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  • Voici une histoire vraie datant du 25 novembre 1120 !

    Le naufrage de la « Blanche Nef »

    Introduction

    Il est 23 heures 30 en ce soir du 25 novembre 1120 et la « Blanche Nef » sort du port de Barfleur (Cotentin, Normandie), voguant vers son destin qui va modifier le cours de toute l'histoire de l'Europe médiévale.

    Mais, avant d’évoquer cette tragédie dans les détails, revenons quelques années plus tôt, quand Guillaume le Bâtard, fils d'un duc normand et d'Arlette, elle-même fille d'un tanneur de Falaise, décide d'attaquer l'Angleterre.

    Il part lui aussi de Barfleur, à bord de son navire « Le Mora » et débarque en Angleterre le 14 octobre 1066 pour attaquer les troupes du roi Harold, avec l'aide de quatre à six mille de ses hommes accompagnés de ses chevaliers qui donneront une tournure décisive à ce combat.

    Il gagne donc la fameuse bataille d'Hastings contre les Anglo-saxons et devient alors Guillaume le Conquérant, roi d'Angleterre, succédant ainsi à Harold, tué lors du combat.

    Tout ceci est consigné sur la première bande dessinée de l'histoire, la célèbre tapisserie de Bayeux, la « Tapisserie de la Reine Mathilde », femme de Guillaume.

    Pour bien comprendre cet épisode de l’histoire d’Angleterre et du Duché de Normandie, ouvrons ici une parenthèse pour mettre en évidence les moments importants de la vie des principaux acteurs.

    Quelques moments importants de la vie de Mathilde d'Angleterre

    1102 : Naissance de Mathilde d’Angleterre.

    8 septembre 1106 : Bataille de Tinchebray : Henri 1er Beauclerc bat son frère le duc de Normandie Robert de Courteheuse et le fait prisonnier.

    24 août 1113 : Naissance du futur Geoffroy V Plantagenêt.

    1er mai 1118 : Mort d'Edith d'Ecosse.

    17 juin 1128 : Mathilde, fille et héritière d’Henri 1er d’Angleterre, épouse le comte d'Anjou Geoffroy Plantagenêt. Ils seront les parents d'Henri II Plantagenêt.

    1129 : Le comte d'Anjou Foulques V quitte la France pour la Terre Sainte en abandonnant ses possessions françaises à son fils Geoffroy V Plantagenet.

    4 mars 1133 : Naissance d’Henri Plantagenêt, futur roi d'Angleterre.

    22 décembre 1135 : Mort du roi d'Angleterre Henri 1er Beauclerc.

    19 janvier 1144 : Rouen est prise par Geoffroy V Plantagenêt.

    1150 : Geoffroy V Plantagenêt associe son fils Henri II au gouvernement de la Normandie.

    7 septembre 1151 : Mort du comte d'Anjou Geoffroy V Plantagenêt au Mans.

    18 mai 1152 : Mariage d’Aliénor d’Aquitaine et d’Henri II Plantagenêt, deux mois après le divorce d'Aliénor.

    25 octobre 1154 : Mort du roi d'Angleterre Etienne de Blois. Avènement d'Henri II Plantagenêt.

    10 septembre 1167 : Mort de Mathilde d'Angleterre à Rouen.

    Quelques moments importants de la vie de Guillaume le Conquérant

    1.    Le Bâtard de Normandie

    Vers 1027 : Naissance de Guillaume le Bâtard de Normandie, futur Guillaume le conquérant. 

    Guillaume est le fils du duc de Normandie Robert le Magnifique et d'Arlette, fille d'un de ses pelletiers (fabriquant d'habits en cuir et fourrure). Ses parents n'étant pas mariés, et sa mère de condition modeste, il est affublé du surnom de « Batard », qu'il portera pendant longtemps.

    Robert, de caractère violent (il est soupçonné d'être à l'origine de la mort de son frère et prédécesseur Richard III de Normandie), part en pèlerinage en Terre Sainte pour expier ses fautes. En partant, il désigne comme successeur Guillaume, son seul fils. Il fait jurer fidélité à Guillaume par ses vassaux.

    Février 1035 : Robert le Magnifique part en pèlerinage en Terre Sainte. 

     

    2 juillet 1035 : Mort du duc de Normandie Robert le Magnifique à Nicée, pendant son pèlerinage en Terre Sainte. 

    Robert le Magnifique meurt à 25 ans. Guillaume lui succède en tant que duc, mais il est encore enfant (7 ans). Les barons normands se révoltent et s'entredéchirent. Les trois tuteurs successifs de Guillaume sont assassinés. On est même obligé de cacher le jeune duc au sein d'une modeste famille pour protéger sa vie.

    2.    Le Duc de Normandie

    Les troubles se poursuivent pendant une dizaine d'année. Devenu adulte, Guillaume joue finement en demandant l'aide de son suzerain le roi de France Henri 1er. Ce dernier aurait bien laissé ce puissant vassal et voisin s'empêtrer dans ses problèmes internes, mais le droit féodal ne badine pas avec ce genre de choses : le suzerain doit porter assistance à son vassal.

    Les deux alliés joignent donc leurs forcent et défont les rebelles à la bataille du Val-ès-Dunes près de Caen.

    Printemps 1047 : Bataille du Val-ès-Dunes : Henri 1er vient aider Guillaume de Normandie à mater ses barons révoltés. Peu à peu, Guillaume devient le maître incontesté de son duché. Il aura sans doute tirés de cette période troublée une grande expérience militaire.

    Guillaume souhaite épouser Mathilde, la fille du comte de Flandres. Cette dernière voit d'abord d'un mauvais œil cette union avec un bâtard. Elle aurait d'abord refusé vertement ; la tradition rapportant à ce propos une anecdote surprenante : Guillaume serait monté en Flandres à brides abattues pour administrer une sévère fessée à l'impertinente qui osait dédaigner un mariage avec le puissant duc de Normandie.

    Quoi qu'il en soit, ce n'est pas Mathilde qui fut la plus difficile à convaincre, mais le Pape, qui voyait d'un mauvais œil les deux plus riches provinces de France se rapprocher de la sorte, face à un roi de France encore bien faible. Le mariage de Guillaume et Mathilde sera interdit en prétextant un cousinage au 5ème degré. Le mariage aura tout de même lieu et Guillaume sera excommunié.

    octobre 1049 : Concile de Reims : Le pape Léon IX s'oppose au mariage de Guillaume de Normandie et Mathilde de Flandres.

     

    1051 : Mariage de Guillaume de Normandie et Mathilde de Flandres. 

    En expiation, et pour faire passer la pilule du mariage, ils bâtiront à Caen respectivement l'abbaye aux hommes et l'abbaye aux dames.

    1060 : Construction de l'abbaye aux dames de Caen sur ordre de la duchesse Mathilde.

     

    1063 : Construction de l'abbaye aux hommes de Caen sur ordre de Guillaume de Normandie.

    Guillaume doit aussi faire face aux tentatives d'invasion de son suzerain et voisin le roi de France.

    1054 : Bataille de Mortemer sur l'Eaulne : Guillaume de Normandie arrête l'invasion du roi de France Henri 1er.

     

    1057 : Bataille de Varaville : Guillaume de Normandie fait échouer une nouvelle invasion de la Normandie par le roi de France Henri 1er.

    3.    Le Conquérant

    Le vieux roi d'Angleterre Edouard le Confesseur, longtemps réfugié à la cour ducale, n'a pas de successeur et il avait promis à Guillaume sa succession.

    5 janvier 1066 : Mort du roi Edouard le Confesseur.

     

    6 janvier 1066 : Harold II est désigné roi d'Angleterre. 

    Harold Goldwinson, le plus sérieux concurrent de Guillaume, est proclamé roi d'Angleterre aussitôt après la mort d'Edouard le Confesseur.

    Mais Guillaume ne l'entend pas ainsi. Il fait construire une flotte qu'il rassemble près de Dives pour aller à la conquête de l'Angleterre. Quand il débarque, son rival n'est pas là, immobilisé dans le nord par un autre débarquement (norvégien celui-ci).

    Les deux armées se rencontrent à Hastings. C'est la défaite pour les Saxons et la mort pour Harold mortellement blessé par une flèche.

    14 octobre 1066 : Bataille de Hestings : Guillaume le Conquérant prend le contrôle de l'Angleterre.

     

    14 octobre 1066 : Mort d’Harold II, tué d'une flèche dans l'œil lors de la Bataille d’Hastings. Guillaume est maître du terrain et de l'Angleterre. Il ne sera désormais plus le Bâtard, mais le Conquérant. Il se fait couronner en bonne et due forme à Westminster.

    25 décembre 1066 : Guillaume le Conquérant est couronné roi d'Angleterre à Westminster.

    Quelques moments importants de la vie d’Henri 1er Beauclerc

    1068 : Naissance du futur roi d'Angleterre Henri 1er Beauclerc.

     

    1079 : Naissance d’Edith d’Ecosse.

     

    1er novembre 1083 : Mort de Mathilde de Flandres, reine d'Angleterre.

     

    9 septembre 1087 : Mort de Guillaume le Conquérant.

     

    2 août 1100 : Mort de Guillaume II le roux. Avènement d’Henri 1er Beauclerc.

     

    1102 : Naissance de Mathilde d’Angleterre.

     

    8 septembre 1106 : Bataille de Tinchebray : Henri 1er d’Angleterre bat son frère le duc de Normandie Robert de Courteheuse et le fait prisonnier.

     

    1er mai 1118 : Mort  d’Edith d’Ecosse.

     

    17 juin 1128 : Mathilde, fille et héritière d’Henri 1er d’Angleterre, épouse le comte d'Anjou Geoffroy Plantagenêt. Ils seront les parents d’Henri II Plantagenêt.

     

    1134 : Mort du duc de Normandie déposé Robert de Courteheuse en captivité au château de Cardiff.

     

    22 décembre 1135 : Mort du roi d'Angleterre Henri 1er Beauclerc.

    Encore un peu d’histoire

    L'histoire de l'Angleterre a été marquée par de multiples vagues d'invasion. Le pays a été conquis par les Anglo-saxons dès le 5ème siècle. Il a ensuite été victime des raids des Vikings à partir de la fin du 8ème siècle, et des Danois qui ont annexé le pays à leur Empire jusqu'en 1042, date à laquelle la dynastie saxonne a repris le pouvoir.

    La conquête du pays par les Normands en est un événement fondamental pour l'histoire de l'Angleterre, liée inextricablement à celle de la France. Guillaume de Normandie donne les terres à la noblesse normande, réorganise le pays suivant le modèle normand (système féodal centralisé, législation, administration fiscale - l’Échiquier -, usage du français) et surtout il couvre le pays de châteaux forts (dont la célèbre Tour de Londres). A sa mort, se succèdent ses fils (Guillaume Le Roux puis Henri 1er Beauclerc).

    Revenons à présent à la vie de Guillaume et de Mathilde !

     

    Le jour de Noël 1066, Guillaume et Mathilde sont couronnés roi et reine d'Angleterre à l'abbaye de Westminster, à Londres. Les conquérants normands se partagent les seigneuries anglaises. Ils éliminent la noblesse issue des précédents envahisseurs, les Angles et les Saxons, et ils introduisent leur langue d'adoption, le français. Protégées par leur insularité, les populations du royaume ne vont pas tarder à fusionner en un seul peuple.

     

    Le roi Guillaume a une fin de vie difficile puis meurt en 1087 dans un combat contre le roi de France, le capétien Philippe 1er. C'est le début d'une longue hostilité : pendant 800 ans, les deux pays ne cesseront pratiquement jamais de lutter l'un contre l'autre. Guillaume sera, après sa mort, surnommé le Conquérant. Lui-même refusait ce surnom ! Il se considérait comme l'héritier légitime de la couronne anglaise et non comme un usurpateur ou un conquérant. Sa descendance directe règnera sur l'Angleterre jusqu'à ce terrible soir de novembre 1120 au large de Barfleur. C’est ce que nous allons découvrir dans ce récit.

    Avant de revenir au récit de la catastrophe du 25 novembre 1120, découvrons tout d’abord le lieu de la catastrophe.

    Le naufrage de la Blanche Nef

    La Pointe de Barfleur

    Le phare de Gatteville est situé sur la pointe de Barfleur. Un phare à cet endroit s'est très vite révélé nécessaire. C’est en effet un endroit fortement fréquenté. Il est le lieu de passage de nombreux bateaux. On a pu s'en rendre compte en 1914 lorsque le phare a été éteint. Nombres de navires se sont jetés à la côte.

    Pour quelle raison, cette côte est-elle si dangereuse ?

    Le Cotentin s’avance dans la mer par deux caps : la Pointe de Barfleur et le Cap de la Hague avec le phare de Goury. Ces deux avancées débordent Cherbourg et subissent l’action des courants des plus violents.

    L’importance du volume d’eau déplacé et la topographie des fonds sous-marins s’allient pour donner au courant de la pointe de Barfleur, cette puissance singulière. Le courant rend l’approche de la côte très dangereuse mais à cela s’ajoutent des plateaux sous-marins et des roches à fleur d’eau. Ces plateaux, sont signalés actuellement par des bouées lumineuses et sonores. 

