Voici une histoire vraie datant du 25 novembre 1120 !
Il est 23 heures 30 en ce soir du 25 novembre 1120 et la « Blanche Nef » sort du port de Barfleur (Cotentin, Normandie), voguant vers son destin qui va modifier le cours de toute l'histoire de l'Europe médiévale.
Mais, avant d’évoquer cette tragédie dans les détails, revenons quelques années plus tôt, quand Guillaume le Bâtard, fils d'un duc normand et d'Arlette, elle-même fille d'un tanneur de Falaise, décide d'attaquer l'Angleterre.
Il part lui aussi de Barfleur, à bord de son navire « Le Mora » et débarque en Angleterre le 14 octobre 1066 pour attaquer les troupes du roi Harold, avec l'aide de quatre à six mille de ses hommes accompagnés de ses chevaliers qui donneront une tournure décisive à ce combat.
Il gagne donc la fameuse bataille d'Hastings contre les Anglo-saxons et devient alors Guillaume le Conquérant, roi d'Angleterre, succédant ainsi à Harold, tué lors du combat.
Tout ceci est consigné sur la première bande dessinée de l'histoire, la célèbre tapisserie de Bayeux, la « Tapisserie de la Reine Mathilde », femme de Guillaume.
Pour bien comprendre cet épisode de l’histoire d’Angleterre et du Duché de Normandie, ouvrons ici une parenthèse pour mettre en évidence les moments importants de la vie des principaux acteurs.
1102 : Naissance de Mathilde d’Angleterre.
8 septembre 1106 : Bataille de Tinchebray : Henri 1er Beauclerc bat son frère le duc de Normandie Robert de Courteheuse et le fait prisonnier.
24 août 1113 : Naissance du futur Geoffroy V Plantagenêt.
1er mai 1118 : Mort d'Edith d'Ecosse.
17 juin 1128 : Mathilde, fille et héritière d’Henri 1er d’Angleterre, épouse le comte d'Anjou Geoffroy Plantagenêt. Ils seront les parents d'Henri II Plantagenêt.
1129 : Le comte d'Anjou Foulques V quitte la France pour la Terre Sainte en abandonnant ses possessions françaises à son fils Geoffroy V Plantagenet.
4 mars 1133 : Naissance d’Henri Plantagenêt, futur roi d'Angleterre.
22 décembre 1135 : Mort du roi d'Angleterre Henri 1er Beauclerc.
19 janvier 1144 : Rouen est prise par Geoffroy V Plantagenêt.
1150 : Geoffroy V Plantagenêt associe son fils Henri II au gouvernement de la Normandie.
7 septembre 1151 : Mort du comte d'Anjou Geoffroy V Plantagenêt au Mans.
18 mai 1152 : Mariage d’Aliénor d’Aquitaine et d’Henri II Plantagenêt, deux mois après le divorce d'Aliénor.
25 octobre 1154 : Mort du roi d'Angleterre Etienne de Blois. Avènement d'Henri II Plantagenêt.
10 septembre 1167 : Mort de Mathilde d'Angleterre à Rouen.
Vers 1027 : Naissance de Guillaume le Bâtard de Normandie, futur Guillaume le conquérant.
Guillaume est le fils du duc de Normandie Robert le Magnifique et d'Arlette, fille d'un de ses pelletiers (fabriquant d'habits en cuir et fourrure). Ses parents n'étant pas mariés, et sa mère de condition modeste, il est affublé du surnom de « Batard », qu'il portera pendant longtemps.
Robert, de caractère violent (il est soupçonné d'être à l'origine de la mort de son frère et prédécesseur Richard III de Normandie), part en pèlerinage en Terre Sainte pour expier ses fautes. En partant, il désigne comme successeur Guillaume, son seul fils. Il fait jurer fidélité à Guillaume par ses vassaux.
Février 1035 : Robert le Magnifique part en pèlerinage en Terre Sainte.
2 juillet 1035 : Mort du duc de Normandie Robert le Magnifique à Nicée, pendant son pèlerinage en Terre Sainte.
Robert le Magnifique meurt à 25 ans. Guillaume lui succède en tant que duc, mais il est encore enfant (7 ans). Les barons normands se révoltent et s'entredéchirent. Les trois tuteurs successifs de Guillaume sont assassinés. On est même obligé de cacher le jeune duc au sein d'une modeste famille pour protéger sa vie.
Les troubles se poursuivent pendant une dizaine d'année. Devenu adulte, Guillaume joue finement en demandant l'aide de son suzerain le roi de France Henri 1er. Ce dernier aurait bien laissé ce puissant vassal et voisin s'empêtrer dans ses problèmes internes, mais le droit féodal ne badine pas avec ce genre de choses : le suzerain doit porter assistance à son vassal.
Les deux alliés joignent donc leurs forcent et défont les rebelles à la bataille du Val-ès-Dunes près de Caen.
