• * Un peu d'histoire !

     

    Avant de visiter la cathédrale de Chartres :

    un peu d'histoire !

    * Avant de visiter la cathédrale de Chartres : un peu d'histoire !

    Les premiers cultes sur le site de CHARTRES

    Sans parler des époques préhistoriques qui ont laissé des traces, Chartres était déjà connue avant l'ère chrétienne. En effet, des découvertes fortuites et des fouilles ont prouvé que le sanctuaire chrétien a pris la place d’un sanctuaire païen. L’Eglise pensait très sagement qu’elle devait rester fidèle aux lieux sacrés, où, depuis des siècles, les foules païennes avaient l’habitude de se réunir, et qu’il suffisait de les purifier en les consacrant à la religion nouvelle. C’est ainsi qu’elle sanctifia les pierres levées en les surmontant du signe de la croix et qu’elle donna le nom des saints aux fontaines.

    Avant la conquête romaine, selon les auteurs romains, la Beauce était peuplée par la tribu des « Carnutes », une tribu celte, qui lutta désespérément contre les légions de César. Leur principale cité, Carnutum civitas, était établie autour d’une grotte d’où coulait une source. Il n’est pas interdit d’imaginer les jeunes filles celtes à la recherche d’un mari venant se baigner dans cette source puisque les druides honoraient dans ce lieu « la vierge qui doit enfanter », Virgini pariturae. Il semble que cette agglomération carnute ait été l’une des principales métropoles druidiques.

    Influence de la guerre des Gaules

    L'œuvre de César, « la Guerre des Gaules », nous permet de mieux comprendre qui étaient les druides. Les druides s’occupaient des affaires de la religion, présidaient les sacrifices publics et privés, réglaient les pratiques religieuses. Les jeunes gens venaient en foule s’instruire auprès d’eux et on les honorait grandement.

    Ce sont les druides qui tranchaient presque tous les conflits entre particuliers. Chaque année à date fixe, ils tenaient leurs assises en un lieu sacré, dans le pays des Carnutes qui passe pour occuper le centre de la Gaule.

    Le point essentiel de leur enseignement, c’est que les âmes ne périssent pas, mais qu’après la mort elles passent d’un corps dans un autre. Ils pensaient que cette croyance était le meilleur stimulant du courage parce qu’on n’a plus peur de la mort.

    En outre, ils se livraient à de nombreuses spéculations sur les astres et leurs mouvements, sur les dimensions du monde et celles de la terre, sur la nature des choses, sur la puissance des dieux et leurs attributions, et ils transmettaient ces doctrines à la jeunesse.

    Contrairement aux idées reçues, il n'y a pas de lien prouvé entre un culte druidique et l'implantation du christianisme dans l'ancien pays carnute.

    En revanche, des groupes de croyants et même des martyrs ont certainement précédé l'installation d'une église institutionnelle dont les premiers évêques ne sont pas apparus avant le 4ème siècle, tel Gantaume accueillant Saint Martin, évangélisateur de la Gaule, dont la venue parait bien attestée vers la fin de cette époque.

    Il y a eu autrefois dans la crypte de la cathédrale de Chartres un puits profond qui paraît en expliquer l’origine. Son eau avait, disait-on, des pouvoirs merveilleux et, au Moyen Age, les malades venaient lui demander la guérison.

    Ce puits a été retrouvé en 1901. Les historiens y ont reconnu un antique puits celtique qui a très probablement toujours eu un caractère religieux au point d’attirer les foules bien avant l’apparition du christianisme en Gaule. L’eau bienfaisante, fille de la terre et du ciel, fut en effet une des religions de la Gaule. Ce puits a été momentanément comblé au 17ème siècle par un clergé peu favorable aux pratiques de la religion populaire.

    Au même endroit s’est ensuite élevé un temple gallo-romain où l’on vénérait une statue de déesse - mère. A l’avènement du christianisme, les prédicateurs voyaient dans cette effigie une préfiguration de la Vierge. Il semble que les premiers évangélisateurs de la Gaule dont quelques-uns, sous Dioclétien, furent précipités dans la source, purent détourner l’attention publique de l’idole druidique au profit de l’hommage dû à la Vierge Marie, mère du Christ, puisque dès le 3ème siècle, une chapelle fut édifiée dans la grotte de Chartres. La statue de « Notre-Dame sous terre » passa ensuite dans tous les édifices qui se succédèrent sur ce site primitif.