    La « Blanche Nef » n’eut pas cette chance. Ce naufrage « historique » bouleversa l'histoire du 12ème siècle et eut d'importantes répercussions politiques.

    Que s’est-il passé le 25 novembre 1120 ?

    Barfleur pourtant habitué aux visites royales est aujourd'hui en effervescence. Jamais on n’avait vu autant de nobles, de ducs et de chevaliers dans ce port pourtant prospère en ce début de millénaire. Et c'est la fête à tous les coins de rue !

    La ville de Barfleur est en effervescence en ce jour d'automne 1120 car le roi d'Angleterre Henri 1er Beauclerc, fils cadet de Guillaume le Conquérant qui avait débarqué triomphalement en Angleterre 54 années plus tôt, est présent, accompagné de toute sa famille, mais aussi de plusieurs centaines de chevaliers normands. Le roi est pressé de rejoindre l’Angleterre. Cela fait quatre ans qu'il est sur le continent et qu’il n'a plus rejoint son royaume entre-temps.

    Ils se préparent tous à regagner les côtes anglaises à bord de deux grands vaisseaux. Le « Royal Tigre » et la « Blanche Nef ». Le « Royal Tigre » doit emporter le roi, sa cour et 200 chevaliers tandis que la « Blanche Nef » emmènera la famille du Roi, notamment ses deux fils légitimes Guillaume Adelin et Richard ainsi qu’une fille naturelle du roi, Mathilde du Perche, princesse normande, accompagnés d’une partie de la noblesse normande et allemande.

     

    Après un festin copieusement arrosé scellant la réconciliation franco-normande, le roi Henri 1er fait embarquer à bord de la « Blanche Nef », Guillaume Adelin, son fils unique légitime et héritier de la couronne d'Angleterre. Il est accompagné de l'ensemble de presque toute la noblesse normande, descendant des familles d'Allemagne et de Normandie. Les vaisseaux sont chargés de toutes les valeurs qu'ils pouvaient transporter, bijoux, pièces d'or et pièces d'argent. Un fabuleux trésor!

     

    Mais la soirée a été bien arrosée, trop certainement ! Autant l'homme de barre, pilote local pourtant, que l'ensemble des passagers sont tous ivres-morts à bord du vaisseau !

    Revenons un instant à la journée qui a précédé ce terrible drame.

     

    Henri 1er Beauclerc, roi d'Angleterre, avait alors à Barfleur un château, et nous y sommes précisément ce 25 novembre 1120, lorsqu'il fait appeler son fils Guillaume Adelin et le reçoit dans sa somptueuse salle de réception.

    -          Qui a-t-il donc, Père ? demande le jeune Prince.

    Henri 1er Beauclerc lui répond alors d'un ton grave :

    -          Si le vent est favorable, nous devons partir ce soir pour l'Angleterre et rejoindre Londres au plus vite.

    -          Je le savais, répondit Guillaume Adelin, les marins en parlent sur le port, mais ils disent aussi que le vent va tomber avec la nuit. Ils sont tous partis boire et chanter dans les tavernes. Même le capitaine, le vieux Stephen Feltz, est lui aussi complètement ivre.

     

    Mais le roi s'entête et donne l'ordre à son fils de rassembler l'équipage pour sortir du port à la tombée de la nuit. Et c'est ainsi que le petit-fils de Guillaume le Conquérant, annule la partie d'arbalète qu'il avait prévue avec un prince allemand et rassemble les marins pour se tenir prêt à suivre le vaisseau de son Père « le royal Tigre » dès que l'obscurité se fera.

     

    Mais les marins de la « Blanche Nef » qui ne pensaient pas partir ce soir, ont effectivement passé la journée à s'enivrer dans les tavernes de la ville.

     

    En plus de ses cousins, Guillaume Adelin a une charge bien plus importante puisqu'il est également chargé de veiller sur sa sœur Marie et son jeune frère Richard.

     

    Le roi donne encore une ultime recommandation : la « Blanche Nef » doit voguer à la suite, presque dans le sillage du « Royal Tigre ».

     

    Dans le courant de l'après-midi, le roi, accompagné de 200 chevaliers, embarque sur le « Royal Tigre » et se prépare à l'appareillage. Mais la « Blanche Nef » n'est toujours pas prête et il s'impatiente. Cela fait quatre longues années qu'il n'est pas rentré en Angleterre. Mais que faire devant un tel équipage de jeunes ducs tous plus ivres les uns que les autres ?

     

    Au moment d'embarquer, un homme s'approche. Il s'appelle Thomas Airard. Il est le fils d'Étienne Airard qui emmena Guillaume le Conquérant 54 ans plus tôt à travers la Manche vaincre les Anglo-saxons à Hastings. Tout comme son père, il est pilote, et propose ses services au navire royal, mais Henri 1er a déjà un pilote. Aussi, il lui répond :

    -         Pour faire droit à ta requête et ainsi honorer Étienne Airard, qui a conduit le Conquérant sur le sol de l'Angleterre, je vais te confier ce que j'ai de plus précieux. C'est toi qui conduira la « Blanche Nef » sur laquelle se trouveront mes deux fils et ma bien aimée fille Marie, mes chevaliers et mon trésor. Demain, à ton arrivée de l'autre bord du canal, je récompenserai tes soins.

     

    Lorsque le roi embarque sur le « Royal Tigre », il est déjà tard, la nuit est tombée. Une petite brise de terre va permettre aux voiles de se déployer. Quelques coups de rames sortent le vaisseau hors du port.

     

    Le vaisseau du roi Henri 1er passe en premier et sort de l'anse de Barfleur, en faisant cap au Nord-est pour éviter les nombreux écueils affleurant et les terribles récifs de la baie de Cate, que l'on appelle aujourd'hui Gatteville.

     

    Ca y est le roi est parti ! Henri 1er, à bord du « Royal Tigre », a quitté le port de Barfleur emportant avec lui une partie de sa cour et plus de cent chevaliers normands. Il file vite, aidé par la brise de terre, et distance rapidement la « Blanche Nef » qui le suit enfin à quelques encablures derrière.

     

    Guillaume Adelin est sensé le suivre à bord du fleuron de la flotte Normande, le vaisseau « Blanche Nef » mais l'équipage perdu dans les tavernes du port depuis le début d'après-midi a été dur à rassembler. Et Guillaume Adelin tarde encore, comme s’il ressentait la tragédie qui va se produire à quelques encablures de là et voulait reculer son départ jusqu'au dernier moment.

     

    Et puis c'est la cohue, les abbés, les ducs, les évêques, les barons et les princes, embarquent sur le navire, et veulent rester sur le pont. Seuls quelques chevaliers restent sur le quai ne voulant confier leur vie à des hommes privés de leur raison.

     

    Il est donc plus de 22 heures quand Thomas Aivrard, le pilote, fils d'Etienne pilote de Guillaume le Conquérant 54 ans plus tôt, donne le signal d'appareiller. Cinquante rameurs plein de force, mais aussi de vin, se courbent sur leur rame et font avancer la nef.  L'équipage s'élance à la manœuvre.

     

    La « Blanche Nef » s'éloigne du rivage sous les acclamations de plus de mille spectateurs.

    -          Courage ! crie le pilote, Thomas, à la barre, il faut rattraper le « Tigre Royal » qui est déjà loin.

    -          Nous le rattraperons, hurlent les cinquante rameurs.

    A la sortie du port de Barfleur, le navire du Roi et la « Blanche Nef » se suivent. La nuit tombée, la visibilité mauvaise et l'équipage ayant abusé de la boisson, la « Blanche Nef » se trouve quelque peu distancée. A son bord, les jeunes ducs ordonnent à Thomas, l'homme de barre, de couper au plus court, vers le Nord, vers la pointe de Gatteville, là où, avec la marée descendante, les vagues commencent à friser sur un gros récif, le rocher Quillebeuf à moins d'un mille dans le nord.

    Puis Thomas, l’homme de barre, pourtant habitué à ces côtes dangereuses, met le cap au Nord dès la sortie du port afin de couper la route au vaisseau royal qui a déjà beaucoup d'avance. Dans le but de rattraper le navire de tête, il commet l’erreur grossière de se diriger plein Nord au lieu de garder le cap à l'Est.

    Le navire file très vite, porté par les vents de terre et les coups de rames de l'équipage. Mais il fait nuit noire et pas moyen de voir les récifs qui commencent à se recouvrir par la marée montante.

    Tout à coup la « Blanche Nef » stoppe brusquement dans un grand craquement qui se fait entendre sur tribord. Les marins et les passagers tombent et roulent sur le pont.

    La « Blanche Nef » à heurté un rocher dans le nord du port de Barfleur, à moins d'un mille dans le nord.

     

    Nous sommes à peine à un kilomètre de la côte et guère plus loin du port où la fête continue sans savoir qu'une terrible tragédie a lieu au même moment et que le cours de l'histoire est en train de changer à quelques encablures de là !

     

    A bord, c'est la panique alors que le navire est en train de se remplir d'eau, et que la mer monte. La mer est plutôt belle mais chaque vague embarque dans la nef, ne laissant que peu de chances aux passagers et marins, rapidement dessaoulés.

     

    Beaucoup se jettent à l'eau, croyant pouvoir regagner le rivage, mais nous sommes en novembre et le froid et la mer ont raison d'eux. Certains s'accrochent à ce qui reste, les mâts, le bastingage, mais rien n'y fait, la « Blanche Nef » est en train de couler.

     

    Seul Thomas, le pilote, en partie responsable de cette tragédie, attrape le canot arrimé à la poupe, et tente de sauver le jeune prince Guillaume Adelin, en l'agrippant et le jetant dans le canot.

     

    Guillaume Adelin, à moitié estourbi, ne se rend pas compte tout de suite, mais lorsqu'il reprend ses esprits, il comprend qu'il est seul et qu’il a perdu son petit frère Richard et sa bien-aimée sœur Marie. Il ordonne à Thomas de revenir vers l'épave, à moitié engloutie, afin de sauver sa famille et surtout Marie qu'il appelle, accrochée au mat du navire.

     

    Thomas ne veut pas, sachant que trop de naufragés vont s'accrocher au canot, trop petits pour les emmener, et couler celui-ci.

    -          Pilote, il faut sauver ma sœur ou mourir avec elle, dit alors Guillaume Adelin d'un ton bref et impératif.

    -          Alors tout est fini, murmura Thomas.

     

    Ils reviennent donc vers le navire empalé sur le rocher Quillebeuf, et ce qui devait arriver arriva : les rescapés se jettent tous dans le canot, et lorsqu'un chevalier en arme embarque à son tour, il coule, entraînant avec lui le Prince Guillaume mais aussi la Princesse Marie qui avait pourtant réussi à sauter à bord.

     

    De ce deuxième naufrage, seul Thomas remonte à la surface mais n'aperçoit plus que les deux mats de la « Blanche Nef », posée sur le fond. Deux hommes sont cramponnés à ces mats et l'appellent.

     

    Mais Thomas, ayant failli à sa mission de veiller sur la famille royale se laisse aller dans les flots. Il a juste le temps de reconnaître le boucher du bord, Berold, agrippé au mat de l'épave du vaisseau royal.

     

    La « Blanche Nef » est maintenant coulée sur le récif de Quillebeuf, au large de Barfleur. Elle a entraîné avec elle la plupart des ducs de Normandie mais surtout la famille de Henri 1er Beauclerc roi d'Angleterre, ses fils Guillaume Adelin et Richard et sa fille Marie. Thomas, le pilote, a préféré mourir, ayant failli à sa mission.

    Seuls deux hommes restent maintenant agrippés au mat du navire qui repose par une quinzaine de mètres de fond au large de Barfleur. Il s'agit de Geoffroy de l'Aigle, noble chevalier, et du boucher du bord, Berold.

    Il est plus de minuit et la mer est calme, mais il fait très froid en cette fin novembre. Vers deux heures du matin, Geffroy lâche prise épuisé et tombe à la mer.

    -          Courage lui dit Berold, nagez jusqu'à moi et je vous sauverai.

    Trop tard, le jeune chevalier disparaît à son tour dans les flots glacés de la baie de Cate que l'on appelle aujourd'hui Gatteville.

    Et puis la mer est descendue et Berold est lui aussi descendu de son mat pour se reposer quelques temps sur le rocher effleurant espérant que de la côte on l'apercevrait au jour.

    La nuit fut longue pour Berold, mais dès le lendemain les corps des malheureux sont arrivés à la côte et les marins du port ont rapidement compris qu'une tragédie avait eu lieu non loin de là et se mirent en recherche de survivants. Ils retrouvèrent Berold de nouveau accroché au mat, puisque la mer avait remontée, le secoururent et le ramenèrent à Barfleur.

    Toute la journée durant, la population de Barfleur a ramassé les cadavres sur la plage et les place un à un sur les tables utilisées la veille pour les libations.

    Mais nous verrons plus tard que ce n'est pas leur seule préoccupation.

    Du naufrage immédiat, dont ni du navire du roi, ni de la terre, on ne s'était aperçu, périrent noyées 193 personnes dont 140 chevaliers. Seul le boucher Berold fut rescapé. La « Blanche Nef » contenait dans ses cales de l'argent du trésor royal, englouti là par une quinzaine de mètres de fond, au large de Barfleur. Il fut récupéré peu de temps après le naufrage par la marine officielle mais aussi pillé par la population locale.

