Ce qui subsiste à l’heure actuelle
A. Des restaurations fantaisistes
1. La Tour Noire, place Sainte-Catherine
2. Rue du Midi n° 110
3. Les vestiges à l’hôtel S.A.S.
4. Le vestige de l’hôtel Royal Embassy
En dehors de restes mutilés confondus dans des constructions adjacentes ultérieures, il ne subsiste plus guère visibles que quelques très beaux morceaux de courtine dans la cour de l’Athénée royal Jules Bordet rue du Chêne, une tour et un morceau de rempart rue de Villers (visible également dans la cour de l’Institut Sint Joris, rue des Alexiens), une tour et une partie de courtine dans le jardin du doyen de la cathédrale Saint-Michel, ainsi que quatre autres tours de défense sur les quelques quarante que comptait l’enceinte à l’origine, portes exclues. Les tours diffèrent légèrement dans leurs dimensions. Leurs murs, épais de 2 m 30 à 3 m, percés dans l’axe et latéralement de profondes embrasures éclairées par une meurtrière, soutiennent une voûte qui est en berceau sur la partie droite et en cul-de-four sur la partie arrondie de la pièce du rez-de-chaussée.
A. Des restaurations fantaisistes
Il faut malheureusement préciser que de nombreux vestiges ont fait l’objet de telles restaurations que leur originalité peut parfois être contestée et que leur aspect rénové fausse totalement l’idée de ce que les remparts étaient au début du 13ème siècle. Ainsi, entre 1954 et 1955, les vestiges du mur que l’on pouvait encore apercevoir au fond de l’impasse Saint-Eloi rue de Ruysbroeck ont été démolis.
Extérieur du mur d'enceinte
au fond des jardins de la rue de Ruysbroeck en 1954
subrepticement abattu par les bâtisseurs
de la nouvelle Bibliothèque Royale Albert 1er.
Les experts des Archives du Royaume et de la Bibliothèque Royale n’ont pu empêcher la démolition d’une grande partie du mur d’enceinte longeant l’ancien cours du Ruysbroeck lors de la construction de ces deux institutions culturelles avoisinantes : la Bibliothèque Albertine et le bâtiment des Archives Générales du Royaume.
Restes de la courtine avant sa démolition
pour faire place à la Bibliothèque Royale Albert 1er
Les vieilles maisons, dont les jardins jouxtaient ce qui fut sans doute le plus important vestige de l’enceinte du 13ème siècle, ont fait place à la Bibliothèque Albertine !
En « souvenir », à l’angle de la rue de la Paille et de la rue de Ruysbroeck, à l’arrière de la Bibliothèque Albertine et devant le bâtiment des Archives Générales du Royaume, soit une cinquantaine de mètres plus bas, sur une pelouse appartenant aux Archives du Royaume, quelques pierres provenant sans doute de ces anciens remparts ont été maçonnées de façon à former la base d’un mur assez large. Ni l’emplacement, ni l’orientation, ni la structure de ce mur ne correspondent aux vrais remparts ! Un plan de l’enceinte du 13ème siècle y a été apposé. Il s'agit d'une représentation symbolique du vestige, compte-tenu de ce qu'il était encore jusqu'en 1954. Cette petite édification n’a donc rien d’historique et il convient aussi de remarquer que le plan de l’enceinte ne mentionne même pas la Porte Saint-Jacques !
1. LA TOUR NOIRE
Bâtie derrière l’église Sainte-Catherine, la Tour Noire, était une propriété privée au 16ème siècle. En 1887, lorsque les expropriations et les démolitions d’immeubles nécessaires à l’assainissement du quartier de la Vierge-Noire étaient déjà assez avancées, la tour fut complètement dégagée des constructions qui l’avaient rendue invisible. Il n’est pas étonnant qu’elle ait été oubliée car la démolition de cette partie du mur d’enceinte datait déjà du 17ème siècle quand il fut décidé d’aménager les quais des bassins du nouveau port de Bruxelles. La tour accueillit alors l’administration chargée de l’approvisionnement et de la vente du sel.
Désaffectée, elle redevint une propriété privée avant d’abriter une partie de la taverne « In den Toren ». Redécouverte au centre de ce quartier, le problème de la restauration de cette tour d’enceinte fut posé au Conseil communal. Bien que certains affirment aujourd’hui que ce qui fut découvert à l’époque n’était qu’un tas de pierres, la Tour Noire, qui ne portait donc pas encore ce nom, n’était pas visible de la rue. Elle formait l’arrière de l’estaminet « In den Toren ».