Printemps 1047 : Bataille du Val-ès-Dunes : Henri 1er vient aider Guillaume de Normandie à mater ses barons révoltés. Peu à peu, Guillaume devient le maître incontesté de son duché. Il aura sans doute tirés de cette période troublée une grande expérience militaire.
Guillaume souhaite épouser Mathilde, la fille du comte de Flandres. Cette dernière voit d'abord d'un mauvais œil cette union avec un bâtard. Elle aurait d'abord refusé vertement ; la tradition rapportant à ce propos une anecdote surprenante : Guillaume serait monté en Flandres à brides abattues pour administrer une sévère fessée à l'impertinente qui osait dédaigner un mariage avec le puissant duc de Normandie.
Quoi qu'il en soit, ce n'est pas Mathilde qui fut la plus difficile à convaincre, mais le Pape, qui voyait d'un mauvais œil les deux plus riches provinces de France se rapprocher de la sorte, face à un roi de France encore bien faible. Le mariage de Guillaume et Mathilde sera interdit en prétextant un cousinage au 5ème degré. Le mariage aura tout de même lieu et Guillaume sera excommunié.
octobre 1049 : Concile de Reims : Le pape Léon IX s'oppose au mariage de Guillaume de Normandie et Mathilde de Flandres.
1051 : Mariage de Guillaume de Normandie et Mathilde de Flandres.
En expiation, et pour faire passer la pilule du mariage, ils bâtiront à Caen respectivement l'abbaye aux hommes et l'abbaye aux dames.
1060 : Construction de l'abbaye aux dames de Caen sur ordre de la duchesse Mathilde.
1063 : Construction de l'abbaye aux hommes de Caen sur ordre de Guillaume de Normandie.
Guillaume doit aussi faire face aux tentatives d'invasion de son suzerain et voisin le roi de France.
1054 : Bataille de Mortemer sur l'Eaulne : Guillaume de Normandie arrête l'invasion du roi de France Henri 1er.
1057 : Bataille de Varaville : Guillaume de Normandie fait échouer une nouvelle invasion de la Normandie par le roi de France Henri 1er.
Le vieux roi d'Angleterre Edouard le Confesseur, longtemps réfugié à la cour ducale, n'a pas de successeur et il avait promis à Guillaume sa succession.
5 janvier 1066 : Mort du roi Edouard le Confesseur.
6 janvier 1066 : Harold II est désigné roi d'Angleterre.
Harold Goldwinson, le plus sérieux concurrent de Guillaume, est proclamé roi d'Angleterre aussitôt après la mort d'Edouard le Confesseur.
Mais Guillaume ne l'entend pas ainsi. Il fait construire une flotte qu'il rassemble près de Dives pour aller à la conquête de l'Angleterre. Quand il débarque, son rival n'est pas là, immobilisé dans le nord par un autre débarquement (norvégien celui-ci).
Les deux armées se rencontrent à Hastings. C'est la défaite pour les Saxons et la mort pour Harold mortellement blessé par une flèche.
14 octobre 1066 : Bataille de Hestings : Guillaume le Conquérant prend le contrôle de l'Angleterre.
14 octobre 1066 : Mort d’Harold II, tué d'une flèche dans l'œil lors de la Bataille d’Hastings. Guillaume est maître du terrain et de l'Angleterre. Il ne sera désormais plus le Bâtard, mais le Conquérant. Il se fait couronner en bonne et due forme à Westminster.
25 décembre 1066 : Guillaume le Conquérant est couronné roi d'Angleterre à Westminster.
1068 : Naissance du futur roi d'Angleterre Henri 1er Beauclerc.
1079 : Naissance d’Edith d’Ecosse.
1er novembre 1083 : Mort de Mathilde de Flandres, reine d'Angleterre.
9 septembre 1087 : Mort de Guillaume le Conquérant.
2 août 1100 : Mort de Guillaume II le roux. Avènement d’Henri 1er Beauclerc.
1102 : Naissance de Mathilde d’Angleterre.
8 septembre 1106 : Bataille de Tinchebray : Henri 1er d’Angleterre bat son frère le duc de Normandie Robert de Courteheuse et le fait prisonnier.
1er mai 1118 : Mort d’Edith d’Ecosse.
17 juin 1128 : Mathilde, fille et héritière d’Henri 1er d’Angleterre, épouse le comte d'Anjou Geoffroy Plantagenêt. Ils seront les parents d’Henri II Plantagenêt.
1134 : Mort du duc de Normandie déposé Robert de Courteheuse en captivité au château de Cardiff.
22 décembre 1135 : Mort du roi d'Angleterre Henri 1er Beauclerc.
L'histoire de l'Angleterre a été marquée par de multiples vagues d'invasion. Le pays a été conquis par les Anglo-saxons dès le 5ème siècle. Il a ensuite été victime des raids des Vikings à partir de la fin du 8ème siècle, et des Danois qui ont annexé le pays à leur Empire jusqu'en 1042, date à laquelle la dynastie saxonne a repris le pouvoir.
