• 3. 2. L'enceinte de Bruxelles du 13ème siècle

    L’enceinte de Bruxelles datant du 13ème siècle

     Sommaire de ce deuxième article (3. 2.)

    L’enceinte de Bruxelles à partir du 12ème siècle

    Epoque d’édification

    Aspects des premiers remparts

    La muraille

    Les tours

    Les portes

    Plan de Bruxelles en 1572

    Les guichets

    L’enceinte de Bruxelles à partir du 12ème siècle

    3. 2. L'enceinte de Bruxelles du 13ème siècle

    Plan de Bruxelles en 1174

    1. Eglise collégiale et paroissiale des saints Michel et Gudule

    6. Château du Coudenberg

     

    Ce plan, établi par Guillaume Des Marez, montre le tracé de l’enceinte probablement achevée au 13ème siècle :

    3. 2. L'enceinte de Bruxelles du 13ème siècle

    Plan de Bruxelles au 13ème siècle d'après G. Desmarez 

    A remarquer :

     

    1

    Le castrum désaffecté

    14

    L’hôpital Saint-Jacques

    2

    Les « steenen »

    15

    Le château du Coudenberg

    3

    L’église Saint-Nicolas

    16

    Le manoir du Duc

    4

    La boucherie

    17

    La chapelle Saint-Jacques-sur-Coudenberg

    5

    La Halle aux draps

    18

    Hospice Terarken

    6

    La Halle au pain

    19

    Chapelle Saint-Michel

    7

    La Maison des Brasseurs

    20

    L’hôpital Sainte-Gertrude

    8

    L’Etoile

    21

    Les étangs du parc

    9

    De Meerte

    22

    Des marais convertis en fossés de défense

    10

    Den Berg

    à

    11

    Le port et le débarcadère

    26

    12

    La grue

    27

    L’étang du Sablon

    13

    L’Eglise Sainte-Catherine

     

     

     

    L’époque de l’édification

    De quand date l’édification de cette enceinte que nos manuels d’histoire qualifient de « première » ?

    Marcel Vanhamme se fie à la tradition pour avancer que la muraille aurait été bâtie à partir du milieu du 11ème siècle.

    Léon Van Neck opte pour l’année 1040 en ce qui concerne la décision prise par le comte Lambert II de la Maison de Louvain d’entourer la ville d’une enceinte en pierres massives.

    L’édification daterait « Post annum 1040 » d’après J.B. Grammaye  et en 1044 selon le « Luyster van Brabant » !

    Mina Martens donne comme limites temporelles « avant 1063 – 1100 ». Elle souligne ainsi qu’il est donc possible que plusieurs décennies aient été nécessaires à la construction de ce rempart.

    Roel Jacobs cite trois actes datant de 1134, 1138 et 1141 et en déduit que l’enceinte doit dater d’avant 1134.

    Tout porte à croire que l’enceinte urbaine de Bruxelles, entièrement terminée, remonte à 1100 et qu’elle est de toute façon postérieure à l’édification du château du Coudenberg qui, lui, fut construit entre 1041 et 1047.

    Paul Bonenfant a établi avec précision les données historiques présidant à l’élévation de ces murs mais il a éprouvé quelque scrupule à les dater du règne de Lambert II. Seul, en définitive, ce prince lui parut susceptible de prendre une telle mesure et d’en poursuivre largement l’exécution, compte tenu de l’aide qu’elle apportait à sa politique belligérante. Il semble bien que le parachèvement ait été accompli sous la direction de son successeur, Henri II.

    Aujourd’hui, la relecture de certains documents d’archives, de récentes fouilles archéologiques fructueuses permettent de situer la construction de la première enceinte dans la première moitié du 13ème siècle. Il est vraisemblable que c’est grâce à un accord passé entre les autorités urbaines et le duc de Brabant, Henri 1er (1190 – 1235), que l’on doit le lancement du chantier. La construction de cette enceinte a pu s’étaler sur de nombreuses années, voire décennies et peut-être même jusqu’à la fin du 13ème siècle. La plupart des historiens semblent à présent d’accord pour considérer ce travail comme achevé dans son ensemble à l’avènement de Jean 1er le Victorieux, soit en 1267.