    Les chrétiens firent donc à Chartres ce qu’ils avaient déjà fait si fréquemment ailleurs : ils édifièrent une église dans un lieu consacré par le paganisme au culte des eaux. Une évangélisation précoce permit l’érection d’une première église dès la fin du 4ème siècle. Très tôt placée sous le vocable de la Vierge, elle fut toujours reconstruite, en dépit de plusieurs destructions.

    Entre les 3ème et 5ème croisades, la chrétienté connut une période de succès. Partout des édifices religieux fleurirent à la gloire de Notre-Dame et une chose paraît certaine, c’est que, de bonne heure, la Vierge fut particulièrement vénérée à Chartres.

    Influence du druidisme

    Certains prétendent qu’il n’y a jamais eu de tertre sacré, ni de forêt carnute, ni de statue ancienne ni de puits sacré, et encore moins de dolmen, se basant sur le fait que nous n’avons jamais eu connaissance d’un culte préchrétien à Chartres et que le Moyen Age n’en a jamais parlé.

    D’autres affirment au contraire que c’est sur ce lieu consacré, qu’un siècle avant Jésus-Christ, les druides érigèrent un autel et y placèrent une statue avec cette célèbre inscription : « VIRGINI PARITURAE » (A la vierge devant enfanter). 

    Le tertre de Chartres aurait été un lieu de pèlerinages depuis la nuit des temps puisque la légende locale mentionne le culte de la « Virgo Paritura » des Druides et celui de la Vierge Noire. Coïncidence des mots ou volonté suprême, la déesse terre qui enfante la vie a pour nom Ana, fort proche du nom de la mère de Marie (Anna). Pour expliquer cette croyance, il faut avoir recours à une tradition primitive qui a été transmise à nos premiers parents et par eux à tous leurs descendants.

    Au regard de Chartres, comment ne pas imaginer que les druides y aient établi leur demeure, même si l’on y voit aucun vestige de leurs logements ? Se trouvaient-ils à l’endroit même ou aux environs de la cathédrale actuelle ? Est-ce là que se trouvait le bois sacré où ils tenaient leurs cérémonies ? Faut-il croire ce que nous ont dit les druides ? Ils étaient savants et connaissaient les secrets de la nature. Mais étaient-ils à Chartres... là où est maintenant la cathédrale ? Nul ne peut l’affirmer à ce jour.

    Lieu de régénération spirituelle certes, le tertre est également un lieu physiologique par les effets géobiologiques, telluriques et cosmiques de cette structure construite entre Ciel et Terre, sur la Wouivre des Celtes.

    Une autre légende locale, non contrôlée à ce jour, dit que 14 rivières taillées de mains d’hommes, identiques à celles de Saint Jacques de Compostelle, convergent sous l’autel primitif.

    Quoi qu’il en soit, le site occupé actuellement par la cathédrale de Chartres est un « Locus Fortis », un lieu fort, un lieu d’initiés. S’il n’y a rien de magique à y découvrir, il y a par contre un phénomène bien connu de tous les scientifiques qui s’y manifestent, c’est l’effet de pointe.

    Lorsque dans la plaine de Chartres ressort un éperon rocheux, la foudre a tendance à prendre cette pointe comme paratonnerre. La fréquence plus importante des éclairs sur ce promontoire fera que les habitants croiront que Dieu s’y manifeste plus souvent et donc le préfèrent. Ils y feront des offrandes puis y construiront des autels et enfin des temples.

    A l’origine, le tertre de Chartres fut sans doute un lieu sacré, alors sans construction, mais les morts n’y ont jamais été enterrés. Ce fut longtemps un lieu de « passage » des pèlerins qui voyageaient « de l’Orient vers l’Occident », vers les deux pointes de celui-ci, les deux « Fins de Terre » ou « Finistère » : de Bretagne en passant par le Mont Saint Michel, « passeur d’âmes » souvent représenté en « peseur d’âmes », comme Thot ou Hermès, tous médiateurs entre Dieu et les hommes ; d’Espagne, en passant par Saint Jacques de Compostelle, le « Compostella », c’est-à-dire le champ des Etoiles.

    Les fouilles archéologiques

    Les édifices qui ont précédé l'actuelle cathédrale de Chartres sont connus par des textes et des études archéologiques mais aussi par les vestiges matériels qui demeurent en place et que les fouilles ont permis de mieux connaître.

