Depuis que la chute de l'empire romain a fait place à l'épanouissement du christianisme occidental, oratoires, églises et cathédrales se sont érigés sur les mêmes endroits sacralisés par les anciens.
Les bâtisseurs se sont organisés en confréries structurées et puissantes : maîtres d'œuvre, compagnons maçons, charpentiers, tailleurs de pierre, imagiers nous ont transmis leur message spirituel par l'utilisation de l'espace, de la lumière et de la couleur.
Parmi leurs patrons et financiers figuraient les Templiers, grande puissance spirituelle et temporelle. Les Chevaliers Templiers, connus également sous le nom de l’Ordre du Temple, constituent l'un des plus connus et en même temps l'un des plus mystérieux ordres de chevalerie.
La fondation de l'Ordre du Temple est postérieure à la création du premier royaume franc en Palestine : cet ordre militaire et religieux a été fondé en 1118 à Jérusalem lorsque les Pauvres Chevaliers du Christ ont pris le nom de Chevaliers du Temple ou Templiers.
En deux siècles, à partir de 1130, ils ont bouleversé l'histoire de l'Orient et de l'Occident.
L'ordre fut dissout au début du 14ème siècle sous le règne de Philippe le Bel.
L'image que nous avons encore aujourd'hui des Templiers provient sans doute de la légende du trésor des Templiers.
L'histoire de l'Ordre du Temple est très énigmatique. De nombreux historiens et auteurs continuent de nous rapporter leur approche des énigmes, des mystères, de l'ésotérisme et de la tradition de l'Ordre du Temple.
Le but de la présente synthèse est d’essayer de replacer les Templiers dans leur contexte historique, de présenter les événements de la manière la plus objective possible en écartant des détails trop fantaisistes.
Depuis la conversion de Constantin 1er, Jérusalem avait eu à subir de nombreuses profanations de la part de ceux que l’on qualifiait d’infidèles. Les Occidentaux rencontraient de plus en plus d'obstacles pour visiter les lieux saints.
Le 7ème siècle vit la conquête de la Palestine par les Arabes ou Sarrasins. Ce fut l'épreuve la plus pénible pour la chrétienté. Les pèlerins à leur retour de Terre Sainte, relataient les vexations et les sacrilèges dont ils avaient été témoins ou victimes. La population de la Judée chrétienne était réduite à la servitude, frappée d'un lourd tribu, bannie de ses temples transformés en mosquées et enfin obligée de cacher et de faire disparaître les emblèmes extérieurs de son culte.
Le pape Sergius IV avait adressé une lettre au clergé et aux princes pour les engager à secourir leurs frères d'Orient, et quelques années auparavant, en 1002, Sylvestre II s'était écrié : « Soldats du Christ, levez-vous ! Il faut combattre pour lui ».
On voyait déjà poindre là, la première idée des croisades. Une expédition, composée de Pisans, de Génois et de sujets d'un roi d'Arles, prit la mer et alla débarquer sur les côtes syriennes. Elle y causa quelques dommages mais sans véritablement s'avancer dans ce pays. Cette mini expédition, eut pour effet de faire cesser les persécutions infligées aux pèlerins ainsi qu'aux chrétiens d'Orient.
Le chemin que suivaient les pèlerins pour se rendre à Jérusalem traversait des territoires sous l'autorité des Turcs et les principales villes comme Ephèse, Nicée, Tharse, Antioche, Edesse… Dans ces villes, le culte catholique romain n'avait pas le droit de se produire au grand jour. En 1008, Hakem ordonna la destruction du Saint-Sépulcre. Il ne fut rebâti que sous le califat d'Al-Mostansa-Billah en 1047. Conquis peu à peu par les Turcs Seldjoucides, l'Orient allait bientôt changer de maîtres. Les envahisseurs turcs allaient conquérir peu à peu la Perse, la Syrie et la Judée.
70 ans plus tard, un appel à la guerre sainte retentit de nouveau dans le monde chrétien.
En 1095, soit une vingtaine d'années plus tard, les envahisseurs furent chassés à leur tour. Jérusalem fut reprise après un siège de 40 jours. La Judée retomba sous le joug des califes d'Egypte.
Pour les pèlerins, rien n'avait changé : ils restaient exposés à toutes les servitudes et les portes de ville sainte ne s'ouvraient que pour ceux qui pouvaient payer une pièce d'or.
En 1093, Pierre l'Ermite, entreprit le voyage de Jérusalem. L'esprit illuminé par la méditation et la pénitence, il eut un jour une révélation alors qu'il priait devant le Saint-Sépulcre. Il quitta alors la Palestine, traversa la mer et alla rencontrer le pape Urbain II qui, après l'avoir écouté, le chargea d'appeler les peuples à la guerre sainte.
Il parcourut la plus grande partie de l'Europe, voyageant sur une mule, un crucifix à la main, les pieds nus, la tête découverte, le corps ceint d'une corde, couvert d'un long froc et d'un manteau d'étoffe la plus grossière. Il communiqua à tous les cœurs, le zèle ardent qui le dévorait. Le peuple se pressait en foule sur les traces de ce prédicateur qui fut reçu comme un envoyé de Dieu.
Urbain II, encouragé par ces élans de foi et par les sollicitations pressantes de l'empereur Alexis de Commène, convoqua un concile le 14 novembre 1095 à Clermont. Ce concile débuta le 18ème jour du même mois. L'appel d'Urbain II s'adressait surtout aux hommes de guerre. Par contre, une foule de non combattants et de pèlerins fut galvanisée par ce projet.
Pierre l'Ermite avec sa fougue d'illuminé, parla en premier. Il exposa les misères de l'Eglise d'Orient. Après lui, le pape prit la parole et appuya son allocution enflammée des arguments politiques et de la religion.
Alors tous, barons, chevaliers, prélats, clercs, artisans et laboureurs attachèrent sur leurs habits une croix rouge. Chacun mit la croix rouge à son épaule ; les étoffes, les vêtements rouges furent mis en pièces et n'y suffirent pas. Il y en eut même qui s'imprimèrent la croix avec un fer rouge. De là le nom de « croisade » que porta la guerre sainte et de « croisés » donné à ceux qui y prirent part.
Le premier des princes qui se croisa fut Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse. Il avait déjà conduit une expédition contre les musulmans d'Espagne.
Le concile fixa le départ de la croisade pour l'Ascension de l'année suivante. Mais le peuple n'attendit pas pour se mettre en route que les chefs de la croisade eussent organisé leurs forces. Une première armée, gens de tout âge et de tout sexe, de pauvres et de serfs, se mit en marche dès le 8 mars 1096, sous la conduite d'un pauvre chevalier bourguignon Gauthier Sans Avoir. Elle fut bientôt suivie par une seconde troupe tout aussi dépourvue de discipline. Elle avait à sa tête Pierre l'Ermite.
C'est au total environ 100 000 hommes qui se trouvaient rassemblés devant Constantinople. L'empereur Alexis de Commène se hâta de se débarrasser de ces hôtes devenus indésirables par leur indiscipline en leur fournissant les vaisseaux nécessaires pour traverser le Bosphore.
Au moment même où ces pèlerins campaient devant Constantinople, les premières troupes de soldats croisés se lançaient sur les routes menant vers la capitale byzantine. Cette armée comptait l'élite des hommes d'armes. Elle se divisera en trois corps pour ne pas épuiser les pays qu'elle traversait.
Le premier corps composé de Flamands et de Lorrains fut placé sous les ordres de Geoffroy de Saint-Omer. Le second corps, composé de Normands et de Bourguignons eut pour chef le comte Hugues de Vermandois et le troisième d'Aquitains et de Provençaux, fut commandé par le comte Raymond IV de Toulouse.
Tous les chefs qui l'entreprirent étaient renommés par leurs hauts faits. Ils commandaient des hommes aguerris et habitués à la discipline, bien équipés, pourvus de guides et de vivres. Ils étaient environ 100 000 cavaliers et 300 000 gens de pied.
En y ajoutant les femmes, les enfants, les vieillards, les moines et les valets de toute sorte, cela faisait plus de 600 000 personnes qui s'élançaient vers Jérusalem. Alexis de Commène qui les avait appelés s'effraya à leur vue. Au bout de plusieurs mois d'attente, en mars 1097, cette armée passa le Bosphore de Thrace et se dirigea vers Nicée.
La ville de Nicée fut le premier objectif des croisés, la capitale du sultanat Seldjoucide de Roum. Située à un endroit stratégique important, sa prise était nécessaire afin d'assurer le succès de toute avance en territoire turc.
Geoffroy de Saint-Omer, accompagné de Tancrède, Robert de Flandres et Hugues de Vermadois arriva à Nicée le 6 mai 1097. Le siège commença le 14 mai 1097. Le 21 mai, le sultan arriva à Nicée. Les Turcs se replièrent et le sultan abandonna la ville à son sort. Elle tomba ainsi aux mains des croisés le 20 juin 1097.
Le 26 juin 1097, les croisés se préparèrent à lever le camp et à entreprendre la longue route vers Jérusalem. Mais la soif, la difficulté des chemins et les attaques incessantes des hordes asiatiques leur rendirent extrêmement pénible la traversée de la Phrygie et de la Syrie.
Et finalement, le 7 juin 1099, soit deux ans et demi plus tard ils arrivèrent enfin en vue de Jérusalem. Du haut de la colline Montjoie, au cri de « HIERUSALEM ! HIERUSALEM ! », tous demandèrent le combat. Le siège commença aussitôt. La puissante armée, partie nombreuse d'Europe, se trouvait réduite à environ 20 000 hommes et à 1 500 chevaux. Toutefois les croisés étaient aguerris après plus de deux années de campagnes et de privations.
La flotte génoise qui apportait des vivres, fut en grande partie prise et brûlée. A la résistance de l'ennemi se joignirent les horribles tortures de la soif. Manquant de tout et tentant le tout pour le tout, l'assaut général fut donné le 15 juillet 1099. La ville sombra dans un sinistre carnage ; les croisés se livrèrent à un des plus abominables massacres de l'histoire. Les portes furent enfoncées, les civils, hommes, femmes, enfants, vieillards furent exécutés sans distinction, ni pitié. Toute la communauté juive fut enfermée dans une synagogue où l'on mit le feu. La victoire fut totale, en deux jours, 70 000 personnes tant juifs que musulmans furent massacrées.
Après le passage de l'an mille, les chrétiens se considéraient comme des rescapés et le pèlerinage vers Jérusalem fut une façon de rendre grâce au Christ. Jérusalem conquise, Geoffroy de Saint-Omer en fut le premier et unique roi élu. Ensuite, la couronne se transmit par filiation. Ce fut la naissance du royaume latin de Jérusalem situé sur les pays suivants : la Syrie, le Liban et la Palestine.
Les possessions issues des croisades se découpaient en plusieurs territoires : le royaume de Jérusalem, le comté d'Edesse et les principautés d'Antioche et de Tripoli. Ses possessions seront alternativement perdues puis reprises avec les aléas des conflits de l'époque... Le nouveau royaume n'était pas sur : les pèlerins se faisaient dépouiller et les actes de brigandage étaient fréquents.
C'est en réaction à cette situation qu'en 1119, Hugues de Payns rassembla quelques compagnons afin d'assurer la sécurité des pèlerins. Il devint le premier Grand Maître de l'Ordre du Temple.
La première croisade se termina donc en 1099 lors de la reconquête de Jérusalem. Les pèlerins s'engageaient sur des routes peu sures. Vers 1118, neuf chevaliers, dont Hugues de Payns et Geoffroy de Saint-Omer, fondèrent « les Pauvres Chevaliers du Christ ». Leur mission officielle était de protéger les pèlerins et de sécuriser les routes. Ils prononcèrent leurs vœux pour devenir religieux. Baudouin II, roi de Jérusalem, leur donna asile dans son palais à proximité du temple.
Ils prirent alors le nom de « Chevaliers du Temple ».
Les origines de l'ordre sont en fait assez mal connues, les archives ayant été perdues au moment de sa dissolution en 1311. Pourtant, il est certain que les Templiers sont apparus beaucoup plus tard que les autres ordres militaires dont ils étaient devenus les grands rivaux. Leur vocation militaire est pratiquement d'origine, ce qui montre bien l'évolution des mentalités entre le 11e et le 12e siècle.
Tout a donc commencé dans les années qui suivirent la première croisade en Terre Sainte (1096-1099).
Malgré la prise de Jérusalem par les croisés, le 15 juillet 1099, la sécurité des pèlerins n'était pas vraiment assurée. Entre les brigands locaux et les croisés aux buts peu louables, les pèlerinages devenaient parfois tragiques.
En 1099, leur devoir accompli, la plupart des chevaliers retournèrent en France. Ravivée, la foi allait entraîner une multitude de chrétiens sur des chemins infestés de brigands et de voleurs. Les proies devenaient faciles.
Après la prise de Jérusalem et l’installation des Francs en Terre Sainte, les pèlerins se mirent à affluer vers le tombeau du Christ. Mais les routes menant à Jérusalem depuis les ports de débarquement restaient fort dangereuses.
