Voici la synthèse de mes recherches à propos de
HENRI 1er BEAUCLERC d’ANGLETERRE
(1070 – 1135)
Son épouse Mathilde de Flandres lui donnera trois fils : Guillaume II, Henri 1er et Robert II de Courteheuse. Robert II, duc de Normandie, s'étant allié au roi de France Philippe 1er contre son père, Guillaume le Conquérant sera blessé à Mantes et mourra le 7 septembre 1087 à Rouen. Malgré sa participation à la première croisade, Robert sera déchu de ses droits par son frère Henri 1er Beauclerc qui lui ôtera la Normandie en 1106.
Le duc Henri de Normandie, connu aussi sous le nom de duc Henri de Normandie et celui de roi Henri 1er d'Angleterre, « le Beau Clerc », était le quatrième enfant survivant et le plus jeune fils du roi Guillaume 1er d'Angleterre dit "le Conquérant"(1024 - 1087). Henri est né en septembre 1068 à Selby, dans le Yorkshire en Angleterre.
Henri fut fait chevalier par son père en 1086. Il n'était pas destiné à régner. A la mort de son père en 1087, il ne possédait aucune base territoriale mais il sut profiter des conflits entre ses frères. Henri fit plusieurs intrusions sur le continent pour tenter, en vain, de s'approprier des territoires. Comme beaucoup de nobles normands à cette époque, il souffrit du fait d'avoir deux suzerains : le roi d'Angleterre, Guillaume le Roux, pour ses terres anglaises, et le duc de Normandie, Robert II de Courteheuse, pour ses terres normandes. Tous deux étaient ses frères aînés et étaient en conflit permanent. Ceci ne put être résolu qu'en 1096 avec le départ de Robert pour la croisade, laissant temporairement la Normandie à Guillaume.
En qualité de benjamin de la famille, il était destiné à la prêtrise et reçut une éducation scolaire importante pour un jeune noble de cette époque. Il était probablement le premier chef normand à savoir parler en anglais.
Henri était présent lors de la mort accidentelle de Guillaume II le Roux en 1100. Robert étant toujours en Terre Sainte, les nobles anglais présents à Winchester désignèrent Henri pour succéder à Guillaume. Henri s'empara donc du trône, au détriment de son frère Robert II de Courteheuse.
Dès le lendemain de la mort de Guillaume, le 3 août 1100, Henri partit immédiatement pour Londres et s'y fit couronner le 6 août en l'abbaye de Westminster par Maurice, évêque de Londres.
Henri promit aussitôt le retour aux principes de son père et restaura Anselme à l'archevêché de Cantorbéry (Andelme avait été chassé par Guillaume le Roux en raison de disputes concernant les droits de l'Eglise).
Lors de la succession de son père, sa part de l'héritage fut d'environ 2500 kg d'argent. Ses deux frères aînés firent un pacte disant que, si le survivant décédait sans héritier, son territoire reviendrait au survivant. Quand Guillaume II mourut en 1100, Robert revenait de la première croisade. Son absence, comme sa mauvaise réputation parmi les nobles normands, permit à Henri de prendre les clés du magot royal de Winchester à l'abbaye de Westminster. Il garantit immédiatement son poste parmi les nobles en promulguant la charte des libertés, qui est considérée comme une ébauche de la Magna Carta. Il restaura également plusieurs lois du roi Edouard le Confesseur.
Henri se mit en quête d'une épouse, et choisit très rapidement la fille aînée de Malcolm III Canmore, roi d'Ecosse, et de Marguerite d’Angleterre, descendante de la précédente dynastie des rois d'Angleterre. Comme Edith était aussi la nièce d’Edgar Atheling, le mariage unit la lignée normande avec l'ancienne lignée des rois anglais. Le mariage déplut beaucoup aux barons normands. Cependant, comme une concession à leurs sensibilités, Edith changea son nom d'épouse en Mathilde en devenant reine. Henri amena ainsi le sang royal saxon dans la dynastie normande, renforçant du même coup sa légitimité.