La conquête du pays par les Normands en est un événement fondamental pour l'histoire de l'Angleterre, liée inextricablement à celle de la France. Guillaume de Normandie donne les terres à la noblesse normande, réorganise le pays suivant le modèle normand (système féodal centralisé, législation, administration fiscale - l’Échiquier -, usage du français) et surtout il couvre le pays de châteaux forts (dont la célèbre Tour de Londres). A sa mort, se succèdent ses fils (Guillaume Le Roux puis Henri 1er Beauclerc).
Revenons à présent à la vie de Guillaume et de Mathilde !
Le jour de Noël 1066, Guillaume et Mathilde sont couronnés roi et reine d'Angleterre à l'abbaye de Westminster, à Londres. Les conquérants normands se partagent les seigneuries anglaises. Ils éliminent la noblesse issue des précédents envahisseurs, les Angles et les Saxons, et ils introduisent leur langue d'adoption, le français. Protégées par leur insularité, les populations du royaume ne vont pas tarder à fusionner en un seul peuple.
Le roi Guillaume a une fin de vie difficile puis meurt en 1087 dans un combat contre le roi de France, le capétien Philippe 1er. C'est le début d'une longue hostilité : pendant 800 ans, les deux pays ne cesseront pratiquement jamais de lutter l'un contre l'autre. Guillaume sera, après sa mort, surnommé le Conquérant. Lui-même refusait ce surnom ! Il se considérait comme l'héritier légitime de la couronne anglaise et non comme un usurpateur ou un conquérant. Sa descendance directe règnera sur l'Angleterre jusqu'à ce terrible soir de novembre 1120 au large de Barfleur. C’est ce que nous allons découvrir dans ce récit.
Avant de revenir au récit de la catastrophe du 25 novembre 1120, découvrons tout d’abord le lieu de la catastrophe.
Le phare de Gatteville est situé sur la pointe de Barfleur. Un phare à cet endroit s'est très vite révélé nécessaire. C’est en effet un endroit fortement fréquenté. Il est le lieu de passage de nombreux bateaux. On a pu s'en rendre compte en 1914 lorsque le phare a été éteint. Nombres de navires se sont jetés à la côte.
Pour quelle raison, cette côte est-elle si dangereuse ?
Le Cotentin s’avance dans la mer par deux caps : la Pointe de Barfleur et le Cap de la Hague avec le phare de Goury. Ces deux avancées débordent Cherbourg et subissent l’action des courants des plus violents.
L’importance du volume d’eau déplacé et la topographie des fonds sous-marins s’allient pour donner au courant de la pointe de Barfleur, cette puissance singulière. Le courant rend l’approche de la côte très dangereuse mais à cela s’ajoutent des plateaux sous-marins et des roches à fleur d’eau. Ces plateaux, sont signalés actuellement par des bouées lumineuses et sonores.
La « Blanche Nef » n’eut pas cette chance. Ce naufrage « historique » bouleversa l'histoire du 12ème siècle et eut d'importantes répercussions politiques.
Barfleur pourtant habitué aux visites royales est aujourd'hui en effervescence. Jamais on n’avait vu autant de nobles, de ducs et de chevaliers dans ce port pourtant prospère en ce début de millénaire. Et c'est la fête à tous les coins de rue !
La ville de Barfleur est en effervescence en ce jour d'automne 1120 car le roi d'Angleterre Henri 1er Beauclerc, fils cadet de Guillaume le Conquérant qui avait débarqué triomphalement en Angleterre 54 années plus tôt, est présent, accompagné de toute sa famille, mais aussi de plusieurs centaines de chevaliers normands. Le roi est pressé de rejoindre l’Angleterre. Cela fait quatre ans qu'il est sur le continent et qu’il n'a plus rejoint son royaume entre-temps.
Ils se préparent tous à regagner les côtes anglaises à bord de deux grands vaisseaux. Le « Royal Tigre » et la « Blanche Nef ». Le « Royal Tigre » doit emporter le roi, sa cour et 200 chevaliers tandis que la « Blanche Nef » emmènera la famille du Roi, notamment ses deux fils légitimes Guillaume Adelin et Richard ainsi qu’une fille naturelle du roi, Mathilde du Perche, princesse normande, accompagnés d’une partie de la noblesse normande et allemande.
Après un festin copieusement arrosé scellant la réconciliation franco-normande, le roi Henri 1er fait embarquer à bord de la « Blanche Nef », Guillaume Adelin, son fils unique légitime et héritier de la couronne d'Angleterre. Il est accompagné de l'ensemble de presque toute la noblesse normande, descendant des familles d'Allemagne et de Normandie. Les vaisseaux sont chargés de toutes les valeurs qu'ils pouvaient transporter, bijoux, pièces d'or et pièces d'argent. Un fabuleux trésor!
Mais la soirée a été bien arrosée, trop certainement ! Autant l'homme de barre, pilote local pourtant, que l'ensemble des passagers sont tous ivres-morts à bord du vaisseau !