    La légende dit que pendant les onze années pendant lesquelles Henri 1er vivra encore, il ne sourira jamais plus.

    La France annexa la Normandie en 1204.

    Conclusions de cet épisode tragique

    1.  Une épave émergeant sur le rocher de Quillebeuf, près de deux cent disparus dont 104 chevaliers, un trésor fabuleux englouti à quelque mille de Barfleur et un seul rescapé, le boucher du bord, Berold, voilà ce qui reste de la « Blanche Nef », en ce 26 novembre 1120, largement de quoi alimenter pendant des siècles les légendes des chasseurs de trésors de tous horizons !

     

    Robert Stenuit fut l'un de ceux-là. Ce fut même quasiment le meilleur à la fin des années ‘70.  Bien entendu il s'est intéressé à la « Blanche Nef » et son fabuleux trésor et a passé de nombreuses années à rechercher d'abord, dans les archives, avant d'aller plonger.

     

    Après des années de recherches en archives il est arrivé à cette terrible conclusion : le navire et son trésor ont été renfloués ! Il cite Orderic Vitalis et son « Histoire ecclésiastique » : « Quand les marins de la côte ouïrent la nouvelle du désastre, ils s’en furent en quête du navire naufragé qu'ils tirèrent au rivage avec tout le trésor du roi et on retrouva presque tout ce qui avait été en le navire, à l'exception des hommes ».

    2.  Le naufrage de la « Blanche Nef » a eu pour conséquence de laisser Henri 1er Beauclerc sans héritier mâle. En 1120, les fils d'Henri 1er Beauclerc disparaissent lors du naufrage du navire la « Blanche Nef » près de l'actuel phare de Gatteville sur la côte du Val de Saire. Henri 1er demande à ses vassaux de prêter serment de fidélité à sa fille Mathilde, sœur aînée de Guillaume Adelin, qui épousera Geoffroy Plantagenêt, comte d'Anjou, du Maine et de Touraine. L’Emperesse Mathilde, lui succède donc comme héritière au trône mais, à la mort d'Henri, les barons qui avaient juré de soutenir son accession au trône y renoncent, permettant à Étienne de Blois, cousin de Guillaume et de Mathilde de s’emparer du trône. Il convient de noter qu’Étienne de Blois, neveu du roi Henri 1er Beauclerc, n'avait pas été accepté comme passager à bord de la « Blanche Nef » ou peut-être débarqué au dernier moment. Ayant usurpé le trône, il provoqua la guerre civile des années de 1135 à 1154.à laquelle seule sa mort mit fin.

    3.  Alors qu'aujourd'hui Barfleur est un charmant petit port de pêche pittoresque, il fut au Moyen Age le plus grand port du Cotentin et comptait quelques 9 000 habitants. Durant la guerre de cent ans, la ville de Barfleur, port préféré des ducs et rois d'Angleterre, fut détruite et incendiée à maintes reprises. Elle perdit peu à peu son importance au profit de Cherbourg puis de Saint-Vaast.

    Le naufrage de la Blanche nef

    4.  De fondation très ancienne, puis viking, Barfleur fut le premier grand port de la côte Normande et il connut au Moyen Age une notoriété considérable. Une tradition constante veut que « Le Mora » vaisseau qui devait transporter Guillaume le Conquérant, Duc de Normandie, en Angleterre, soit sorti des chantiers de Barfleur, ainsi que de nombreux navires qui devaient participer à la « conquête ». En tout cas, ainsi que le rappelle un médaillon de bronze fixé sur un gros rocher, à l'entrée du port, inauguré en 1966, pour commémorer le 900ème anniversaire de cet événement glorieux, c'est un marin de Barfleur, Etienne, fils d'Airard, qui eut le redoutable honneur de piloter le navire ducal au cours de la traversée glorieuse.

    5.  C'est encore de Barfleur que, le 25 novembre 1120, le vaisseau « La Blanche Nef » cinglait vers l'Angleterre, transportant les deux fils de Henri 1er de Beauclerc duc de Normandie et roi d'Angleterre, fils du Conquérant, se perdit corps et bien en heurtant le rocher de Quilleboeuf à quelques encablures de la côte. Les marins, dit la légende, avaient trop copieusement profité des avantages de Barfleur. Richard Cœur de Lion s'embarquait à son tour à Barfleur en 1194 pour aller se faire couronner roi d'Angleterre et il y passait avec cent gros vaisseaux, ce qui donne une idée de l'importance de Barfleur à l'époque.

     

    Le naufrage de la Blanche nef

    Les victimes

    Selon certaines sources, ce sont près de 300 nobles anglo-normands qui périrent dans la catastrophe. Le baronnage anglo-normand correspond principalement à la noblesse du duché de Normandie qui a reçu des terres en Angleterre à partir du temps de Guillaume le Conquérant après la bataille de Hastings d'octobre 1066.

    Comme l’Aquitaine, la Flandre ou la Catalogne, le duché de Normandie fait partie de ces principautés qui émergent au milieu du Moyen Âge, suite à l’affaiblissement du pouvoir royal. En 911, débordé par les raids des Vikings, le roi des Francs, Charles le Simple confie à l’un de leurs chefs, Rollon, les pays autour de la Basse-Seine. Cette concession est l’embryon du duché de Normandie. Les Vikings mettent en place un État solide, puissant et prospère qui atteint son apogée quand en 1066 le duc Guillaume le Conquérant s’empare du royaume d’Angleterre. Pendant près de 150 ans, la Normandie et l’Angleterre ont leur destin lié. Après le milieu du 12e siècle et l’installation des Plantagenets à la tête du royaume anglo-normand, le duché n’a plus le rayonnement d’autrefois sur le plan politique. Malgré tout, il ne cesse de susciter la convoitise des souverains français. En 1204, le roi de France Philippe Auguste conquiert la Normandie qui rejoint ainsi la couronne. Le duché vit ensuite dans l’ombre du royaume capétien.

    Selon d’autres sources, le chiffre de 193 noyés est avancé.

    Parmi les victimes, voici les noms le plus souvent cités :

    • Guillaume Adelin, seul fils légitime du roi Henri 1er Beauclerc d'Angleterre, héritier du trône.

    Guillaume Adelin, né en 1103 et mort le 25 novembre 1120, était le seul fils légitime d’Henri Beauclerc et son épouse Edith d’Ecosse. Ses grands-parents maternels étaient Malcolm III d’Ecosse et Marguerite d’Ecosse. La deuxième partie du nom de Guillaume, qui s’écrit indifféremment Audelin, Atheling ou Aetheling, dérive du vieil anglais Ætheling signifiant « fils de roi ».

    Guillaume, qui n’avait donc que 17 ans, avait survécu au naufrage, réussissant à atteindre un bateau de sauvetage. Mais il périt en tentant de porter secours à sa demi-sœur Mathilde. Sa mort prématurée dans le naufrage de la Blanche-Nef a amené un remaniement dans les relations politiques entre l’Angleterre et la France.

    • Richard de Lincoln, comte de Chester, né avant 1101, était un fils naturel qu’Henri 1er Beauclerc avait eu avec sa maîtresse Ansfride (née vers 1070). Celle-ci avait épousé sir Anskill, chevalier de l'abbaye d'Abingdon.
    • Mathilde du Perche, princesse normande.

    Il s’agit de la fille naturelle qu’Henri 1er Beauclerc d'Angleterre a eue avec sa maîtresse Edith. Née en 1090, elle avait donc 30 ans lors du naufrage. Elle avait épousé Rotrou III du Perche en 1102.

    Cette princesse que Guillaume Adelin a voulu sauver lors du naufrage de la « Blanche Nef » (The White ship) est donc sa demi-sœur Mathilde, comtesse de Perche.

    « When the white ship was wrecked on the deadly rock a boat was launched and William, the Kings only legitimate son, was rowed to safety. The cries of his half-sister the Countess of Perche induced him to return to the wreck where they sank together. This was considered by some to be punishment for Henry's sins of lust in having so many illegitimate offspring. »

    Son époux, Rotrou III, est un personnage important à cette époque. Il a compté en particulier dans l'entourage d'Henri 1er Beauclerc, Duc de Normandie et Roi d'Angleterre.

    Alors que son père est encore vivant, Rotrou se rend en Espagne pour aider son oncle le Comte de Roucy. Ils battent les Arabes et le Comte devient Roi de Navarre sous le nom de Sanche Ramirez. Puis il participe à la première Croisade (1098-1099). Il y commande les seigneurs de la région du Perche qui font partie du contingent de Robert Courteheuse, Duc de Normandie. Rotrou s'illustre lors du siège d'Antioche et il est un acteur de la prise de Jérusalem.

    Il revient de croisade peu après la mort de son père Geoffroy. Au début du conflit entre Henri 1er Beauclerc Roi d'Angleterre et son frère Robert Courteheuse, Duc de Normandie, Rotrou est du parti de ce dernier alors que son ennemi Robert II de Belleme tient pour Henri. Robert est vainqueur de Rotrou à Chailloué ce qui oblige Rotrou à se rallier au Roi Henri 1er. Il épouse même Mathilde la fille naturelle de ce dernier.

    Pour autant la lutte continue entre Rotrou et Robert de Belleme et des batailles ont lieu à Longpont et Mont Isambert près du Mesle sur Sarthe. Le pays entre Mortagne et Belleme est ravagé. L'Evêque de Seez finit par excommunier Rotrou et Robert, Rotrou se soumit rapidement. Au sud Rotrou fait construire le château de la Motte Rotrou près de Pontgouin ce qui provoque un conflit avec Guillaume Gouet Comte du Perche-Gouet, Yves de Courville et le Vicomte de Chartres. Tous trois attaquent alors Rotrou qui les vainc et fait prisonnier Yves de Courville.

    En 1111 c'est la guerre entre Henri 1er Beauclerc et le Roi de France Louis VI le Gros. Foulques Comte d'Anjou et Robert de Belleme sont du coté du Roi de France. Thibault de Blois, Rotrou et Guillaume Gouet sont du coté du Roi d'Angleterre. Rapidement Rotrou est fait prisonnier par Foulques d'Anjou qui le rétrocède à Robert de Belleme et le Comte du Perche se retrouve enfermé dans un cachot, d'abord à Belleme puis avec l'accord du Comte du Maine dans une tour du château du Mans. Robert de Belleme en profite pour prendre, piller et incendier Mortagne. Rotrou demande alors à l'Evêque Hildebert du Mans d'intercéder en sa faveur, celui-ci se rend à Nogent où il est fait prisonnier par la famille du Comte du Perche dans le but de servir de monnaie d'échange.

    Au même moment le Roi Louis VI envoie Robert de Belleme comme ambassadeur à Henri 1er Beauclerc pour lui faire des propositions de paix, Henri emprisonne Robert. Robert ne réapparut plus jamais.

    Foulques d'Anjou fait alors la paix avec Rotrou III qui est libéré. A son retour à Nogent l'Evêque Hildebert est libéré à son tour. En 1112 Rotrou part à nouveau en Espagne pour aider son cousin Alphonse Roi de Navarre à rétablir son autorité sur la Navarre et l'Aragon. Pendant qu'il est en Espagne Guillaume III Gouet envahit le Perche et se prépare à attaquer Nogent, le retour de Rotrou fait échouer la tentative.

    Ensuite Rotrou aide Henri 1er Beauclerc à prendre Belleme, la ville est enlevée et incendiée en mai 1113. En 1115 Rotrou fait la paix avec Guillaume Gouet.

    Rotrou repart en Espagne de 1115 à 1118, il prend Tudela (dont il est fait Seigneur) ainsi que Pampelune, Tolède, Saragosse, il participe ainsi à la reconquête de la Navarre et de l'Aragon et à la conquête des Royaumes de Castille et de Léon sur les Arabes. La nièce de Rotrou, Marguerite de L’Aigle, épouse Garcia Ramirez V Roi de Navarre, ce sont les bisaïeuls de Blanche de Castille et de Blanche de Champagne qui héritera d'une partie du Perche en 1226.

    Henri 1er d'Angleterre, qui avait confisqué les biens de Robert de Belleme, attribua la ville de Belleme à Rotrou en 1125, à partir de ce moment la Seigneurie de Belleme fut intégrée au Comté du Perche.

    Son épouse Mathilde est morte lors du naufrage de la Blanche Nef. Rotrou III épousa en seconde noces Harvise, fille du Comte de Salisbury ; ils ont eu trois fils : Rotrou, Etienne qui devint Chancelier de Sicile et Archevêque de Palerme et Geoffroy

    • Richard II Goz, vicomte d'Avranches et comte de Chester (Angleterre) et son épouse Mathilde de Blois-Champagne (sœur d'Étienne de Blois) ;

    Richard d’Avranches (1093 - 1120), fils de Hugues le Loup, comte de Chester en 1101, épouse Mathilde de Blois, seconde fille du futur roi Étienne de Blois. Il meurt le 25 novembre 1120 avec son épouse Mathilde de Blois dans le naufrage de la « Blanche Nef » sans descendance légitime.