Le contrat de mariage du roi Henri 1er Beauclerc d’Angleterre et de la princesse Mathilde d'Ecosse dite « Atheling » ayant été signé le 6 août 1100, le mariage eut lieu le 11 novembre 1100 à l'abbaye de Westminster (Londres dans le Middlesex).
Robert II de Courteheuse revint de Terre Sainte l'année suivante et tenta de prendre la couronne anglaise par la force. Ayant envahi l'Angleterre, il fut repoussé aussitôt. De plus, ses vassaux normands se révoltèrent contre lui et invitèrent Henri à le remplacer.
En 1105, pour éliminer la menace constante de Robert II de Courteheuse, Henri mena un corps expéditionnaire en traversant la Manche. Il entreprit la conquête de la Normandie avec son allié Alain IV Fergent, duc de Bretagne. En 1106, il obtint une victoire décisive sur l’armée normande de son frère à la bataille de Tinchebray. Henri fut couronné duc de Normandie en 1106, année où il écarta définitivement Robert II de Courteheuse vaincu à Tinchebray.
Robert fut emmené comme prisonnier en Angleterre et Henri prit possession de la Normandie qu'il mit encore quelques années à pacifier. Par le Traité d'Alton, Robert II de Courteheuse accepta de reconnaître Henri comme le roi d’Angleterre et de retourner pacifiquement en Normandie.
Durant son règne, Henri 1er dut faire face à de nombreux soulèvements qui menaçaient sa souveraineté en Normandie. Le début de son règne fut notamment marqué par une querelle avec Anselme, qui refusait de prêter hommage au roi, prétextant qu'il tenait ses terres du Pape lui-même. Henri confisqua les terres d’Anselme et le renvoya en exil.
Ce conflit qui opposa Henri à Anselme, archevêque de Canterbury, à propos des investitures, fut réglé en 1107 par un compromis qui laissa au roi un contrôle considérable sur la nomination d'officiels de l'Eglise.
En 1105, de manière apparemment spontanée, à Pâques 1105, Henri se fit raser la barbe après que des évêques français eurent dit que les barbes étaient signe de péché, et encouragea son entourage de faire de même. Ceci fut un signe de conciliation avec l'Eglise, et en 1107 un compromis fut atteint : la sœur d'Henri, Adèle, suggéra que les évêques devaient rendre hommage au roi pour leurs terres anglaises ; le roi, de son côté, laisserait à l'Eglise le soin de désigner et d'investir les évêques.
Henri 1er régna comme roi d'Angleterre de 1100 à 1135. Il réunifia le monde anglo-normand ; il s’appuya sur les moyens militaires et financiers du royaume pour restaurer sur le continent le pouvoir ducal. Cependant, les intrigues du roi Louis VI, en faveur de Guillaume Cliton, fils de Robert II de Courteheuse, dressèrent contre lui les barons normands.
Il s'assura du soutien des nobles et de l'Eglise en établissant une charte de libertés établissant les droits féodaux et les droits de l'Eglise.
A l'image de son père Guillaume, puis de son frère Robert, le duc roi dut s'employer à mâter les rebelles et les fauteurs de guerres privées. Il connut dans ces épreuves plus de succès que son frère mais montra moins d'indulgence que son père. Les révoltés furent châtiés sans pitié, leurs villes et châteaux incendiés, et le roi de France venu les appuyer dut prendre la fuite à la bataille de Brémule en 1119.
Henri construisit ou fit restaurer de nombreux châteaux sous son autorité, notamment sur sa frontière du Vexin.
En 1124, Henri 1er Beauclerc s'était allié à l'empereur Henri V contre la France. Louis VI le Gros avait rassemblé immédiatement ses troupes pour faire face à la menace. La France entière partit en guerre derrière l'oriflamme de Saint-Denis, y compris le comte Thibaud de Blois qui était en conflit avec le roi par les révoltes qu'il suscitait au sein du royaume. L'armée du roi massacra 2000 impériaux. Le roi d'Angleterre et l'empereur effrayés se retirent sans avoir réellement combattu.