Revenons un instant à la journée qui a précédé ce terrible drame.
Henri 1er Beauclerc, roi d'Angleterre, avait alors à Barfleur un château, et nous y sommes précisément ce 25 novembre 1120, lorsqu'il fait appeler son fils Guillaume Adelin et le reçoit dans sa somptueuse salle de réception.
- Qui a-t-il donc, Père ? demande le jeune Prince.
Henri 1er Beauclerc lui répond alors d'un ton grave :
- Si le vent est favorable, nous devons partir ce soir pour l'Angleterre et rejoindre Londres au plus vite.
- Je le savais, répondit Guillaume Adelin, les marins en parlent sur le port, mais ils disent aussi que le vent va tomber avec la nuit. Ils sont tous partis boire et chanter dans les tavernes. Même le capitaine, le vieux Stephen Feltz, est lui aussi complètement ivre.
Mais le roi s'entête et donne l'ordre à son fils de rassembler l'équipage pour sortir du port à la tombée de la nuit. Et c'est ainsi que le petit-fils de Guillaume le Conquérant, annule la partie d'arbalète qu'il avait prévue avec un prince allemand et rassemble les marins pour se tenir prêt à suivre le vaisseau de son Père « le royal Tigre » dès que l'obscurité se fera.
Mais les marins de la « Blanche Nef » qui ne pensaient pas partir ce soir, ont effectivement passé la journée à s'enivrer dans les tavernes de la ville.
En plus de ses cousins, Guillaume Adelin a une charge bien plus importante puisqu'il est également chargé de veiller sur sa sœur Marie et son jeune frère Richard.
Le roi donne encore une ultime recommandation : la « Blanche Nef » doit voguer à la suite, presque dans le sillage du « Royal Tigre ».
Dans le courant de l'après-midi, le roi, accompagné de 200 chevaliers, embarque sur le « Royal Tigre » et se prépare à l'appareillage. Mais la « Blanche Nef » n'est toujours pas prête et il s'impatiente. Cela fait quatre longues années qu'il n'est pas rentré en Angleterre. Mais que faire devant un tel équipage de jeunes ducs tous plus ivres les uns que les autres ?
Au moment d'embarquer, un homme s'approche. Il s'appelle Thomas Airard. Il est le fils d'Étienne Airard qui emmena Guillaume le Conquérant 54 ans plus tôt à travers la Manche vaincre les Anglo-saxons à Hastings. Tout comme son père, il est pilote, et propose ses services au navire royal, mais Henri 1er a déjà un pilote. Aussi, il lui répond :
- Pour faire droit à ta requête et ainsi honorer Étienne Airard, qui a conduit le Conquérant sur le sol de l'Angleterre, je vais te confier ce que j'ai de plus précieux. C'est toi qui conduira la « Blanche Nef » sur laquelle se trouveront mes deux fils et ma bien aimée fille Marie, mes chevaliers et mon trésor. Demain, à ton arrivée de l'autre bord du canal, je récompenserai tes soins.
Lorsque le roi embarque sur le « Royal Tigre », il est déjà tard, la nuit est tombée. Une petite brise de terre va permettre aux voiles de se déployer. Quelques coups de rames sortent le vaisseau hors du port.
Le vaisseau du roi Henri 1er passe en premier et sort de l'anse de Barfleur, en faisant cap au Nord-est pour éviter les nombreux écueils affleurant et les terribles récifs de la baie de Cate, que l'on appelle aujourd'hui Gatteville.
Ca y est le roi est parti ! Henri 1er, à bord du « Royal Tigre », a quitté le port de Barfleur emportant avec lui une partie de sa cour et plus de cent chevaliers normands. Il file vite, aidé par la brise de terre, et distance rapidement la « Blanche Nef » qui le suit enfin à quelques encablures derrière.
Guillaume Adelin est sensé le suivre à bord du fleuron de la flotte Normande, le vaisseau « Blanche Nef » mais l'équipage perdu dans les tavernes du port depuis le début d'après-midi a été dur à rassembler. Et Guillaume Adelin tarde encore, comme s’il ressentait la tragédie qui va se produire à quelques encablures de là et voulait reculer son départ jusqu'au dernier moment.
Et puis c'est la cohue, les abbés, les ducs, les évêques, les barons et les princes, embarquent sur le navire, et veulent rester sur le pont. Seuls quelques chevaliers restent sur le quai ne voulant confier leur vie à des hommes privés de leur raison.
Il est donc plus de 22 heures quand Thomas Aivrard, le pilote, fils d'Etienne pilote de Guillaume le Conquérant 54 ans plus tôt, donne le signal d'appareiller. Cinquante rameurs plein de force, mais aussi de vin, se courbent sur leur rame et font avancer la nef. L'équipage s'élance à la manœuvre.
La « Blanche Nef » s'éloigne du rivage sous les acclamations de plus de mille spectateurs.