    La première basilique, datée du 4ème siècle, marque la manifestation de la ferveur catholique après l'introduction du christianisme au 3ème siècle. Elle fut implantée sur le lieu du puits des Saints-Forts, source considérée comme miraculeuse et vraisemblablement emplacement d'un culte païen dédié à Isis, mère d’Horus.

    La première basilique fut incendiée en 743 par Hunald, duc d'Aquitaine. Mais un nouvel édifice fut vite reconstruit, lui aussi détruit en 858, par un incendie allumé cette fois par les Vikings.

    Une réplique exceptionnelle

    A l’époque carolingienne, la cathédrale de Chartres devait être le centre le plus célèbre du culte marial dans le nord  de la France car Charles le Chauve, petit-fils de Charlemagne, en 876, lui fit présent d’une relique exceptionnelle, précieuse entre toutes : la Sancta Camisa ou Voile de la Vierge qu’il avait reçu de l’impératrice Irène de Constantinople.

    Cette relique, longtemps connue comme « chemise » ou « tunique » de la Vierge, est encore présente de nos jours dans le Trésor de la Cathédrale et aurait, selon la tradition, appartenu à la mère du Christ.

    Donnée par l'empereur de Constantinople à Charlemagne, elle avait d'abord été conservée à Aix-la-Chapelle avant d'être transportée à Chartres. Elle devint dès lors l’ornement principal de l’église, conservée dans une précieuse châsse dont elle n’était sortie que dans des occasions très rares. On vit ainsi, en 911, les habitants et leur évêque, portant la « sainte chemise » comme étendard, s’opposer aux Vikings qui assiégeaient la ville et contribuer à leur déroute !

    La possession de cette Tunique de la Vierge accrut encore le rayonnement de Chartres et y attira des foules considérables imitées bientôt par les puissants et les lettrés intéressés par l’enseignement qu’y répandait l’évêque Fulbert au 11ème siècle.

    Plus tard, on put constater que la « chemise » était en réalité un voile de soie semblable, de l'avis des spécialistes, à ceux que portaient jadis les femmes de Jérusalem à l'époque du Christ. Le « Voile de la Vierge » fut partiellement détruit en 1793.

    Les premières églises

    A l’emplacement de la grotte – la crypte de l’église d'aujourd’hui – une seconde chapelle fut donc détruite en 858, lors des invasions normandes. L'évêque Gislebert entreprit la reconstruction d'une nouvelle église. Il en profita pour agrandir l'assise et enjamber le rempart gallo-romain en implantant l'abside au-delà. La déclivité du terrain l'obligea à ménager un étage intermédiaire, une « crypte », éclairée par des fenêtres. C'est encore un incendie, dû à la foudre qui, en 1020, détruisit l’église carolingienne. Cette catastrophe, au lieu de décourager l’évêque Fulbert, lui fit concevoir le projet d'une nouvelle cathédrale, aussitôt entreprise.

    De l’église du 9e siècle subsiste toujours le caveau Saint-Lubin, autour duquel l’évêque Fulbert fit construire un édifice déjà magnifique soutenu par la crypte romane. C'est celui dont les vestiges sont les parties les plus anciennes de la cathédrale actuelle : la crypte et le narthex avec sa façade à trois portails sculptés et ses deux tours. Ces éléments faisaient partie de l'édifice sans transept, partiellement incendié au début du 12ème siècle avec l'Hôtel Dieu contigu et une grande partie de la ville.

    Le narthex et la base des deux tours datent en effet de cette campagne de reconstruction, de même que le célèbre Portail royal, repère capital de l'histoire de la sculpture par référence à ceux d’Étampes, de Bourges et du Mans.

    La cathédrale fut consacrée en 1030 par l’évêque Fulbert. Le clocher Sud fut érigé un peu plus tard. Mais cet édifice fut encore atteint à deux reprises par le feu, partiellement en 1134 et plus gravement en 1194. Le désastre ne fut que partiel puisque les tours et la façade du 12ème siècle furent épargnées. L’évêque Renaud de Mouçon entreprit aussitôt de rebâtir un nouvel édifice plus beau que le précédent.

    Sous le règne du roi Philippe-Auguste et soutenus par un grand courant populaire, les travaux de reconstruction de la cathédrale de Chartres commencèrent en 1194, trois jours après l’incendie du 10 juin, après que le voile de la Vierge ait réapparu. Ils avancèrent très rapidement car les dons affluaient et les compétences techniques stimulées par les nombreux chantiers gothiques de la fin du siècle.