Quatre enfants naquirent du mariage d'Henri 1er Beauclerc et d'Edith d'Ecosse : Euphémie (1101 – 1002), Mathilde née en 1102, Guillaume, dit Adelin (ou « l'héritier »), né en 1103 et Richard, né en 1105.
En 1114, à l'âge de douze ans, sa fille Mathilde épousa Henri V, empereur du Saint Empire Romain Germanique. En 1125, l'empereur germanique mourut sans progéniture.
Veuve, Mathilde se remaria ensuite en 1128 avec Geoffroi Plantagenêt, héritier du comte d'Anjou, alors âgé de 15 ans et donna naissance en 1133 au futur roi Henri II.
La reine Mathilde décéda en 1118. Trois ans plus tard, le 29 janvier 1121, au Château de Windsor (Berkshire), il épousa la reine Adélaïde de Louvain, fille du duc Godefroid 1er de Basse-Lorraine dit « Barbutus » et de Ide de Chiny.
Certaines sources mentionnent qu’il n’y eut pas d’enfants issus de ce mariage. D’autres sources, au contraire, indiquent qu’ils eurent une fille, Sybille d’Angleterre, née en 1092 et décédée en 1122.
Henri 1er Beauclerc détient également le record du plus grand nombre d’enfants bâtards reconnus nés d’un roi anglais : certaines sources en ont dénombré jusqu’à trente-cinq ! Certaines sources indiquent même qu’il fut peut-être aussi le père de Emma Plantagenêt. Ces enfants illégitimes n'entraient pas en ligne de succession.
A la suite de sa victoire à Brémule contre le roi de France en 1119, Henri 1er était à l'apogée de son pouvoir quand une tragédie survint bientôt. Le 25 novembre 1120, un navire, la « Blanche Nef », avait fait naufrage en sortant du port de Barfleur près des côtes de la Normandie. Parmi les naufragés figuraient Guillaume Adelin et Richard, les deux fils légitimes du roi Henri 1er Beauclerc ainsi que plusieurs de ses enfants illégitimes et de nombreux nobles. Guillaume Adelin et Richard étaient noyés et Henri 1er était désespéré de leur perte.
Vers le récit du naufrage de la "Blanche Nef" : LIEN DIRECT
Une foule de prétendants au trône se pressèrent autour d'Henri, dont son neveu, Guillaume Cliton, fils de Robert II de Courteheuse. Sa succession était aussi revendiquée à la fois par sa fille Mathilde et par son neveu Etienne de Blois.
Laissé sans héritier mâle, Henri prit la décision sans précédent de faire prêter par ses barons le serment d’accepter sa fille Mathilde l'Emperesse, veuve de l'empereur germanique Henri V comme son héritière. Mathilde rentra en Angleterre où Henri obligea ses barons à jurer fidélité à sa fille.
Désignée comme héritière avec son époux par Henri 1er, elle dut faire face, à la mort de celui-ci, à l'usurpation d'Etienne de Blois, qui s'adjugea l'héritage. Elle tenta, aidée de son demi-frère, Robert de Gloucester, de faire valoir ses droits. Une longue guerre civile débuta alors. Ni la reine ni son époux n’étaient populaires : Mathilde était hautaine et le comte d'Anjou n'était guère apprécié de barons normands.
En 1147, la mort de Gloucester ruina définitivement le parti angevin et Mathilde se retira en Normandie, à Rouen.
Bien que les barons d’Henri aient juré allégeance à sa fille comme reine, ses frasques sexuelles et son remariage avec un angevin, un ennemi des Normands, permirent à un neveu d’Henri, Etienne de Blois, de venir en Angleterre et de réclamer le trône avec le support populaire.