    • Otvar d'Avranches, frère de Richard Goz d'Avranches et gouverneur du prince Guillaume Adelin ;
    • Guillaume de Pirou, sénéchal royal ;
    • Guillaume Bigod, 4ème comte de Norfolk ;
    • Gooffrey ou Godefroi de L'Aigle ;
    • Raoul Le Roux ;
    • Gilbert d'Exmes ;

    Outre les victimes déjà nommées, Orderic Vital cite encore :

    • Thierri, neveu d’Henri, empereur d'Allemagne ;
    • Guillaume de Rhuddlan ;
    • Guillaume Bigot ;
    • Godefroy Ridel ;
    • Hugues de Moulins ;
    • Robert Mauconduit ;
    • Gisul, secrétaire du roi
    • deux fils d'Yves de Gradmesnil ;

    Puis parmi les membres du clergé :

    • Guillaume, l'un des quatre principaux chapelains du roi, fils de Roger, évêque de Coutances,
    • l'archidiacre d'Hereford.

    La nef

    Le naufrage de la Blanche nef

     

    La caraque ou nef est un grand navire de la fin du Moyen Age, caractérisé par sa coque arrondie et ses deux hauts châteaux avant et arrière. Elle fut l'un des premiers types de navires européens à pouvoir s'aventurer en haute mer. Les Espagnols l'appelaient « nao » (navire) et les Portugais « nau ». Elle fut avec la caravelle, le navire des grands explorateurs de ces pays. Selon certaines sources, le mot « caraque » proviendrait de l'arabe « karraka ».

    Ce navire de transport très utilisé au bas Moyen Age était très influencé par les navires de charge byzantins auxquels il reprenait nombre de caractéristiques, notamment l’arrière de type « galère », le mât avant penché, les voiles latines. Les Francs en firent grand usage en Méditerranée, mariant également des voiles carrées à ce gréement.

    Bibliographie

    Pernoud Régine - Aliénor d'Aquitaine - Chapitre 8

    Paris, Albin Michel, 1966

    Lyon Cross Arthur

    A History of England and Greater Britain

    New York, Macmillan, 1917

    New York, Macmillan, 1917


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  • Voici la synthèse de mes recherches à propos de

    * Henri 1er Beauclerc, roi d’Angleterre et Duc de Normandie

    HENRI 1er BEAUCLERC d’ANGLETERRE

    (1070 – 1135)

     

    Introduction

    Les rois d’Angleterre au 11ème siècle

    • 978 à 1016 - Règne du roi d'Angleterre ETHELRED II.
    • 1016 - EDMOND II monte sur le trône de son père pour quelques mois mais doit céder à son rival KNUD le Grand la Mercie et la Northumbrie.
    • 1017 à 1066 « Hégémonie danoise » sur la couronne d'Angleterre.
    • 1017 à 1035 - Le ROI KNUD (en danois) ou CANUT – II le Grand règne sur l'Angleterre, le Danemark (1018-1035) et la Norvège (1030-1035). En 1017 KNUD, surnommé « le pieux » épouse Emma, la veuve d'Ethelred et fait, en 1026, un pèlerinage à Rome. A sa mort son royaume fut partagé entre ses trois enfants : Sven II reçut la Norvège, KNUD III le Danemark et Harald ou Harold 1er reçut l'Angleterre.
    • 1035 à 1040 - Règne du roi HAROLD 1er. Surnommé « Pied de lièvre », il mourut à Oxford. Il se livra à une sévère lutte pour le pouvoir contre son propre frère Knud le Hardi.
    • 1040 à 1042 - Règne du roi KNUD le Hardi ou également nommé CANUT III Il reçut le royaume d'Angleterre à la mort de son frère Harold pour un règne de deux ans, malgré qu'il régnait déjà sur le Danemark depuis 1035. Lorsqu'il mourut, les Anglais profitèrent de la situation pour se libérer définitivement du joug de la dynastie danoise.
    • 1042 à 1066 - Règne du roi EDOUARD dit « le Confesseur » qui, selon les historiens, s'occupa plus de son salut personnel que de la gestion de son pays. Fils d'Ethelred II, il est, par sa mère EMMA, petit-fils de Richard 1er duc de Normandie.
    • En 1045, il épousa la fille de son conseiller : le comte de Godwin.
    • En 1051: disgrâce de Godwin qui, lors d'un voyage de Guillaume en Angleterre, lui a promis la succession, mais Godwin soutiendra la candidature d'Harold son fils.
    • 1066 - A la mort d'Edouard, HAROLD II devient roi des anglo-saxons. Il mourut la même année à la bataille de Hasting.
    • 1066 - Bataille de Hasting : fin de la suprématie danoise sur l'Angleterre et avènement de la Maison de Normandie jusqu'en 1154.
    • 1066 à 1087 - Règne de GUILLAUME 1er dit le Conquérant, fils illégitime du duc de Normandie Robert 1er. Il vainquit en 1054 le roi Henri 1er de France et fut reconnu héritier par son cousin Edouard le confesseur. Il s'assura le trône anglais par la bataille de Hasting où le roi Harold II fut tué au combat. Il nomma un shérif par comté et s'entoura d'un vrai pouvoir féodal.

    Son épouse Mathilde de Flandres lui donnera trois fils : Guillaume II, Henri 1er et Robert II de Courteheuse. Robert II, duc de Normandie, s'étant allié au roi de France Philippe 1er contre son père, Guillaume le Conquérant sera blessé à Mantes et mourra le 7 septembre 1087 à Rouen. Malgré sa participation à la première croisade, Robert sera déchu de ses droits par son frère Henri 1er Beauclerc qui lui ôtera la Normandie en 1106.

    • 1087 à 1100 - Règne du roi Guillaume II, dit « le Roux », né en 1056. Fils de Guillaume, il vaincra en 1089 son frère Robert II qui lui dispute le trône. En gage de défaite il exigea du duché de Normandie le paiement de dix mille marcs d'or. Le 2 août 1100, Guillaume II décéda d'un accident de chasse. Son frère Henri 1er Beauclerc lui succéda sur le trône anglais.

    Les rois d’Angleterre au 12ème siècle

    • 1100 à 1135 – Règne d’Henri 1er Beauclerc : il usurpa le trône à son frère Robert II de Courteheuse à qui il enleva également la Normandie.
    • 1135 à 1154 - Règne d'Etienne de Blois, fils du comte de Blois et petit-fils (par sa mère) de Guillaume le Conquérant. Il usurpa le trône à la princesse Mathilde désignée comme reine par son père Henri 1er, ce qui créa de grands troubles dans le royaume. A sa mort, il désigna Henri II, le fils de Mathilde comme successeur.
    • 1154 à 1189 - Règne d'Henri II, fils de Geoffroy V Plantagenêt et de Mathilde, duc de Normandie (1150) comte d'Anjou (1151) et époux d'Eléonore d'Aquitaine en 1152. Il fut excommunié par son ancien ami Thomas Becket qu'il avait installé comme archevêque de Canterbury. Henri le fit assassiner. Henri II dut faire une pénitence publique et Thomas fut canonisé en 1173.
    • 1189 à 1199 - Règne de Richard 1er, Cœur de Lion. Il se révolta contre son père Henri II en s'alliant avec Philippe Auguste. A peine devenu roi, il partit pour la 3ème croisade et fut capturé sur le chemin du retour. Il pardonna à son frère Jean Sans-Terre et confia le royaume à un régent pour diriger lui-même la guerre contre Philippe Auguste. Après avoir gagné les batailles de Courcelles et de Fréteval, il mourut d'une flèche qui l'atteignit durant le siège du château de Chalus, fief du comte de Limoges.
    • 1199 à 1216 - Règne de Jean sans Terre aux dépens de son neveu Arthur de Bretagne. Le roi de France Philippe II Auguste lui enleva beaucoup de régions.

    Henri 1er Beauclerc, roi d'Angleterre, duc de Normandie

    (Selby, 1068 – Lyons-la-Forêt, 1er décembre 1135)

    Portrait

    * Henri 1er Beauclerc, roi d’Angleterre et Duc de Normandie

    Le duc Henri de Normandie, connu aussi sous le nom de duc Henri de Normandie et celui de roi Henri 1er d'Angleterre, « le Beau Clerc », était le quatrième enfant survivant et le plus jeune fils du roi Guillaume 1er d'Angleterre dit "le Conquérant"(1024 - 1087). Henri est né en septembre 1068 à Selby, dans le Yorkshire en Angleterre.

    Henri fut fait chevalier par son père en 1086. Il n'était pas destiné à régner. A la mort de son père en 1087, il ne possédait aucune base territoriale mais il sut profiter des conflits entre ses frères. Henri fit plusieurs intrusions sur le continent pour tenter, en vain, de s'approprier des territoires. Comme beaucoup de nobles normands à cette époque, il souffrit du fait d'avoir deux suzerains : le roi d'Angleterre, Guillaume le Roux, pour ses terres anglaises, et le duc de Normandie, Robert II de Courteheuse, pour ses terres normandes. Tous deux étaient ses frères aînés et étaient en conflit permanent. Ceci ne put être résolu qu'en 1096 avec le départ de Robert pour la croisade, laissant temporairement la Normandie à Guillaume.

    En qualité de benjamin de la famille, il était destiné à la prêtrise et reçut une éducation scolaire importante pour un jeune noble de cette époque. Il était probablement le premier chef normand à savoir parler en anglais.

    Henri était présent lors de la mort accidentelle de Guillaume II le Roux en 1100. Robert étant toujours en Terre Sainte, les nobles anglais présents à Winchester désignèrent Henri pour succéder à Guillaume. Henri s'empara donc du trône, au détriment de son frère Robert II de Courteheuse.

    Dès le lendemain de la mort de Guillaume, le 3 août 1100, Henri partit immédiatement pour Londres et s'y fit couronner le 6 août en l'abbaye de Westminster par Maurice, évêque de Londres.

    Le règne d’Henri 1er

    Henri promit aussitôt le retour aux principes de son père et restaura Anselme à l'archevêché de Cantorbéry (Andelme avait été chassé par Guillaume le Roux en raison de disputes concernant les droits de l'Eglise).

    Lors de la succession de son père, sa part de l'héritage fut d'environ 2500 kg d'argent. Ses deux frères aînés firent un pacte disant que, si le survivant décédait sans héritier, son territoire reviendrait au survivant. Quand Guillaume II mourut en 1100, Robert revenait de la première croisade. Son absence, comme sa mauvaise réputation parmi les nobles normands, permit à Henri de prendre les clés du magot royal de Winchester à l'abbaye de Westminster. Il garantit immédiatement son poste parmi les nobles en promulguant la charte des libertés, qui est considérée comme une ébauche de la Magna Carta. Il restaura également plusieurs lois du roi Edouard le Confesseur.

    Henri se mit en quête d'une épouse, et choisit très rapidement la fille aînée de Malcolm III Canmore, roi d'Ecosse, et de Marguerite d’Angleterre, descendante de la précédente dynastie des rois d'Angleterre. Comme Edith était aussi la nièce d’Edgar Atheling, le mariage unit la lignée normande avec l'ancienne lignée des rois anglais. Le mariage déplut beaucoup aux barons normands. Cependant, comme une concession à leurs sensibilités, Edith changea son nom d'épouse en Mathilde en devenant reine. Henri amena ainsi le sang royal saxon dans la dynastie normande, renforçant du même coup sa légitimité.

    Le contrat de mariage du roi Henri 1er Beauclerc d’Angleterre et de la princesse Mathilde d'Ecosse dite « Atheling » ayant été signé le 6 août 1100, le mariage eut lieu le 11 novembre 1100 à l'abbaye de Westminster (Londres dans le Middlesex).

    Robert II de Courteheuse revint de Terre Sainte l'année suivante et tenta de prendre la couronne anglaise par la force. Ayant envahi l'Angleterre, il fut repoussé aussitôt. De plus, ses vassaux normands se révoltèrent contre lui et invitèrent Henri à le remplacer.

    En 1105, pour éliminer la menace constante de Robert II de Courteheuse, Henri mena un corps expéditionnaire en traversant la Manche. Il entreprit la conquête de la Normandie avec son allié Alain IV Fergent, duc de Bretagne. En 1106, il obtint une victoire décisive sur l’armée normande de son frère à la bataille de Tinchebray. Henri fut couronné duc de Normandie en 1106, année où il écarta définitivement Robert II de Courteheuse vaincu à Tinchebray.

    Robert fut emmené comme prisonnier en Angleterre et Henri prit possession de la Normandie qu'il mit encore quelques années à pacifier. Par le Traité d'Alton, Robert II de Courteheuse accepta de reconnaître Henri comme le roi d’Angleterre et de retourner pacifiquement en Normandie.

    Durant son règne, Henri 1er dut faire face à de nombreux soulèvements qui menaçaient sa souveraineté en Normandie. Le début de son règne fut notamment marqué par une querelle avec Anselme, qui refusait de prêter hommage au roi, prétextant qu'il tenait ses terres du Pape lui-même. Henri confisqua les terres d’Anselme et le renvoya en exil.

    Ce conflit qui opposa Henri à Anselme, archevêque de Canterbury, à propos des investitures, fut réglé en 1107 par un compromis qui laissa au roi un contrôle considérable sur la nomination d'officiels de l'Eglise.

