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* 04 - Histoire de Nivelles
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L’histoire de la ville de Nivelles
Quelques éléments essentiels de l’histoire de la ville
Au cœur du plateau brabançon, Nivelles est sise dans un méandre de la Thine.
Sur les pentes des plateaux vallonnés qui bordent la vallée et entourent la ville, l'occupation humaine est attestée dès la préhistoire.
Les premiers agriculteurs du Néolithique y trouvèrent, après défrichement, des terres limoneuses fertiles et aisément cultivables. Cette vocation agricole se vit confirmée par la suite.
À l'époque gallo-romaine plusieurs « villas », modestes ou plus importantes exploitent ces terres. Plus tard, celles-ci font partie de l'Austrasie franque et Pépin le Vieux (Pépin de Landen), maire du palais du roi mérovingien Dagobert 1er, y possède un vaste domaine.
En tant que villa mérovingienne et abbaye impériale, Nivelles possède sur les plans artistique et archéologique d'authentiques titres de noblesse. Elle est la capitale incontestée du Roman Païs du Brabant wallon.
L'histoire de Nivelles commence avec la fondation d'une abbaye sur ce domaine au milieu du 7ème siècle, après la mort de Pépin de Landen (dit « le Vieux »), par Itte d'Aquitaine, son épouse.
C'est en effet au milieu du 7ème siècle qu'il nous faut remonter, lorsque Gertrude, fille d’Itte et de Pépin de Landen, devint la première abbesse de l'abbaye de Nivelles.
Érudite, elle se dévoua sans relâche pour aider les pauvres et les déshérités. Cette conduite exemplaire donnera naissance au culte de Sainte-Gertrude.
L'entreprise est soutenue par saint Amand, évêque de Maastricht, et par des moines irlandais. D'emblée, cette communauté de femmes et d'hommes se pourvoit de trois églises et se voit dotée de nombreuses possessions proches ou lointaines. Après la mort de Gertrude, vers 659, un culte se développe autour de sa tombe et connaît un grand rayonnement, attirant de nombreux pèlerins dans l'église qui l'abrite et qui sera agrandie plusieurs fois, pour être finalement remplacée par la collégiale romane.
Au fil du temps, l'abbaye prend une importance croissante. Des liens privilégiés la lient à la dynastie carolingienne, par l'accession au trône de Pépin le Bref, arrière-petit-neveu de Gertrude, suivie du sacre de son fils Charlemagne, puis avec la dynastie des empereurs germaniques ottoniens, fondée en 962 par Otton 1er.
Sans doute au 9ème siècle, la communauté se sécularise pour prendre le statut de chapitre double de chanoinesses et de chanoines, qui ne prononcent pas de vœux, peuvent posséder des biens personnels et suivent une règle peu contraignante. Ce chapitre séculier est dit noble : pour les chanoinesses, le recrutement se fait dans l'aristocratie. Placée sous l'autorité de l'abbesse, l'institution se maintiendra jusqu'à sa suppression en 1798.
La bourgade que formait l'abbaye s’est développée au fil du temps pour devenir l'une des premières villes du duché de Brabant au 12ème siècle. Au siècle suivant, elle se dotera de remparts. C'est à la même époque que Gertrude sera canonisée.
Progressivement prend naissance ce qui deviendra une ville marchande importante du duché de Brabant. Elle voit l'apogée de son développement au 13ème siècle, où elle se dote d'une muraille d'enceinte et compte onze paroisses, couvrant ville et campagne. Ce siècle est aussi celui de conflits importants de juridiction, entre l'abbesse, le duc de Brabant et les bourgeois et métiers de la ville qui cherchent à s'émanciper de ces autorités seigneuriales. À partir du 14ème siècle, Nivelles devient une ville secondaire et Nivelles décline au profit d'autres villes brabançonnes.
Au 15ème siècle, lorsque les ducs de Bourgogne deviennent ducs de Brabant, elle est une localité secondaire, mais le rayonnement du chapitre reste important et attire de nombreuses fondations religieuses : couvents, refuges d'abbayes, institutions charitables.
Au siècle suivant, la ville est prise comme tous les Pays-Bas dans la tourmente des guerres de religion. Dernier épisode en 1580 : la ville occupée par les Gueux est reprise par les troupes espagnoles. Ce siège nous vaut le plus ancien plan de la ville connu à ce jour.