En 1100, Geoffroy de Saint-Omer était le nouveau roi de Jérusalem, élu en 1099 aux Premières Assises de Jérusalem. Il préféra prendre le titre de « Avoué du Saint-Sépulcre ». Son règne fut de courte durée car, selon le chroniqueur Ibn-Al-Qualanissi, il serait mort le 18 juillet à l'âge de 41 ans, d'une flèche empoisonnée lors du siège de Saint-Jean d'Acre. Les Francs diront de la peste.
En 1114, le comte Hugues de Champagne partit pour la Terre Sainte en compagnie d'Hugues, seigneur de Payns.
Hugues de Payns, de la Maison des comtes de Champagne, et Geoffroy de Saint-Omer vivant sous la Règle des chanoines de Saint-Augustin choisirent d'assurer la garde du défilé d'Athlit, le chemin d'accès le plus dangereux pour les pèlerins. Ce dernier deviendra plus tard le Château-Pèlerin. Et c'est en 1118 que l'Ordre des Pauvres Chevaliers du Christ vit le jour...
A ce moment, ils étaient neuf chevaliers : Hugues de Payns, Geoffroy de Saint-Omer, Archambauld de Saint-Amand, Payen de Montdidier, Godemar, Roland, André de Montbard, Geoffroy Bissot et Godefroy.
De 1118 à 1123, ces chevaliers encore en habits du siècle, accomplirent leur mission avec panache et dévotion, tout en ne vivant que d'aumônes et de donations.
En 1118, le Champenois Hugues de Payns, Geoffroy de Saint-Omer et sept compagnons d'arme proposèrent au roi Baudouin II de Jérusalem la mise en place d'une troupe permanente qui, sous la forme d'un ordre à la fois militaire et religieux garantirait la défense de la ville sainte ; ils assureraient également la liberté des routes aux pèlerins.
Ils firent vœu devant Garimond, patriarche de Jérusalem de se consacrer à la protection des pèlerins en Terre Sainte.
Personnage central de la création de l'Ordre du Temple et premier Maître de l'Ordre, Hugues de Payns est, selon toute vraisemblance, né au château de Payns.
Ainsi nommé de la terre de Payns en Champagne, située entre Méry-sur-Seine et Troyes, Hugues de Payns (de Paganis) serait apparenté à la famille des comtes de Champagne mais on ne sait rien de son ascendance ni de son enfance. Il se peut également qu’Hugues de Payns soit un descendant du carolingien Hildemar, possesseur de terre à Payns. Tous ses compagnons appartenaient aussi à la plus haute noblesse.
La chronologie des maîtres du Temple suggère qu’il serait né vers l’an 1070. On peut penser qu’à l’image des autres jeunes nobles de son temps, il devint majeur vers l’âge de quatorze ans, puis écuyer d’un chevalier de son entourage, peut être du comte, et enfin chevalier lui-même. Simple seigneur rural, il reçut son fief de Payns, soit en héritage de son père, selon l’usage qui commençait à se répandre, soit directement du comte de Champagne.
Payns, est une petite localité située à 10 km au sud de Troyes. Hugues a effectué plusieurs allers – retours en Terre Sainte, avant d'y fonder l'Ordre.
On y retrouve sa trace vers 1104 – 1105, puis en 1114 – 1115. Mais des chartes signées de sa main font preuve de sa présence en Champagne en 1110 et 1111. Il a donc au moins fait deux voyages.
Il est vraisemblable qu'il n'a pas pris part à la première croisade mais il est venu en Terre Sainte comme simple pèlerin quelques années plus tard.
En 1118, neuf Chevaliers du Christ, ayant à leur tête Hugues de Payns, rassemblés pour protéger le Saint-Sépulcre, avaient donc fondé « l’Ordre des Pauvres Chevaliers du Christ ».
Ils avaient fait vœu de défendre les pèlerins et de protéger les chemins menant en Terre Sainte. Ces hommes, en prenant un engagement d’un genre nouveau – ils se considéraient comme des moines, mais également comme des guerriers – créèrent ainsi le premier ordre religieux et militaire.
En 1120, revenant près des lieux saints, Baudouin II, roi de Jérusalem, voulant encourager le zèle de ces nouveaux défenseurs de la foi, leur octroya une partie de son palais, à l'emplacement du Temple de Salomon. Ils devinrent alors très rapidement les Chevaliers du Temple ou Templiers du fait de cet emplacement symbolique. Bâti en 961 avant Jésus-Christ, le Temple de Salomon aurait été détruit par les Chaldéens en 587 avant Jésus-Christ, reconstruit et définitivement détruit en 135 par l'empereur Hadrien. C'est de là qu'ils prirent le nom de Templiers ou de Chevaliers de la Milice du Temple. De là vint aussi le mot Temple, nom qui fut donné à toutes les maisons de leur Ordre.
Les Chevaliers du Temple se firent assister par sept autres chevaliers français : André de Montbard (neveu de saint Bernard), Gondemare, Godefroy, Roral, Payen de Montdésir, Geoffroy Bisol et Archambaud de Saint-Agnan. L'Ordre du Temple prit forme en 1119.
C'est en 1123, devant Garimond (alias Gormond) patriarche de Jérusalem, qu’ils prononcèrent les trois vœux monastiques de « pauvreté, chasteté et obéissance » auxquels ils ajoutèrent ceux de combattre les « infidèles » et de se consacrer à la défense des pèlerins.
Leur comportement irréprochable, en un mot chevaleresque, attira dans leurs rangs une multitude de postulants, impatients d'intégrer la glorieuse compagnie. Mais ce n'est qu’au concile de Troyes, le 14 janvier 1128, à la demande de saint Bernard (Bernard de Clairvaux) que l'Ordre fut véritablement créé. « L'Eloge de la Nouvelle Milice » est un témoignage capital de l'importance de saint Bernard dans la création de l'Ordre du Temple. Il semble avoir écrit lui-même la « Règle » qui régissait le fonctionnement complet de l'Ordre.
Devant l'importance prise par l'Ordre en une décennie, Hugues de Payns requit du pape que l'Ordre soit officiellement reconnu. Cette mission incomba à Bernard, puissant abbé de Clairvaux (saint Bernard 1090 – 1153) qui écrivit notamment un écrit élogieux à l'adresse de ce nouvel Ordre de chevalerie : « De laude novae militiae ad milites Templi », un ouvrage paru en 1130 dans lequel il opposait la chevalerie séculière et la chevalerie céleste des Templiers.
Si l’ordre fut dans un premier temps régi par la règle de saint Basile, c’est au cours du concile de Troyes, en 1128, que la règle du Temple, d’inspiration cistercienne, fut proposée par Bernard de Clairvaux (saint Bernard) et adoptée.
De 1118 à 1127, pendant 9 ans, les Templiers s’organisèrent et recrutèrent des écuyers ainsi que des sergents d’armes ; mais bizarrement, eux qui se voulaient protecteurs des pèlerins, ne participaient à aucune bataille. Leur seule occupation officielle pendant cette période fut de rénover les écuries souterraines du Temple. Il semble qu’ils en profitèrent pour effectuer des fouilles.
En 1125, Baudouin II envoya Hugues de Payns en Europe pour solliciter une seconde croisade. Hugues retourna en Orient en 1130, accompagné d'une brillante et nombreuse jeunesse, portant le nouvel habit des Templiers.
En 1126, Hugues de Champagne rejoignit les Pauvres Chevaliers après avoir donné au futur saint Bernard ses terres sur lesquelles sera élevée l'abbaye de Clairvaux. Il fut le lien indéniable entre Hugues de Payns et Bernard de Clairvaux.
En 1127, Baudouin II envoya Hugues de Payns et certains de ses compagnons en Europe pour organiser solidement la milice et obtenir une reconnaissance du pape Honoré II qui les reçut et leur accorda son agrément officiel et la règle de leur ordre.
Au cours du concile de Troyes, organisé le 14 janvier 1128 par le pape Honoré II et Bernard de Clairvaux (futur saint Bernard), ce dernier fut nommé pour rédiger la règle du nouvel ordre.
En 1128, le concile de Troyes vit la fondation officielle de l'Ordre du Temple. Le jour de la Saint-Hilaire, la cathédrale de Troyes accueillit une assemblée de notables présidée par le légat du pape, Matthieu d'Albano. Des évêques, des abbés, les archevêques de Sens et de Reims, Etienne Harding, Thibaud de Champagne et Bernard de Clairvaux étaient présents.
Le concile confirma la Règle, inspirée de celle de saint Benoit, complétée par Bernard de Clairvaux, qui accordait à ce nouvel Ordre, le droit de posséder et régir terres et vassaux, de percevoir des dîmes octroyées en aumônes. Le manteau blanc fut attribué à ces chevaliers.
Ainsi, en janvier 1128, en la cathédrale de Troyes, l'Ordre du Temple fut officiellement reconnu. Le concile fixa notamment la tenue de ses chevaliers : un blanc manteau frappé d'une croix rouge sur le cœur.
Son premier Grand Maître, Hugues de Payns, prit rang de prince. La règle de l'Ordre, écrite par Jean de saint Michel sous la dictée d'Hugues de Payns et la clairvoyance de Bernard de Clairvaux, fut entérinée.
Leur devise : « Non nobis Domine, non nobis, sed nomini tuo da Gloriam », « Non pour nous Seigneur, non pour nous, mais pour la Gloire de Ton Nom » fut désormais officiellement inscrite sur leur beaucéant (étendard) tout de sable et d'argent.
La règle sera néanmoins complétée ou modifiée à plusieurs reprises :
En 1130, un nouvel ordre militaire et religieux constitué de moines – soldats avait été officiellement créé. Il s'agissait de « l'Ordre du Temple ». Cette même année, il devint l'armée régulière de Jérusalem. Hugues de Payns, fondateur de l'Ordre, décéda vers 1136.
Saint Bernard (1090 – 1153) propagandiste de la foi cistercienne fondateur de l'abbaye de Clairvaux et prédicateur de la 2ème croisade à Véselay en 1146, fut séduit par la vocation des Templiers (pauvreté, chasteté, obéissance et protection des pèlerins en Terre Sainte). Il avait rédigé pour une grande partie, leur règle en 1128 et écrit, pour les encourager et diffuser leur idéal, « la louange de la nouvelle milice » (De laudae novae militiae ad milites templi).
En 1135, saint Bernard composa une belle exhortation adressée à Hugues, chevalier chrétien, Grand Maître de la milice du Christ. Hugues mourut en 1136, emportant les regrets de tout ce qu'il y avait de chrétiens zélés en Palestine.
En 1139, parut la bulle d’Innocent II, « Omne Datum Optimum », source de tous les privilèges de l’ordre. Le but de celle-ci était de doter le Temple de chapelains pour le service religieux et par-là, de l’affranchir des juridictions épiscopales. L’Ordre fut alors soumis directement à l’autorité du pape, laissant ainsi au maître et à son chapitre une liberté presque totale. En outre, les Templiers se voyaient donner le privilège de percevoir la dîme.
Le pape Innocent II, accorda de nombreux privilèges à l'Ordre du Temple ; ils étaient affranchis de la juridiction des évêques ; ils ne devaient de compte qu'au pape en personne ; en tant qu'ordres religieux, ils n’étaient pas soumis au paiement des taxes des seigneurs ou rois dont dépendaient leurs terres.
Avec la bulle « Omne datum optimum », accordée par Innocent II à Robert de Craon, le Temple reçut sa constitution définitive. Le pape assurait à l'Ordre ses privilèges, son indépendance et notamment l'exemption de la justice épiscopale.
C'est seulement en 1141 que le pape Eugène III fixa la tenue des chevaliers du Temple : le blanc manteau et la croix vermeille portée sur le côté gauche, au-dessus du cœur. Cette croix pattée rouge, comportant quatre branches égales, était cousue sur l'épaule gauche de leur vêtement. De nombreux dessins ou illustrations sont trompeurs à ce sujet...
De plus, chaque époque a adapté leur apparence à son style : le 17ème siècle, par exemple, présentera le Grand Maître avec un chapeau portant une plume d'ornement, ce qui semble plutôt anachronique au temps des croisades !
Auparavant, les chevaliers étaient seulement vêtus d'un manteau blanc et les sergents d'un manteau brun.
En 1147, Ebrard ou Everard des Barres devint Maître du Temple. Mais peu après, il fut envoyé en France. Il abandonna l'Ordre et se retira à Citeaux.
En cette fin de la première moitié du douzième siècle, l'Ordre du Temple bénéficiait d'une excellente cote d'estime et de confiance. C'est au court de cette période bénéfique (1140 – 1187) que les Chevaliers édifièrent toute une série de forteresses.
En 1143, l’Ordre du Temple participa activement à la reconquête de la Catalogne. En échange, le Temple obtint d'importants privilèges et de vastes domaines, surtout sur l'Ebre, où il devint le maître d'un vaste territoire. Les deux principales "préceptories" dans cette région étaient Gardeny et Miradet.