    En 1105, de manière apparemment spontanée, à Pâques 1105, Henri se fit raser la barbe après que des évêques français eurent dit que les barbes étaient signe de péché, et encouragea son entourage de faire de même. Ceci fut un signe de conciliation avec l'Eglise, et en 1107 un compromis fut atteint : la sœur d'Henri, Adèle, suggéra que les évêques devaient rendre hommage au roi pour leurs terres anglaises ; le roi, de son côté, laisserait à l'Eglise le soin de désigner et d'investir les évêques.

    Henri 1er régna comme roi d'Angleterre de 1100 à 1135. Il réunifia le monde anglo-normand ; il s’appuya sur les moyens militaires et financiers du royaume pour restaurer sur le continent le pouvoir ducal. Cependant, les intrigues du roi Louis VI, en faveur de Guillaume Cliton, fils de Robert II de Courteheuse, dressèrent contre lui les barons normands.

    Il s'assura du soutien des nobles et de l'Eglise en établissant une charte de libertés établissant les droits féodaux et les droits de l'Eglise.

    A l'image de son père Guillaume, puis de son frère Robert, le duc roi dut s'employer à mâter les rebelles et les fauteurs de guerres privées. Il connut dans ces épreuves plus de succès que son frère mais montra moins d'indulgence que son père. Les révoltés furent châtiés sans pitié, leurs villes et châteaux incendiés, et le roi de France venu les appuyer dut prendre la fuite à la bataille de Brémule en 1119.

    Henri construisit ou fit restaurer de nombreux châteaux sous son autorité, notamment sur sa frontière du Vexin.

    En 1124, Henri 1er Beauclerc s'était allié à l'empereur Henri V contre la France. Louis VI le Gros avait rassemblé immédiatement ses troupes pour faire face à la menace. La France entière partit en guerre derrière l'oriflamme de Saint-Denis, y compris le comte Thibaud de Blois qui était en conflit avec le roi par les révoltes qu'il suscitait au sein du royaume. L'armée du roi massacra 2000 impériaux. Le roi d'Angleterre et l'empereur effrayés se retirent sans avoir réellement combattu.

    Les quatre enfants de Mathilde

    Quatre enfants naquirent du mariage d'Henri 1er Beauclerc et d'Edith d'Ecosse : Euphémie (1101 – 1002), Mathilde née en 1102, Guillaume, dit Adelin (ou « l'héritier »), né en 1103 et Richard, né en 1105.

    En 1114, à l'âge de douze ans, sa fille Mathilde épousa Henri V, empereur du Saint Empire Romain Germanique. En 1125, l'empereur germanique mourut sans progéniture.

    Veuve, Mathilde se remaria ensuite en 1128 avec Geoffroi Plantagenêt, héritier du comte d'Anjou, alors âgé de 15 ans et donna naissance en 1133 au futur roi Henri II.

    La reine Mathilde décéda en 1118. Trois ans plus tard, le 29 janvier 1121, au Château de Windsor (Berkshire), il épousa la reine Adélaïde de Louvain, fille du duc Godefroid 1er de Basse-Lorraine dit « Barbutus » et de Ide de Chiny.

    Certaines sources mentionnent qu’il n’y eut pas d’enfants issus de ce mariage. D’autres sources, au contraire, indiquent qu’ils eurent une fille, Sybille d’Angleterre, née en 1092 et décédée en 1122.

    Une descendance illégitime

    Henri 1er Beauclerc détient également le record du plus grand nombre d’enfants bâtards reconnus nés d’un roi anglais : certaines sources en ont dénombré jusqu’à trente-cinq ! Certaines sources indiquent même qu’il fut peut-être aussi le père de Emma Plantagenêt. Ces enfants illégitimes n'entraient pas en ligne de succession.

    Drame familial et tragédie à la cour

    A la suite de sa victoire à Brémule contre le roi de France en 1119, Henri 1er était à l'apogée de son pouvoir quand une tragédie survint bientôt. Le 25 novembre 1120, un navire, la « Blanche Nef », avait fait naufrage en sortant du port de Barfleur près des côtes de la Normandie. Parmi les naufragés figuraient Guillaume Adelin et Richard, les deux fils légitimes du roi Henri 1er  Beauclerc ainsi que plusieurs de ses enfants illégitimes et de nombreux nobles. Guillaume Adelin et Richard étaient noyés et Henri 1er était désespéré de leur perte.

    Vers le récit du naufrage de la "Blanche Nef"LIEN DIRECT

    La crise de succession

    Une foule de prétendants au trône se pressèrent autour d'Henri, dont son neveu, Guillaume Cliton, fils de Robert II de Courteheuse. Sa succession était aussi revendiquée à la fois par sa fille Mathilde et par son neveu Etienne de Blois.

    Laissé sans héritier mâle, Henri prit la décision sans précédent de faire prêter par ses barons le serment d’accepter sa fille Mathilde l'Emperesse, veuve de l'empereur germanique Henri V comme son héritière. Mathilde rentra en Angleterre où Henri obligea ses barons à jurer fidélité à sa fille.

    Désignée comme héritière avec son époux par Henri 1er, elle dut faire face, à la mort de celui-ci, à l'usurpation d'Etienne de Blois, qui s'adjugea l'héritage. Elle tenta, aidée de son demi-frère, Robert de Gloucester, de faire valoir ses droits. Une longue guerre civile débuta alors. Ni la reine ni son époux n’étaient populaires : Mathilde était hautaine et le comte d'Anjou n'était guère apprécié de barons normands.

    En 1147, la mort de Gloucester ruina définitivement le parti angevin et Mathilde se retira en Normandie, à Rouen.

    Bien que les barons d’Henri aient juré allégeance à sa fille comme reine, ses frasques sexuelles et son remariage avec un angevin, un ennemi des Normands, permirent à un neveu d’Henri, Etienne de Blois, de venir en Angleterre et de réclamer le trône avec le support populaire.

    Deux ans plus tard, Henri 1er fit son dernier voyage en Normandie. Au cours des préparatifs d'une chasse, ayant mangé des lamproies avariées, il eut une indigestion. Henri 1er Beauclerc mourut le 1er décembre 1135 à Saint-Denis-le Fermont en Normandie. On l'ensevelit dans l'abbatiale qu'il avait fondée à Reading.

    Pourquoi «  BEAUCLERC » ?

    Dernier-né de Guillaume le Conquérant et de Mathilde de Flandre, Henri fut le seul de leurs enfants à naître en Angleterre (sa mère avait accompagné Guillaume lors d'une expédition pour soumettre le nord de l'Angleterre). Il fut le favori de sa mère, qui, à sa mort en 1083, lui laissa ses terres anglaises, dont il ne put jouir qu'après la mort de son père en 1087. Il acquit une solide éducation : il apprit à lire et à écrire le latin, et étudia l'anglais et la loi anglaise. Son intérêt particulier pour les études lui valut le surnom de « Beauclerc » (le bon érudit), dont il était très fier. Il est possible qu'il fût destiné à l'Eglise, mais rien ne nous permet de l'affirmer.

    Le Lion de Justice 

    Son autre surnom, « Le Lion de Justice » faisait référence à ses réformes judiciaires. Le règne d’Henri 1er Beauclerc était aussi connu pour les limitations des pouvoirs de la couronne, ses améliorations dans les rouages du gouvernement, sa réunification des territoires de son père, et sa décision controversée de choisir sa fille comme héritière !

    Thibaud II (1125 – 1152)

    Fils aîné d’Etienne-Henri, comte de Blois et de Meaux, et d’Adèle de Normandie, fille de Guillaume le Conquérant, Thibaud est né en 1093. A son avènement, en 1102, la tutelle de ses comtés de Blois et de Chartres était assurée par sa mère. Adoubé en 1107, Thibaud gouverna personnellement son domaine à partir de 1109, même s'il demeurait sous l'influence d’Adèle de Normandie jusqu'à l'entrée de celle-ci au prieuré clunisien de Marcigny en 1122.

    En 1125, Thibaud II hérita de son oncle Hugues du comté de Champagne et refit, un siècle après Eudes II, mais pour la dernière fois, l'union de tous les territoires familiaux : ses possessions s'étendaient de la Marne à la Loire et menaçaient à l'ouest et à l'est le domaine royal.

    Plus anglo-normand que français, Thibaud apporta son soutien à Henri 1er Beauclerc contre Louis VI le Gros. En 1120, le naufrage de la « Blanche Nef », dans lequel sont morts les deux fils du roi d'Angleterre, Guillaume Adelin et Richard, fit de lui le plus proche héritier mâle de la couronne d’Angleterre.

    Cependant, après une vingtaine d’années passées à guerroyer contre le Capétien pour son comté de Blois, Thibaud s’assagit. Jaloux de son autonomie, il continua de se méfier du roi de France. S’il fut le premier à venir le secourir contre l’empereur germanique en 1124 ou bien à soutenir la seconde croisade en y envoyant son fils aîné, le comte de Champagne savait que seule la guerre permettait de maintenir l’équilibre entre ses principautés.

    A la mort de Henri 1er Beauclerc, en décembre 1135, les barons anglais élirent son frère cadet, Etienne de Blois, comme nouveau roi d’Angleterre, choix auquel se rallia Thibaud qui finit par assister son frère.

    Henri 1er Beauclerc n'avait pas de successeur en position de s'imposer immédiatement. Aussi, à la mort d’Henri 1er, son neveu, Etienne de Blois, comte de Mortain et fils de la fille de Guillaume le Conquérant, Adèle, prit l'initiative. En apprenant la nouvelle de la mort de son oncle, Etienne traversa la Manche, usurpa le trône et fut couronné le 22 décembre 1135.

    La lutte entre l'Emperesse et Etienne de Blois plongea le pays dans une très longue guerre civile connue comme l’Anarchie.

    L'Anarchie (1139 – 1146)

    En août 1139 il semblait qu’Etienne de Blois était parvenu à éliminer les ennemis qui défiaient son pouvoir depuis le jour de son accession en 1135. En octobre 1139 cependant, les partisans de Mathilde l'Emperesse débarquèrent sur la côte sud près de Wareham et d’Arundel, tandis que Mathilde elle-même parvenait à rejoindre son demi-frère Robert de Gloucester à Bristol. Une guerre civile s’ensuivit, les partisans de Mathilde provenant surtout de l’ouest de l’Angleterre et de l’Estanglie.

    En décembre 1140, le comte de Chester, Ranulf, contrarié de ne pas avoir reçu Carlisle et les terres au nord de cette cité après la défaite des Ecossais à la « bataille de l'étendard », s'empara de Lincoln. Etienne y mit immédiatement le siège. Le comte leva une armée pour s'opposer au roi, et le 2 février 1141, au cours d'une des rares batailles de la guerre civile, Etienne fut vaincu et fait prisonnier.

    Mais Mathilde ne sut pas tirer avantage de sa bonne fortune, alors que même le frère d'Etienne, Henri de Blois, évêque de Winchester, avait déserté pour un temps la cause du roi. L'été 1141 vit les préparatifs du couronnement de Mathilde à Londres, mais elle en fut chassée par la population opposée à la perception de nouveaux impôts.

    Henri de Blois changea de camp et défendit Winchester contre Mathilde l'Emperesse.

    Une armée de renfort menée par la reine Mathilde, épouse d'Etienne de Blois, et par Guillaume d'Ypres, anéantit les partisans de l'Emperesse et captura Robert de Gloucester. Un traité fut négocié, assurant notamment la libération d'Etienne et de Robert.

    En 1142, Etienne avait déjà perdu la Normandie mais il cherchait toujours à écraser ses ennemis en Angleterre. Il mit le siège devant Oxford où Mathilde était venue se réfugier, mais elle lui échappa. En automne 1143, les comtes d'Essex et de Chester se révoltèrent et en 1144, l'anarchie faisait rage. Des soulèvements éclataient en tous lieux et de nombreux châteaux furent construits en dehors de l'autorité du roi. Ce n'est qu'en 1146, à la suite de l'arrestation du comte de Chester, que la situation se calma quelque peu.

    La dispute fut finalement réglée par Stephen qui prit Henri II, le fils de l’impératrice, comme son héritier en 1153. Le conflit ne s'acheva qu'à l'accession au trône d’Henri II en 1154.

    Succession au trône d’Angleterre

    Devenue veuve de l’empereur germanique, Mathilde avait été remariée par son père au comte d'Anjou, Geoffroi le Bel.

    Le surnom de « Plantagenêt » lui était venu de son père qui avait coutume de porter une branche de genêt piquée dans son chapeau !

    En 1153, Etienne de Blois avait perdu son fils unique et s’était résigné à désigner Henri, le fils de Mathilde et Geoffroy Plantagenêt, pour lui succéder.

    Henri Plantagenêt devint roi d'Angleterre. Henri d'Anjou, âgé de 21 ans, et sa femme, Aliénor d'Aquitaine, âgée de 32 ans, divorcée de son premier époux, le roi de France Louis VII ceignirent la couronne d'Angleterre le 19 décembre 1154.

    L'empire angevin

    Le nouveau roi inaugurait ainsi la dynastie des Plantagenêts sous le nom de Henri II et apportait ainsi au royaume d'Angleterre un vaste domaine qui couvre l'ouest et le sud-ouest de la France et auquel on donnera le nom d'« Empire angevin ».