En 1796, le Directoire ferme les derniers couvents et fondations religieuses, et finalement le chapitre, en 1798. Nivelles forme alors, avec les quatre villages, le 21ème canton du département de la Dyle.
Deux ans après le Concordat de 1801, un décret institue trois paroisses et la collégiale est rendue au culte.
Nivelles souffre énormément des guerres qui tourmentent les 16ème et 17ème siècles.
Heureusement, au 19ème siècle, la révolution Industrielle lui offrira un second souffle.
L'abbaye est aussi le centre d'exploitation d'un vaste domaine, elle a ses caves, ses granges, ses greniers. Autour de ce noyau abbatial, un marché s'organise, qui se tient aujourd'hui encore au pied de la collégiale, artisanats et petites industries se développent.
À partir de l'indépendance belge, Nivelles se réveille, avec le développement des institutions scolaires, l'établissement des liaisons ferroviaires, puis l'arrivée de l'industrie lourde.
Durement atteint par le bombardement du 14 mai 1940, le centre de la ville se reconstruit après la guerre. En 1956, Nivelles amorce un tournant important : la création du parc industriel, un des tout premiers du pays, vient relancer le développement économique et compenser le déclin de l'industrie lourde qui conduit à la fermeture de « La Brugeoise et Nivelles » en 1988. L'entité s'ouvre à la modernité et accueille une population toujours croissante tout en conservant un patrimoine et un cadre de vie de qualité.
D’après Martine Osterrieth, Conservateur du Musée communal d’Archéologie, d’Art et d’Histoire
Patrimoine de Gertrude et Seconde Guerre mondiale
Le 14 mai 1940, alors que commence la Seconde Guerre mondiale, le centre-ville est bombardé par l'aviation du Troisième Reich :
La flèche gothique de la collégiale Sainte-Gertrude, touchée par une bombe incendiaire, s'effondre en flamme. Dès 1948, des travaux de restauration de la collégiale sont entamés. Exécutés en plusieurs campagnes, ils seront achevés en 1984. À cette occasion, l'édifice retrouvera son style entièrement roman, tel qu'il était lorsque l'avant-corps à abside fut construit à la fin du 12ème siècle contre l'église abbatiale du 11ème siècle.
La châsse de sainte Gertrude, joyaux de l'art gothique, laissée dans sa cachette que l'on croyait sûre, a malheureusement fondu sous l'effet de la chaleur de l'incendie de la collégiale. Les reliques de la sainte pourront heureusement être récupérées. Plutôt que de restaurer la châsse, trop abîmée, il fut décidé d'en confier la construction d'une nouvelle à Félix Roulin en 1978. Cette nouvelle châsse, appelée contemporaine, contient des fragments de l'ancienne châsse sur ses parois avant et arrière, et est constituée d'un élément central contenant les reliques et de quatre éléments articulés permettant de lui faire prendre trois formes (horizontale, châsse classique et verticale) suivant les circonstances.
Les bâtiments de l'abbaye ont été détruits et ne seront pas reconstruits. Seul a été épargné et conservé le cloître du 13ème siècle autour duquel a été construit le nouvel hôtel de ville remplaçant ainsi les murs de l'abbaye qui fermaient l'extérieur du cloître avec, au sud, le mur de la collégiale.
Gertrude de Nivelles
Gertrude de Nivelles, née à Landen vers 626 et décédée à Nivelles le 17 mars 659, est une moniale et sainte franque. Première abbesse de l'Abbaye de Nivelles, elle est la fondatrice et sainte patronne de la ville de Nivelles en province de Brabant wallon (Belgique).
Née en 626, elle est la fille de Pépin de Landen et d'Itte Idoberge (sainte Itte), et donc la sœur de Begge d'Andenne (sainte Begge) et de Grimoald 1er. Son père, maire du palais de Dagobert Ier roi d'Austrasie, est l'ancêtre de Charles Martel, de Pépin le Bref et de Charlemagne. Dès son adolescence, elle témoigne d'une disposition d'esprit profondément religieuse qui lui fait refuser les prétendants qui lui sont présentés. À la mort de son père, sa mère Itte, sur le conseil de saint Amand, transforme le château familial en monastère mixte dont elle devient la première abbesse.
