Visite d'une exposition de sculptures :
à « La Piscine » à Roubaix
En novembre 2017 a eu lieu chez « Artcurial » une vente aux enchères historique du dernier ensemble d’œuvres appartenant à la famille de Camille Claudel et provenant de la collection des héritiers de la sœur de l’artiste, Louise de Massary.
Douze des dix-sept œuvres mises en vente ont pu être préemptées et entrer ainsi dans les collections des musées français où elles pourront être admirées par un large public.
C’est ainsi que « La Piscine », après l’acquisition de « L’Homme penché » et le dépôt de « La petite Châtelaine à la natte courbe », organise une exposition du 14 février au 1eravril 2018, intitulée « Les Camille Claudel de La Piscine » et propose aux visiteurs de (re)découvrir les 8 sculptures de l’artiste conservées à Roubaix.
Ce mardi 27 mars 2018, nous nous sommes rendus à Roubaix, à « La Piscine » afin de découvrir ces quelques sculptures de Camille Claudel.
Photos Clio
« La Petite Châtelaine à la natte courbe » et « L’Homme penché » sont tous deux dévoilés pour la première fois au public depuis leur arrivée dans les collections du musée. Les deux œuvres seront montrées dans une des salles du parcours permanent, réaménagée pour l’occasion, aux côtés des autres sculptures de Camille Claudel présentes dans les collections du musée. Cette exposition temporaire « Les Camille Claudel de La Piscine » fait écho à la grande rétrospective de 2014 : Camille Claudel (1864 – 1943). Au miroir d’un art nouveau qui avait eu un grand succès à « La Piscine ».
Parmi les richesses du musée « La Piscine », l’ensemble des œuvres de l’artiste est assurément un élément fondamental. En effet, entre « La Piscine » et Camille Claudel c’est une grande histoire d’amour qui commence en 1994 avec le dépôt par le Centre National des Arts Plastiques du « Buste d’Auguste Rodin ». En 1995, le musée fit l’acquisition exceptionnelle de « La Petite Châtelaine » grâce à l’État, la Région et une souscription publique qui a mobilisé de nombreux contributeurs privés. Ce buste, considéré comme la Joconde du musée, fit rapidement la fierté des Roubaisiens et devint l’un des emblèmes du musée.
À l’ouverture de « La Piscine », en octobre 2001, le musée assuma avec force son engagement pour la sculpture notamment en présentant sa grande galerie de statuaire dans le bassin de la piscine réhabilitée et continue d’année en année à enrichir sa collection Claudel.
En 2005, avec l’aide du Fonds Régional d’Acquisitions pour les Musées, le musée acquit « Les Causeuses » et « Chienne rongeant un os ».
En 2007, « Torse de femme accroupie » entra dans les collections avec l’aide de la Société des Amis du Musée, de l’État, de la Région et de plusieurs mécènes.
En 2008, avec le soutien du Fonds Régional d’Acquisition pour les Musées et le mécénat du CIC Nord-Ouest, « l’Implorante » intégra la collection. Cette histoire d’amour continue et se transforme même en véritable conte de fée !
Il s’agit de la dernière exposition avant la fermeture pour 6 mois de réaménagement et la réouverture du musée agrandi à l’automne 2018. A cette occasion « La Piscine » a mis en ligne l’ensemble du fonds des Camille Claudel du musée sur sa base numérique illustrée et enrichie accessible ici. 8 sculptures présentées :
Buste d’Auguste Rodin, 1888
Bronze, H. 39,5 ; L. 25 ; Pr. 27 cm
Dépôt du Centre National des Arts Plastiques en 1994
La Petite Châtelaine, 1895-1896
Marbre, H. 44,2 ; L. 36 ; P. 29 cm
Achat avec le soutien de l’État (Fonds du Patrimoine), de la Région Nord-Pas-de-Calais (Fonds régional d’acquisition des musées) et l’apport d’une souscription publique en 1996.
Les Causeuses, 1893-1895
Plâtre, H. 24 ; L. 30 ; P. 27 cm
Achat avec le soutien de la Région Nord-Pas-de-Calais (Fonds régional d’acquisition des musées) en 2005.
Chienne rongeant un os, vers 1893
Plâtre patiné, H. 16 ; L. 22 ; P. 10 cm
Achat avec le soutien de la Région Nord-Pas-de-Calais (Fonds régional d’acquisition des musées) en 2005.
Torse de femme accroupie, vers 1884-1885
Bronze, H. 35 ; L. 21 ; Pr. 19 cm
Achat avec le soutien de l’État (Fonds du Patrimoine), de la Région Hauts-de-France (Fonds régional d’acquisition des musées) et de la Société des Amis du musée en 2007.
Étude pour L’Implorante, 1890-1907
Bronze, H. 55,5 ; L. 21 ; Pr. 18 cm
Achat avec le soutien de la Région Hauts-de-France (Fonds régional d’acquisition des musées) et du CIC Nord-Ouest en 2008.
L’Homme penché, vers 1886
Plâtre d’atelier provenant vraisemblablement d’un moule à creux perdu, H. 43,2 ; L. 16,5 ; Pr. 28cm
Achat avec le soutien de l’État (Fonds du Patrimoine), de la Région Hauts-de-France (Fonds régional d’acquisition des musées) de la Société des amis et du Cercle des mécènes de La Piscine, le soutien d’une amie du musée et un apport significatif du CIC Nord-Ouest en 2017.
La Petite Châtelaine à la natte courbe, 1892-1893
Plâtre, H. 33 ; L. 28 ; P. 22 cm
Dépôt d’un collectionneur privé au musée de Roubaix en 2018.
Les dix dernières photos sont de Arnaud Loubry et Alain Leprince
J'ai personnellement été intrigué d'apprendre que Camille Claudel avait été internée...
Voici un résumé de sa vie qui permet de comprendre les circonstances de cet internement.
Camille Claudel
Née à Fère-en-Tardenoise (France) le 08/12/1864 ; morte à Montdevergues, près de Villeneuve-lès-Avignon (France) le 19/10/1943.
Camille Claudel se passionne très tôt pour la sculpture. Convaincue qu'elle en fera son métier, la jeune fille se rend à Paris et devient l'élève d'Auguste Rodin. Elle se perfectionne rapidement, montre un talent remarquable pour cet art mais demeure dans l'ombre de son maître. On l'accuse de le copier et sa relation amoureuse avec l'artiste n'arrange en rien sa réputation. Après la rupture du couple, la critique ne reconnaît toujours pas son talent, malgré toutes ses productions de qualité (la Valse, 1893 ; Clotho, 1893 ; l'Âge mur, 1899). Camille Claudel cherche pourtant à s'affranchir de Rodin. Elle sombre dans l'isolement et souffre également de l'éloignement de son frère, l'écrivain Paul Claudel, parti aux Etats-unis. Elle sculpte encore et expose ses œuvres en 1905 à la galerie Blot. Mais elle semble de plus en plus gagnée par la folie et la paranoïa. En 1913, au lendemain de la mort de son père, sa mère décide de l'interner de force. Camille Claudel passera le reste de sa vie en hôpital psychiatrique.
Mise en page : A. B.