Sauvée de la destruction en 1888, grâce à la détermination du bourgmestre de l’époque, Charles Buls, elle fut remaniée d’après les propositions de l’architecte communal Victor Jamaer. Mais un simple coup d’œil sur cet édifice nous permet de comprendre que Jamaer prêta aux éléments restitués sa propre vision de l’architecture médiévale.
De proportions modestes, cette tour a été affublée d’une toiture semi-conique à double bâtière, s’appuyant contre un haut pignon à gradins, à l’image de celles que l’on peut voir notamment sur le tableau de Bernard Van Orley « Vierge à l’Enfant ».
Les escaliers ou gradins du mur pignon de la Tour Noire sont au nombre de quatre de 80 centimètres de largeur et 1 mètre 60 de hauteur, terminés par un mur de 1 m 50 de largeur sur 2 m 20 de haut. Ce large mur sert de fond à la toiture en ardoise. Il a longtemps masqué l’arrière des habitations de la rue de la Vierge Noire.
La Tour Noire vers 1910
L'incendie des Etablissements Esders en 1990
Après l’incendie des Etablissements Esders qui entouraient la tour, la conservation de celle-ci fut à nouveau mise en péril lors de l’élaboration d’un nouveau plan de rénovation de l’îlot. En 1998 il était permis de penser que la tour était enfin sauvée de la destruction et qu’elle serait bientôt entourée d’un nouvel hôtel de grand confort.
La Tour Noire enclavée dans la construction du Novotel
Aujourd’hui, la Tour noire est cernée par un hôtel de construction récente et se dresse toujours fièrement place Sainte-Catherine.
La Tour Noire en juin 2004
2. Rue du Midi n° 110
Percé en 1850, le tronçon de la rue du Midi qui menait à la première gare du Midi ou station des Bogards, fit apparaître un pan de mur et des fondations à hauteur du médailleur De Greef. Dans la cave de l’immeuble sis 108 – 110 rue du Midi, le mur mitoyen avec le 112 est un fragment de l’enceinte du 12ème siècle. Louis Quiévreux, qui avait visité les lieux, disait que le propriétaire avait aménagé des rayons et des placards au premier étage, dans l’épaisseur de la muraille.
En 1994, ce sont les vestiges de la base d’une tour qui ont été découverts lors de travaux au n° 118 rue du Midi qui communique avec le n° 15 de la rue des Moineaux.
3. LES VESTIGES A L’HOTEL S.A.S.
Entre 1970 et 1985 environ subsistaient une importante partie de mur du 13ème siècle au fond du parking situé en face de la C.G.E.R. rue du Fossé-aux-Loups.
Ce tronçon de courtine de trente mètres de long bien conservé sur toute sa hauteur fut classé en 1984.
Au moment où débuta la construction de l’hôtel S.A.S. à cet emplacement, il avait été convenu que ces vestiges seraient intégrés aux salons de ce nouvel établissement hôtelier.
Hélas, au moment des fondations, l’entrepreneur a sciemment laissé s’effondrer un vestige qui entravait la circulation des engins de chantier. Ce superbe pan de mur fut détruit.
La reconstruction présentée actuellement dans l’atrium de l’hôtel n’est qu’un fac-similé de mauvaise qualité car les matériaux utilisés ne sont pas ceux d’origine.
Aspects de la reconstruction de la muraille après l’édification du Radisson SAS Hotel Brussels
rue du Fossé-aux-Loups 47
mais les matériaux ne sont pas d’origine.
4. LE VESTIGE DE L’HOTEL ROYAL EMBASSY
En 1989, dans le chantier du futur hôtel Embassy (« Eurostars Grand-Place »), des moellons séculaires ont été mis au jour. Ces vieilles pierres appartenaient à une arche d'un pont permettant à la première enceinte de franchir la Senne, près de l'église de Bon Secours, entre la Porte d'Overmolen et le Guichet du Lion. Au fil du temps, ce pont a été absorbé par l'habitat, mais jamais par la voirie. Cette arche a été (trop) bien restaurée et intégrée à la piscine du sauna, au fond des caves du Royal Embassy Hotel, 159 boulevard Anspach.
A. B.
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