Deux ans plus tard, Henri 1er fit son dernier voyage en Normandie. Au cours des préparatifs d'une chasse, ayant mangé des lamproies avariées, il eut une indigestion. Henri 1er Beauclerc mourut le 1er décembre 1135 à Saint-Denis-le Fermont en Normandie. On l'ensevelit dans l'abbatiale qu'il avait fondée à Reading.
Dernier-né de Guillaume le Conquérant et de Mathilde de Flandre, Henri fut le seul de leurs enfants à naître en Angleterre (sa mère avait accompagné Guillaume lors d'une expédition pour soumettre le nord de l'Angleterre). Il fut le favori de sa mère, qui, à sa mort en 1083, lui laissa ses terres anglaises, dont il ne put jouir qu'après la mort de son père en 1087. Il acquit une solide éducation : il apprit à lire et à écrire le latin, et étudia l'anglais et la loi anglaise. Son intérêt particulier pour les études lui valut le surnom de « Beauclerc » (le bon érudit), dont il était très fier. Il est possible qu'il fût destiné à l'Eglise, mais rien ne nous permet de l'affirmer.
Son autre surnom, « Le Lion de Justice » faisait référence à ses réformes judiciaires. Le règne d’Henri 1er Beauclerc était aussi connu pour les limitations des pouvoirs de la couronne, ses améliorations dans les rouages du gouvernement, sa réunification des territoires de son père, et sa décision controversée de choisir sa fille comme héritière !
Fils aîné d’Etienne-Henri, comte de Blois et de Meaux, et d’Adèle de Normandie, fille de Guillaume le Conquérant, Thibaud est né en 1093. A son avènement, en 1102, la tutelle de ses comtés de Blois et de Chartres était assurée par sa mère. Adoubé en 1107, Thibaud gouverna personnellement son domaine à partir de 1109, même s'il demeurait sous l'influence d’Adèle de Normandie jusqu'à l'entrée de celle-ci au prieuré clunisien de Marcigny en 1122.
En 1125, Thibaud II hérita de son oncle Hugues du comté de Champagne et refit, un siècle après Eudes II, mais pour la dernière fois, l'union de tous les territoires familiaux : ses possessions s'étendaient de la Marne à la Loire et menaçaient à l'ouest et à l'est le domaine royal.
Plus anglo-normand que français, Thibaud apporta son soutien à Henri 1er Beauclerc contre Louis VI le Gros. En 1120, le naufrage de la « Blanche Nef », dans lequel sont morts les deux fils du roi d'Angleterre, Guillaume Adelin et Richard, fit de lui le plus proche héritier mâle de la couronne d’Angleterre.
Cependant, après une vingtaine d’années passées à guerroyer contre le Capétien pour son comté de Blois, Thibaud s’assagit. Jaloux de son autonomie, il continua de se méfier du roi de France. S’il fut le premier à venir le secourir contre l’empereur germanique en 1124 ou bien à soutenir la seconde croisade en y envoyant son fils aîné, le comte de Champagne savait que seule la guerre permettait de maintenir l’équilibre entre ses principautés.
A la mort de Henri 1er Beauclerc, en décembre 1135, les barons anglais élirent son frère cadet, Etienne de Blois, comme nouveau roi d’Angleterre, choix auquel se rallia Thibaud qui finit par assister son frère.
Henri 1er Beauclerc n'avait pas de successeur en position de s'imposer immédiatement. Aussi, à la mort d’Henri 1er, son neveu, Etienne de Blois, comte de Mortain et fils de la fille de Guillaume le Conquérant, Adèle, prit l'initiative. En apprenant la nouvelle de la mort de son oncle, Etienne traversa la Manche, usurpa le trône et fut couronné le 22 décembre 1135.
La lutte entre l'Emperesse et Etienne de Blois plongea le pays dans une très longue guerre civile connue comme l’Anarchie.
