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3. 5. L'enceinte de Bruxelles au 13ème siècle
L’enceinte de Bruxelles datant du 13ème siècle
Sommaire de ce cinquième article (3. 5.)
Ce qui subsiste à l’heure actuelle (suite)
A. Des restaurations fantaisistes (suite 2)
5. La Tour d'angle dite " Tour d'Anneessens "
5. LA TOUR D’ANGLE dite « TOUR D’ANNEESSENS »
Vers 1870, la «Tour Anneessens » était toujours enfouie dans une bâtisse. L’architecte Jean Baes, bien connu à l’époque, habitait la tour avec ses frères. En fait, ils avaient leur habitation dans la maison du bas et leur atelier d’art dans la tour !
La tour d’angle à l’époque où elle était encore cachée par d’anciennes habitations dont celle de l’architecte Jean Baes
Le souhait de conserver cette précieuse ruine avait déjà été exprimé à ce moment. C’est en mars 1896 qu’il fut exaucé lorsque la ville fit l’acquisition de l’immeuble remontant jusqu’à la rue de Rollebeek et qui contenait celle qu’on appelait encore « Tour de la Steenpoort ».
Ses occupants furent expropriés en 1900 par les constructeurs de l’école de la rue de Rollebeek. Le principe de restaurer la tour fut dès lors acquis.
Mais avant 1957, il fallait encore pénétrer dans l’ancienne école communale n° 10 de la ville, appelée aussi Ecole François Anneessens, 22 rue de Rollebeek, pour apercevoir ce qu’il convient d’appeler une tour d’angle qui avait déjà fait l’objet d’une restauration au 15ème siècle lorsqu’on la coiffa de poivrières et la compléta de parties en briques. Les démolitions menées en vue de l’établissement de la Jonction Nord – Midi sous le boulevard de l’Empereur ont permis de dégager cette tour et les deux fragments de courtines qui s’y rattachent.
La tour d’angle dite « Tour d’Anneessens »,
près de la « Steenpoort », boulevard de l’Empereur, côté extérieur de l’enceinte
C’était une très belle tour mais que les restaurations successives ont bien défigurée ! On ne peut hélas plus se faire une idée exacte de ce qu’était une tour d’angle au 12ème siècle. A l’origine il ne devait y avoir qu’une simple plate-forme, à ciel ouvert, bordée d’un parapet à créneaux. Les plates-formes des tours disparurent généralement au 15ème siècle. Elles furent couvertes à cette époque d’un toit conique posé sur une maçonnerie en briques. Ici, les créneaux ont disparu et les fondations ont été mises à jour.
Les arcs de la paroi extérieure ressortent entièrement du sol alors qu’à l’origine, ces arcades se trouvaient enfouies dans un talus de terre ! Les fondations sont devenues visibles pour la simple raison que le talus a été enlevé.
La maçonnerie inférieure du mur est par ailleurs moins bien soignée et rejointoyée que la partie supérieure qui a toujours été exposée à la vue.
La tour d’angle dite « Tour d’Anneessens », près de la « Steenpoort », boulevard de l’Empereur, côté intérieur de l’enceinte
Cette tour d’angle a longtemps été appelée « Tour d’Annessens » parce qu’une légende veut que le tribun bruxellois François Anneessens y aurait été enfermé. Longtemps incorporée à l’école de la rue de Rollebeek, elle a été complètement dégagée en 1957 et restaurée en 1967.
Daniel Ch. Luytens affirme que cette tour aurait abrité une chapelle et que l’aumônier des prisons y faisait le guet. François Anneessens, représentant des métiers en révolte contre le gouvernement autrichien, y aurait été emprisonné avant d'être exécuté en 1719. Mais il est plus plausible qu'il aurait été enfermé en 1719 dans l’ancienne « Steenpoort » toute proche, à l’époque où elle servit effectivement de prison, probablement pour les prisonniers de droit commun. Jacques Dubreucq abonde dans le même sens en précisant que la tour était en réalité la chapelle de la prison et qu’il n’est pas du tout sûr que l’infortuné fabricant de chaises bruxellois n’y mit jamais les pieds !
Cette tour d'angle fut restaurée en 1967. On distingue une tourelle d'escalier octogonale et un chemin de ronde fragmentaire bordé de merlons. La tour repose sur deux niveaux voûtés en berceau brisé. Depuis 1970, cette tour d’angle est bien visible en bordure du boulevard de l’Empereur.
Les éléments d’origine de la tour sont en moellons de calcaire gréseux. Les parties en briques sont des aménagements tardifs. C’est une construction circulaire, en pierres grossièrement appareillées de 7,70 m de diamètre extérieur, superposant deux étages voûtés en berceau brisé se terminant en cul-de-four. Le rez-de-chaussée est voûté. On y perçoit les traces de meurtrières. Dans la paroi existent des trous, dans lesquels étaient probablement placés des madriers capables de supporter un plancher en bois. La calotte de la voûte est entourée d’un bourrelet.
Flanquée d'une tourelle d'escalier octogonale, cette tour est implantée à la rencontre de deux courtines formant entre elles un angle de 112 degrés, auxquelles on accède par le deuxième niveau de la tour mais dont il ne subsiste que deux moignons, l’un, de 5 mètres, orienté nord-est, l’autre de 13,50 m, dans la direction sud-ouest. Ces courtines sont complètement dégagées de la terre initiale et montrent à l’air libre leurs arcs de fondation.
La « Porte de Pierre », généralement mieux connue dans son appellation d’origine « Steenpoort », se trouvait entre la Tour dite d’Annessens et la place actuelle de Dinant.
Il ne faut donc pas confondre la porte et la tour d’angle ! La « Steenpoort » ou « Porte de Pierre » était l'une des sept portes de la première enceinte de la ville. Elle était établie sur un lieu nommé « Montagne du Géant » qui correspond au bas de l’actuelle rue de Rollebeek.
A. B.
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