- Courage ! crie le pilote, Thomas, à la barre, il faut rattraper le « Tigre Royal » qui est déjà loin.
- Nous le rattraperons, hurlent les cinquante rameurs.
A la sortie du port de Barfleur, le navire du Roi et la « Blanche Nef » se suivent. La nuit tombée, la visibilité mauvaise et l'équipage ayant abusé de la boisson, la « Blanche Nef » se trouve quelque peu distancée. A son bord, les jeunes ducs ordonnent à Thomas, l'homme de barre, de couper au plus court, vers le Nord, vers la pointe de Gatteville, là où, avec la marée descendante, les vagues commencent à friser sur un gros récif, le rocher Quillebeuf à moins d'un mille dans le nord.
Puis Thomas, l’homme de barre, pourtant habitué à ces côtes dangereuses, met le cap au Nord dès la sortie du port afin de couper la route au vaisseau royal qui a déjà beaucoup d'avance. Dans le but de rattraper le navire de tête, il commet l’erreur grossière de se diriger plein Nord au lieu de garder le cap à l'Est.
Le navire file très vite, porté par les vents de terre et les coups de rames de l'équipage. Mais il fait nuit noire et pas moyen de voir les récifs qui commencent à se recouvrir par la marée montante.
Tout à coup la « Blanche Nef » stoppe brusquement dans un grand craquement qui se fait entendre sur tribord. Les marins et les passagers tombent et roulent sur le pont.
La « Blanche Nef » à heurté un rocher dans le nord du port de Barfleur, à moins d'un mille dans le nord.
Nous sommes à peine à un kilomètre de la côte et guère plus loin du port où la fête continue sans savoir qu'une terrible tragédie a lieu au même moment et que le cours de l'histoire est en train de changer à quelques encablures de là !
A bord, c'est la panique alors que le navire est en train de se remplir d'eau, et que la mer monte. La mer est plutôt belle mais chaque vague embarque dans la nef, ne laissant que peu de chances aux passagers et marins, rapidement dessaoulés.
Beaucoup se jettent à l'eau, croyant pouvoir regagner le rivage, mais nous sommes en novembre et le froid et la mer ont raison d'eux. Certains s'accrochent à ce qui reste, les mâts, le bastingage, mais rien n'y fait, la « Blanche Nef » est en train de couler.
Seul Thomas, le pilote, en partie responsable de cette tragédie, attrape le canot arrimé à la poupe, et tente de sauver le jeune prince Guillaume Adelin, en l'agrippant et le jetant dans le canot.
Guillaume Adelin, à moitié estourbi, ne se rend pas compte tout de suite, mais lorsqu'il reprend ses esprits, il comprend qu'il est seul et qu’il a perdu son petit frère Richard et sa bien-aimée sœur Marie. Il ordonne à Thomas de revenir vers l'épave, à moitié engloutie, afin de sauver sa famille et surtout Marie qu'il appelle, accrochée au mat du navire.
Thomas ne veut pas, sachant que trop de naufragés vont s'accrocher au canot, trop petits pour les emmener, et couler celui-ci.
- Pilote, il faut sauver ma sœur ou mourir avec elle, dit alors Guillaume Adelin d'un ton bref et impératif.
- Alors tout est fini, murmura Thomas.
Ils reviennent donc vers le navire empalé sur le rocher Quillebeuf, et ce qui devait arriver arriva : les rescapés se jettent tous dans le canot, et lorsqu'un chevalier en arme embarque à son tour, il coule, entraînant avec lui le Prince Guillaume mais aussi la Princesse Marie qui avait pourtant réussi à sauter à bord.
De ce deuxième naufrage, seul Thomas remonte à la surface mais n'aperçoit plus que les deux mats de la « Blanche Nef », posée sur le fond. Deux hommes sont cramponnés à ces mats et l'appellent.
Mais Thomas, ayant failli à sa mission de veiller sur la famille royale se laisse aller dans les flots. Il a juste le temps de reconnaître le boucher du bord, Berold, agrippé au mat de l'épave du vaisseau royal.
La « Blanche Nef » est maintenant coulée sur le récif de Quillebeuf, au large de Barfleur. Elle a entraîné avec elle la plupart des ducs de Normandie mais surtout la famille de Henri 1er Beauclerc roi d'Angleterre, ses fils Guillaume Adelin et Richard et sa fille Marie. Thomas, le pilote, a préféré mourir, ayant failli à sa mission.
Seuls deux hommes restent maintenant agrippés au mat du navire qui repose par une quinzaine de mètres de fond au large de Barfleur. Il s'agit de Geoffroy de l'Aigle, noble chevalier, et du boucher du bord, Berold.
Il est plus de minuit et la mer est calme, mais il fait très froid en cette fin novembre. Vers deux heures du matin, Geffroy lâche prise épuisé et tombe à la mer.
- Courage lui dit Berold, nagez jusqu'à moi et je vous sauverai.
Trop tard, le jeune chevalier disparaît à son tour dans les flots glacés de la baie de Cate que l'on appelle aujourd'hui Gatteville.