A partir de ce moment, l’ordre ne cessa de grandir et bientôt, il posséda des commanderies dans toute l’Europe aussi bien qu’en Palestine. L’ordre affréta sa propre flotte basée à La Rochelle. C’est de là que partaient les navires à destination du Levant, et, c’est aussi dans ce port qu’arrivaient les navires en provenance d’Angleterre et de Bretagne.
A cette époque, en plus de leur participation à la défense du royaume franc de Terre Sainte, les Templiers organisaient le commerce avec l’Europe et géraient les finances des croisés.
Dès 1148 et jusqu'en 1291, les Chevaliers du Temple étaient présents dans de nombreux combats en Orient. Ils garantissaient les routes vers la Terre sainte pour les pèlerins ; ils défendaient les villes chrétiennes ; ils combattaient notamment les Sarrasins et les Turcs pour protéger et étendre la souveraineté de l'empire chrétien en Orient.
En 1156, Bertrand de Blanquefort, fils de Godefroy, seigneur de Blanquefort en Guienne, devint maître du Temple à la suite de Bernard de Tramelay.
Ecrit en français vers 1165, les « Retraits » étaient les véritables statuts hiérarchiques. A partir de cette époque, l'Ordre du Temple ne releva plus que du pape et devint en fait indépendant.
L'idée cistercienne appliquée par les Templiers était de fédérer les divers royaumes européens sous la suzeraineté d'une haute autorité détenant un pouvoir moral et matériel lui permettant d'arbitrer les conflits avant qu'ils ne se déclarent et de maintenir une paix universelle profitable à tous les peuples chrétiens, juifs et musulmans...
Puissance temporelle indépendante, non soumise aux autorités locales, le Temple jouissait de la protection du Pape sans en accepter la tutelle.
En Orient, le Temple ne négligeait pas les accords avec les « infidèles », protégeant même des peuplades musulmanes dont ils recevaient le tribut. Il traitait directement avec les Sultans et les Emirs sans en référer au Roi ni au Patriarche de Jérusalem.
Ils étaient souvent entraînés dans des ruptures de trêves qu'ils ne souhaitaient pas, par des « croisés » qui, une fois repartis, leur laissaient le poids de la guerre.
L’ordre s’enrichit rapidement. Il posséda de nombreux domaines et forteresses, servit de banque aux pèlerins et, plus tard, aux rois. Il acheta même Chypre à Richard Cœur de Lion en 1191 mais la population s’étant révoltée, il la revendit aussitôt à Gui de Lusignan.
Louis VII chargea saint Bernard, qui était l'oracle de son siècle, de prêcher la croisade en France et en Allemagne. A la voix du saint abbé de Clairvaux, la France et l'Allemagne s'émurent d'un enthousiasme semblable à celui qu'avaient excité cinquante ans auparavant Urbain II et Pierre l'Ermite.
L'Ordre, purement militaire, comptait 15 000 membres, tous revêtus du fameux manteau blanc frappé de la croix rouge sang, chargés de la défense des places fortes. Mais à plusieurs reprises, les Templiers ont été dénoncés pour avoir pactisé avec les musulmans et été accusés de la défaite finale des croisés.
Les Templiers se révélèrent rapidement en avance sur leur temps, au plan financier notamment. En ces époques troublées, les routes étaient peu sures. Quiconque s'aventurait avec son or n'était pas assuré d'arriver à destination sans être dévalisé.
Les Templiers révolutionnèrent leur époque en instituant la lettre de change. Dans les régions où ils étaient implantés, il suffisait au voyageur de se rendre dans une commanderie, d'y déposer son argent contre un reçu. Au passage un pourcentage était prélevé, mais les conséquences d'une mauvaise rencontre considérablement atténuées.
Le Temple possédait, au moment de sa suppression, 9 000 maisons réparties en Europe. Toutes ces maisons recevaient des dépôts et accordaient des prêts et des avances à des emprunteurs publics et privés. Les Templiers jouaient un rôle important dans les campagnes où ils finançaient des moulins à vent, à eau et des forges à la catalane. Leur compétence se traduisait dans la pratique des changes et dans celle de la comptabilité.
Remarquables cambistes, dont les méthodes s'appliqueront encore cinq siècles après leur disparition, ils étaient également des comptables de premier plan puisqu'ils ont inventé la comptabilité en partie double et ont tenu pour la première fois dans l'histoire un véritable « grand livre ».
En 1191, c’est le début de la 3ème croisade, avec à sa tête Frédéric de Barberouse, puis Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion. C’est aussi la victoire des croisés à la bataille d'Arsur et la fondation de l'Ordre Teutonique. Le 12 février 1191, une bulle du pape Célestin III institua un nouvel ordre sous le nom de « Frères Hospitaliers Teutoniques de Notre-Dame-de-Sion ». Peu de temps après, ils devinrent un ordre militaire, sous le nom de « Chevaliers Teutoniques ».
En 1230, les Templiers ne se bornaient pas seulement à défendre la Terre Sainte. D'autres états chrétiens leur durent alors d'importants succès. Les Templiers d'Aragon, avec quelques chevaliers de saint Jean, firent la conquête des îles Baléares, sous les ordres du roi Jacques.
En 1291, le 15 avril, la ville d'Acre fut assiégée. Plusieurs ordres religieux dont les Templiers tentèrent de conserver la ville mais les forces mises en œuvre par les Sarrasins et les Turcs étaient considérables. Les pertes furent très importantes la ville tomba le 16 juin. Guillaume de Baujeu, maître de l'Ordre du Temple, fut tué durant la bataille ainsi que 500 chevaliers. L'Ordre du Temple était pratiquement détruit en Orient. L'ensemble de leurs places fortes et de leurs ports furent rapidement perdus.
Durant cette même période, l'Ordre du Temple se développa considérablement en Occident. Il était présent en France en Espagne en Italie en Allemagne en Angleterre. Il était pratiquement impossible de rejoindre les principales villes d'Europe et de se rendre Jérusalem sans sortir des terres ou territoires contrôlés par les Templiers.
De très nombreux seigneurs se joignirent à l'Ordre et devinrent chevaliers apportant ainsi leurs terres à l'Ordre. A la fin du 12ème siècle et au début du 13ème siècle, les Templiers possédaient près de 9 000 maisons. Si l'on considère que dans chaque maison il y a au moins un chevalier, l'Ordre du Temple au début du 13ème siècle pouvait compter sur une armée de 9000 chevaliers. On évalue le nombre de chevaliers à trente mille à la fin du 13ème siècle.
Pendant près de deux siècles, les Templiers vont accroître leur aura pour revenir en Occident en 1291, après la chute de Saint-Jean d'Acre. Leur mission de protection des pèlerins avait bien évolué et de nombreuses dérives eurent lieu. La prise d'Ascalon en aout 1153 est un exemple de l'ambition de certains Grands Maîtres à l'égard du pouvoir temporel.
Le Grand Maître en fonction, Bernard de Trémelay, avait en effet cherché à bloquer l'entrée aux autres Francs dès l'ouverture d'une brèche dans les murs de la ville pour laisser le champ libre aux Chevaliers du Temple... Leur lutte continue avec les Chevaliers Teutoniques provoqua souvent des tensions dans les camps des croisés et ne facilita pas la cohésion des Francs en Terre Sainte. Leur retour ne pouvait pas plaire à tout le monde, d'autant plus que l'Ordre du Temple ne faisait que s'enrichir au fil du temps : donations, achats, intérêts des prêts accordés,... tout semblait donner à l'Ordre une puissance lui permettant de bouleverser l'organisation féodale.
En 1293, Jacques de Molay est le nouveau Maître de l'Ordre du Temple en remplacement de Thibaud Gaudin. Il était de la maison des sires de Longvic et de Raon, dans le comté de Bourgogne.
Les territoires où s’exerçaient les activités du Temple étaient divisés en « provinces ». En 1294, on en comptait à présent 22 (cinq en France, quatre en Espagne, trois en Italie, un en Allemagne, un en Angleterre, un en Hongrie, six en Orient).
De 1296 à 1303, l'Ordre du Temple fut partagé entre le pouvoir spirituel du pape Boniface VIII qui souhaitait reconquérir Jérusalem et le pouvoir temporel des rois (surtout du roi de France). Philippe le Bel voulait rétablir l'empire de Charlemagne. Durant ces années, Boniface VIII et Philippe le Bel se sont « affrontés » : le pape désirant que la France se lance dans une nouvelle croisade et Philippe le Bel cherchant par tous les moyens (même en essayant de taxer les ordres religieux) d'obtenir des fonds pour financer ses tentatives d'extension du territoire franc jusqu'au Rhin. Boniface VIII ira jusqu'à excommunier le roi de France. Le 11 octobre 1303, celui-ci fut victime d'un attentat.
En 1306, Philippe le Bel confisqua les biens des Juifs ; il les tortura puis les bannit. Puis il procéda à de nouvelles mesures financières et monétaires qui suscitèrent une émeute contre lui. Le roi se réfugia au Temple de Paris. Il demanda une entrevue au pape pour lui faire part des accusations qu'il venait de recueillir contre les Templiers. Le 6 juin, sous prétexte d'une nouvelle croisade, le pape fit venir les principaux dignitaires de l'Ordre du Temple en Europe.
Le maître, Jacques de Molay et ses chevaliers s'empressèrent de se rendre à l'invitation du pape. Ils se rendirent au Temple de Paris et Jacques de Molay alla à la cour où Philippe lui fit l'accueil le plus gracieux. Il parla d'augmenter les privilèges des Templiers et pria le Maître d'être le parrain d'un de ses enfants, honneur que l'on n'accordait guère qu'à des princes de sang ou à des souverains.
A la chute du royaume franc de Terre Sainte, les Templiers se replièrent sur leurs commanderies d’Europe. Le maître de l’Ordre établit la « maison chevêtaine » au Temple de Paris où le roi de France déposa alors le trésor royal et dont il confia la gestion aux Templiers.
Banquiers des pèlerins, les Templiers avaient amassé une véritable fortune qui en avait fait une puissance aussi importante que celle de la royauté. Ils prêtèrent même des sommes fabuleuses au roi Philippe le Bel qui s'endetta ainsi considérablement.
Touché dans son orgueil et sa puissance surtout, Philippe le Bel trouva le moyen de briser l'Ordre en faisant arrêter tous les Templiers le 13 octobre 1307. Il espérait de la sorte mettre la main sur le soi-disant trésor du Temple. Ce fut un fiasco. Prévenus, les Templiers avaient transféré toutes leurs richesses dans diverses commanderies à l'étranger.
En quelques années, qui alimentent encore aujourd'hui le mystère des Templiers, leur réputation et leur richesse devinrent immenses. La fortune et l'orgueil des Chevaliers finirent par rendre jaloux Philippe le Bel.
Envieux vis à vis des Templiers, du fait de leurs richesses et de leur puissance, Philippe le Bel a cherché par plusieurs moyens à les utiliser à ses fins. Cherchant au départ à en devenir le Grand Maître tout en restant roi de France, il joua un jeu de trahison qui finit par l'arrestation, le vendredi 13 octobre 1307 au matin, de tous les Templiers du royaume.
Les Templiers étaient devenus trop puissants et ils menaçaient de dépasser les rois en fonction. Banquiers – Henri III d'Angleterre, Saint-Louis, Philippe Auguste... y firent appel – milice protectrice, ils avaient pourtant bien aidé Philippe le Bel en le protégeant par exemple des émeutes à Paris qui faillirent lui coûter la vie !
En butte à de nombreuses hostilités – notamment parce qu’il ne relevait que du pape – l’Ordre fut persécuté à partir de 1307.
Le 13 octobre 1307, le roi fit arrêter le maître du Temple ainsi que les 140 Templiers qui étaient à Paris. Le même jour, tous les Templiers furent également arrêtés dans toutes les provinces du royaume. Tous leurs biens furent saisis et mis sous séquestre, sous la garde des gens du roi.
Le 20 août, Jacques de Molay et les dignitaires de l'Ordre du Temple qui devaient être conduits à Poitiers pour être interrogés par Clément V furent arrêtés à Chinon, sous prétexte de maladie et questionnés sous le contrôle de Nogaret. Les Dominicains chargés de l'interrogatoire firent avouer aux frères toutes sortes d'ignominies mais plusieurs se rétractèrent ensuite.
Le 22 décembre, le pape délégua trois mandataires à Paris pour suivre le procès de Jacques de Molay et des autres dignitaires du Temple.
En 1310, le roi Philippe IV le Bel, désireux d’unifier tous les ordres de chevalerie pour aller à la croisade et de se libérer de la puissance financière de l’Ordre ainsi que de s’en attribuer les biens, fit arrêter les Templiers de son royaume sous l’accusation d’apostasie, d’outrage à la personne du Christ, de rites obscènes et d’idolâtrie. Ceux qui « avouaient » sous la torture furent condamnés à l’emprisonnement ; ceux qui étaient revenus sur leurs aveux furent livrés au bras séculier et voués au bûcher.