    Épargnée, la façade actuelle servit donc de base à la reconstruction de la cathédrale que nous connaissons aujourd'hui et que l'univers entier va reconnaître comme le chef-d'œuvre de l’art gothique.

    Le reste de la cathédrale actuelle fut construit en partie grâce aux largesses des princes et des bourgeois, mais la Beauce étant le grenier à blé de la France, et par conséquent une région très riche, l’argent nécessaire fut aussi fourni par les fidèles, les pèlerins et les corporations de métiers. Les offrandes de ceux qui détenaient la richesse et le pouvoir abondèrent mais la générosité des plus pauvres contribua aussi à l'embellissement du sanctuaire par le travail de leurs mains. La cathédrale fut terminée pour l’essentiel en 1223. C'est le huitième centenaire de cette reconstruction qui a été fêté en septembre 1994.

    Histoire de la partie basse de la cathédrale

    Située au cœur de la Beauce – encore aujourd’hui considérée comme le grenier à blé de la France – région rurale essentiellement agricole, très riche, il n’est pas surprenant d’y trouver un édifice aussi prestigieux que la cathédrale de Chartres. Ce qui explique sa présence, c’est d’une part l’influence économique du lieu de négoce et d’échange commercial (foires) qu’était Chartres, et d’autre part l’influence religieuse que ce lieu a exercée au moins dès l’époque gallo-romaine.

    Entre le 4ème siècle et le 9ème siècle, nous savons qu’il y a eu deux églises, mais dont nous n’avons aucune trace tangible. Peut-être y a-t-il autre chose en dessous mais aucune information vérifiable ne permet de l’affirmer. Sous la cathédrale subsiste un mur romain du 4e siècle visible dans la crypte carolingienne du 9ème siècle. Au-dessus, celle du 11ème siècle : effet gigogne d’édifices religieux qui s’appuient les uns sur les autres en une continuité intéressante !

    Il y a eu des catastrophes mais à chaque fois il y eut reconstruction. Après chaque incendie, une nouvelle cathédrale était remontée, plus haute que la précédente et prenant sur elle son appui. Il en est des constructions comme de l’homme. Il faut s’appuyer sur ce qu’ont fait les anciens pour pouvoir progresser.

    La construction de la cathédrale Notre-Dame et son évolution

    Durant la reconstruction, un nouvel élan de foi se manifesta, touchant toutes les classes du monde médiéval. Les pèlerinages reprirent avec un enthousiasme renouvelé. Les rois, les princes, se succédaient à Chartres, reçus en grande pompe, enrichissant le trésor de la cathédrale, mais les foules populaires n’étaient pas en reste et venaient honorer la Vierge en arborant l’image de la « chemise ». Souvent logés dans la cathédrale même, les pèlerins participaient aux cérémonies dont les plus spectaculaires jalonnaient le calendrier marial.

    En 1215, selon le témoignage de l'historiographie du roi, Guillaume le Breton, les voûtes étaient achevées, ainsi que l’essentiel du gros œuvre en 1220. L’ajout des portails nord et sud étant terminé vingt ans plus tard, la construction a donc été extrêmement rapide et les teintes des vitraux témoignent de l'homogénéité de conception.

    Pendant quarante années, les travaux de décoration et d’aménagement intérieur se poursuivirent. La cathédrale fut consacrée, le 17 octobre 1260 par Pierre de Maincy, 73ème évêque de Chartres, en présence du roi Louis IX (Saint Louis). C’est cette rapidité qui assure au grand œuvre et à la décoration une unité presque unique dans le style ogival. Le massif occidental épargné a été repris dans l'édifice du 13ème siècle, mais des fouilles ont prouvé qu'il a été déplacé, remonté à deux mètres en retrait par rapport à son implantation initiale.

    La cathédrale du 13ème siècle est celle que nous connaissons aujourd'hui. Les recherches en cours sur la datation des bois insérés dans les maçonneries par la dendrochronologie permettent de préciser la chronologie exacte du chantier de construction.

    Son plan en croix latine, son élévation à trois étages, ses voûtes d'ogives à doubleaux et formerets, déterminant la forme des piles de la nef, en font l'un des exemples de l'architecture gothique à ses débuts. Le dallage de la nef a conservé un labyrinthe exécuté en pierre noire, au centre duquel était scellée une plaque précisant sans doute le nom du maitre d'œuvre. Il est malheureusement le plus souvent dissimulé sous de nombreuses chaises !

    A l'extérieur, pour équilibrer la poussée des voûtes, un système de gros contreforts et d'arcs-boutants montent jusqu'à la base des toitures, en deux volées superposées, d'épaisseur décroissante.

