Située rue de l’Abbaye à Rochefort en province de Namur, l’abbaye Notre-Dame de Saint-Rémy compte déjà sept siècles d’existence. Fondée en 1230 par Gilles de Walcourt, seigneur de Rochefort, cette abbaye de cisterciennes [1] s’appela d’abord « Secours Notre-Dame ». Elle prit progressivement le nom de Saint-Rémy, patron de l’église paroissiale de Falen, petit village aujourd’hui disparu, situé autrefois entre Rochefort et Havrenne, à 1,5 km de l’abbaye Saint-Rémy. Le territoire de ce village comprenait la Cense-au-Bois, les carrières de Saint-Rémy et le Vesty.
Les moniales furent remplacées par les moines cisterciens de Félipré (Givet) jusqu’à la Révolution française. Supprimée à la Révolution française [2], l’abbaye fut rétablie en 1887 par l’ordre de la Trappe [3].
Au cours des siècles, elle ne fut pas épargnée par les guerres, pillages, dévastations, incendies. Malgré les épreuves, elle s’est toujours relevée de ses ruines : « Curvata Resurgo » est sa devise.
En 1787, presque un siècle après la tourmente révolutionnaire, l’abbaye fut restaurée par les Cisterciens - Trappistes qui y firent refleurir la vie monastique. Depuis, elle appartient à l’Ordre cistercien de la Stricte Observance, dénommé « trappiste » en raison de ses liens historiques avec l’Abbaye de la Trappe, en France, et du rôle de celle-ci dans la réforme de l’Ordre cistercien au 17ème siècle.
Vivant de son travail et puisant en lui la possibilité de soulager de nombreux besoins sociaux, la communauté monastique de Saint-Rémy a choisi d’insérer son activité économique dans le créneau agro-alimentaire. C’est ainsi qu’elle confectionne, depuis des siècles, une bière qui est devenue très réputée. La production en est volontairement limitée. Ce breuvage de haute qualité demande à être dégusté avec sagesse et sobriété. Il est alors en mesure de favoriser partage et amitié. Ce sujet sera envisagé à la fin de cette étude.
Le monastère ne peut être visité, mais l’église abbatiale est largement accessible à tous ceux qui veulent s’y recueillir. C’est essentiellement à l’église abbatiale que la présente étude est consacrée.
Fidèle à la vocation contemplative de l’ordre de Cîteaux, le monastère veut rester une oasis de paix, un lieu de silence et de prière dans une vraie communion.
Porterie de l’abbaye Saint-Remy
Cliché G. Focant, DPat, © MRW
Situé dans la large vallée boisée du Biran, l’ensemble clôturé actuel fut construit en briques et pierre bleue du 16ème au 18ème siècle.
Démolis au début du 19ème siècle, l’église et le cloître furent remplacés par de nouveaux bâtiments élevés de 1892 à 1900 et de 1952 à 1967 en style néo-gothique.
Il convient d’observer de l’extérieur :
Les moines qui y vivent font l’aumône grâce aux fruits de leur travail. On brasse la bière à Saint-Rémy depuis le 16ème siècle, comme l’attestent des documents d’archives. En 1952, la brasserie a été modernisée tout en maintenant la production dans des limites fixées d’après les vrais besoins. Grâce à un travail assidu et consciencieux, les moines assurent à leur communauté une base économique stable qui lui permet de remplir son rôle spirituel.
Des travaux ont rendu peu à peu à l’abbaye l’austère simplicité propre à l’esprit de Cîteaux et de saint Bernard. Dans les pages suivantes, découvrons les travaux de restauration de l’église abbatiale entrepris depuis 1991.
L'église de l'abbaye avant sa transformation
Les premiers travaux dans l'église en octobre 1991
Travaux de rénovation du chœur et de la nef
Travaux de rénovation dans la nef
Dégagement et rénovation de la charpente
Rénovation des murs de la nef
Premiers travaux dans l’église
Blason de Dom Anselme Judong, prieur de 1887 à 1908 (?)
Blason de Dom Henri Kuypers, abbé de 1912 à 1948
Des ouvriers sur le chantier
A. B.
Pour suivre : Visite de l'église abbatiale, en photos : ICI
Pour suivre : Les Cisterciens et les Trappistes : ICI
Notes :
[1] L’ordre des Cisterciens a été fondé en 1098 (Cîteaux). Comme les Bénédictins, ils se rattachent à la règle de saint Benoît.
[2] Loi du 15 fructidor an IV (1er septembre 1796), à Rochefort, fut également supprimé le couvent des Carmélites (expulsées le 10 janvier 1797). Lamotte nous donne les noms de quelques chanoines de Saint-Rémy : Armand Delpierre, ex-abbé, qui mourut doyen à Rochefort, Charles Lambert, H. Sante qui fut plus tard vicaire à Chanly, Marquet, Dedave et Saive. En mars 1781, les moines et leur abbé avaient obtenu leur sécularisation et constitution en chapitre de chanoines.
[3] Il s’agit de l’« Ordre de la Stricte Observance », ou Cisterciens réformés. Au début du 17ème siècle, l'ordre cistercien se scinde en deux : les Cisterciens de la Commune Observance et les Cisterciens réformés. C'est à partir de 1892 que se regroupent les trois congrégations de la Stricte Observance pour former un ordre indépendant.