    Cet empire survivra moins de dix ans à la mort d'Henri II. Il sera victime des querelles entre les fils du roi, de l'habileté de Philippe Auguste ainsi que du caractère irascible du roi lui-même, à l'origine de la mort de son ex-ami, Thomas Becket.

    Contentieux

    L'avènement des Plantagenêts est à l'origine d'un très long contentieux entre la France et l'Angleterre, marqué par deux Guerres de Cent Ans : au 13ème siècle sous les règnes de Philippe Auguste, Louis VIII et Saint Louis, et plus tard, aux 14ème et 15ème siècles, sous les règnes de Philippe VI, Jean II, Charles V, Charles VI et Charles VII.

    Le contentieux ne sera clos qu'avec la prise de Calais, dernière possession anglaise sur le continent, le 6 janvier 1558.

    Arbre généalogique

     

     

    * Henri 1er Beauclerc, roi d’Angleterre et Duc de Normandie

    * Henri 1er Beauclerc, roi d’Angleterre et Duc de Normandie

     

    ROLLON (870 – 930)
    épouse en 891 Poppa de Bayeux

     

    GUILLAUME 1er (900 – 42)
    épouse Sporta de Bretagne (911 – ?)

     

    RICHARD 1er (932-96)
    épouse en 978 Gunnor de Danemark (936 – 1031)

     

    RICHARD II (974-1027)
    épouse en 1000 Judith de Bretagne (982 – 1017)

    DUNCAN 1er (1001-40)
    Roi d’Ecosse
    épouse Sibylle de Northumbrie

    ROBERT 1er le Diable
    (1000 – 1035)
    Duc de Normandie
    épouse Arlette de Falaise (1003 – ?)

    MALCOLM III
    (1031-1093)
    Roi d’Ecosse
    épouse en 1069 Marguerite Atheling (1045 – 93)

    GUILLAUME 1er le Conquérant
    (1027 – 1066 – 1087)
    Roi d’Angleterre
    épouse Mathilde de Flandre (1032 – 83)

    ALEXANDRE 1er
    (1077 – 1124)
    Roi d'Ecosse

    DAVID 1er
    (1085 – 1153)
    Roi d'Ecosse

    MATHILDE
    D'ECOSSE
    (1079 – 1118)

    HENRI 1er Beauclerc
    (1068–1135)

    Roi d'Angleterre (1100 – 1135)

     

    GUILLAUME II le Roux
    (1056–1100)

    Roi d'Angleterre (1087 – 1100)

    ADELE

    (1062 – 1138)

    épouse

    Etienne II de Blois
    (1046 – 1102)

    ROBERT II de Courteheuse (1054 – 1134)

    Duc de Normandie (1087 – 1106) Fils aîné

     

     

    MATHILDE (1102 – 1167)
    épouse Geoffroy Plantagenêt (1113 – 1151)
    Comte d'Anjou et
    duc de Normandie

     

     

     

    La descendance légitime d’Henri 1er Beauclerc

    Fils de Guillaume 1er le Conquérant (1027/8-1087), duc de Normandie, et de Mathilde de Flandre (1032-1083), Henri 1er « Beauclerc » ou le « Lion de Justice », roi d'Angleterre, est né en septembre 1068, à Selby (Yorkshire, Angleterre).

    Adoubé chevalier le 24 mai 1086 à Westminster (Londres, Angleterre) par son père, fait « seigneur de Domfront » en 1092, fait  « comte de Coutances et de Bayeux » en 1096,  roi d'Angleterre de 1100 à 1135, couronné en l'abbaye de Westminster (Londres, Angleterre) le 6 août 1100, « duc de Normandie » de 1106 à 1135, mort le 1er ou le 2 décembre 1135 à Saint-Denis-le-Fermont (Lyons-la-Forêt, Eure, France), Henri 1er a été inhumé en l'abbaye de Reading (Berkshire, Angleterre).

    Il épousa en premières noces, le 11 novembre 1100, en l'abbaye de Westminster (Londres, Angleterre), la fille de Malcom III d’Ecosse, Edith, qui prit le nom de Matilda Altheling of Scotland Canmore ou Mathilde d’Ecosse (1079 ou 1080 – 1118) et dont il eut 4 enfants :

    1. Euphémie (1101 – 1101 ou 1102) ;

    2. Mathilde (1102 - 1167), reine titulaire d'Angleterre ;

    Née à Winchester le 7 février 1102, elle s’est mariée avec Henri V, empereur du Saint Empire Romain Germanique. D’où son surnom « Matilda the Empress ». Devenue impératrice du Saint Empire Romain Germanique et reine d’Italie, elle a épousé, en 1127, Geoffroy V Plantagenêt, comte d’Anjou et de Maine, mort en 1151 (cf. Dynastie d’Anjou). Elle est morte à Rouen en septembre 1167 ou 1169. Elle a été inhumée à l’abbaye du Bec.

    3. William the Atheling (5/8/1102 – 1120), duc de Normandie ;

    Guillaume Adelin est né à Winchester en février 1102. Duc de Normandie et comte de Rouen de 1106 à 1120, il s’est marié en juin, 1119 avec Isabella (Matilda) Mathilde, fille de Foulques V, comte d’Anjou (cf. Dynastie d’Anjou). Il s’est noyé le 25 novembre 1120 dans le naufrage de la « Blanche Nef » à Barfleur. Sa veuve est entrée dans les ordres.

    4. Richard d'Angleterre (1105 – 1120).

    Il s’est noyé le 25 novembre 1120 dans le naufrage de la « Blanche Nef » à Barfleur.

    Il épousa en secondes noces, le 29 janvier 1121, au château de Windsor (Berkshire, Angleterre), Adélaïde de Lothier ou Adeliza de Louvain, connue aussi sous le nom de Adeline de Brabant (1104 – 1151). La plupart des sources précisent qu’aucun enfant n’est issu de ce mariage.

    La descendance illégitime d’Henri 1er Beauclerc

    • De sa concubine, Sibylle Corbet d’Alcester (± 1070 – 1156), il eut :

    1. Gundrade ou Gundred ou Gunrade (née en 1089 – ?), princesse d’Angleterre ;

    2. Rochèse Fitzroy ou Rohèse d'Angleterre ou Rohese Beauclerc (1091 – 1176) ; elle a épousé Henry de la Pomerai (mort avant 1167) ;

    3. Constable William de Corbet, prince d’Angleterre, (né avant 1105 – après 1187) ;

    4. Guillaume d’Angleterre (né vers 1120 – ?) ;

    5. Gilbert d'Angleterre (1130 - 1142) ;

    6. Renaud Réginald  ou Rainald de Dunstanville (1092 – 1120), comte de Cornouailles (= Earl of Cornwall), il est aussi connu sous le nom de Renaud de Mortain ; il a épousé Béatrice Fitzwilliam de Mortaigne qui semblerait aussi connue sous le nom de Mabel de Mortain ; il s’est noyé le 25 novembre 1120 dans le naufrage de la « Blanche Nef » à Barfleur ;

    7. Sibylle Elisabeth d'Angleterre, reine d’Ecosse (± 1092 – 12/7/1122) naquit en Normandie, à Domfront, Alençon, Orne, France. Elle épousa le roi Alexandre 1er d’Ecosse dit « le Féroce », fils du roi Malcolm III d’Ecosse dit « Canmore » et de la princesse Marguerite Atheling d'Angleterre en 1122. Elle décéda le 12 juillet 1122 à l’île de Woman (Loch Tay, Ecosse) où elle a été inhumée. « Sibyl is thought to be daughter of Sybil Corbett. She is known as a « love child of the King » ;

    8. Constance d’Angleterre (1090 - ?) a épousé Vicomte Richard 1er de Beaumont Fresnay et Sainte-Suzanne, fils de Vicomte Raoul de Beaumont V de Maine et Constance ;

    9. Constance de Normandie, née après 1105, elle a épousé le vicomte Rosclin 1er de Beaumont-au-Maine (1100 – 1176), fils du Vicomte Raoul VII de Beaumont-au-Maine, elle serait décédée en 1145 ;

    10. Mathilda Maud Beauclerc: en 1110, elle a épousé Conan III Fergant de Bretagne, dit « le Gros » ;

    11. Eustacie d'Angleterre ou Eustacie Beauclerc (née après 1090) ;

    12. Alice Beauclerc ou Alice de Normandie (née après 1090) ;

    13. Joan Elisabeth Beauclerc (née en 1087), a épousé en 1097, Fergus, Lord of Galloway ;

    14. Emma Beauclerc ou Emma d’Angleterre ou Emma Plantagenêt (1136 – avant 1214) a épousé Guy IV de Laval ;

    15. Réginald (1112 – Chersley, Surrey 1/7/1175) a épousé Béatrice FitzRichard ;

    16. Sibylle de Falaise (née en 1110) a épousé Baldwin de Boulers (né en 1075).

    • D'une autre concubine, Nest of Glamorgan, Princess of Deheubarth ferch Rhys (décédée vers 1114), il eut :

    17. Elisabeth Fitzhenry (1084 - ) épousa Lord Fergus Galloway (1078 – 1166) ;

    18. Henry Fitzhenry, le jeune (1105 – 1157). Né à Narberth ; décédé en 1157 à Anglesea Narberth and Pebidbog (Wales ?) ;

    19. Robert Fitzhenry ou Robert de Mellent (1090 – 1147).

    Né à Caen dans le Calvados en Basse-Normandie, avant qu’Henri 1er ne soit couronné, sa mère est probablement une Française inconnue. Certaines sources d’informations désignent sa mère comme étant Nesta de Galoles mais il semble plus probable que ce soit Sibylle Corbet. Il est aussi connu sous le nom de Comte Robert de Caen ou comte de Gloucester ou Comte Robert de Mellent de Gloucester. Il a épousé Mabel (ou Maud) Fitzhamon, fille de Comte Robert Fitzhamon de Gloucester et Sibyl de Montgomery. Il est couronné comte de Gloucester vers le 15 août 1122. Il décède le 31 octobre 1147 à Bristol, Gloucestershire, Angleterre. Il est inhumé à Prieuré Saint-James, Bristol.

    • D'une autre concubine Isabelle (Elisabeth) de Beaumont-le-Roger (née à Leicester en 1104 – décédée à Leics en 1172), il eut :

    20. Isabelle d'Angleterre ou Isabel Beauclerc (née vers 1120) ;

    21. Maude de Montivilliers Beauclerc, qui devint Abesse Maude de Montivilliers

    Les dates de sa naissance et de sa mort ne sont pas connues.

    • D’une autre concubine, Edith Sigulfson ou Edith Fitzforne (1074 – 1152), il eut :

    22. Mahaud ou Maud ou Mahaut FitzEdith ou Matilda FitzHenry. Elle naît entre 1086 et 1093.

    23. Robert FitzEdith  (décédé le 31 mai 1172), baron d'Okenhampton. Il a épousé Mathilde d’Avranches (morte en 1173).

    • D'une autre concubine, Amicie de Guader, il eut :

    24. Maud de Normandie (1085 – 25/11/1120)

    Elle a épousé Rotrou II, comte du Perche, fils de Geoffroy 1er du Perche et Béatrice de Montdidier en 1103. Devenue comtesse du Perche, elle s’est noyée le 25 novembre 1120 dans le naufrage de la « Blanche Nef » à Barfleur.

    • D'une autre concubine Gieva de Tracey (Barnstaple, Devonshire 1068 - ), il eut :

    25.  Guillaume de Tracey (Westminster, 1087 – Barnstaple, Devonshire, 1136).

    • D'une autre concubine Adélaïde de Lorraine (1104 – 1151), il eut :

    26. Aline d’Angleterre.  En 1126, elle a épousé Mathieu 1er de Montmorency (décédé en 1160).

    • D'une autre concubine, Ansfride, il eut :

    27. Richard de Lincoln.

    Il naît avant 1101. Il épouse Amice de Gael, fille de Seigneur Ralph de Gael de Montfort.

    Compte de Suffolk, il s’est noyé le 25 novembre 1120 dans le naufrage de la « Blanche Nef » à Barfleur.

    28. Juliane d'Angleterre ou Julienne de Breteuil (1099 - après 1136).

    Selon certaines sources, elle serait née avant 1090. En 1103, elle épousa Eustache de Pacy, seigneur de Breteuil, fils de Guillaume de Bréteuil. Elle devint religieuse après 1119 à Fontevrault. Elle décéda après 1136.

    29. Foulques d'Angleterre ou Foulques de Normandie (né avant 1100).

    Il naquit avant 1100. Il fut moine à l’abbaye d’Abingdon au Royaume-Uni.

    • D'autres concubines, non nommées, il eut :

    30. Jeanne d'Angleterre (née vers 1095) ;

    31. ... d'Angleterre :  un fils qui s’est noyé le 25 novembre 1120 dans le naufrage de la « Blanche Nef » à Barfleur.

    32. N… d’Angleterre : un autre fils qui s’est noyé le 25 novembre 1120 dans le naufrage de la « Blanche Nef » à Barfleur.