    C'est cette cathédrale qui sera dotée d'une série de vitraux, selon la tradition inaugurée à Saint-Denis, qui en font aujourd'hui en partie la célébrité. A l'exception de huit verrières du chœur, déposées au 18ème siècle, et de quatre verrières du transept détruites en 1791, tous les vitraux de Chartres datent du Moyen Age. « Notre-Dame-de-la-Belle-Verrière » et les vitraux de la façade occidentale sont les plus anciens ; ils datent du 12ème siècle et sont des vestiges épargnés par les flammes de la basilique de Fulbert. La plupart des autres vitraux datent, eux, du 13ème siècle, tout comme les deux portails latéraux qui possèdent un décor sculpté d'une qualité exceptionnelle.

    Les siècles suivants verront l'édification d'extensions liées à l'évolution du culte et de la liturgie :

    • la sacristie, construite à la fin du 13ème siècle, entre le croisillon nord et l'abside, avec un escalier en vis ;
    • la salle capitulaire, surmontée de la chapelle Saint-Piat, construite entre 1325 et 1335, reliée un peu plus tard à la cathédrale par un escalier de pierre couvert par une galerie ;
    • la chapelle Vendôme, construite en 1417 entre deux contreforts de la nef, côté sud ;
    • le clocher nord enfin, œuvre du maître maçon Jehan de Beauce, du 14ème siècle, dont les cloches sont reliées à l'horloge du pavillon édifié en même temps sur le côté nord de la cathédrale.

    Les progrès se trouvèrent compromis par les conséquences des guerres de religions et le pays chartrain affecté par les luttes opposant les catholiques au parti protestant. 

    Solidement installée derrière ses remparts, la ville subit deux sièges successifs. Le premier, en 1568, ne permit pas aux Huguenots du Prince de Condé de s'emparer de la cité qui connut, en 1591, un nouveau blocus conduit cette fois par Henri de Navarre. Celui-ci était devenu entre temps le prétendant légitime au trône de France en raison du décès, sans postérité du roi Henri III.

    A la suite de péripéties animées, la ville fut conquise et le nouveau roi, lui ayant pardonné sa résistance, choisit la cathédrale de Chartres pour s'y faire couronner, après avoir abjuré le protestantisme. La cérémonie du sacre eut lieu le 27 février 1594 et le nouveau roi, connu désormais sous le nom d’Henri IV, commença un règne de grande sagesse, marqué par la prospérité de la France et la tolérance religieuse.

    Notre-Dame de Chartres retrouva une fois encore ses grands pèlerinages et la faveur des foules chrétiennes. Comme par le passé, les grands de ce monde continuèrent à lui apporter également leurs hommages et à implorer le pardon de leurs fautes.

    Cette situation se maintint tout au long du 17ème siècle mais, au siècle suivant, commença à se manifester une lente désaffection qui devait trouver son épilogue à l’époque révolutionnaire interrompant pour longtemps l’expression de la foi religieuse. Malgré le retour du culte, il fallut attendre la fin du 19ème siècle, après la guerre de 1870, pour que renaisse un grand sentiment de dévotion mariale.

    En 1836, un incendie accidentel détruisit l'ancienne charpente de bois mais épargna les vitraux. L'architecte Baron proposa et exécuta un comble incombustible : une charpente en fonte de fer et une couverture de plaques de cuivre. C’est l’oxydation de ces plaques qui donne à la toiture une teinte verte qui fait aujourd'hui l'une des singularités de la cathédrale Notre-Dame de Chartres.

    Deux grands noms de la littérature ont beaucoup fait par la suite pour l’illustration de la cathédrale de Chartres. Huysmans fut le premier : il publia en 1898 un ouvrage intitulé « La cathédrale » qui trouva un grand écho dans le monde intellectuel et dont François Mauriac a pu dire qu’il « avait réintroduit Chartres dans la vie spirituelle française ».

    Charles Péguy, le grand poète tombé au début de la première guerre mondiale, fit plus encore en écrivant un long poème intitulé « Présentation de la Beauce à Notre-Dame ». Renouvelant l’antique pèlerinage pédestre, il entreprit lui-même en 1912 et 1913, une marche devenue célèbre de Paris à Chartres.

    Chartres est devenu un lieu symbolique regroupant les catholiques respectant la ligne traditionaliste et se conformant aux idées directrices du pape Jean-Paul II. Chaque année un rassemblement de jeunes y est organisé à la Pentecôte.