Le 18 mars, le Grand Maître et les autres accusés furent amenés sur le parvis de Notre-Dame pour faire amende honorable après la lecture de la sentence. Jacques de Molay se rétracta. Geoffroy de Charnay aussi. Ils furent brûlés le soir même sur l’Île aux juifs.
Un procès inique suivit cette arrestation bien orchestrée. Les Templiers furent accusés de crimes invraisemblables, le roi obtint du pape Clément V la dissolution de l'Ordre. Le Grand Maître Jacques de Molay et ses principaux acolytes furent condamnés à périr sur le bûcher en 1314.
Les biens de l'Ordre des Templiers saisis furent remis à l'Ordre des Hospitaliers. Philippe le Bel saisit la tour du Temple où se trouvaient leurs archives, leur trésor et leur comptabilité.
Le vieux maître s'écria :
« Il est bien juste que, dans un si terrible jour et dans les derniers moments de ma vie, je découvre toute l'iniquité du mensonge et que je fasse triompher la vérité. Je déclare donc, à la face du ciel et de la terre, et j'avoue, quoique à ma honte éternelle, que j'ai commis le plus grand des crimes, mais ce n'a été qu'en convenant de ceux qu'on impute avec tant de noirceur à notre Ordre : j'atteste, et la vérité m'oblige d'attester, qu'il est innocent. Je n'ai même fait la déclaration contraire, que pour suspendre les douleurs excessives de la torture, et pour fléchir ceux qui me les faisaient souffrir. Je sais les supplices qu'on a infligés à tous les chevaliers qui ont eu le courage de révoquer une pareille confession ; mais l'affreux spectacle qu'on me présente, n'est pas capable de me faire confirmer un premier mensonge par un second : à une condition si infâme je renonce de bon cœur à la vie. »
Tous deux, clamant leur innocence montèrent sur le bûcher dressé en toute hâte sur l’Île aux Juifs :
« Les corps sont au roi de France, mais les Ames sont à Dieu ».
Le peuple de Paris avait compris et, maudissant le roi, se précipita vers les cendres brûlantes afin de recueillir quelques os calcinés, reliques insignes car nul ne doutait plus de la sainteté, ni de l'honneur du Temple.
« Pape Clément... chevalier Guillaume de Nogaret... roi Philippe...
avant un an, je vous cite à paraitre au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment !
... Maudits ! Maudits ! Vous serez tous maudits jusqu'à la treizième génération de vos races !... »
Cette parole, rapportée par le chroniqueur Geoffroy de Paris, fut prononcée le 18 mars 1314, par le dernier Grand Maître des Templiers : Jacques de Molay supplicié sur le bûcher de l’îlot des juifs, avec le précepteur de Normandie, Geoffroy de Charnay. Cet îlot, à la pointe de l’Île de la cité devait son nom aux nombreux juifs qu'on y avait fait brûler. Réuni à un second îlot, il forme aujourd'hui le square du Vert-galant.
Clément V, circonscrit par Philippe le Bel, fit lire à l'ouverture de la 2e session du Concile de Vienne (avril 1312) la suppression par provision de l'ordre, en attendant un concile définitif sur le sujet mais ce concile ne s’est jamais réuni !
Le Concile de Vienne examina l’affaire des Templiers, mais la majorité des cardinaux conclut que rien ne démontrait la culpabilité de l’Ordre et qu’il fallait à nouveau entendre ses représentants.
Pendant sept années, les Templiers en liberté chercheront à se justifier auprès du pape, le seul à qui ils devaient théoriquement des comptes. Menacé par Philippe le Bel et ses sbires, ce dernier ne les écoutera souvent même pas ! Le 22 mars 1312, le pape Clément V abolit l'Ordre du Temple malgré l’avis des pères du concile de Vienne et en attribua les biens aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem après que le roi de France, sous prétexte de dettes, en eut tiré le plus d’argent possible.
Le 22ème Grand Maître Jacques de Molay fut exécuté en 1314, brûlé vif à Paris ainsi que Geoffroy de Charnay, précepteur de Normandie, et 37 autres chevaliers. Ils clamèrent jusqu'au bout leur innocence, ainsi que celle de l’Ordre.
En Allemagne, les Templiers furent acquittés et intégrèrent d’autres ordres. Nombreux dans la péninsule ibérique, les Templiers y furent aussi reconnus innocents. En 1318, Denis 1er de Portugal, pour défendre son royaume de l’invasion sarrasine, les regroupa, avec ceux échappés de France, dans l’Ordre des Chevaliers du Christ (Ordre du Christ du Portugal). En Espagne, les Templiers se réfugièrent dans l’Ordre de Calatrava. Puis un nouvel ordre fut créé : celui de Montesa.
Tout a été dit sur les Templiers, y compris le pire. Depuis la mort du roi de France et du pape, consécutives à celle de Jacques de Molay, le mythe n’a fait que croître, surtout à partir du 18ème siècle au moment de la constitution de confréries comme les Francs-maçons. On parle aussi de malédiction et de trésors dissimulés. Encore aujourd'hui, nombreux sont ceux qui revendiquent l’héritage des Templiers.
Le 20 avril 1314, le pape Clément V meurt d'une affection intestinale.
Le 29 novembre, Philippe le Bel meurt au court d'une chasse au sanglier, jeté bas de son cheval. Entre temps, Guillaume de Nogaret est mort dans des conditions étranges. Esquieu de Florian, Grand Inquisiteur de France, est poignardé. Les deux principaux témoins de l'accusation, Gérard de Laverna et Bernard Palet, sont pendus !
Quelques jours après la mort de Jacques de Molay, les toits du Palais Royal furent recouverts d'une véritable nuée de corbeaux comme un présage de malheur, un signe de deuil... Fait historique qui remplira les Parisiens de terreurs et qui troublera sans doute les nuits de Philippe le Bel jusqu'à sa mort !
Faute de documents, l'histoire n'a jamais élucidé le problème de la disparition de tous les Templiers de France. Si une partie de leurs biens, par ordre du Pape, passa à l'Ordre Hospitalier de Saint-Jean-de-Jérusalem, la plupart de leurs trésors n'ont jamais été retrouvés.
Certains Templiers sont vraisemblablement passés dans des ordres religieux étrangers. Le Portugal avait refusé d'obéir au pape : l'Ordre put y survivre, prenant le nom de Milice du Christ. Hasard : au 15ème siècle, les voiles des navires portugais arboraient la croix pattée templière !
Sainte, des attaques dont ils étaient victimes de la part des Sarrasins. L'Ordre s'enrichit considérablement, notamment grâce aux donations que lui faisaient seigneurs et bourgeois préoccupés du salut de leur âme mais peu enclins à affronter les risques de la Terre Sainte. Ils luttèrent contre les infidèles avec vaillance et abnégation. Partout s'élevèrent bientôt des commanderies ; il y en avait environ neuf mille en Europe lors de l'arrestation des chevaliers, dont 1700 en France. Ce n'étaient pas des forteresses, sauf dans la péninsule ibérique, mais généralement des exploitations plus ou moins fortifiées, possédant une chapelle et souvent une piscine pour élever du poisson.
Au début du 13ème siècle, l'Ordre possédait non seulement de nombreux domaines et châteaux, mais il était devenu la première puissance bancaire du temps.
L'ordre des Templiers accueillait les jeunes nobles désireux de s'investir dans la défense de la foi chrétienne au Moyen-Orient. Il formait un ordre militaire à la hiérarchie très stricte. Ses membres faisaient vœu de pauvreté et abandonnaient à l'ordre commun toutes leurs possessions et héritages. Ils partageaient leur existence austère entre la prière et la guerre et devinrent de fins connaisseurs des mœurs et coutumes guerrières du Moyen-Orient : très riche, l'ordre fit bâtir de nombreuses forteresses indépendantes, mi couvents, mi forteresses. Ils firent également bâtir un réseau de commanderies à travers tous les pays de la chrétienté à fins de recrutement. Ils se vêtaient simplement et passaient par-dessus leurs effets une robe blanche frappée d'une croix pattée rouge. Leur fortune, leur état d'intermédiaires entre l'Orient et l'Occident, leur découverte de nouvelles pratiques les conduisit peu à peu à se transformer en financiers et banquiers heureux et à s'éloigner de leur mission première.
L'état-major du Temple est constitué par :
Le Maître du Temple, qui ne sera que tardivement appelé Grand Maître, avait l'autorité d'un chef suprême mais il ne pouvait prendre une décision qu'après consultation du chapitre. Il ne pouvait donner ou prêter les biens de l'ordre et ne pouvait commencer ou finir une guerre. En fait, le Grand Maître faisait figure d'un président contrôlé par le chapitre. Il devait d'ailleurs se conformer obligatoirement aux décisions de celui-ci. « Tous les Frères doivent obéir au Maître et le Maître doit obéir à son Convent. » (Statuts hiérarchiques).
A la mort du Maître, les fonctions sont assurées par le Maréchal qui réunit tous les dignitaires de l'Ordre. Ceux-ci désignent le Grand Commandeur qui fera fonction jusqu'à l'élection du nouveau Maître. Le Grand Commandeur forme un conseil restreint qui fixe le jour de l'élection. Ce jour, il rassemble un chapitre restreint qui choisit trois frères dont l'un est nommé Commandeur de l'Election. Le Chapitre lui choisit un adjoint. Le Commandeur de l'Election et son adjoint se retirent à la chapelle où ils prient jusqu'au lever du soleil. Au matin, le Commandeur de l'Election et son adjoint désignent deux autres Frères. Ils élisent alors deux autres Frères et ainsi de suite jusqu'au nombre de 12 (en rappel des Apôtres) puis un treizième qui doit être un chapelain de l'Ordre. Parmi ce Chapitre, il doit y avoir 8 Chevaliers et 4 Sergents. Les treize électeurs se retirent et quand l'accord semble se faire sur deux noms, le Commandeur met aux voix et c'est celui qui recueille la majorité qui est désigné en tant que nouveau Maître de l'Ordre.
Le reste des membres du Temple se répartissait de la manière suivante : les Chevaliers, les Écuyers, les Sergents, les Chapelains et les Frères de Métiers.
De plus, on comptait trois catégories de personnes qui faisaient un service d’une durée déterminée dans l’Ordre : les Chevaliers clients, les Écuyers clients et les Turcopoles.
A la tête de l'ordre se trouvait le Grand Maitre, souveraineté représentative du chapitre général, à l'autorité limitée (les décisions importantes étaient prises à la majorité absolue du chapitre, sa voix comptant pour une seule). Il était assisté d'un chapelain, d'un clerc, de plusieurs sergents, d'un interprète, d'un ou plusieurs écuyers et de quelques chevaliers de rang. En campagne, il était accompagné du gonfalon baussant (parti d'argent et de sable).
Son second et suppléant était le sénéchal. Le maréchal, lui, disposait de l'autorité militaire. Le rôle de trésorier était rempli par le commandeur de la terre et du royaume de Jérusalem. Le drapier s'occupait de l'habillement.
Venaient ensuite les commandeurs de province. Les trois principaux étaient l'hospitalier, commandeur de Jérusalem, chargé des pèlerins, puis les commandeurs de Tripoli et d'Antioche.
Dans les pays de combat, comme la Palestine ou l'Espagne, les commandeurs de province, nommés directement par le chapitre général, nommaient les commandeurs de leur choix.
Dans les pays de rapport en revanche, les provinces étaient divisées en régions, ayant chacune à sa tête un commandant régional. L'unité de base était la maison, plusieurs maisons étant regroupées sous l'autorité d'un commandant majeur.
Le chapitre général se réunissait tous les ans en Palestine. Il comprenait tous les dignitaires de Palestine, les dignitaires de pays de rapport ne s'y rendant qu'une fois tous les 5 ans.
L'histoire de l'Ordre est étroitement liée à celle des croisades et de la « reconquista ». Comme les Cisterciens, les Templiers accomplirent un vaste travail de défrichement et d'irrigation. Rapidement, l'Ordre acquit de grandes richesses et devint le banquier des papes et des rois. Son activité militaire fut également importante, les Templiers participant aux grandes batailles à la fois au Moyen Orient (Ascalon, Ansur, Gaza, Daroum, Ramlah, Damiette, Alep et Mansourah) et en Espagne (Las Navas de Tolosa, Badajoz, Cáceres, Alarcos, Salvatierra).
Nicolas IV et Clément IV promulguèrent de nombreuses bulles pour confirmer les privilèges templiers. Mais quand Martin IV et le Templier Raymond de Lille tentèrent d'unir Hospitaliers et Templiers, la réforme échoua. Elle fut tentée de nouveau par Boniface VIII mais celui-ci se heurta à l'opposition du Maitre Jacques de Molay.
La chute de l'Empire latin d'Orient précipita le destin du Temple. Après la reconquête de la Palestine par les musulmans, les Templiers se replièrent en effet sur leurs possessions européennes. Mais leur richesse et leur puissance excessive suscitèrent rapidement la convoitise et l'inquiétude des rois. L'Ordre était devenu une formidable puissance, un état dans l'état. De plus, le roi Philippe le Bel avait besoin d'argent et la Terre Sainte étant perdue, l'Ordre n'avait plus sa raison d'être en France.