    Aspects des premiers remparts

    Les premiers éléments de l’enceinte qui furent établis sous le règne du duc de Brabant Henri 1er ne constituèrent pas directement une enceinte murale. En effet,  ses constructeurs tinrent compte au maximum des fossés et étangs existants et vraisemblablement aussi du nombre d’habitants aptes à occuper l’enceinte en cas de siège. 

    Roel Jacobs estime que les remparts ont été tracés de façon intelligente car les murs orientés de l’est à l’ouest ont été élevés systématiquement le long des ruisseaux qui descendaient vers la Senne. Les pentes de ces vallées naturelles ont été surélevées puis les murs y furent bâtis. Même si ceux-ci semblent encore assez bas aujourd’hui, le tout formait quand même pour l’époque une fortification assez imposante.

    On peut donc imaginer facilement la constitution de ces premiers remparts : comme partout ailleurs, ce furent d’abord des talus, façonnés avec la terre provenant du creusement des fossés ainsi que des palissades qui ont très probablement rempli le rôle d’écran protecteur. Les nombreux marécages qui entrecoupaient notre sol devaient aussi contribuer puissamment à défendre notre vallum.

    Toutefois l’édification de portes en pierre fut un des premiers soucis des constructeurs. Ces portes, au nombre de sept, occupaient les chemins qui rayonnaient vers les villes voisines.

    Bientôt, aux endroits dont l’expérience militaire avait démontré la faiblesse, le rempart de terre laissa alors place à un mur en pierre.

    Enfin, sous l’impulsion des progrès réalisés par l’art militaire, c’est un mur dont le développement total dépassait 4 km qui finit par encercler la cité tout entière.

    Cette première enceinte de la ville de Bruxelles, longue d’environ 4 km, appartient au type des enceintes sur arcades. Il s’agit d’un monument de terre et de pierre. Ses fondations sont constituées de piles quadrangulaires espacées d’environ 4 mètres, reliées entre elles par des arcs, le tout étant enterré dans un talus de terre. Au-dessus se développe un mur de courtine régulièrement percé d’ouvertures de tir et doublé d’une seconde série d’arcades supportant le chemin de ronde supérieur protégé par un parapet crénelé.

    La tête du talus devait être suffisamment large du côté intérieur pour permettre de circuler le long du mur et d’avoir accès aux archères qui perçaient le mur à intervalles réguliers correspondant à chaque arcade.

    Sur le pourtour du rempart, à intervalles plus ou moins réguliers, des tours en fer à cheval ouvertes à la gorge font saillie sur le mur. Elles sont percées, à chaque étage, de trois archères, deux latérales selon l’axe du rempart qu’elles protègent et une troisième suivant leur axe de symétrie.

    Abordons à présent  la composition de l’enceinte murale.

    La muraille

    Le tracé plus ou moins ovale de cette muraille se trouvait en majeure partie logiquement étiré sur le versant oriental de la vallée de la Senne puisque c’est dans cette direction que la ville s’était développée.

    Ce tracé nous est bien connu car il figure en effet sur une carte gravée par Hogenberg en 1572 ou sur celle dressée par Jacques de Deventer entre 1550 et 1554 à une époque où la première enceinte subsistait en entier.

    Mina Martens nous en donne une description très précise :

    « Le rempart proprement dit, d’une hauteur moyenne de 7 mètres, était surmonté d’un chemin de ronde de 1 m 70 de large protégé par des merlons de 52 cm d’épaisseur, le tout prenant appui sur de hautes arcades de plein-cintre de 5 mètres d’ouverture et de 1 mètre de profondeur, séparées par des montants de 1 m 90 de largeur. Le mur du fond des grandes arcades était percé, dans l’axe, par une archère largement ébrasée vers l’intérieur au-dessus du niveau d’un terre-plein occupant chaque arcade et reposant sur une voute en berceau surbaissé constituée de moellons grossièrement assemblés ».