En août 1139 il semblait qu’Etienne de Blois était parvenu à éliminer les ennemis qui défiaient son pouvoir depuis le jour de son accession en 1135. En octobre 1139 cependant, les partisans de Mathilde l'Emperesse débarquèrent sur la côte sud près de Wareham et d’Arundel, tandis que Mathilde elle-même parvenait à rejoindre son demi-frère Robert de Gloucester à Bristol. Une guerre civile s’ensuivit, les partisans de Mathilde provenant surtout de l’ouest de l’Angleterre et de l’Estanglie.
En décembre 1140, le comte de Chester, Ranulf, contrarié de ne pas avoir reçu Carlisle et les terres au nord de cette cité après la défaite des Ecossais à la « bataille de l'étendard », s'empara de Lincoln. Etienne y mit immédiatement le siège. Le comte leva une armée pour s'opposer au roi, et le 2 février 1141, au cours d'une des rares batailles de la guerre civile, Etienne fut vaincu et fait prisonnier.
Mais Mathilde ne sut pas tirer avantage de sa bonne fortune, alors que même le frère d'Etienne, Henri de Blois, évêque de Winchester, avait déserté pour un temps la cause du roi. L'été 1141 vit les préparatifs du couronnement de Mathilde à Londres, mais elle en fut chassée par la population opposée à la perception de nouveaux impôts.
Henri de Blois changea de camp et défendit Winchester contre Mathilde l'Emperesse.
Une armée de renfort menée par la reine Mathilde, épouse d'Etienne de Blois, et par Guillaume d'Ypres, anéantit les partisans de l'Emperesse et captura Robert de Gloucester. Un traité fut négocié, assurant notamment la libération d'Etienne et de Robert.
En 1142, Etienne avait déjà perdu la Normandie mais il cherchait toujours à écraser ses ennemis en Angleterre. Il mit le siège devant Oxford où Mathilde était venue se réfugier, mais elle lui échappa. En automne 1143, les comtes d'Essex et de Chester se révoltèrent et en 1144, l'anarchie faisait rage. Des soulèvements éclataient en tous lieux et de nombreux châteaux furent construits en dehors de l'autorité du roi. Ce n'est qu'en 1146, à la suite de l'arrestation du comte de Chester, que la situation se calma quelque peu.
La dispute fut finalement réglée par Stephen qui prit Henri II, le fils de l’impératrice, comme son héritier en 1153. Le conflit ne s'acheva qu'à l'accession au trône d’Henri II en 1154.
Devenue veuve de l’empereur germanique, Mathilde avait été remariée par son père au comte d'Anjou, Geoffroi le Bel.
Le surnom de « Plantagenêt » lui était venu de son père qui avait coutume de porter une branche de genêt piquée dans son chapeau !
En 1153, Etienne de Blois avait perdu son fils unique et s’était résigné à désigner Henri, le fils de Mathilde et Geoffroy Plantagenêt, pour lui succéder.
Henri Plantagenêt devint roi d'Angleterre. Henri d'Anjou, âgé de 21 ans, et sa femme, Aliénor d'Aquitaine, âgée de 32 ans, divorcée de son premier époux, le roi de France Louis VII ceignirent la couronne d'Angleterre le 19 décembre 1154.
Le nouveau roi inaugurait ainsi la dynastie des Plantagenêts sous le nom de Henri II et apportait ainsi au royaume d'Angleterre un vaste domaine qui couvre l'ouest et le sud-ouest de la France et auquel on donnera le nom d'« Empire angevin ».
Cet empire survivra moins de dix ans à la mort d'Henri II. Il sera victime des querelles entre les fils du roi, de l'habileté de Philippe Auguste ainsi que du caractère irascible du roi lui-même, à l'origine de la mort de son ex-ami, Thomas Becket.