    Chartres accueille aujourd'hui beaucoup plus de visiteurs qu'autrefois. Si tous ne peuvent être assimilés à des pèlerins, un grand nombre d’entre eux sont toujours animés des sentiments de respect et de foi dont témoignaient leurs prédécesseurs.

    Les acteurs et les destinataires

    L'histoire chartraine est avare en renseignements concernant les responsables de la construction. Il s'agit essentiellement d'une entreprise collective, comme ce temps en fut coutumier. Les architectes de la cathédrale de Chartres furent sans doute ces Bénédictins qui, au 12ème et au 13ème siècle, étaient établis dans la ville.

    Les constructeurs de Chartres furent incontestablement les croyants qui venaient en foule des régions éloignées pour participer aux travaux, tandis que des souscriptions étaient recueillies dans toute l’Europe. Les rois de France, d’Angleterre, de Danemark comptaient parmi les bienfaiteurs de la cathédrale.

    Les principaux acteurs étaient, d’une part, les évêques et d’autre part, le chapitre. Dès la fin du 12ème siècle, sa puissance politique et financière grandit et les chanoines, qui jouissaient de privilèges et d'une richesse considérable, furent de plus en plus influents.

    Les bâtisseurs, Compagnons de Maître Jacques entre autres, marquaient leur travail de marques lisibles, sur chacune des pierres, sur la face qui allait être cachée lors de la pose.

    De l’étoile à cinq branches en passant par la feuille de chêne et la pédauque, connue sous le nom de patte d’oie mais qui symboliquement représentait l’Arbre de vie, puisant ses racines dans le ciel, toutes ces marques permettaient à l’ouvrier, celui qui faisait œuvre, de percevoir son salaire.

    S’il y avait de nombreux bénévoles, nous avons quelques estimations du nombre de professionnels :

    • 150 travailleurs bâtisseurs à l’extérieur comme carriéristes et manœuvres qui utilisaient de la pierre parcheminée de Berchères-les-Pierres pour le gros œuvre, tel que le pavement. La pierre de Berchères est un matériau lourd, dur, au grain irrégulier.
    • 150 travailleurs intérieurs, charpentiers, maçons et tailleurs de pierre. Ces derniers, pour les sculptures d’extérieur, utilisèrent la pierre de Chantilly pour la façade, alors qu’au nord et au sud ils préférèrent la pierre de Vernon-sur-Eure.

    La pierre de Chantilly est un liais provenant de carrières échelonnées le long de l’Oise non loin de Paris. Il s’agit d’une variété de calcaire compacte, dépourvu de cavité, à grains fins et serrés. Elle est tout à fait indiquée pour réaliser des ouvrages qui requièrent une grande finesse d’exécution.

    • 100 spécialistes dirigeaient les travaux sous la coupe d’un maître d’œuvre.

    Histoire de la partie haute de la cathédrale

    La cathédrale du 4ème siècle a été construite sur le tertre de Chartres et a pris le relais du paganisme, culte de Gaennès, comme ce fut le cas à Saint-Clément de Rome avec le culte de Mithra. Logique du christianisme, qui aux premières heures, n’avait aucune raison de rejeter globalement l’ancien culte !

    Les paroisses naissantes durent longtemps faire face aux invasions germaniques aux 5ème et 6ème siècles, nordiques jusqu'au 10ème siècle. Mais l’Eglise affirma néanmoins sa prépondérance comme le montre le rôle dévolu à l'évêque Ganselme en 911, lorsqu'il repoussa, à la tête des habitants de Chartres, la dernière attaque des Normands contre la ville.

    Le paganisme était encore très présent lorsque s'installèrent les premiers établissements monastiques. Saint-Père de Chartres, Bonneval, Coulombs et plus tard la Trinité de Vendôme, seront le conservatoire des sciences et des arts, en même temps que le ferment de la foi chrétienne.

    Cela ne faisait qu'anticiper l'action de grands évêques, comme Fulbert qui, au début du second millénaire, témoignait de son humanisme et de sa volonté d'enseigner. « L'Ecole de Chartres » fut un temps considérée comme un haut lieu de l'esprit.

    Plusieurs de ses successeurs l'imitèrent, s'attachant à réformer la liturgie et à discipliner leurs prêtres. Malheureusement d'autres furent plus soucieux d'avantages matériels que d'idéal spirituel. Un grand retour de foi et de générosité coïncida avec l'époque des croisades. Le « Livre des Miracles de Notre-Dame » nous en fournit maints exemples et témoigne du renouveau du culte de la Vierge.