Au lieu de se replier en Espagne, l'Ordre se concentra en France où il n'avait pas de rôle militaire à tenir. Philippe le Bel, jugeant les Templiers encombrants, décida donc de s'en débarrasser.
En 1314, Jacques de Molay et le commandeur de Normandie furent brûlés vifs dans l’Île aux Juifs. Les Hospitaliers héritèrent des biens du Temple sauf en Aragon et Portugal où furent créés des ordres successeurs du Temple, Notre-Dame de Montesa en Aragon en 1317 et l'Ordre du Christ en 1319 au Portugal. De nombreux Templiers rejoignirent les Hospitaliers ou se retirèrent dans des maisons religieuses. Au 17ème siècle, certaines observances maçonniques ont prétendu avoir une filiation avec les Templiers.
Les devoirs religieux se cantonnaient à l'assistance aux offices dits par les frères chapelains et à la récitation de prières pendant les heures canoniales. Il y avait jeune tous les vendredis de la Toussaint à Pâques, et maigre quatre fois par semaine. Les frères mangeaient à deux dans une écuelle. On note pourtant des accommodements avec la règle monastique : les Templiers mangeaient plus de viande, et le vin n'était pas rationné (ce qui donnera l'expression « boire comme un templier »).
Le code disciplinaire était sévère. Les peines encourues étaient l'exclusion (pour simonie, révélation des choses du chapitre, meurtre d'un chrétien, vol, évacuation d'une maison, complot, trahison, désertion, sodomie, mensonge lors de la réception d'un frère), la privation du port de l'habit (bataille avec un frère, compagnie de femmes, accusations calomnieuses contre un frère, etc.), perte de l'habit pour 3 jours avec jeune, jeune pendant 2 jours, pendant 1 jour, discipline en communauté, etc.
Le trousseau comprenait deux chemises, deux paires de chausses, deux braies, un justaucorps, une pelisse, deux manteaux dont un avec fourrure pour l'hiver, une chape, une tunique et une ceinture. La couleur du manteau différait suivant le statut : blanc pour les chevaliers, noir pour les chapelains, les sergents et les écuyers. Tous les manteaux recevaient la croix ancrée rouge, donnée par le pape Eugène III en 1146.
La tenue de campagne comprenait un haubert et des chausses de fer, un heaume, des espalières, des souliers d'arme et un jupon d'arme. L'armement comprenait un écu en bois recouvert de cuir, une épée, une lance, une masse turque et un couteau d'arme. Les harnais de prix, en or ou en argent, étaient interdits. Les frères devaient garder la barbe et les cheveux courts pour ne pas être gênés au combat.
Ont été réunis ici des hypothèses et des éléments de l'occultisme lié au Temple. Les Templiers ont toujours excité l'imagination de nombreux chercheurs professionnels ou non. Ainsi, il y a ceux qui défendent l'idée d'un ésotérisme templier et tentent de relier tous les événements mondiaux à l'intervention directe ou indirecte des Templiers. Il ne s’agit pas ici de défendre ou de récuser telle ou telle hypothèse mais de donner des pistes à ceux qui cherchent.
Il représente deux chevaliers montés ensemble sur un cheval.
Ce sceau peut alors symboliser la pauvreté de l'Ordre mais aussi, à un niveau plus profond :
La Tétraktis de Pythagore, apparaît souvent dans la vie de l'Ordre (aumône trois fois par semaine, accepter trois assauts avant de répliquer,...)
Il pourrait s’agir d’une idole d'origine islamique – alors que l'Islam interdit toute représentation humaine – ou bien d’une symbolisation des deux saints Jean sous la forme de Janus, symbole du baptême et de l'initiation.
De couleur noire et blanche ou rouge et or, il pourrait symboliser les Ténèbres et la Lumière. Il convient de se reporter à l'ouvrage de Gérard de Sède quant aux autres implications de ce drapeau.
L'Ordre fut fondé par neuf chevaliers le 27 décembre 1118 (2 + 7 = 9 ; 12 = 9 + 3,...) ;
la Règle latine comporte 72 articles (7 + 2 = 9) ;
il y a neuf ans entre 1118 et 1127 et les années 18 et 27 sont des multiples de neuf ; l'Ordre comptait neuf provinces ;
le Beauceant était parfois un composé de 81 cases noires et blanches (carré de 9, 8 + 1 = 9).
Le 18 mars 1314, Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay avaient donc été livrés aux flammes d'un bûcher dressé dans l’Île de la cité de Paris. Jacques de Molay, vingt-troisième et dernier Grand Maître du Temple, avait alors lancé l'anathème « Clément, juge inique et cruel bourreau, je t'ajourne à comparaître, dans quarante jours, devant le tribunal de Dieu ! Et toi aussi, roi Philippe ! ».
De fait, Clément V et Philippe le Bel moururent respectivement le 20 avril et le 29 novembre de la même année...
Suivant Philippe le Bel, les rois de France furent baptisés les « rois maudits »... et il est vrai que la lignée de ce dernier s'est éteinte à son 22e successeur Louis XVI : ironie de l'histoire ou symbolisme ? Louis XVI sera enfermé à Paris, dans la Tour Carrée aux tourelles rondes qui servit de maison – mère au Temple !
Les rivalités de pouvoir ont ainsi brutalement interrompu la vague de foi. L'Ordre a été dissout, les Templiers pourchassés et leurs richesses confisquées.
Par voie de conséquence, les bâtisseurs de cathédrales et leurs imagiers, qui se nommaient eux-mêmes « les Enfants de Maître Jacques », perdirent leur soutien financier et s'éparpillèrent, poursuivis par l'Inquisition qui les accusait de déviationnisme hérétique par rapport au dogme catholique qui s'était radicalisé.
De leurs terres d'origine du sud-ouest et des Pyrénées, de la Charente, la Saintonge, le Poitou et l'Auvergne, ils se réfugièrent dans les états de l'Italie du Nord, la Lombardie, la Vénitie, la Toscane, le Piémont et la Savoie. Certains émigreront encore plus loin, en Cilicie (la petite Arménie) où des liens ancestraux les liaient avec d'autres descendants des constructeurs de dolmens.
Devant ce désastre, les maîtres imagiers se posèrent alors la question de la transmission de la Tradition du savoir sacré. Ils choisirent un support à priori insoupçonnable, susceptible de traverser les siècles, au-delà des langues et de l'écriture : les 21 + 1 atouts du Tarot. La popularité de ces images en assurera la diffusion et la pérennité, sans en altérer le sens profond, accessible seulement aux initiés.
Il semblerait que des imagiers et miniaturistes francs installés en Cilicie (Petite Arménie) soient à l'origine de ces graphismes. Surnommés les « sarrasins », car venant d'Orient, ils arrivèrent en 1375 en Italie, fuyant leur pays devant l'avance turco-ottomane et la reddition des derniers bastions chrétiens au Levant.
Leur force spirituelle leur a permis de gérer l'Occident et le Proche Orient durant deux siècles. Depuis, l'Ordre des Templiers a fait et fait encore beaucoup parler de lui. Il marquera sans doute à jamais la mémoire de l'humanité car il a modifié les conditions de vie des hommes du Moyen Age. Il leur a offert une véritable évolution spirituelle, artistique et scientifique.
Sept siècles d'histoire, la vindicte du roi Philippe, la Guerre de Cent ans et les guerres de religion ont eu raison de maints prieurés, commanderies et autres manses.
Qui plus est, la cohabitation des commanderies templières et hospitalières et le transfert des biens du Temple à l'Ordre de Malte (appelé aussi « Ordre de Rhodes » ou « Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem ») ne permettent pas toujours de savoir si tel ou tel lieu fut, à l'origine, une possession templière.
En 1318, à Spoleto (Ombrie, Italie) se réunirent plus de 3 000 chevaliers du Temple, malgré son abolition par le pape. Deux factions se dessinèrent : ceux qui voulaient venger le Temple et ceux qui voulaient perpétuer les secrets de la chevalerie. Ce fut la deuxième qui décida de l'avenir...
De retour en Allemagne, Carl Gotthelf Freiherr baron von Hundt crée, en 1756, la Stricte Observance Templière ainsi nommée parce qu'une discipline rigoureuse y régnait et qu'elle se réclamait de l'héritage templier.
Ce régime (organisation de l'ensemble des grades) se développa largement en Allemagne et en Scandinavie, recrutant parmi les loges d'origine anglaise qui devinrent ainsi « rectifiées », modifiant leur statut pour permettre aux nouveaux grades templiers (Maître Écossais de saint André, Écuyer Novice et Templier puis Grand Profès) de faire suite aux trois grades habituels de la Maçonnerie (Apprenti, Compagnon, Maître). Le baron de Brunswick devint Grand Maître en 1772 pour réorganiser le système qui devenait la proie d'aventuriers mystiques. Le rite prit alors le nom de « Régime Écossais Rectifié ».
La synthèse en a été réalisée par Jean-Baptiste Willermoz, et, au travers de péripéties historiques, l'ensemble fut adopté au Convent des Gaules, à Lyon en 1778, et confirmé à celui de Wilhemsbad en 1782.
Walt Disney en fit partie !
En 1973, 650 ans après le Chapitre de Dalmatie, l'Ordre du Temple resurgit à l'aube du 3ème millénaire sous l'impulsion des « Fidèles d'Amour », par l'intermédiaire de l'Ordre des Veilleurs du Temple (OVDT), Tiers-Ordre de la Militia Templi.
Pendant neuf ans, l'Ordre des Veilleurs du Temple / Militia Templi a mis en place ses structures et son enseignement jusqu'en 1982 où il apparut au grand jour. Cette même année eut lieu, lors d'un Conclave, l'élection du 23ème Grand Maître de l'Ordre du Temple.
Propriétaire de la marque « Ordre du Temple », cet ordre développe un projet d'état : l'Etat Souverain du Temple (sic).
Voici quatre des principales pistes ou légendes qui entourent la survivance de l'Ordre du Temple après sa dissolution en 1314 :
Les Templiers qui avaient échappé au bûcher furent persécutés et contraints de fuir. Selon une source d’information, quelques jours avant sa mort, Jacques de Molay aurait initié son neveu, le comte François de Beaujeu, un simple membre de l'Ordre. Il lui aurait communiqué les secrets et remis les trois clefs des trésors du Temple. Jacques de Molay lui aurait ordonné de récupérer un écrin de cristal et confié la mission d'assurer la survie du Temple.
Selon une autre source d’information, G.A. Schiffman s’évertue à légitimer la continuité du Temple après son extinction dans son livre « La chevalerie à l’origine de la Franc-maçonnerie du milieu de 18ème siècle ».
Selon lui, à la veille du coup de filet de 1307, Jacques de Molay aurait fait venir près de lui son neveu, Guichard VI de Beaujeu. Remarquons la différence de prénom !
Pour s’assurer de son dévouement, il lui demanda de lui ramener un objet précieux caché dans le caveau des Grands Maitres du Temple. L’écrin triangulaire, en cristal, monté sur argent, contenait l’index de la main droite de saint Jean-Baptiste. Cette épreuve passée, il le chargea de faire sortir de Paris, les archives, les trophées et le trésor de l’Ordre du Temple. Dans le cercueil réputé contenir les cendres de son prédécesseur (soit Thibaud Gaudin), Jacques de Molay y aurait entassé des registres et de la correspondance confidentielle ainsi que la couronne des rois de Jérusalem, le chandelier à sept branches et quatre statues d’or qui ornaient le Saint-Sépulcre et qui représentaient les quatre évangélistes.
Quand Jacques de Molay mourut, Beaujeu réunit neuf chevaliers de l'Ordre rescapés de la rafle et tous auraient juré de maintenir l'Ordre en vie. Beaujeu, avec ces neuf chevaliers (s’agirait-il des « Neuf Architectes parfaits » ?), aurait perpétué l’esprit de l’Ordre et, à sa mort, aurait désigné le chevalier Pierre d’Aumont comme son successeur.
Ainsi l'Ordre se maintint, reconstitué secrètement par Beaujeu qui aurait trouvé asile en Ecosse. Sous la conduite du dernier Grand Maître clandestin, Pierre d'Aumont, et sous la protection du roi Robert Bruce, les chevaliers Templiers se seraient regroupés dans l'Ordre du Chardon qu'ils associèrent au « Rite écossais », ordre maçonnique déjà en place en Ecosse. Et par prudence, ils se fondirent dans la corporation opérative maçonnique dont la fidélité à leur égard ne s'était jamais démentie.
Au soir du 18 mars 1314, Pierre d’Aumont et sept autres chevaliers auraient récupéré les cendres de Jacques de Molay et crié les mots « Mac Be Nach » en jurant de venger l'Ordre. Aumont se serait alors rendu en Ecosse et, sur l'ile de Mull, aurait été désigné comme nouveau Grand Maitre de l'Ordre le 24 juin 1315. Ce noyau de Templiers serait à l'origine de la constitution de la loge maçonnique « Heredom » ou « Sainte Maison ».