    René Dons précise que le mur avait une épaisseur moyenne de 84 cm mais de 2 mètres 21 en y comprenant les arcades cintrées. De distance en distance s’élevait une tour. On en comptait une vingtaine au total mais les historiens ne sont pas tous d’accord à ce sujet. L’enceinte était percée de sept portes principales et de cinq portes secondaires désignées sous le vocable « guichets ». L’ensemble de ce dispositif était précédé d’un large fossé mis en eau dans le bas de la ville.

    Les tours

    En se fiant à J. B. Grammaye, on a longtemps cru que la première enceinte de Bruxelles comprenait 8 portes et 24 tours. « En réalité, nous dit Léon Van Neck, elle comportait 7 portes et une cinquantaine de tours ! » Mina Martens quant à elle évalue le nombre de tours à une quarantaine maximum. Un examen minutieux du plan de Bruxelles dressé par Braun et Hogenberg en 1572 ou de celui établi par Martin de Tailly en 1640 permet de confirmer cette dernière estimation.

    Tous les cinquante mètres, les tours permettaient une protection maximale du mur. Elles avaient une forme générale en fer à cheval qui faisait saillie sur le mur. Elles étaient hautes de deux étages. Chaque niveau était percé de trois meurtrières et de deux ouvertures menant au chemin de ronde. Au sommet de la tour, une terrasse était cordée d’un parapet à créneaux et à merlons.

    A l’origine, les tours n’étaient pas couvertes, mais peu à peu, des toitures sont venues protéger leurs nouvelles affectations comme réserves et dépôts communaux.

    Les portes

    Implantées sur les axes de circulation qui reliaient Bruxelles aux villes voisines, les portes se présentaient sous la forme d’un passage couvert entre deux tours rapprochées et coiffé d’une toiture à deux pentes. Le passage débouchait sur un pont qui franchissait le fossé.

    A partir de la fin du Moyen Age, les portes ont également accueilli de nouvelles fonctions, notamment le dépôt d’archives ou de matériel. Elles ont aussi eu le rôle de prisons, surtout à l’époque des guerres de religion du 16ème siècle.

    3. 2. L'enceinte de Bruxelles du 13ème siècle

    L'emplacement des sept portes au 13ème siècle

    1. Porte de Pierre ou Steenpoort
    2. Porte Saint-Jacques ou d’Overmolen
    3. Porte Sainte-Catherine
    4. Porte de Laeken ou Porte Noire
    5. Porte aux Herbes Potagères ou Warmoespoort
    6. Porte Sainte-Gudule ou Porte du Treurenberg
    7. Porte du Coudenberg

    3. 2. L'enceinte de Bruxelles du 13ème siècle

    Plan de Bruxelles en 1572

    Extrait de l’ouvrage intitulé Civitates orbis terrarum, publié par Braun, avec planches de Hogenberg

    Sept  portes fortifiées défendaient les accès de la ville. Ces portes principales nous sont connues par l’iconographie uniquement. Elles se présentent sous la forme d’un passage couvert entre deux tours rapprochées. Ces portes urbaines étaient bâties sur les voies partant de Bruxelles et conduisant vers les localités voisines. Chaque porte était défendue par un bâtiment massif, crénelé, percé d’une porte et de petites ouvertures. 

    1. LA PORTE SAINTE-GUDULE

    Cette porte avait deux noms : Porte Sainte-Gudule ou Porte du Treurenberg. Cela se comprend aisément parce qu’elle était située à proximité de l’église Sainte-Gudule, sur le Mont des Pleurs. Les marchands franchissaient la Porte Sainte-Gudule pour aller vers Louvain et Cologne. Elle fut utilisée comme prison pour dettes au 16ème siècle et fut démolie en 1760.

    2. LA PORTE DU COUDENBERG

    La Porte de Coudenberg donnait accès à la direction de Namur. Située dans la montée de la rue de Namur actuelle, au carrefour de la rue Bréderode, elle fut également appelée «Porte de Froid-Mont». Par cette porte repartaient les marchands flamands qui avaient séjourné à Bruxelles et qui se rendaient en Wallonie. Elle fut également démolie en 1760.