Et puis la mer est descendue et Berold est lui aussi descendu de son mat pour se reposer quelques temps sur le rocher effleurant espérant que de la côte on l'apercevrait au jour.
La nuit fut longue pour Berold, mais dès le lendemain les corps des malheureux sont arrivés à la côte et les marins du port ont rapidement compris qu'une tragédie avait eu lieu non loin de là et se mirent en recherche de survivants. Ils retrouvèrent Berold de nouveau accroché au mat, puisque la mer avait remontée, le secoururent et le ramenèrent à Barfleur.
Toute la journée durant, la population de Barfleur a ramassé les cadavres sur la plage et les place un à un sur les tables utilisées la veille pour les libations.
Mais nous verrons plus tard que ce n'est pas leur seule préoccupation.
Du naufrage immédiat, dont ni du navire du roi, ni de la terre, on ne s'était aperçu, périrent noyées 193 personnes dont 140 chevaliers. Seul le boucher Berold fut rescapé. La « Blanche Nef » contenait dans ses cales de l'argent du trésor royal, englouti là par une quinzaine de mètres de fond, au large de Barfleur. Il fut récupéré peu de temps après le naufrage par la marine officielle mais aussi pillé par la population locale.
La légende dit que pendant les onze années pendant lesquelles Henri 1er vivra encore, il ne sourira jamais plus.
La France annexa la Normandie en 1204.
1. Une épave émergeant sur le rocher de Quillebeuf, près de deux cent disparus dont 104 chevaliers, un trésor fabuleux englouti à quelque mille de Barfleur et un seul rescapé, le boucher du bord, Berold, voilà ce qui reste de la « Blanche Nef », en ce 26 novembre 1120, largement de quoi alimenter pendant des siècles les légendes des chasseurs de trésors de tous horizons !
Robert Stenuit fut l'un de ceux-là. Ce fut même quasiment le meilleur à la fin des années ‘70. Bien entendu il s'est intéressé à la « Blanche Nef » et son fabuleux trésor et a passé de nombreuses années à rechercher d'abord, dans les archives, avant d'aller plonger.
Après des années de recherches en archives il est arrivé à cette terrible conclusion : le navire et son trésor ont été renfloués ! Il cite Orderic Vitalis et son « Histoire ecclésiastique » : « Quand les marins de la côte ouïrent la nouvelle du désastre, ils s’en furent en quête du navire naufragé qu'ils tirèrent au rivage avec tout le trésor du roi et on retrouva presque tout ce qui avait été en le navire, à l'exception des hommes ».
2. Le naufrage de la « Blanche Nef » a eu pour conséquence de laisser Henri 1er Beauclerc sans héritier mâle. En 1120, les fils d'Henri 1er Beauclerc disparaissent lors du naufrage du navire la « Blanche Nef » près de l'actuel phare de Gatteville sur la côte du Val de Saire. Henri 1er demande à ses vassaux de prêter serment de fidélité à sa fille Mathilde, sœur aînée de Guillaume Adelin, qui épousera Geoffroy Plantagenêt, comte d'Anjou, du Maine et de Touraine. L’Emperesse Mathilde, lui succède donc comme héritière au trône mais, à la mort d'Henri, les barons qui avaient juré de soutenir son accession au trône y renoncent, permettant à Étienne de Blois, cousin de Guillaume et de Mathilde de s’emparer du trône. Il convient de noter qu’Étienne de Blois, neveu du roi Henri 1er Beauclerc, n'avait pas été accepté comme passager à bord de la « Blanche Nef » ou peut-être débarqué au dernier moment. Ayant usurpé le trône, il provoqua la guerre civile des années de 1135 à 1154.à laquelle seule sa mort mit fin.
3. Alors qu'aujourd'hui Barfleur est un charmant petit port de pêche pittoresque, il fut au Moyen Age le plus grand port du Cotentin et comptait quelques 9 000 habitants. Durant la guerre de cent ans, la ville de Barfleur, port préféré des ducs et rois d'Angleterre, fut détruite et incendiée à maintes reprises. Elle perdit peu à peu son importance au profit de Cherbourg puis de Saint-Vaast.
4. De fondation très ancienne, puis viking, Barfleur fut le premier grand port de la côte Normande et il connut au Moyen Age une notoriété considérable. Une tradition constante veut que « Le Mora » vaisseau qui devait transporter Guillaume le Conquérant, Duc de Normandie, en Angleterre, soit sorti des chantiers de Barfleur, ainsi que de nombreux navires qui devaient participer à la « conquête ». En tout cas, ainsi que le rappelle un médaillon de bronze fixé sur un gros rocher, à l'entrée du port, inauguré en 1966, pour commémorer le 900ème anniversaire de cet événement glorieux, c'est un marin de Barfleur, Etienne, fils d'Airard, qui eut le redoutable honneur de piloter le navire ducal au cours de la traversée glorieuse.