La Stricte Observance Templière et le baron de Hundt ont mêlé l’action du chevalier d’Aumont à celle de trois chevaliers réfugiés en Ecosse, avec les Chevaliers de Saint-André du Chardon, ce qui a donné naissance au sixième grade du Régime Écossais Rectifié de « Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte » (C.B.C.S.).
Cette légende fut propagée par l'abbé Grégoire, par Sédir et Guyot. Jean-Marc Larménius, commandeur de Jérusalem, aurait été désigné par de Molay comme futur Grand Maître.
En 1324, Jacques de Molay aurait investi de sa puissance le frère Jean-Marc Larménius, un vénérable chevalier « ne sachant ni lire ni écrire » comme Jacques de Molay lui-même (Mais n’est-ce pas là une expression un peu tardive montrant l’humilité de l’être ?). L'Ordre serait alors resté dans l'ombre jusqu'en 1808 avec la résurgence officielle orchestrée par Fabré – Pallaprat (1808 – 1863 : Ordre du Temple à Paris).
Cette filiation a donné une suite impressionnante de noms célèbres comme Bertrand Du Guesclin, les d’Armagnac, Montmorency, Bourbon, Philippe d’Orléans, le duc de Cossé – Brissac, pour aboutir à Bernard - Raymond Fabré – Palaprat (1773 – 1838) ancien prêtre, médecin, qui rénova l’Ordre du Temple et fonda une église chrétienne se référant à saint Jean, dont la doctrine des chrétiens primitifs est imprimée en 1831 sous le titre « Lévitikon ».
Il y intégra un courant maçonnique, produisant des documents fabriqués par ses soins. A la suite des noms les plus illustres, Fabré – Palaprat se déclara le 22e Grand Maître le 4 novembre 1804. Le 18 mars 1808, jour anniversaire de la mort de Jacques de Molay, il organisa une cérémonie officielle somptueuse et fort pittoresque dans l’église Saint-Paul à Paris. Il bénéficia d’un détachement d’infanterie impériale. Napoléon et Louis XVIII ont reconnu Fabré – Palaprat comme Grand Maitre de l’Ordre.
Albert Lantoine a montré que la charte dite de « Larmenius » était une fabrication de circonstance et prolongeait le mythe chevaleresque mêlant rêves et réalité. Trop de légendes continuent de circuler à leur propos et il est regrettable que les Hauts Grades de la Maçonnerie entretiennent quelque peu cette fiction qui ne repose sur aucun fait historique.
Dans le Compagnonnage, on assimile parfois Maître Jacques à Jacques de Molay, dernier Grand Maître de l’Ordre du Temple. Ce « templarisme » maçonnique continue cependant à marquer certains Francs-maçons.
La Franc-maçonnerie se réfère aussi au discours de Ramsay (1686 – 1743) qui, cependant, en 1736, ne parle pas des Templiers, mais de « nos ancêtres, les croisés, rassemblés en toutes les parties de la chrétienté dans la Terre-Sainte, (qui) voulurent réunir dans une seule confraternité les sujets de toutes les nations ». Le chevalier Ramsay, à partir des rites du métier de constructeur, aborde un enseignement plus spirituel à partir de la chevalerie et du métier des armes.
Désigné par Molay comme successeur, Geoffroy de Gonneville (qui fut précepteur et commandeur du Poitou et d’Aquitaine ainsi que Grand Prieur d'Aquitaine), dûment mandaté par l'Ordre Intérieur, aurait réuni en 1318 en Dalmatie un ultime chapitre de l'Ordre du Temple médiéval puis serait parti en Asie centrale où l'on perd sa trace.
Un grand nombre de décisions de la plus haute importance furent prises à cette occasion ; l'une d'elles concernait la résurgence de l'Ordre du Temple dans « six cents ans et plus ».
L'ordre fut scindé en trois groupes distincts :
Pouvoir : établi à Paris, il travailla à l'évolution des conceptions politiques au nom de la liberté et de la fraternité et renforça le caractère « opératif » des corporations et compagnonnages que l'Ordre avait développés auparavant, en adoptant les rites qu'il tenait de l'antiquité et particulièrement de l'Egypte.
Savoir : le deuxième groupe s'installa à Rome, dans l'ombre de la papauté ; il lutta contre les multiples formes d’intolérance et d'ignorance alors présentes dans l'Eglise.
Sagesse : c'est lui qui fut véritablement chargé de préparer la résurgence de l'Ordre du Temple, les deux autres groupes ayant en quelque sorte contribué à préparer le terrain et les esprits ; il s'établit en France, où il s’occulta complètement tout en maintenant des liens étroits avec les « Fidèles d'Amour ».
La résurgence se produit en 1973 sous l'impulsion des « Fidèles d'Amour ». Pendant neuf ans, l'Ordre des Veilleurs du Temple mit en place ses structures et son enseignement.
En 1982, il apparut au grand jour et commença véritablement à rechercher les siens ; en cette même année eut lieu, lors d'un conclave, l'élection du 23ème Grand Maître de l'Ordre du Temple.
Depuis, plusieurs centaines d'hommes et de femmes, appartenant à différentes nationalités et religions, ont rejoint l'Ordre des Veilleurs du Temple afin de poursuivre l'œuvre entreprise par ses prédécesseurs.
En 1990 a eu lieu un nouveau conclave pour élire le 24ème Grand Maître de l'Ordre et le deuxième de la résurgence.
Pour bien marquer son caractère universaliste, l'Ordre s’est doté, en 1992, d'une structure élargie appelée « Ordre du Temple International – Militia Templi », pour fédérer les ordres frères présents dans différents pays.
On sait que les croisades exercèrent une grande influence sur la société au Moyen Age en Europe et en Méditerranée. A la suite de la prise de Jérusalem en 1099 par les chrétiens francs (en majorité des Français), des groupes religieux se constituèrent afin d’accueillir et protéger les pèlerins qui se rendaient en Terre sainte.
Parmi ces groupes, on doit mentionner :
A l’origine, il s’agissait d’ordres religieux et militaires dont les membres, généralement issus de la noblesse, faisaient vœu de chasteté, d'obéissance et de pauvreté.
L’Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem fut fondé en 1113 en Palestine par Gérard Tenque. On construisit à Jérusalem un hospice, c’est-à-dire une maison dédiée à saint Jean et destiné à recevoir les pèlerins qui venaient visiter les lieux saints (hostellerie) et à soigner ceux qui tombaient malades (hospital). C'est pourquoi les religieux de cette maison se donnèrent le nom d'Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem. Ils étaient vêtus d’une cape noire ornée d'une croix de Jérusalem blanche.
Les hospitaliers ne devinrent un ordre militaire que vers 1140, sans toutefois perdre leur rôle hospitalier auprès des malades.
Après la perte de la Terre sainte (par la prise de Saint-Jean-d'Acre en Syrie en 1221), les Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem s'installèrent à l’île de Chypre (1291) puis conquirent l’île de Rhodes en 1302 (où on les appelait parfois « Chevaliers de Rhodes »). Après la prise de Rhodes en 1522 par la puissante armée de 300 000 hommes du sultan Soliman le Magnifique, le Grand Maître des hospitaliers, Villiers de L’Isle-Adam, demanda au pape Clément VII un nouvel asile pour l'ordre et, en 1530, Charles Quint leur céda l'île de Malte à la condition de poursuivre leur mission en repoussant les Turcs. Ils prirent alors le nom de « Chevaliers de Malte ».
Issus de l’Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem à partir de 1530, les Chevaliers de Malte organisèrent la défense de l’archipel de Malte en édifiant plusieurs fortifications (fort Saint-Ange, fort Saint-Elme, fort Saint-Michel, etc.) afin de lutter contre les Turcs. Tous ses membres, des nobles de naissance, étaient revêtus d'une cape noire ornée d'une croix blanche.
Sous le règne du Grand Maître de l’Ordre, Jean Parisot de La Valette, les Maltais résistèrent au grand siège des Turcs de 1565. C’est l’année suivante, en 1566, que La Valette, la capitale de l’archipel, fut fondée.
Dans les années qui suivirent l'héroïque défense de Malte, l'Ordre atteint l'apogée de sa gloire ; dans toute la chrétienté, les nobles cherchèrent à en grossir les rangs.
Par la suite, les Chevaliers de Malte continuèrent leurs luttes contre les Turcs en s'illustrant notamment à la célèbre victoire de Lépante en Grèce (1571) où la flotte chrétienne de la Sainte Ligue (Espagne, Venise, Saint-Siège et chevaliers de Malte) mit en déroute la flotte turque d’Ali Pacha, celui-ci étant jusqu'alors réputé invincible. Les Chevaliers de Malte réussirent à maintenir leur ordre militaire dans une relative indépendance. Ils possédaient non seulement leur propre armée et leur marine de guerre, mais ils frappaient monnaie, concédaient des prêts à faible taux d’intérêt, ouvraient des banques et envoyaient des représentants diplomatiques dans toutes les cours d’Europe. En réalité, grâce aux chevaliers, les îles de Malte formèrent un petit état souverain qui, de 1530 à 1798, rendit les plus grands services à la chrétienté et fut la terreur des pirates musulmans.
Au cours des siècles, l’esprit des Chevaliers de l’Ordre de Malte s’altéra et les chevaliers commencèrent à occuper leur temps pour satisfaire uniquement leurs propres intérêts. D'une part, les guerres contre les Turcs avaient fini par s’atténuer au point où les chevaliers tissèrent même des liens d’amitié avec les Turcs et autres musulmans ; d’autre part, le pape n’avait plus besoin de faire appel régulièrement aux services de ces chevaliers.
En 1798, le 71ème et dernier Grand Maître des Chevaliers de l’Ordre de Malte sur l’île, l’Allemand Ferdinand von Hompesch, se rendit au général Bonaparte après une résistance symbolique. En 1802, les « chevaliers au blanc manteau » et à la croix de Malte furent expulsés par les Britanniques. Aujourd'hui, l’ordre de Malte continue d’être reconnu par l’Eglise catholique de Rome mais il ne s’agit plus que d’un ordre de chevalerie ecclésiastique et strictement honorifique.
En 1998, le gouvernement maltais a autorisé l’ordre de Malte à reprendre possession du fort Saint-Ange de La Valette mais l’ordre est resté essentiellement hospitalier ; il soigne et vient en aide aux démunis. Par ailleurs, l'actuelle société de l'Ambulance Saint-Jean, arborant la croix de Malte comme logo, provient directement de cet ordre de chevalerie ; il en est ainsi également pour les Chevaliers de Colomb.
Des légendes invérifiables assurent que l’Ordre du Temple, devenu société secrète après sa dissolution officielle, aurait été à l'origine de la Franc-maçonnerie : on raconte même que, le 21 janvier 1793, lorsque la tête de Louis XVI roula dans le panier, un cri sortit de la foule : « Jacques de Molay, tu es vengé ! »
Selon certaines sources, toutes les structures templières ou rosicruciennes de la Franc-maçonnerie moderne semblent de pures fabrications des 18ème et 19ème siècles sans sédimentation d'apports antérieurs véhiculés de la fin du Moyen Age à l'époque napoléonienne.
Par contre, l’hypothèse de la filiation templière de la Franc-maçonnerie a eu une influence considérable sur nombre de jugements contemporains portés sur l'Ordre des Templiers (cf. Voltaire, Condorcet, l'abbé Barruel, Gérard de Nerval, V.-E. Michelet...)
Des libres penseurs ont innocenté les Templiers pour pouvoir mieux salir la papauté. Nombre de catholiques ont reporté sur les Francs-maçons la haine qu'ils destinaient aux Templiers.
Il est toutefois intéressant de souligner que l'étude du Temple est devenue pour certains un sujet de polémique plutôt qu'un sujet d'histoire… Les continuateurs de l'Ordre des Templiers fournissent tout de même une note intéressante sur l'exploitation et la vitalité de la légende templière.
Au 19ème et au 20ème siècle, bon nombre d'ordres se référant plus ou moins sérieusement à l’Ordre du Temple ont été créés. La plupart sont purement intéressés et sont de véritables repaires de gogos recrutés parmi des hommes d'affaires ou des gens influents à la recherche de ce qui pourrait les différencier du reste de la population, en faire en quelque sorte des êtres d'élite. Alors, sous couvert d'ésotérisme chrétien dans le meilleur des cas, ils sont initiés à des « mystères » pour des sommes relativement substantielles. Ces ordres sont tous à la recherche d'une filiation qui leur donnerait une garantie de sérieux.
1. L'ouvrage de Christopher Knight et Robert Lomas paru aux Editions Dervy et intitulé « La Clé d’Hiram» risque d'irriter les historiens de la Franc-maçonnerie, non sans raison. Cet ouvrage, qui connait un franc succès chez nos amis britanniques, traite en effet des origines de la Franc-maçonnerie. Les thèses avancées par les auteurs sont le plus souvent d'une grande fragilité et ne respectent nullement les exigences de la démarche historique. Toutefois le livre est intéressant et même fascinant car il est une exploration, non de l'histoire, mais des mythes qui courent dans le labyrinthe maçonnique.