    3. LA PORTE DE PIERRE

    3. 2. L'enceinte de Bruxelles du 13ème siècle

    La Steenpoort se dressait dans l’axe de la rue Haute, sur le tracé actuel du boulevard de l’Empereur, à peu près à égale distance de l’actuelle rue des Alexiens et de la rue de l’Escalier. L’aspect de la Steenpoort ressemble à celui des autres portes de l’enceinte et nous est connu par quelques sources iconographiques anciennes qui nous montrent un bâtiment quadrangulaire, flanqué vers l’extérieur de deux tours en demi-cercle, coiffé d’une toiture à deux versants s’appuyant sur deux pignons, massif avec des hauts murs percés dans le haut de quelques fenêtres grillagées. Le bâtiment était traversé en son milieu par un passage couvert fermé par deux vantaux de bois.

    Cette construction puissante, dans le style des forteresses belges de son époque, tournait son immense porte comme un défi vers le faubourg déjà remuant de la rue Haute. Elle donnait accès vers le quartier de la Chapelle et le faubourg de Saint-Gilles (Obbrussel) puis vers, Forest, Uccle, Alsemberg et Halle.

    Plus tard on l’appela également « Porte de la Prison ». Elle était située dans l’ancienne rue Steenpoort très courte mais aujourd’hui disparue. Elle servit aussi de prison aux étrangers délinquants et aux vagabonds

    La Steenpoort, qui n’était autre que l’une des sept portes principales de la première enceinte, a rempli le rôle de prison criminelle bruxelloise, très probablement du 15ème au 18ème siècle. Elle était toujours bondée de criminels de tous acabits, et en particulier les braconniers de la forêt de Soignes. La Steenpoort était une prison horrible. Selon G. Des Marez mais aussi Jacques Dubreucq, dans la tour secondaire, également appelée «la Pyntorre», se pratiquaient tous les raffinements de tortures de ces siècles délicats. Ces historiens n’ont  cependant avancé aucune preuve de telles affirmations. Sur un diplôme datant de 1326, une indication nous renseigne que les bourgeois de Bruxelles ne pouvaient être incarcérés qu’à la Steenpoort, ce qui tendrait à prouver que cette porte aurait déjà pu servir de prison au 14ème siècle.

    La Steenpoort fut démolie en 1759. L’étroitesse de son couloir gênait la circulation des voitures et charrettes entre la rue Haute et le centre de la ville. Mais déjà on n’y enfermait plus les prisonniers car ses murs délabrés et disjoints avaient trop facilité les évasions. Un de ses derniers prisonniers connus aurait été François Anneessens.

    La  Steenpoort

    3. 2. L'enceinte de Bruxelles du 13ème siècle

    Plan de quartier : la Steenpoort est entourée d'un cercle.

    1. Rue Steenpoort et la Porte de Pierre (Steenpoort)
    2. Rue d’Or
    3. Rue de l’Escalier
    4. Rue de Rollebeek
    5. Grand Sablon
    6. Rue Haute
    7. Eglise de la Chapelle
    8. Rue des Alexiens
    9. Rue des Ursulines
    10. Rue du Saint-Esprit

    4. LA PORTE SAINT-JACQUES

    Longeant la rue du Marché au Charbon, le chemin inférieur conduisait à la Porte d’Outre Moulin ou Overmolenpoort. La Porte d’Overmolen était également appelée « Porte Saint-Jacques » ou Porte du Moulin supérieur. Elle était située au carrefour du Marché-au-Charbon et de la rue du Bon Secours et menait vers Anderlecht, Mons et Paris. La route de Paris menait jusqu’en Galice, dans le nord de l’Espagne, à Saint-Jacques de Compostelle, haut lieu de pèlerinage.

    Elle doit probablement son nom de « Saint-Jacques » au fait qu’il existait près de cet endroit en deçà du rempart la chapelle Saint-Jacques ainsi qu’un hospice Saint-Jacques qui accueillait les pèlerins venus de Flandre et qui se rendaient à Compostelle en passant par cette porte vers Anderlecht où ils rendaient hommage à saint Guidon. Elle fut abattue en 1574.

    Au 17ème siècle, ces bâtiments ont fait place à l’église Notre-Dame de Bon Secours.