    La partie haute de la cathédrale est expliquée par les incendies de 1134, 1194, 1506 et 1836. En 1134, la cathédrale de Fulbert, dans sa partie avant, aurait probablement été endommagée partiellement par le feu en même temps que les maisons de la ville dont beaucoup étaient en bois. Il y avait auparavant, une tour porchée, identique à celle de Saint Benoît sur la Loire, mais qui n’existe plus. A la suite de cet incendie, deux salles basses et deux tours ont été construites.

    En 1194, le 10 juin, est-ce la foudre qui a détruit la cathédrale de Fulbert, à l’exception de la partie en construction ? Toujours est-il qu’elle fut reconstruite en une trentaine d’années, ce qui en fait un ensemble parfaitement homogène d’architecture gothique.

    En 1506, un incendie provoqué par un orage détruisit la charpente du clocher roman. Jehan de Beauce, à la Renaissance, l’a reconstruit en élevant la flèche octogonale à 115 m de haut. Un soleil sur la croix éclaire la lune sur l’autre clocher.

    En 1836, un incendie accidentel détruisit la charpente en bois, « la forêt », et la couverture en plomb. Cloches et beffrois disparurent dans les clochers à l’exception du « timbre » du clocher de Jehan de Beauce.

    Chartres était un lieu de passage et de halte sur le Chemin de Compostelle. Un haut lieu de pèlerinage, un grand lieu commercial et de culture, où l’on venait de toute l’Europe au 10e siècle suivre les cours dispensés par les Ecoles de Chartres ouvertes par les évêques. Clercs et laïcs y reçurent un enseignement supérieur.

    Au Moyen Age, les gens dit analphabètes ne savaient peut-être pas lire des livres, mais ils savaient lire ce qui leur était montré au travers du symbolisme universel. Tout ce qui est montré ici, n’est pas un hasard, car dans cette Cathédrale, chaque partie renvoie au tout et le tout à chaque partie, au travers d’un chemin sans fin, à l’image de la vie. Peut-être est-ce pour cela que les Evêques n’ont jamais été enterrés dans la Cathédrale. Peut-être est-ce une allusion à la fameuse phrase d’Hermès Trismégiste :

    « Tout ce qui est en bas est comme ce qui est en haut

    Et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas,

    Pour accomplir les miracles d’une seule chose ».

    Le nombre de statues est important, mais leur organisation l’est également.

    Les guerres de religion, la Révolution et les deux guerres mondiales ont épargné la cathédrale de Chartres. Seul l’incendie de 1836 a ravagé la magnifique charpente des combles qui fut remplacée par une charpente métallique.

    Aujourd'hui l'une des plus célèbres du monde, Notre-Dame de Chartres, plantée comme un épi de blé géant au centre de la Beauce, est un témoignage de foi collective, de ténacité, d’enthousiasme, de génie de l’art du 13ème siècle, témoignage qui a défié le temps.

    L'histoire de la cathédrale en quelques dates

    Vers 350 : la première cathédrale date probablement de cette époque mais il n’en subsiste aucune trace archéologique. Le premier évêque s’appelait Aventin.

    Au 6ème siècle, une cathédrale mérovingienne fut construite. Il en reste quelques vestiges sous le chœur.

    En 743, l’édifice existant fut incendié par Hunald, duc d'Aquitaine. Une autre cathédrale fut érigée sur le même emplacement.

    12 juin 858 : destruction par les Vikings suivie d’une reconstruction en style carolingien dont il reste la crypte Saint-Lubin.

    876 : don de la relique de la Vierge par Charles le Chauve, peut-être à l'occasion de la dédicace de la cathédrale reconstruite.

    962 : dégâts causés par les troupes de Richard de Normandie. Les réparations furent effectuées par l'architecte Teudon.

    Dans la nuit du 7 au 8 septembre 1020 : l’église fut détruite par un incendie accidentel. L’évêque Fulbert inaugura le chantier de la cathédrale romane, une des plus prestigieuses d’Europe et dont il reste aujourd’hui l’église basse, de 220 mètres de long.

    1020 – 1024 : construction de la grande crypte, qui existe toujours.

    17 octobre 1037 : dédicace de la cathédrale qui avait été commencée par l'évêque Fulbert en 1020.

    5 septembre 1134 : la ville fut détruite par grand incendie mais qui n'atteignit pas la cathédrale. Toutefois, on projeta une nouvelle façade.