Il met en évidence des héritages spirituels, réels, captés, ou de désir, qui fondent la Tradition maçonnique, dans ses rituels parfois, le plus souvent dans les recherches de ses loges et de ses membres. Car à travers l'aventure labyrinthique, c'est bien leur propre réalité ultime que recherchent les Maçons, comme peut-être et même sans doute les auteurs, et pourquoi pas, les lecteurs. L'ouvrage met en évidence la richesse d'une exploration sans doute aventureuse, mais qui ramène invariablement le questeur à lui-même.
L'hypothèse des auteurs réside dans la découverte de la tradition écossaise, héritée des Templiers, et dans l'origine égyptienne et chrétienne des rituels maçonniques. Leurs recherches à travers les mythes les conduisent à la chapelle de Rosslyn, dans laquelle ils voient une copie très fidèle du Temple de Salomon (époque d’Hérode). Ils suggèrent alors que la chapelle pourrait avoir conservé des Évangiles secrets et un éventuel trésor templier.
Ce livre est donc intéressant à condition de le prendre pour ce qu'il est : une exploration constructive des mythes par deux Francs-maçons qui renouent avec l'aventure.
2. L’ouvrage de John J. Robinson, intitulé « Les secrets perdus des Francs-maçons», publié aux Editions du Rocher est une approche tout à fait originale de l’éventualité de liens entre l’Ordre du Temple et la Franc-maçonnerie. Il existe une filiation de désir entre la Franc-maçonnerie moderne et l’Ordre des Templiers. De nombreuses recherches ont voulu soit démontrer une filiation historique, soit l’infirmer. La thèse de John J. Robinson mérite d’être examinée avec soin car elle apporte sans conteste des éléments nouveaux même si elle doit être confirmée.
A l’origine, la recherche conduite dans cet ouvrage ne visait pas à révéler quoi que ce fût de la Franc-maçonnerie ou des Templiers. Elle avait pour but de satisfaire la propre curiosité de l’auteur quant à certains aspects inexpliqués de la révolte des paysans en Angleterre, soulèvement brutal survenu en 1381 qui vit plus de cent mille hommes marcher sur Londres. Cette révolte posait une première énigme : quelle organisation en était-elle l’instigatrice ? Après l’écrasement de la révolte, certains meneurs avouèrent être les agents d’une grande société dont le siège se serait tenu à Londres. On connait si peu de chose de cette prétendue organisation que plusieurs chercheurs ont résolu l’affaire en décrétant purement et simplement qu’aucune société secrète de ce genre n’avait jamais existé.
Autre mystère : les attaques particulièrement virulentes et systématiques contre l’Ordre des Frères de l’Hôpital Saint-Jean-de-Jérusalem, connus aujourd'hui sous le nom de chevaliers de l’Ordre de Malte. Il ne fait aucun doute que cette férocité à l’égard des hospitaliers cachait un dessein bien précis. Quelle société secrète pouvait puiser dans une telle haine l’une de ces principales motivations ?
Qu’un désir de vengeance contre l’Ordre rival des Hospitaliers ait animé les chevaliers du Temple de Salomon à Jérusalem se comprenait aisément. Mais un problème subsistait : ces chevaliers du Temple avaient été anéantis quelque soixante-dix ans avant la révolte des paysans. Comment un tel désir de vengeance avait-il pu survivre secrètement durant trois générations ?
Bien qu’il n’en existe aucune preuve irréfutable, la seule logique a conduit l’auteur de cet ouvrage à suggérer l’existence d’une seule et unique société secrète dans l’Angleterre du 14ème siècle, société qui était, ou allait devenir, l’ordre des Maçons Francs et Acceptés. Aucun lien, cependant, ne semblait exister entre la révolte des paysans et la Franc-maçonnerie, à l’exception du nom ou titre de son chef. Dans l’histoire de l’Angleterre, celui-ci n’occupa que huit jours le devant de la scène et l’on ignore tout de lui sinon qu’il était le chef suprême de la rébellion. On l’appelait Walter the Tyler (le Tuileur).
De cette piste hasardeuse, l’auteur a ouvert un champ riche de découvertes en cherchant le sens oublié de mots utilisés dans les rites maçonniques comme « tyler », « cowan », « due-guard », « juwes », non plus à partir de l’anglais médiéval des guildes anglaises de tailleurs de pierre mais du français médiéval, langue de l’Ordre du Temple.
Dans une seconde phase, John J. Robinson se tourne vers l’origine des symboles maçonniques mais également vers la règle, les usages et les traditions des Templiers qui lui ont fourni des réponses à toutes ces énigmes.
L’opposition de l’Eglise romaine aux deux ordres les plus célèbres de l’histoire de l’Occident n’est pas non plus anodine. L’héritage spirituel de l’ordre du Temple survit, pour une part, dans la Franc-maçonnerie. L’auteur de ce livre suggère que cet héritage spirituel a pour fondation un héritage historique.
Nous l'avons vu dans la première partie de cette synthèse, l'Ordre du Temple est officiellement né en Terre Sainte en 1118. Néanmoins, nous allons constater que la reconnaissance officielle de l'Ordre en 1118 n'est que le prolongement d'une « mission » ou d'une « enquête » commencée près de 10 ans plus tôt...
Il a été démontré et accepté par tous les historiens que Hugues de Payns a effectué au moins deux voyages en Orient au lendemain de la première croisade, en 1104 –1105 et en 1114 – 1115, les deux fois en compagnie du comte Hugues de Champagne.
On ne sait si Hugues de Payns revint en même temps que le comte Hugues de Champagne mais on est cependant certain de sa présence en France en 1110 grâce à une charte signée de sa main.
En 1108, Hugues de Payns et Hugues de Champagne se retrouvent en Bourgogne où des documents particulièrement intéressants ont été ramenés. Si intéressants qu’ils prennent immédiatement contact avec Etienne Harding, l'abbé de Citeaux. Il faut préciser que les liens de ce dernier avec le comte de Champagne sont étroits.
Mais il convient de s'arrêter ici un instant sur le personnage du comte de Champagne qui est un des principaux feudataires du royaume, environ 4 à 5 fois plus riche que le roi de France ! Très influencé par un certain mysticisme religieux, ses liens avec Etienne Harding, l'abbé de Citeaux qui réforma la pensée bénédictine pour former le mouvement cistercien, sont plus qu'étroits.
Les liens étaient si étroits entre Etienne Harding et Hugues de Champagne qu'au lendemain du retour d'Orient du comte de Champagne et de Hugues de Payns, justement... Etienne Harding fit venir à l’abbaye de Citeaux un moine de l'abbaye de la Chaise-Dieu, spécialiste des textes hébraïques. Et dès ce moment, Etienne Harding mit sur-le-champ tout son monastère à l'étude minutieuse de mystérieux textes hébraïques, se faisant même aider dans ce travail par des rabbins appelés en renfort ! L'abbaye de Citeaux s’est donc mise à étudier des textes hébreux !
En 1115, Hugues de Blois, comte de Champagne, de retour d'un nouveau et court voyage à Jérusalem comme s'il y était allé faire une simple vérification, avait pris sous sa protection directe un jeune moine de Citeaux, Bernard de Fontaine, et lui offrit un territoire dans la forêt de Bar-sur-Aube, sur les territoires qu'il contrôlait, pour y fonder une abbaye. Ce sera l’abbaye de Clairvaux et Bernard de Fontaine la dirigera.
Bernard de Fontaine n'est pas n'importe qui ! Hugues de Blois et Champagne ainsi qu’Etienne Harding n'ont pas choisi n'importe quel moine : Bernard a enseigné en l'église Saint-Vorles de Châtillon-sur-Seine, où la tradition prétend qu'il existe une vierge noire. Il est en rapport avec les sources chrétiennes irlandaises et druidiques. Bernard a véritablement lancé le culte marial et le terme « Notre-Dame » qu'on retrouvera bientôt dans la dédicace de chaque cathédrale.
Accompagné de douze compagnons soigneusement sélectionnés, Bernard s'installe dans la forêt de Bar-sur-Aube et fonde donc l’abbaye de Clairvaux. L'abbaye de Clairvaux et la pensée du futur saint Bernard régneront sur tout le monde chrétien durant le 12ème siècle et influenceront toute la civilisation occidentale pour les siècles à venir.
Bernard de Clairvaux, s’il n'est pas établi qu'il dirigea effectivement le concile, a toutefois largement influencé la rédaction de la règle de l'Ordre, en instituant le concept du moine – soldat, dans la stricte lignée de sa pensée exhortant la noblesse à renoncer aux guerres privées pour se mettre au service de la foi.
Bernard parle aux rois, aux évêques et même au pape avec une telle autorité que tout le monde plie devant lui et le révère. Il connait tout sur tout, c'est un thaumaturge exceptionnel !
Revenons à présent à l’Ordre du Temple. En 1118, on retrouve parmi les neuf fondateurs de l'Ordre un certain André de Montbard qui n'est ni plus ni moins que l'oncle de Bernard de Clairvaux.
Il n'est pas inutile de rappeler ici que le concile a eu lieu à Troyes, le berceau d'Hugues de Payns et du comte de Champagne, qui rejoindra les Templiers en 1126 pour se mettre sous les ordres d'un ancien vassal, après avoir abandonné femme, enfants, richesses et pouvoirs...
Le temps pour eux de régler leurs affaires dans leurs fiefs et, en 1118, neuf chevaliers se présentent au roi de Jérusalem, Baudoin, qui vient de succéder à son frère Geoffroy de Saint-Omer. Ils lui déclarent qu'ils viennent pour garder les routes de pèlerinage.
L'oncle de Bernard est avec Hugues de Payns lorsque Baudoin les reçoit en invités privilégiés. Celui-ci fait spécialement dégager une partie de son palais pour les loger. Il leur donne asile dans son palais… sur l'emplacement même des illustres ruines du temple de Salomon ! Pendant dix ans, les Chevaliers du Temple vont loger à l’emplacement des ruines du temple.
Qu'y font-ils exactement ?
Comment une poignée de dix hommes, fussent-ils braves autant qu'audacieux, peut-elle prétendre assurer la garde des pèlerins, alors que les chevaliers de St-Jean-de-Jérusalem sont déjà organisés pour cela et sont tellement plus nombreux ?
De plus, les Chevaliers du Temple bougent peu de ce palais. Y aurait-il quelque autre raison secrète pour que ces dix chevaliers résident dix ans à l'emplacement du Temple de Salomon ?
Chercheraient-ils autre chose dans ces ruines antiques ?
De 1118 à 1126, c’est le trou noir ! Il semble bien que les Chevaliers Templiers aient procédé à des fouilles dans les ruines du Temple de Salomon.
Et rien ne prouve ou n'infirme la possibilité de nouveaux aller - retours entre Jérusalem et la Champagne. De plus aucun fait d'arme ne semble attribué aux Templiers durant cette période.
En 1126, le puissant comte de Champagne Hugues de Blois, lui qui avait fait don à Bernard du domaine de Clairvaux dix ans plus tôt, répudie femme et enfants, abandonne sa fortune et ses pouvoirs pour aller se joindre aux Templiers, sous les ordres de Hugues de Payns, son ancien vassal.
En 1127, Hugues de Payns et cinq chevaliers du Temple reviennent en Champagne.
Le Concile de Troyes officialise l'Ordre du Temple et lui accorde une totale indépendance vis à vis du clergé séculier et des souverains temporels, sous la houlette d'Etienne Harding et de Bernard de Clairvaux.
Les choses sont plus claires. L'origine de la création de l'Ordre du Temple est à peu de choses près une affaire de famille et tout s'articule autour du comte de Champagne et du mouvement cistercien. Les principaux créateurs et leurs maitres à penser sont originaires du comté de Champagne. Leurs autres compagnons sont issus de la maison des Princes de Flandres, croisés et pèlerins de la première heure.
Reste le mobile, la finalité, le but...
La présence omniprésente de Bernard de Clairvaux et d'Etienne Harding autour des fondateurs de l'Ordre éclaire sur le fondement religieux et même mystique des origines de l'Ordre.
Ne soyons pas naïfs. Neuf chevaliers ne pouvaient techniquement pas assurer la protection des chemins de pèlerinage au contact constant de l'ennemi. A fortiori sans recruter durant 10 ans ce que la fortune du comte de Champagne aurait pourtant largement permis.
Un des princes les plus riches du royaume de France n'abandonne pas ses richesses et les siens pour surveiller les routes sous les ordres d'un vassal, même pour la foi la plus profonde. Il y a autre chose !
Les Chevaliers Templiers sont partis chercher quelque chose en Orient. Quelque chose de primordial pour la religion de Bernard et Etienne. Quelque chose ne pouvant se trouver que sur les Lieux Saints. Quelque chose de tellement secret que seul le pape a dorénavant prise sur l'Ordre. Quelque chose de si fabuleux que seuls les liens du sang des fondateurs peut le protéger...
Tout s'explique alors...