Peu après la fondation du monastère, elle cède sa place à sa fille qui devient abbesse. Gertrude s’implique beaucoup dans la vie religieuse. Elle se lie d’amitié avec les saints moines irlandais, Feuillien et saint Ultan.
Animée d'une insatiable soif de savoir, elle recherche une connaissance approfondie des Saintes Écritures : le saint moine Feuillien lui est d'une aide particulière dans cette étude des Écritures. C'est de Gertrude que Saint Feuillien recevra le terrain de Fosses (Aujourd’hui « Fosses-la-Ville ») où il s'établira. Reste que Gertrude est surtout reconnue et aimée pour l’aide qu’elle apporte aux plus démunis !
Les nombreux jeûnes qu'elle avait pratiqués la diminue physiquement si bien qu'à l'âge de trente ans elle laisse la direction de l'abbaye à sa nièce Vulfetrude qui devient abbesse. Elle meurt trois ans plus tard, à l'âge du Christ, le 17 mars 659.
Ses restes sont inhumés dans l'église abbatiale de saint Pierre, qui prit le nom d'église Sainte-Gertrude au 10ème siècle. De Nivelles, le culte de sainte Gertrude se répandit dans le Brabant occidental, puis dans le Brabant septentrional dans les actuels Pays-Bas et le long des vallées du Rhin, de la Moselle, de l'Oise et de l'Aisne. Puis des pélerins diffusèrent son culte dans toute l'Europe, si bien qu'elle devint la sainte patronne des voyageurs et que de nombreuses églises, chapelles et hôpitaux le long des grands axes commerciaux du Saint-Empire furent placés sous son patronage.
L'église Sainte-Gertrude est devenue une collégiale qui anime toujours le cœur de Nivelles. Les reliques de sainte Gertrude y sont conservées dans une châsse.
Lors du « Tour Sainte-Gertrude », la châsse de la sainte est transportée sur un char en procession dans la ville et à travers champs en suivant un parcours de plusieurs kilomètres correspondant au trajet qu'effectuait l'abbesse pour rendre visite aux malades et aux pauvres. Cette procession annuelle, se déroulant le dimanche suivant la Saint-Michel, trouve ses origines au 13ème siècle et atteint son apogée au 15ème siècle. Aujourd'hui, elle attire encore de mille à deux mille pèlerins.
Quelques éléments du développement économique et social
Véritable ville à la campagne, Nivelles reste une commune à dimension humaine qui conjugue tradition, folklore et innovation, tout en gardant constamment à l'esprit le souci du respect et du développement de la nature.
Structures publiques, organisations culturelles, sportives et de loisirs sont légion dans la cité aclote (le dialecte parlé à Nivelles), tant au service de ses habitants que des touristes, de tous âges et de tous horizons.
Tantôt « Ville à la campagne », tantôt chef lieu d'arrondissement judiciaire, tantôt capitale du Roman Païs, tantôt haut lieu culturel et folklorique ... la Ville de Nivelles tient une place de premier plan en Brabant wallon.
Elle compte plus de 28 000 habitants répartis sur une superficie de plus de 6 000 hectares résultant de sa fusion avec les communes de Baulers, Bornival, Thines et Monstreux.
Pôle économique en plein essor, encore auréolée de son passé industriel révolu, Nivelles se tourne résolument vers l’avenir.
Empreinte d'un passé riche en rebondissements, la ville de Nivelles, outre son musée communal, compte nombre de lieux historiques et d'événements qui méritent le déplacement dont la Collégiale Sainte-Gertrude et son célèbre Jean de Nivelles, le jacquemart qui sonne les heures accroché à la tourelle sud. Rappelons qu’un jacquemart ou jaquemart est un automate d'art représentant un personnage sculpté en bois ou en métal, qui indique les heures en frappant une cloche avec un marteau.
La Ville est jumelée avec deux communes françaises : Saintes (Charente Maritime) depuis 1956 et Saint-Just-en-Chaussée (Picardie) depuis 1998.
Synthèse de recherches mise en page par A. B.
Bonne découverte de la Collégiale !
Sitographie :
https://www.nivelles.be/la-ville/histoire-et-patrimoine.html
http://www.patrimoinevivantwalloniebruxelles.be/patrimoines/pratiques/fiche_pratiques/?n=27
https://fr.wikipedia.org/wiki/Gertrude_de_Nivelles
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