5. C'est encore de Barfleur que, le 25 novembre 1120, le vaisseau « La Blanche Nef » cinglait vers l'Angleterre, transportant les deux fils de Henri 1er de Beauclerc duc de Normandie et roi d'Angleterre, fils du Conquérant, se perdit corps et bien en heurtant le rocher de Quilleboeuf à quelques encablures de la côte. Les marins, dit la légende, avaient trop copieusement profité des avantages de Barfleur. Richard Cœur de Lion s'embarquait à son tour à Barfleur en 1194 pour aller se faire couronner roi d'Angleterre et il y passait avec cent gros vaisseaux, ce qui donne une idée de l'importance de Barfleur à l'époque.
Selon certaines sources, ce sont près de 300 nobles anglo-normands qui périrent dans la catastrophe. Le baronnage anglo-normand correspond principalement à la noblesse du duché de Normandie qui a reçu des terres en Angleterre à partir du temps de Guillaume le Conquérant après la bataille de Hastings d'octobre 1066.
Comme l’Aquitaine, la Flandre ou la Catalogne, le duché de Normandie fait partie de ces principautés qui émergent au milieu du Moyen Âge, suite à l’affaiblissement du pouvoir royal. En 911, débordé par les raids des Vikings, le roi des Francs, Charles le Simple confie à l’un de leurs chefs, Rollon, les pays autour de la Basse-Seine. Cette concession est l’embryon du duché de Normandie. Les Vikings mettent en place un État solide, puissant et prospère qui atteint son apogée quand en 1066 le duc Guillaume le Conquérant s’empare du royaume d’Angleterre. Pendant près de 150 ans, la Normandie et l’Angleterre ont leur destin lié. Après le milieu du 12e siècle et l’installation des Plantagenets à la tête du royaume anglo-normand, le duché n’a plus le rayonnement d’autrefois sur le plan politique. Malgré tout, il ne cesse de susciter la convoitise des souverains français. En 1204, le roi de France Philippe Auguste conquiert la Normandie qui rejoint ainsi la couronne. Le duché vit ensuite dans l’ombre du royaume capétien.
Selon d’autres sources, le chiffre de 193 noyés est avancé.
Parmi les victimes, voici les noms le plus souvent cités :
Guillaume Adelin, né en 1103 et mort le 25 novembre 1120, était le seul fils légitime d’Henri Beauclerc et son épouse Edith d’Ecosse. Ses grands-parents maternels étaient Malcolm III d’Ecosse et Marguerite d’Ecosse. La deuxième partie du nom de Guillaume, qui s’écrit indifféremment Audelin, Atheling ou Aetheling, dérive du vieil anglais Ætheling signifiant « fils de roi ».
Guillaume, qui n’avait donc que 17 ans, avait survécu au naufrage, réussissant à atteindre un bateau de sauvetage. Mais il périt en tentant de porter secours à sa demi-sœur Mathilde. Sa mort prématurée dans le naufrage de la Blanche-Nef a amené un remaniement dans les relations politiques entre l’Angleterre et la France.
Il s’agit de la fille naturelle qu’Henri 1er Beauclerc d'Angleterre a eue avec sa maîtresse Edith. Née en 1090, elle avait donc 30 ans lors du naufrage. Elle avait épousé Rotrou III du Perche en 1102.
Cette princesse que Guillaume Adelin a voulu sauver lors du naufrage de la « Blanche Nef » (The White ship) est donc sa demi-sœur Mathilde, comtesse de Perche.
« When the white ship was wrecked on the deadly rock a boat was launched and William, the Kings only legitimate son, was rowed to safety. The cries of his half-sister the Countess of Perche induced him to return to the wreck where they sank together. This was considered by some to be punishment for Henry's sins of lust in having so many illegitimate offspring. »
Son époux, Rotrou III, est un personnage important à cette époque. Il a compté en particulier dans l'entourage d'Henri 1er Beauclerc, Duc de Normandie et Roi d'Angleterre.
Alors que son père est encore vivant, Rotrou se rend en Espagne pour aider son oncle le Comte de Roucy. Ils battent les Arabes et le Comte devient Roi de Navarre sous le nom de Sanche Ramirez. Puis il participe à la première Croisade (1098-1099). Il y commande les seigneurs de la région du Perche qui font partie du contingent de Robert Courteheuse, Duc de Normandie. Rotrou s'illustre lors du siège d'Antioche et il est un acteur de la prise de Jérusalem.
Il revient de croisade peu après la mort de son père Geoffroy. Au début du conflit entre Henri 1er Beauclerc Roi d'Angleterre et son frère Robert Courteheuse, Duc de Normandie, Rotrou est du parti de ce dernier alors que son ennemi Robert II de Belleme tient pour Henri. Robert est vainqueur de Rotrou à Chailloué ce qui oblige Rotrou à se rallier au Roi Henri 1er. Il épouse même Mathilde la fille naturelle de ce dernier.