    5. LA PORTE SAINTE-CATHERINE

    La Porte Sainte-Catherine était située au bout de la rue Sainte-Catherine, à l’entrée de la place Sainte-Catherine actuelle et menait vers Alost, Gand, Bruges et la Flandre. Cette porte avait la même utilité que la Porte du Coudenberg : elle laissait pénétrer dans la ville les marchands flamands venus du Nord-Ouest de nos contrées.

    6. LA PORTE DE LAEKEN

    Après la Grande Île, un peu plus large que la place Saint-Géry actuelle, la route militaire, ainsi désignée par G. Des Marez, rejoignait le port de la Senne par la rue du Pont de la Carpe et la rue des Poissonniers. Au port, elle croisait la route marchande Bruges-Cologne. Là débutait la rue de la Vierge Noire, très courte, qui conduisait à la Porte Noire.

    Ouverte en direction de Laeken, de Malines et d’Anvers, la Porte Noire ou Lakenpoort ou Zwartepoort se situait au bas de la rue de l’Évêque, là où se trouve le Parking 58 actuel. La route vers le nord suivait ensuite la Senne et traversait Vilvorde et Malines.

    7. LA PORTE AUX HERBES POTAGÈRES

    Enfin, la Warmoespoort, également désignée sous le vocable de Porte aux Herbes Potagères menait au potager de la ville et à l’Orsendael, le vallon des chevaux.  P. Combaz la situe rue Montagne-aux-Herbes-Potagères, au bout de la rue du Fossé-aux-Loups, c’est-à-dire devant l’entrée du parking de la Banque Nationale. Elle subsista jusqu’en 1872.

    Très basse et très peu défendue, elle facilitait l’entrée des maraîchers. Au-delà de cette porte, le chemin s’est appelé plus tard la rue du Marais, peut-être en souvenir du passage de ces maraîchers, à moins qu’un marais ait effectivement existé à cet endroit, ce qui n’est pas prouvé.

    C’est par cette porte que les maraîchers de Schaarbeek pénétraient dans la cité. La rue de la Poste prolongée par la rue de Schaerbeek et rejoignant enfin la rue du Marais formaient probablement l’Ezelswech ou chemin des Ânes. Il faut préciser qu’à cette époque l’âne était utilisé de façon courante pour transporter les produits agricoles.

    C’est par cette porte qu’Everard t’Serclaes et une centaine d’hommes ont pénétré dans la ville en 1356 pour délivrer Bruxelles occupée par les troupes flamandes du comte de Flandre Louis de Male.

    Toutes les portes ont disparu. Seuls quelques vestiges furent mis à jour lors de fouilles archéologiques récentes.

    Les guichets

    Outre ces portes de la ville et les points de passage de la rivière, les remparts permettaient encore l’accès à la ville par d’autres endroits, des portes secondaires appelées guichets ou poternes parfois aussi dénommés « viquets ». Ces guichets étaient des portes moins importantes, inaccessibles au grand trafic. Il semble logique de les considérer comme des portes pour piétons.

    C’est Jean d’Osta qui nous fournit l’explication du mot « viquets ».

    A propos de la rue Finquet ou rue Finquette, premier tronçon de la rue des Chartreux entre la rue des Poissonniers et la rue Saint-Christophe, Jean d’Osta nous dit qu’il s’agit du nom francisé au 18ème siècle de la rue que les Bruxellois nommaient « Vinket », «Vincket» mais aussi « Viquet » sur certains plans des années 1830 à 1850, altération du néerlandais « Wicket » ou « Winket » qui a donné en français « guichet », le W germanique étant généralement devenu G en français.

    Jean d’Osta confirme que les guichets étaient des poternes ou petites portes dérobées donnant sur le fossé de l’enceinte.

    Ce sont :

    1. Le Guichet ou Poterne du Loup (Swolfswiket)

    La poterne de Wolf était une petite poterne, petite porte réservée aux usages militaires selon Léon Van Neck. Au-delà de cette poterne, l’enceinte était précédée d’un fossé plein d’eau, le Wolfsgracht, où fut établie la rue du Fossé-aux-Loups, appellation vicieuse car le nom du fossé était dû au sieur Jean Wolf, propriétaire de terrains dans ce quartier. Le Viquet du Loup se trouvait à peu près à hauteur de l’actuel immeuble Philips près de la place de Brouckère entre deux portes de la ville : la Porte de Laeken et la Porte-aux-Herbes-Potagères.

