n’était pas encore une profession indépendante. L’architecture était pratiquée par des ébénistes menuisiers, des peintres, des sculpteurs, des maçons ou des tailleurs de pierre. Leur vision d’architecte était très souvent influencée par la profession qu’ils exerçaient.
Les maisons, édifiées au lendemain du bombardement de 1695, se détériorèrent assez rapidement dans le courant du 18ème siècle, d’autant plus rapidement que les corporations, en pleine décadence, ne disposaient plus des ressources nécessaires pour veiller à l’entretien des nombreuses sculptures qui les ornaient. Les sans-culottes français achevèrent de ruiner ce que le temps avait encore laissé subsister. En 1793 et 1794, dans leur rage iconoclaste, ceux-ci brisèrent les statues qui se dressaient devant les façades des maisons corporatives, arrachèrent tous les emblèmes de l’ancien régime. Devenues bien national, les maisons corporatives furent vendues.
L’administration communale intervint à temps pour sauver la Grand-Place d’une ruine certaine et complète. Mais l’idée de la conservation de la Grand-Place ne s’épanouit que fort lentement. Ce n’est qu’en 1883 que cette question entra dans une phase décisive. Le bourgmestre Charles Buls conçut l’idée de frapper les façades d’une servitude. Avec l’approbation du Conseil communal, l’avenir de la Grand-Place était définitivement assuré. De 1883 à 1885, plusieurs maisons furent restaurées et, en 1897, on fêta le 20ème anniversaire de la rénovation de la Grand-Place.
En 1957, toutes les façades ont été remises en état par les soins de l’architecte en chef de la ville, J. Rombaux, et depuis quelques années, le ravalement complet de l’ensemble de la Grand-Place a été entrepris.
Il a fallu de très nombreuses années, beaucoup de soins et de travaux pour rendre à notre marché l’aspect qu’il avait autrefois. Bruxelles peut se glorifier de posséder, presque intact, un de ses quartiers qui, après l’affreux bombardement de 1695, reparut plus splendide que jamais, grâce à l’énergie de la population, grâce au soutien des autorités communales et grâce au concours qu’apporta toute une génération d’artistes, désireux de doter leur ville de richesses nouvelles.
A l’instar de beaucoup d’autres sites, témoignages du passé, la Grand-Place de Bruxelles, perle de l’architecture italo-flamande de la fin de la Renaissance, ne peut pas se contenter de l’admiration des touristes du monde entier : à l’image du Phénix qui couronne la maison de « La Louve », elle veut renaître éternellement. Par son charme irremplaçable, elle attire les descendants de ceux qui l’ont créée si chaleureuse et si majestueuse. Insatisfaite de n’être qu’un temple sacré, héritage du passé, elle se veut le lien indissoluble entre le passé, le présent et déjà le futur.
Elle abrite encore ses magistrats et représentants de l’ordre. Elle rend toujours hommage aux grands et aux personnalités de ce monde et consacre le travail des commerçants et des métiers. Elle enracine la mémoire du passé avec ses manifestations folkloriques et salue l’expression artistique par les concerts qui s’y donnent, par les nombreux peintres qui lui témoignent leur amour.
La Grand-Place est probablement le symbole de cette continuité de l’humanité qui jamais n’abandonne, qui toujours progresse, dans le respect du passé et avec un idéal du futur.
A . B.
Bibliographie
DES MAREZ G.
GUIDE ILLUSTRE DE BRUXELLES
Monuments civils et religieux
Remis à jour et complété par A. ROUSSEAU
Bruxelles, Touring Club Royal de Belgique, 1979
QUIEVREUX Louis
GUIDE DE BRUXELLES
Bruxelles, Editions A. De Boeck
JACOBS Roel
BRUXELLES
L’histoire dans la ville
Bruges, Editions Marc Van de Wiele, 1994
JACOBS Roel
LA GRAND-PLACE DE BRUXELLES
Parcours
Bruxelles, Editions Artis-Historia, 1995
VIERSET Simone
LA GRAND-PLACE DE BRXUELLES
Bruxelles, Fédération Touristique de la Province de Brabant, 1992
Hommes et Paysages
Société Royale Belge de Géographie
ITINERAIRE DE LA FRANC-MAÇONNERIE A BRUXELLES
Coédition Parcours maçonnique, 2000
VERNIERS Louis
Bruxelles : Esquisse historique
HALLEUX Pierre
La restauration de la grande tour de l’hôtel de Ville
Périodique « Bruxelles – Pentagone » 14ème année, N°3, septembre 1997
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