    1134 (probablement) : fondations de la tour nord.

    1142 : fondations de la tour sud.

    1142 - 1150 environ : construction de la partie centrale de la façade.

    Vers 1150 – 1155 : réalisation des trois vitraux de la façade.

    1170 au plus tard : le clocher sud est terminé avec sa flèche.

    11 juin 1194 : tout comme une grande partie de la ville, la cathédrale de Fulbert est accidentellement détruite par un terrible incendie. Elle renaîtra de ses cendres en une trentaine d’années.

    1194 - 1233 environ : construction de la cathédrale actuelle, en style gothique, avec les portails et les proches du transept. Mise en place des 176 vitraux, vers le premier tiers du 13ème siècle.

    1250 – 1260 : construction de la sacristie, achèvement des pignons du transept et couverture des escaliers à vis, réalisation de la galerie des rois à la façade occidentale et construction du haut étage carré sur la tour nord du 12ème siècle.

    24 octobre 1260 : dédicace de la cathédrale.

    1323 – 1358 : construction de la salle capitulaire, surmontée de la chapelle Saint-Piat, qui reçoit alors ses vitraux.

    1417 environ : construction de la chapelle Vendôme, décidée en 1413.

    26 juillet 1506 : la flèche de charpente du clocher nord est foudroyée et prend feu.

    24 mars 1507 - 5 août 1513 : construction du clocher flamboyant par Jean de Beauce.

    1514 – 1529 : construction de la clôture du chœur par Jean de Beauce. Huit groupes du côté nord et douze du côté sud sont alors en place, avec leurs baldaquins. Continuation des groupes et des baldaquins en plusieurs étapes jusqu'en 1718.

    1763 : destruction du jubé et projet d'aménagement du chœur.

    1773 : mise en place du maître-autel.

    1788-1789 : mise en place des bas-reliefs du chœur.

    4 juin 1836 : un incendie accidentel détruisit tout le comble supérieur qui sera remplacé par une charpente métallique terminée en 1841.

    1er juin - 6 novembre 1918 : dépose de tous les vitraux (sauf les panneaux de bordure indépendants), qui furent remplacés par des toiles jaunâtres. La repose fut terminée en décembre 1924.

    26 août - 5 septembre 1939 : dépose totale des vitraux, remplacés par du vitrex. La repose fut terminée le 13 octobre 1948.

     

    LA CATHÉDRALE NOTRE-DAME DE CHARTRES EN QUELQUES CHIFFRES

    3 portails composés chacun de 3 porches sculptés, uniques en Europe.

    Plus de 2 000 m2 de vitraux des 12ème et 13ème siècles principalement.

    C’est une véritable encyclopédie chrétienne de pierre et de verre faite pour un peuple qui ne savait ni lire ni écrire.

    Les 3 verrières de la façade ouest, magnifiées par la lumière, et le Portail royal, montrent, inscrite sous nos yeux, toute la pensée religieuse de l’époque.

    Cet ensemble rappelle l’importance et le rayonnement extraordinaire des Ecoles de Chartres à travers toute l’Europe médiévale.

     

    Une relique, le « Voile de la Vierge », offerte en 876 par l’Empereur Charles le Chauve,

    a conduit des milliers de pèlerins du monde entier jusqu’à Notre-Dame.

    Préservée lors de l’incendie de 1194, elle a stimulé l’enthousiasme des foules pour la reconstruction de l’édifice gothique.

     

    Principales dimensions de la cathédrale

     

     

    Dimensions

    Observations

    Cathédrale

    Longueur totale

    130 m 20

    chapelle Saint-Piat

    non comprise

    Hauteur totale

    51 m

    jusqu’au faite

    du toit

    Hauteur de la voûte

    37 m 50

     

    Transept

    Longueur

    65 m

     

    Largeur

    13 m 99

     

    Nef

    Largeur de la nef

    16 m 40

    prise d’axe en axe des piles

    Largeur totale de la nef

    32 m 80

    avec ses bas-côtés

    Largeur totale du chœur

    46 m 80

    avec ses doubles bas-côtés

    Hauteur de la grande fenêtre occidentale

    10 m 94

     

    Diamètre de la rose occidentale

    12 m 18

    moulure extérieure non comprise

     

    A. B.

     

    Suggestions de lecture

    Visite de l'extérieur de la cathédrale de Chartres

     

    Visite de l'intérieur de la cathédrale de Chartres

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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