Mais qu'ont-ils cherché, trouvé ou cru trouver ? Le Saint-Graal ? Les secrets architecturaux qui feront rayonner l'art gothique à partir de ce 12ème siècle ? L'Arche d'Alliance ? Quelque savoir ésotérique en rapport avec l'Islam ?
Nul ne le sait et ne peut être affirmatif...
Une chose demeure certaine : la création de l'Ordre du Temple ne s'est pas faite dans le but un peu simpliste de protéger les pèlerins sur les routes mais répond à une démarche longuement réfléchie voire une quête mystique plus ou moins commanditée par les moines cisterciens, Etienne Harding et Bernard de Clairvaux.
Nous pouvons aussi nous demander judicieusement pourquoi saint Bernard qui ne prêchera à Vézelay la deuxième croisade que sur ordre écrit du pape et après avoir longtemps hésité, le fit-il avec si peu d'empressement ? N'y avait-il plus autant d'intérêt à retourner en Palestine 22 ans plus tard ?
Nés d’un temple à Jérusalem et morts sur les bûchers parisiens, condamnés par un pouvoir royal en pleine création, contre leur propre pouvoir et celui du pape, les Templiers ont rempli l’imaginaire des siècles suivants. Pauvres chevaliers maniant des fortunes, ils ont nourri la littérature historique et ésotérique. Ainsi, plusieurs auteurs, dont Louis Charpentier (Mystères de la cathédrale de Chartres et des Mystères templiers) ou Patrick Rivière sont convaincus que les Templiers étaient les « dépositaires des Arcanes majeurs de la tradition primordiale », connaissances qui leur ont permis d’instruire les bâtisseurs des cathédrales.
Ainsi, les premiers Templiers auraient occulté leur mission officielle de défenseurs des routes pèlerines pour se livrer à d’intenses fouilles dans les ruines du temple de Salomon à Jérusalem et y auraient trouvé l’Arche d’alliance, réceptacle des Tables de la Loi. Des objets non pas « magiques », mais porteurs de lois mathématiques régissant l’univers. La clé, en quelque sorte, du progrès humain. Ramenés secrètement en France pour être mis en lieu sûr, ces objets auraient été contemplés par quelques initiés, dont saint Bernard de Clairvaux, le phare spirituel de l’Occident. Mais il n’existe aucune preuve de cela… Une absence qui participe au mystère des Templiers.
C’est au retour de ces neufs Templiers, tous connus, qu’a été promulguée, en 1128, la règle de l’Ordre du Temple lors du Concile de Troyes, convoqué sous l’impulsion du même saint Bernard. Dès lors, l’Ordre s’est développé d’une façon extraordinaire. Il a organisé un solide système d’économie publique, protégé cultures et récoltes, sécurisé routes et transport, créé la lettre de change. Richissime, l’Ordre du Temple avait réussi à poser les fondements d’une nouvelle civilisation.
Les Templiers se sont mués en trésoriers. Ce sont eux qui ont financé les chantiers des cathédrales et qui ont prêté des sommes faramineuses à Philippe le Bel. Celui-ci prit peu à peu ombrage de la puissance grandissante de cet état dans l’Etat. Accusés d’hérésie, les Templiers, dont leur grand maître Jacques de Molay, ont péri sur le bûcher en 1314.
Conclusions
Nombreux sont les mouvements sérieux ou non qui se sont attribué l'héritage des Templiers et ce thème est figure parmi ceux qui ont suscité le plus de thèses et antithèses : le trésor des Templiers, l'ésotérisme des Templiers, la puissance des Templiers,... tous les ingrédients semblent rassemblés pour déchaîner les passions et les extrapolations parfois osées !
Après tant de doctes ouvrages consacrés à cet ordre si réputé, pourquoi avoir entrepris cette étude qui ne peut rester qu’incomplète ? Le merveilleux baigne l’histoire d’un ordre chevaleresque religieux qui, honoré par tous, a été lourdement condamné par un roi français soucieux de son pouvoir absolu et par un pape qui a fléchi devant les volontés temporelles.
L’affreux supplice de ces moines soldats en a fait des martyrs et toute une littérature a donné naissance à un nombre impressionnant de faux ordres chevaleresques qui ont recruté leurs membres dans les milieux les plus divers. De très nombreuses associations ont revendiqué une filiation fantaisiste car on attribue à l’Ordre du Temple d’imaginaires mérites. La littérature aurait dénombré plus de 400 résurgences. J’ai énuméré les plus connues.
Certains fidèles cherchent un hypothétique trésor, scrutent le sol d’anciennes commanderies ou de châteaux ; d’autres veulent déchiffrer leurs graffiti et y trouver un message spirituel. Leur mémoire comme victimes de l’intolérance religieuse et politique est le plus souvent commémorée.
A notre époque où la société bafoue les règles morales, où la liberté de pensée est dictée par des organismes multiples, certains rêvent de pureté, de bravoure, de respect de la parole donnée sans avoir à s’inféoder à des idées prodiguées par la presse ; la chevalerie conserve encore à notre époque un certain sens de l’honneur.
Au siècle de la communication, nous restons isolés les uns des autres, sans véritable échange intérieur. Les groupes chevaleresques modernes veulent perpétuer un esprit qui ne correspond plus à nos règles de vie actuelle. Mais nous rêvons d’un monde meilleur, épuré. Alors nous prêtons à ces nobles chevaliers des qualités illusoires car, épris d’idéalisme, nous voulons naviguer à contre-courant.
Certains ouvrages prétendent que l’Ordre du Temple aurait construit nos cathédrales, qu’il aurait apporté la connaissance du « trait » aux Compagnons du Tour de France alors que cette règle permettant de résoudre des problèmes techniques par la statique graphique avait déjà été évoquée par l’architecte romain Vitruve vivant vers -85 à +26 de notre ère. Ce serait aussi méconnaître les constructions mérovingiennes où les principes de l’architecture sont déjà rigoureusement exploités. Ne faut-il pas également se souvenir que des ordonnances de Charlemagne en 769 interdisent le rassemblement des ouvriers turbulents, ce qui prouve qu’une sorte de Compagnonnage possédait déjà une organisation pouvant inquiéter le pouvoir royal. Or, les Templiers, nous l’avons vu, se sont formés beaucoup plus tard, en 1118.
J’ai essayé de cerner les faits historiques essentiels, de décrire l’organisation matérielle de l’Ordre du Temple, son enrichissement financier, son rôle de banquier.
J’ai aussi essayé de montrer les liens qui pouvaient exister entre l’Ordre du Temple et la Franc-maçonnerie. Dans une perspective maçonnique entretenue par les loges, principalement avec les grades de vengeance (Chevalier Kadosh), on affirme que Humbert Blanc, Précepteur d’Auvergne, se serait réfugié en Angleterre ; que Pierre d’Aumont, Grand Maître provincial d’Auvergne, aurait gagné Heredown en Ecosse où il aurait aidé le roi Robert Bruce à gagner l’indépendance de son pays par la bataille de Bonnockburn en 1314.
En 1754, le chapitre de Clermont a confirmé cette filiation templière également soutenue par l’obédience maçonnique allemande constituée vers 1751 par le baron Karl von Hundt (1722 – 1776) et qui émergea sous le nom de « Stricte Observance Templière » (en abrégé S.O.T.).
Cette Maçonnerie rectifiée proviendrait de l’Ordre du Temple mais également de la Maçonnerie écossaise, œuvre des Stuarts détrônés (branche Jacobite).
La « Stricte Observance Templière » a sans doute été également influencée par les Chevaliers Porte-Glaive et les Chevaliers teutoniques. Elle a voulu restaurer l’Ordre du Temple, recouvrer ses trésors en obéissant à ses chefs, les « Supérieurs Inconnus ». Certains membres ont pris ce programme à la lettre et quelques imposteurs ont tenté de profiter de la situation. Elle conférait sept grades : Apprenti, Compagnon, Maître, Maître Écossais de saint André, Écuyer Novice, Templier, Chevalier Profès qui comprenait lui-même plusieurs classes.
La filiation templière et le mythe des « Supérieurs Inconnus » n’ont pas été reconnus lors du Convent de Wilhelmsbad (du 16 juillet au 29 août 1782), convent qui a mis en place le « Régime Écossais Rectifié » dont les prieurés sont calqués sur l’organisation médiévale. Son degré terminal intitulé « Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte » (en abrégé C.B.C.S.) est un grade plus chevaleresque que maçonnique.
L’ordre templier a ainsi laissé des traces dans les hauts grades de la Franc-maçonnerie, principalement dans le Rite Ecossais Rectifié, dans le Rite d’York, dans le Rite Écossais Ancien et Accepté (Chevalier Kadosch 30ème mais aussi 32ème et surtout 33ème).
Mais les hauts grades maçonniques, pas plus que les rites maçonniques des trois premiers degrés, ne sont les héritiers directs des Templiers, pas plus d’ailleurs que les nombreuses sociétés profanes qui s’en réclament.
Les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, Ordre du Christ au Portugal, semble être le seul successeur légitime. Le rituel du 30ème degré déclare : « Notre grade commémore l’Ordre Templier et s’en inspire sans pour autant prétendre en être le continuateur et l’héritier ». De même au Rite Écossais Rectifié : « le grade de Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte diffère de ce que pouvait être la pensée templière non préoccupée de soufisme, d’alchimie ou de magie. …».
A. B.
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Baigent Michael & Leigh Richard - Des Templiers aux Francs-maçons - Editions Du Rocher, 1991
Bonneville Nicolas - Le secret des Templiers du 14ème siècle - Prieuré, 1993
Daillez Laurent - Guide de la France templière - Table d'émeraude, 1992
Desgris Alain - L'Ordre des Templiers. Les secrets dévoilés - Editions Dervy, 1994
Ivran Gobry - Le Procès des Templiers : vérités et légendes - Editions Perrin, 1995
La Bouralière & Jacquot F. - Défense des Templiers - Lacour Rediviva, 1992
Lachaud René - Templiers, chevaliers d'orient et d'occident - Dangles, 1997
Lamy Michel - Les Templiers, ces grands seigneurs aux blancs manteaux - Aubéron, 320p.
Laurent Hervé - Les mystères templiers d'hier et d'aujourd'hui - Editions Bentzinger, 1996
Mondange Christian de - Histoire et passions des Templiers - Editions Amarande, 1993
Nollier Irnès - Le Grand Maitre des Templiers - Editions Du Rocher
Rivière Patrick - Les Templiers et leurs mystères - Editions De vicchi, 1992
Asse Eugène
La France des croisades
Librairie de Firmin-Didot, Paris
Bernage Georges & Le Carpentier Marc - Viollet le Duc
Encyclopédie Médiévale : refonte du dictionnaire raisonné de l'architecture
Bayeux, Editions Georges Bernage Inter-Livres, 1978
720 pp., Tome 1 et 2.
Bordonove Georges - Les Templiers
Paris, Fayard, 1964 - 256 pp.
Charpentier John - L’ordre des Templiers
Ed. Tallandier, 1997
Curzon Henri de - La Règle du Temple
publiée pour la Société de l'Histoire de France
Paris : Amonard H. Laurens successeurs, 1886, XII-368 p.
Daillez Laurent - Les Templiers, ces inconnus
Paris, Perrin, 1972
Daillez Laurent - Miroir du Moyen Age. Institutions, figures, savoirs
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Druon Maurice - Les rois maudits
Paris, Editions Del Duca, 1950 - 352 pp., Tome 1
Dumontier Michel - Sur les pas des Templiers à Paris et en ile de France
Paris, Editions Henri Veyrier / Copernic, 1991 - 158 pp.
Dumontier Michel, Nicole Villeroux, Georges Bernage, Thierry Barreau
Sur les pas des Templiers en Bretagne Normandie Pays de Loire
Paris, Editions Copernic, 1980 - 156 pp.
Futthark Run - Les Templiers, moines et chevaliers de la lumière
Editions de Vecchi, Paris
Gobry Ivan - Le procès des Templiers
Editions Perrin, Paris, 1995
Knight Christopher & Lomas Robert - La clé d’Hiram
Editions Dervy, Paris
Lacroix Paul - La chevalerie et les croisades
Paris, 1890
Leroy Thierry - Hugues de Payns
Editions de la Maison du Boulanger (1997).
Melville Marion - La vie des Templiers
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Olivier Albert - Les Templiers
Editions « Le temps qui court », 1958
Picknett Lynn et Prince Clive - La révélation des Templiers
Editions du Rocher, Monaco, 1999
Plume, Christian & Pasquini, Xavier - Encyclopédie des sectes dans le monde
Connaissance de l'étrange - Paris, Henri Veyrier, 1984 - 490 pp.
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Connaissance de l'étrange - Paris, Henri Veyrier, 1984 - 490 p.
Robinson John J. - Les secrets perdus des Francs-maçons
Editions du Rocher, Paris
Roy J.-J.-E. - Histoire des Templiers
Editions Mame, 1848
Tallandier Jules - Les Templiers coupables ou innocents ?
Historia, numéro spécial, n° 385 bis
Paris, 1978 - 128 pp.
Les Templiers - Présence et énigme des Templiers
Archéologia, n° 27 - Paris, avril 1969