    2. Le Guichet de Ruysbroeck

    Dans le bas de la rue de Ruysbroeck, à l’emplacement actuel d’une petite galerie couverte débouchant sur l’ancienne place de la Justice, les remparts venus de la Steenpoort dessinaient un angle droit pour escalader le Coudenberg. Là se trouvait le guichet du Ruysbroeck.

    3. Le Guichet aux Herbes Potagères

    Ce viquet appelé également «Waermoes wijket»  barrait la Montagne-aux-Herbes-Potagères, un peu en arrière des anciens Bains Saint-Sauveur, donc entre la « Warmoespoort » et la Porte du Coudenberg.

    4. Le Guichet de Driesmolen

    Combaz et A. de Behault situent ce viquet près du Vieux Marché-aux-Grains pratiquement au carrefour actuel de la rue Saint-Christophe et de la rue des Chartreux. La rue des Chartreux s’appelait à l’origine rue du Guichet et menait au guichet du Moulin du pré ou Driesmolen.

    5. Le Guichet du Lion

    D’après Marcel Vanhamme, le guichet du Lion portait plusieurs noms : Sleeuwswiket ou Wiketum Remorum en latin. Sur certains documents il s’appellerait aussi Guichet des Ramesdes Drapiers ou des Châssis ! Mais cet historien ne fournit aucune explication au sujet de ces appellations.

    La rue des Sœurs-Noires, c’est-à-dire la rue de la Grande Île actuelle, était fermée, en son milieu, par la Poterne du Lion.

    Lors de la démolition d’immeubles en bordure de la rue de la Grande Île, à l’emplacement probable de l’ancienne Leeuwe Poorte ou Guichet du Lion, démoli en 1594, les vestiges d’une arcade de soubassement (claveaux en grès lédien) ont encore été aperçus en 1972 mais trop rapidement comblés pour éviter tout retard dans la poursuite des travaux !

    3. 2. L'enceinte de Bruxelles du 13ème siècle

    A cet endroit, selon l’avis du Professeur Paul Bonenfant, l’enceinte urbaine ne fut rien d’autre que le rempart remanié du castrum primitif. Une similitude des matériaux utilisés viendrait confirmer cette opinion.

    Marcel Vanhamme signale également l’existence d’un Guichet des Bogards (Bogaerdenwiket) et d’un Guichet de Priem (Priemswiket) mais ne donne aucune indication quant à leur localisation ou leur fonction.

    Dans un ouvrage d’Alexandra De Poorter consacré au quartier des Riches-Claires, Stéphane Demeter, attaché aux Musées royaux d’Art et d’Histoire, apporte quelques précisions à propos de la « Priemspoort ». Le terme « Priemspoort » doit être interprété comme une grande maison, sans doute en pierre, bien qu’elle ne porte pas le nom de « steen ». Il s’agit de l’habitation d’un grand bourgeois drapier du nom de Jean Priem.

    Cette maison et les terrains qui y étaient attachés occupaient une partie du site de l’Oude Borch (actuel quartier des Riches-Claires), en retrait de la voirie de la Grande-Île, dans l’axe de la rue des Teinturiers. Elle n’était pas adossée à l’enceinte.

    Il ne s’agit donc pas d’une ouverture dans la muraille et aucune confusion n’est possible avec une porte ou un guichet.

    La « Priemspoort » et ses dépendances furent cédées en 1481 à la congrégation des Frères de la Vie Commune qui contribuèrent à la naissance de l’humanisme chrétien. Ces Frères qui vivaient en communauté sans prononcer de vœux ni porter l’habit monastique eurent une action essentiellement tournée vers l’enseignement.

    Précisons pour terminer ce chapitre que l’ensemble de ce rempart du 13ème siècle était percé de meurtrières, surmonté de créneaux et parcouru par un chemin de ronde. De petits ruisseaux marécageux tels le Ruysbroeck et le Rollebeek, le marais du Warmoes, les lagunes du Coudenberg… renforçaient naturellement la défense.

    A. B.

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