Pour autant la lutte continue entre Rotrou et Robert de Belleme et des batailles ont lieu à Longpont et Mont Isambert près du Mesle sur Sarthe. Le pays entre Mortagne et Belleme est ravagé. L'Evêque de Seez finit par excommunier Rotrou et Robert, Rotrou se soumit rapidement. Au sud Rotrou fait construire le château de la Motte Rotrou près de Pontgouin ce qui provoque un conflit avec Guillaume Gouet Comte du Perche-Gouet, Yves de Courville et le Vicomte de Chartres. Tous trois attaquent alors Rotrou qui les vainc et fait prisonnier Yves de Courville.
En 1111 c'est la guerre entre Henri 1er Beauclerc et le Roi de France Louis VI le Gros. Foulques Comte d'Anjou et Robert de Belleme sont du coté du Roi de France. Thibault de Blois, Rotrou et Guillaume Gouet sont du coté du Roi d'Angleterre. Rapidement Rotrou est fait prisonnier par Foulques d'Anjou qui le rétrocède à Robert de Belleme et le Comte du Perche se retrouve enfermé dans un cachot, d'abord à Belleme puis avec l'accord du Comte du Maine dans une tour du château du Mans. Robert de Belleme en profite pour prendre, piller et incendier Mortagne. Rotrou demande alors à l'Evêque Hildebert du Mans d'intercéder en sa faveur, celui-ci se rend à Nogent où il est fait prisonnier par la famille du Comte du Perche dans le but de servir de monnaie d'échange.
Au même moment le Roi Louis VI envoie Robert de Belleme comme ambassadeur à Henri 1er Beauclerc pour lui faire des propositions de paix, Henri emprisonne Robert. Robert ne réapparut plus jamais.
Foulques d'Anjou fait alors la paix avec Rotrou III qui est libéré. A son retour à Nogent l'Evêque Hildebert est libéré à son tour. En 1112 Rotrou part à nouveau en Espagne pour aider son cousin Alphonse Roi de Navarre à rétablir son autorité sur la Navarre et l'Aragon. Pendant qu'il est en Espagne Guillaume III Gouet envahit le Perche et se prépare à attaquer Nogent, le retour de Rotrou fait échouer la tentative.
Ensuite Rotrou aide Henri 1er Beauclerc à prendre Belleme, la ville est enlevée et incendiée en mai 1113. En 1115 Rotrou fait la paix avec Guillaume Gouet.
Rotrou repart en Espagne de 1115 à 1118, il prend Tudela (dont il est fait Seigneur) ainsi que Pampelune, Tolède, Saragosse, il participe ainsi à la reconquête de la Navarre et de l'Aragon et à la conquête des Royaumes de Castille et de Léon sur les Arabes. La nièce de Rotrou, Marguerite de L’Aigle, épouse Garcia Ramirez V Roi de Navarre, ce sont les bisaïeuls de Blanche de Castille et de Blanche de Champagne qui héritera d'une partie du Perche en 1226.
Henri 1er d'Angleterre, qui avait confisqué les biens de Robert de Belleme, attribua la ville de Belleme à Rotrou en 1125, à partir de ce moment la Seigneurie de Belleme fut intégrée au Comté du Perche.
Son épouse Mathilde est morte lors du naufrage de la Blanche Nef. Rotrou III épousa en seconde noces Harvise, fille du Comte de Salisbury ; ils ont eu trois fils : Rotrou, Etienne qui devint Chancelier de Sicile et Archevêque de Palerme et Geoffroy.
Richard d’Avranches (1093 - 1120), fils de Hugues le Loup, comte de Chester en 1101, épouse Mathilde de Blois, seconde fille du futur roi Étienne de Blois. Il meurt le 25 novembre 1120 avec son épouse Mathilde de Blois dans le naufrage de la « Blanche Nef » sans descendance légitime.
Outre les victimes déjà nommées, Orderic Vital cite encore :
Puis parmi les membres du clergé :
La caraque ou nef est un grand navire de la fin du Moyen Age, caractérisé par sa coque arrondie et ses deux hauts châteaux avant et arrière. Elle fut l'un des premiers types de navires européens à pouvoir s'aventurer en haute mer. Les Espagnols l'appelaient « nao » (navire) et les Portugais « nau ». Elle fut avec la caravelle, le navire des grands explorateurs de ces pays. Selon certaines sources, le mot « caraque » proviendrait de l'arabe « karraka ».
Ce navire de transport très utilisé au bas Moyen Age était très influencé par les navires de charge byzantins auxquels il reprenait nombre de caractéristiques, notamment l’arrière de type « galère », le mât avant penché, les voiles latines. Les Francs en firent grand usage en Méditerranée, mariant également des voiles carrées à ce gréement.
Pernoud Régine - Aliénor d'Aquitaine - Chapitre 8
Paris, Albin Michel, 1966
Lyon Cross Arthur
A History of England and Greater Britain
New York, Macmillan, 1917
New York, Macmillan, 1917