    33. Née vers 1100, Richilde a épousé Guillaume III Gouet, seigneur de Montmirail.

    Sur les traces d’Henri 1er Beauclerc

    1. Barfleur

    De fondation très ancienne, puis viking, Barfleur fut le premier grand port de la côte normande. Il connut au Moyen Age une notoriété considérable. Une tradition constante veut que « Le Mora » vaisseau qui devait transporter Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, en Angleterre, soit sorti des chantiers de Barfleur ainsi que de nombreux navires qui devaient participer à la « conquête ». En tout cas, ainsi que le rappelle un médaillon de bronze fixé sur un gros rocher, à l'entrée du port, inauguré en 1966, pour commémorer le 900e anniversaire de cet événement glorieux, c'est un marin de Barfleur Etienne, fils d'Airard, qui eut le redoutable honneur de piloter le navire ducal au cours de la traversée glorieuse.

    C'est encore de Barfleur que, le 25 novembre 1120, le vaisseau la « Blanche Nef » cinglant vers l'Angleterre, transportant les deux fils de Henri 1er de Beauclerc duc de Normandie et roi d'Angleterre, fils du Conquérant, se perdit corps et bien en heurtant le rocher de Quillebœuf à quelques encablures de la côte. Les marins, dit la légende, avaient trop copieusement profité des avantages de Barfleur. Richard Cœur de Lion s'embarqua à son tour à Barfleur en 1194 pour aller se faire couronner roi d'Angleterre et il y passa avec cent gros vaisseaux, ce qui donne une idée de l'importance de Barfleur à l'époque.

    * Henri 1er Beauclerc, roi d’Angleterre et Duc de Normandie

    2. Le port de Barfleur

    La visite du haut Cotentin passe obligatoirement par Barfleur. C'est de ce port que Guillaume – qui n'était pas encore nommé le Conquérant – entreprit la conquête de l'Angleterre à bord d'un drakkar. Havre de prédilection pour les rois anglo-normands, Barfleur fut pendant le Moyen Age le premier port de la côte normande. En 1120, le naufrage de la « Blanche Nef » jeta le doute sur la sécurité de sa côte et marqua le début du déclin de son port.

    Ce charmant bourg de pêcheurs est reconnu comme l'un des plus beaux villages de France. Les maisons de granit aux toits de schistes s'alignent le long du petit port près de l'église. Ses quais pittoresques et animés sont encombrés de casiers, lignes et filets. Lors du retour des pêcheurs, la débarque des poissons, crustacés et sacs de moule est une curiosité. A marée basse, les bateaux de pêche couchés sur le flanc ou appuyés sur leurs béquilles attendent le flux. Le port entièrement vide de son eau, retranché derrière sa jetée protectrice vit au rythme des marées.

    Les dangereux écueils rocheux qui protègent le port de Barfleur des violentes tempêtes sont aussi ceux qui brisent les coques des navires imprudents.

    La mer règne en maître sur le raz de Barfleur. Nul n'aurait l'idée de la défier un jour de tempête. Les forts courants longeant la côte, provoquent tourbillons et remous redoutés des marins.

    3. La « Blanche Nef »

    Le 25 novembre 1120, pour rejoindre l'Angleterre après un festin copieusement arrosé scellant la réconciliation franco-normande, le roi Henri 1er qui était attendu par un autre navire, fit embarquer à bord de la « Blanche Nef » Guillaume Adelin, son fils unique légitime et héritier de la couronne d'Angleterre accompagné de nombreux jeunes nobles descendant des familles d'Allemagne et de Normandie, en tout quelques 200 jeunes gens.

    A la sortie du port de Barfleur, le navire du roi et la « Blanche Nef » se suivaient. La nuit tombée, la visibilité mauvaise, la mer démontée et l'équipage ayant abusé de la boisson, la « Blanche Nef » se trouva distancée. L'homme de barre, pour rattraper le navire de tête commis une grossière erreur en se dirigeant plein nord au lieu de garder le cap à l'est. La « Blanche Nef » vint s'écraser sur le récif de Quillebeuf dans le raz de Gatteville.

    * Henri 1er Beauclerc, roi d’Angleterre et Duc de Normandie

    La « Blanche Nef » avait fait naufrage à quelques encablures du port de Barfleur, au large de l’île anglo-normande d’Alderney.

    Dans ce naufrage immédiat, dont ni du navire du roi, ni de la terre, on ne s'était aperçu, périrent noyées 193 personnes dont 140 chevaliers.

    Il ne restait au roi d’Angleterre qu’un enfant légitime, une fille nommée Mathilde et mariée à l’empereur Henri V.

    Les circonstances dramatiques de ce naufrage « historique » bouleversèrent l'histoire du 12ème siècle et eurent d'importantes répercutions politiques.

    4. La chapelle des marins et le naufrage de la « Blanche Nef »

    Je suis un bien vieux sanctuaire de 1070, la première église paroissiale pour abriter les premières communautés chrétiennes au temps de Guillaume le Conquérant, duc de Normandie et roi d'Angleterre. Je suis brute, fidèle aux pierres de la grève de Gatteville sans minauderie.

    Il y avait environ 40 ans que j'étais bâtie quand je fus le témoin d'une horrible tragédie qui fit pleurer le roi d'Angleterre de ce temps-là. Le rocher de Quillebœuf et l'effroyable naufrage des enfants d'Henri 1er régnant en cette année de 1120...

    « Ah ! Le traître ». Cette nuit-là en novembre, un vaisseau royal, la « Blanche Nef » quittait le port de Barfleur, chargé de la fine fleur de la cour d'Angleterre réunie autour de Guillaume et Richard, les deux fils du roi Henri. Il n'y eut que quelques très rares rescapés... Figurez-vous que ce naufrage eut une conséquence spirituelle assez curieuse.

    L'année où avait sombré la « Blanche nef », Rotrou, comte du Perche, veuf de Mathilde victime du naufrage, fut surpris alors qu'il naviguait en Manche par un ouragan d'une exceptionnelle fureur ; il se souvint du naufrage qui avait ravi son épouse à son affection. Il fit alors un vœu solennel d'élever une chapelle en l'honneur de Notre-Dame. Il fit donc bâtir un oratoire appelé de nos jours «la trappe».

    5. Verneuil-sur-Avre : une ville active et une étape touristique

    Ville presque millénaire, à mi - distance - 115 km - de PARIS et de Deauville, station balnéaire aussi réputée que St Tropez, Verneuil-sur-Avre est située en Normandie, théâtre du « D Day » et lieu de rendez-vous historique entre Français et Américains.

    Fondée en l’an 1120 par Henri 1er Beauclerc duc de Normandie et roi d’Angleterre, elle était la ville frontière entre le Royaume des Vikings et le Royaume de France. En plus de ses fortifications, elle abrite les célèbres maisons normandes à colombage, de superbes demeures des 16ème et 18ème siècle et la tour de la Madeleine qui domine le paysage.

    Cité importante du Moyen Age à la Révolution elle fut le théâtre d’une bataille aussi connue qu’Azincourt mais encore plus meurtrière. Quatre hôtes de marque y firent escale : l’empereur Napoléon 1er et les Rois Charles VII - souverain de Jeanne d’Arc, Louis XVI - qui fut décapité, Charles X - conquérant de l’Algérie.

    Fief du fameux camembert, du cidre et du calvados, Verneuil est aujourd’hui une ville active de 7000 habitants.

    6. L'histoire de Villedieu-les-Poêles

    L'histoire dit qu'en 1130, Henri 1er Beauclerc, duc de Normandie et roi d'Angleterre, donna aux frères hospitaliers de St Jean de Jérusalem, chassés de la Terre Sainte, un terrain au lieu-dit « Siennêtre ». Ils y établirent la première commanderie de leur Ordre et l'appelèrent « Villedieu ». Dans leur cité munie de nombreux privilèges, ils favorisèrent l'installation d'une colonie de « poesliers ». D'où le nom de Villedieu-les-Poêles.

    La procession religieuse du Grand Sacre commémore cette époque ; tous les 4 ans, elle est suivie par des dignitaires de l'Eglise et par une délégation des Chevaliers de Malte en grand apparat. Lors de la Révolution de 1789, elle fut interrompue. La prochaine aura lieu en juin 2004.

    En 1796, les environs de Villedieu devinrent l'un des principaux foyers de la chouannerie (comme en témoigne le meuble appelé « homme debout »). Le second Empire est une période de prospérité. La grande rue du marché fut élargie et l'hôtel de ville fut construit.

    Epargnée par les bombardements au moment du débarquement à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, Villedieu a pu garder tout son charme de petite cité artisanale avec ses ruelles et cours médiévales, semblables à celles du Mont Saint-Michel ou de la Bretagne.

    Villedieu est une ville de tradition certes, mais aussi tournée vers l'avenir comme en témoigne son récent classement « Ville et métiers d'Art ».

    7. Le château de Falaise 

    * Henri 1er Beauclerc, roi d’Angleterre et Duc de Normandie

    Le château de Falaise

    Le château de Falaise, fondé au 10ème siècle, était une place forte de la capitale du duché de Normandie. C'est dans ce château que Robert le Diable rencontra une jeune lavandière nommée Arlette, en 1027. De cette rencontre naquit, la même année, au château de Falaise, Guillaume le Conquérant. Celui-ci n’apporta pas de modification majeure du château puisqu'il fit transférer la capitale du duché de Normandie à Caen.

    En 1078, Robert II de Courteheuse, fils aîné de Guillaume, se révolta contre son père pour obtenir le duché de Normandie. Ce fut chose faite en 1087, lors du décès de Guillaume, tandis que son frère Guillaume II le Roux, reçut l'Angleterre en héritage.

    Le quatrième fils de Guillaume, Henri 1er Beauclerc, ne reçut aucune terre en héritage, jusqu'au décès de Guillaume II le Roux, qui lui permit de récupérer le royaume d'Angleterre. Il entreprit alors la conquête de la Normandie en 1105 et fit prisonnier son frère Robert II de Courteheuse. Henri 1er Beauclerc devint alors le nouveau propriétaire du château de Falaise.

    Par mariage de lion l'ensemble des possessions de Henri 1er Beauclerc revint aux Plantagenêt. Les rois de France convoitèrent les propriétés continentales des Plantagenêt. En 1204, Philippe II Auguste finit par s'emparer de la Normandie et, en particulier, du château de Falaise qu'il fit fortifier. Les Anglais renonceront officiellement à la Normandie en 1259.

    Pendant la guerre de cent ans, en 1415, après la victoire d'Azincourt, Henri V Plantagenêt s'empara à nouveau du duché de Normandie, et du château de Falaise en 1417. Cette occupation durera jusqu'à la victoire de Formigny en 1450, date à laquelle Falaise et sa région reviendront au roi de France Charles VII qui fut couronné en 1429 avec l'aide de Jeanne-d'Arc. En 1589, les troupes d'Henri IV tenteront d'assaillir le château où les rebelles catholiques se sont retranchés. A partir de cette date le château ne sera le plus utilisé qu'à des fins militaires.

    * Henri 1er Beauclerc, roi d’Angleterre et Duc de Normandie

    8. Le château de Gisors

    Ce magnifique exemple d'architecture féodale du 12ème siècle compte, avec Carcassonne, parmi les deux mieux conservés de France.

    Nous avons peu de renseignements quant à l'occupation de ce camp militaire de trois hectares avant que ne soit élevé le château. Gisors était un point fortifié secondaire, un avant-poste, une ville frontière entre le Vexin français et le Vexin normand, dépendant du château de Neaufles-Saint-Martin (environ 3 km).

    Nous savons aussi qu'à l'origine le château de Gisors était tenu par Thibaud Payen, fils de Hugues de Chaumont (Chaumont-en-Vexin) et que celui-ci fut chassé par Guillaume le Roux qui, en 1097, confia à l'architecte Robert de Bellesme la construction sur ce site d'une forteresse plus importante. De la fin du 11ème siècle il ne reste actuellement que la motte artificielle.

    Pendant tout le 12ème siècle, la Normandie étant devenue anglaise, rois de France et d'Angleterre se sont échangé cette place forte à plusieurs reprises. Ainsi le donjon d'origine, vraisemblablement de plan carré, a été repris en partie dans le donjon octogonal reconstruit en 1124 sous Henri 1er Beauclerc après que Thibaud Payen tentant en 1123 de reconquérir Gisors ait incendié le château. On reconnaît d'ailleurs des fragments de ce premier donjon dans les parties nord de l'actuel.

    Henri 1er Beauclerc a donc fait construire le rez-de-chaussée et le premier étage de ce donjon. Cela se distingue dans le petit appareil de blocage irrégulier très différent de l'appareil régulier et en belle pierre taillée des 2 étages ajoutés par Henri II Plantagenêt.

    A l'origine, on accédait à ce donjon côté nord par une « passerelle » provisoire en bois que l'on brisait facilement, compliquant ainsi l'ascension de la motte pour l'ennemi qui, posté au pied de celle-ci, devenait une proie très vulnérable.

    Un peu plus tard, Henri 1er  Beauclerc fit élever la partie ouest de l'enceinte, Henri II achevant les parties nord et est perfectionnées par la suite.

    De 1145 à 1161, le château revint au roi de France Louis VII, qui semble s'être contenté de l'entretenir sans y ajouter quelque modification que ce soit. De 1158 à 1161, Louis VII confia la surveillance de la forteresse aux Templiers et en 1161 Henri II Plantagenêt le récupéra par subterfuge à l'insu du roi de France. Jusqu'en 1184, Henri II ne cessa ainsi de fortifier le donjon et les remparts qui le protégeaient.

    En 1193, profitant de la captivité de Richard Cœur de Lion, Philippe-Auguste se fit livrer le château par le capitaine Gilbert de Vascoeuil. Sans attendre le retour de son adversaire, il entreprit de gros travaux : construction de la Tour dite « du Prisonnier », remplacement de la Tour du Gouverneur dont il doubla la porte et à laquelle il ajouta une tour ronde : la Tour Blanche.

    Un homme, enfermé au 16ème siècle dans le cachot de la Tour du Prisonnier, y sculpta de superbes bas-reliefs dont le thème principal est celui de la Passion du Christ.

    Pendant la Guerre de Cent Ans, après un siège de trois semaines les Anglais s'emparèrent du château en 1419 où ils siégèrent pendant 30 ans.

    En 1449, Charles VII en reprit possession et procéda à une grande remise en état. C'est à ce moment qu'ont été construites la Tour de Guet du donjon et les casemates couvertes qui longeaient les remparts depuis l'actuelle entrée jusqu'à la Porte des Champs.

    Au 17ème siècle le château servit de base à Henri IV pour maintenir ses communications avec la Normandie. Puis, sur ordre de Sully, la forteresse fut déclassée ; son entretien cessa, son rôle militaire était terminé.

    Vers 1770, une grande vague de misère due à un chômage croissant s'abattant sur Gisors, on décida que chaque hiver « l'atelier de charité » emploierait des ouvriers sans travail à aménager les remparts en promenade, à les planter d'arbres et à les entretenir proprement.

    En 1786, le Duc de Penthièvre fit construire des halles au milieu du parc (démontées en 1920 et remplacées par les parterres gazonnés et fleuris). C'est en 1809 que la ville acheta cet ensemble devenu bien national.

    En 1850, Monsieur Thierry, maire de Gisors, annonçant aux autorités concernées la découverte des « souterrains » encombrés de gravats, demanda une aide financière qui lui fut tout de suite accordée afin de déblayer et mettre en valeur ce trésor inestimable que l'on visite aujourd'hui.

    Après un congrès archéologique qui se tint à Gisors, on décida en 1851 de restaurer en particulier le donjon. Le couronnement des murs fut ainsi repris, le puits curé et remis en eau. Cette exploration permit d'ailleurs de vérifier qu'il faisait 40 mètres de profondeur et de constater que les fondations de ce donjon de 1200 tonnes n'étaient enfoncées que d'un mètre (parfois moins) dans la motte. Mais c'est en 1890 que les travaux de restauration les plus importants eurent lieu, intervenant plus généralement sur le château et son enceinte.

    Après cette restauration, le château de Gisors fut de nouveau maltraité dans les années 1960 par les fouilleurs nocturnes et clandestins qui, cherchant cette supposée chapelle souterraine contenant ce tout autant supposé trésor des Templiers, n'ont pas hésité à piocher dans la motte artificielle. Ce qui devait arriver arriva : sous l'effet du temps et des fortes pluies de 1966, la motte se tassa tout l'automne et c'est le 17 décembre que la tour Saint-Thomas se fendit. Peu à peu, les lézardes s'agrandirent et pour parer à la menace d'écroulement de ce donjon, il fallut reprendre le sous-œuvre. Actuellement la tour Saint-Thomas repose donc sur 15 piles de béton d'un mètre de diamètre et de 27 m de hauteur. Le donjon est sauvé mais à quel prix !

    9. L’abbaye de Mortemer du 12ème siècle

    Au cœur de la hêtraie de Lyons-la-Forêt, blottie au creux d'un vallon, l'abbaye de Mortemer est le témoin d'un passé prestigieux.

    Reçue dans l'ordre de Cîteaux en 1138, l'abbaye prospère rapidement grâce à de généreux donateurs comme Henri 1er Beauclerc, fils de Guillaume le Conquérant, ou Mathilde « l'emperesse ».

    Dès le 12ème siècle, les bâtiments sont si beaux que les rois viennent en visite : Richard Cœur de Lion, Philippe Auguste, Charles le Bel, Saint-Louis,...

    Avec ses ruines romantiques, son colombier et ses boulins, ce site d’exception mérite d’être découvert. Ne dit-on pas qu’il est hanté de personnages de légendes ?

    * Henri 1er Beauclerc, roi d’Angleterre et Duc de Normandie

    10. Le château de Caen

    Au début du 12ème siècle, vers 1120, Henri 1er Beauclerc, roi d'Angleterre depuis 1100, fit édifier la salle de l'Echiquier et le donjon. Le donjon est une tour de plan légèrement rectangulaire de 27,40 mètres selon l'axe est/ouest, sur 24 mètres selon l'axe nord/sud. Les murs ont 4,40 mètres d'épaisseur. Ils sont munis dans les angles et au milieu de chaque face de contreforts plats à double ressaut, comme il est habituel pour les édifices militaires normands de cette époque. Il devait avoir une trentaine de mètres de haut. Quatre niveaux : le premier, au rez-de-chaussée est complètement aveugle pour des raisons de sécurité ; on y entreposait les vivres et les armes, ainsi que le trésor ducal et royal quand le duc roi y séjournait ; le deuxième étage était l'étage noble séparé en deux parties inégales par le mur de refend. Au sud, la grande salle ; au nord les appartements privés. Le troisième étage était réservé à la garnison du donjon. Au quatrième, la plate-forme est composée du chemin de ronde protégé par le crénelage, et des deux parties de la toiture. L'accès se fait par le flanc sud occupé par un avant-corps. La communication entre les étages se faisait par des escaliers compris dans l'intérieur des murs ou par des escaliers intérieurs en bois.

    * Henri 1er Beauclerc, roi d’Angleterre et Duc de Normandie

    Le donjon a un objectif militaire défensif clair. Il est là pour renforcer la défense du seul accès au château en doublant la tour – porte du nord.

    L'Echiquier de Henri 1er Beauclerc est une « aula » beaucoup vaste que l'aula de Guillaume : 30,70 sur 11 mètres. Les murs sont plus épais, de 0,92 à 1,02 mètre. Le bâtiment est à deux étages, une salle d'apparat au rez-de-chaussée, l'étage noble sur plancher au 1er étage. Le vieux bâtiment construit par Guillaume se trouve à angle droit de l'Echiquier. Il aurait continué de servir comme appartements privés. Une porte de la salle de l'Echiquier relie très exactement les deux bâtiments.

    L'ouest de l'enceinte est laissé vide de toute construction. Un moulin était implanté au nord. A l'est une citerne et un silo transformés par la suite en dépotoir, une cuisine, un four à pains avec plusieurs foyers.

    Henri 1er Beauclerc transforme la résidence fortifiée de son père en une forteresse où l'énorme donjon donne immédiatement une impression de puissance et de force. En 1182, il y réunit une cour composée de plus de 1000 chevaliers, défiant alors le jeune roi de France Philippe Auguste, incapable à la même époque de réunir semblable assistance.

    Malgré cet aspect imposant, le château possède de nombreux points faibles qui feront que Philippe Auguste le prendra sans coup férir en mai 1204.

    11. L’abbatiale Saint-Georges de Boscherville et la chapelle des Chambellans

    Par la charte de 1113, Henri 1er Beauclerc, duc de Normandie et roi d'Angleterre, autorise les Bénédictins de St Evroult en Ouche sous couvert de Guillaume de Tancarville à construire une abbatiale.

    De 1113 à 1140 fut donc édifiée cette église en style roman. La pierre utilisée fut le calcaire régional dit « de Caumont ». Le parti pris des Normands d'avoir des nefs largement éclairées fut obtenu par de grandes fenêtres hautes.

    De plan bénédictin (en forme de croix latine), orienté vers l'est, avec transepts largement marqués contenant tous deux une tribune, ce qui est classique en Normandie, comme est fréquente la tour lanterne élevée à la croisée du transept (arcs ogifs reposant sur des têtes de pères abbés).

    Par ailleurs le chœur est assez petit, suffisant pour contenir la trentaine de moines que comptait l'abbaye. L'abside est de forme arrondie couverte par un quart de sphère soutenu par les grosses nervures du début 12ème siècle. Avancée technique à l'étage où les charges reposent sur des piliers détachés du mur et dégageant ainsi le passage des moines dans une grande élégance.

    A l'extérieur, il faut noter en limite nord du domaine les restes du logis des Tancarville (Raoul de Tancarville, chambellan de Normandie) qui présentait au rez-de-chaussée une vaste salle de réception, les appartements privés tant à l'étage et communiquant avec la chapelle du 13ème siècle : chapelle privée des Tancarville, desservie par un chapelain indépendant de l'abbaye.

    A.  B.

    Bibliographie

    Lyon Cross Arthur

    A History of England and Greater Britain

    New York, Macmillan, 1917

    Guide de Tourisme MICHELIN

    Normandie - Vallée de la Seine - Page 19

     

    Neveux François

    La Normandie des ducs aux rois, 10ème – 12ème siècles

    Rennes, Ouest-France, 1998


    Favier Jean

    Dictionnaire de la France médiévale

    Paris, Fayard, 1993


    Henri 1er Beauclerc, roi d'Angleterre, duc de Normandie, seigneur de Domfront.

    Le Domfrontais médiéval, XII, 1992

     

    Maurice Philippe

    Guillaume le Conquérant

    Editions Flammarion, Grandes Biographies, 2002


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  • Groupe 2

    Répertoire 45 : Henri BEAUCLERCQ (1923 – 1976)

    Les descendants de JEAN BEAUCLERCQ (né probablement vers 1730)

    époux d'Isabelle Scohy ( ? –  ? )

    Les descendants de JEAN JACQUES BEAUCLERCQ (1753 – 1833)

    époux de Marie C. Henri (? – 1817)

    Les descendants de CHARLES BEAUCLERCQ (1780 – 1827)

    époux d'Anne Richir (1787 – 1875)

    Les descendants de CHARLES BEAUCLERCQ (1818 – ?)

    époux d'Anne Perniaux (1822 – ?)

    Les descendants de LEOPOLD BEAUCLERCQ (1854 – 1922)

    époux de Clémentine Stassin ( ? –  ? )

    Les descendants d'ERNEST BEAUCLERCQ (1895 – 1960)

    époux de Rosa Maghe (1897 – 1939)

    Les descendants d’HENRI BEAUCLERCQ (1923 – 1976)

    époux de Raymonde Nitelet (?  –  1976)

     

    Madame Evelyne BEAUCLERCQ (née en 1948)

    commis à l'Office national des pensions, domiciliée à Bruxelles, 

    Palmes d'Argent de l'Ordre de la Couronne, avec effet rétroactif au 15/11/1997.

    Pas de domicile connu !

     

     

     

     

     

     


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  • Groupe 2

    Répertoire 44 : Valère BEAUCLERCQ (1931 – 1991)

    Les descendants de JEAN BEAUCLERCQ (né probablement vers 1730)

    époux d'Isabelle Scohy ( ? –  ? )

    Les descendants de JEAN JACQUES BEAUCLERCQ (1753 – 1833)

    époux de Marie C. Henri (? – 1817)

    Les descendants de CHARLES BEAUCLERCQ (1780 – 1827)

    époux d'Anne Richir (1787 – 1875)

    Les descendants de CHARLES BEAUCLERCQ (1818 – ?)

    époux d'Anne Perniaux (1822 – ?)

    Les descendants de LEOPOLD BEAUCLERCQ (1854 – 1922)

    époux de Clémentine Stassin ( ? –  ? )

    Les descendants d'ERNEST BEAUCLERCQ (1895 – 1960)

    époux de Rosa Maghe (1897 – 1939)

    Les descendants de VALERE BEAUCLERCQ (1931 – 1991)

    époux de Georgette Poncin (1933 – 1996)

    1. Madame Nicole BEAUCLERCQ (10 juillet 1951), épouse Giovanni PARISI

        nicole.beauclercq@facebook.com

        Rue de l'Eglise 111                                                                                Sur Facebook !

        6230 Pont-à-Celles                                                                               071  84 27 17

     

    2. Madame Chantal BEAUCLERCQ (5 mars 1956), épouse Daniel BAUWENS

        Rue de l'Eglise 148

        6230 Pont-à-Celles                                                                               071  84 68 40

     

    3. Monsieur Serge BEAUCLERCQ (27 août 1958) 

        serge.beauclercq@skynet.be

        Rue Paul Hulin 27 / 1

    6180 Courcelles                                                                                                            071 17 68 84

         Divorcé de Madame Brigitte SPELTIENS (5 avril 1964)

         & leurs enfants :

                                                            1. Céline BEAUCLERCQ (31 mai 1986) épouse Nicolas MAYEUR

                                                                       celinebeauclercq@hotmail.com  Sur Facebook !

                                                                       Rue des Sablières 132                                0497 79 25 32

                                                               6200 Chatelet                                              071 96 62 40

                                                               & leur fille Mélyne Mayeur (26/03/2015)

                                                                   2. Denis BEAUCLERCQ (20 mars 1992)

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                                                                En couple avec Audrey Colon

                                                                Domicilié à 6180 Courcelles      ?? 071  84 47 65 ??

     


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