L'avènement des Plantagenêts est à l'origine d'un très long contentieux entre la France et l'Angleterre, marqué par deux Guerres de Cent Ans : au 13ème siècle sous les règnes de Philippe Auguste, Louis VIII et Saint Louis, et plus tard, aux 14ème et 15ème siècles, sous les règnes de Philippe VI, Jean II, Charles V, Charles VI et Charles VII.
Le contentieux ne sera clos qu'avec la prise de Calais, dernière possession anglaise sur le continent, le 6 janvier 1558.
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ROLLON (870 – 930) |
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GUILLAUME 1er (900 – 42) |
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RICHARD 1er (932-96) |
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RICHARD II (974-1027) |
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DUNCAN 1er (1001-40) |
ROBERT 1er le Diable |
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MALCOLM III |
GUILLAUME 1er le Conquérant |
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ALEXANDRE 1er |
DAVID 1er |
MATHILDE |
HENRI 1er Beauclerc Roi d'Angleterre (1100 – 1135)
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GUILLAUME II le Roux Roi d'Angleterre (1087 – 1100) |
ADELE (1062 – 1138) épouse Etienne II de Blois |
ROBERT II de Courteheuse (1054 – 1134) Duc de Normandie (1087 – 1106) Fils aîné |
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MATHILDE (1102 – 1167) |
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Fils de Guillaume 1er le Conquérant (1027/8-1087), duc de Normandie, et de Mathilde de Flandre (1032-1083), Henri 1er « Beauclerc » ou le « Lion de Justice », roi d'Angleterre, est né en septembre 1068, à Selby (Yorkshire, Angleterre).
Adoubé chevalier le 24 mai 1086 à Westminster (Londres, Angleterre) par son père, fait « seigneur de Domfront » en 1092, fait « comte de Coutances et de Bayeux » en 1096, roi d'Angleterre de 1100 à 1135, couronné en l'abbaye de Westminster (Londres, Angleterre) le 6 août 1100, « duc de Normandie » de 1106 à 1135, mort le 1er ou le 2 décembre 1135 à Saint-Denis-le-Fermont (Lyons-la-Forêt, Eure, France), Henri 1er a été inhumé en l'abbaye de Reading (Berkshire, Angleterre).
Il épousa en premières noces, le 11 novembre 1100, en l'abbaye de Westminster (Londres, Angleterre), la fille de Malcom III d’Ecosse, Edith, qui prit le nom de Matilda Altheling of Scotland Canmore ou Mathilde d’Ecosse (1079 ou 1080 – 1118) et dont il eut 4 enfants :
1. Euphémie (1101 – 1101 ou 1102) ;
2. Mathilde (1102 - 1167), reine titulaire d'Angleterre ;
Née à Winchester le 7 février 1102, elle s’est mariée avec Henri V, empereur du Saint Empire Romain Germanique. D’où son surnom « Matilda the Empress ». Devenue impératrice du Saint Empire Romain Germanique et reine d’Italie, elle a épousé, en 1127, Geoffroy V Plantagenêt, comte d’Anjou et de Maine, mort en 1151 (cf. Dynastie d’Anjou). Elle est morte à Rouen en septembre 1167 ou 1169. Elle a été inhumée à l’abbaye du Bec.
3. William the Atheling (5/8/1102 – 1120), duc de Normandie ;
Guillaume Adelin est né à Winchester en février 1102. Duc de Normandie et comte de Rouen de 1106 à 1120, il s’est marié en juin, 1119 avec Isabella (Matilda) Mathilde, fille de Foulques V, comte d’Anjou (cf. Dynastie d’Anjou). Il s’est noyé le 25 novembre 1120 dans le naufrage de la « Blanche Nef » à Barfleur. Sa veuve est entrée dans les ordres.
4. Richard d'Angleterre (1105 – 1120).
Il s’est noyé le 25 novembre 1120 dans le naufrage de la « Blanche Nef » à Barfleur.
Il épousa en secondes noces, le 29 janvier 1121, au château de Windsor (Berkshire, Angleterre), Adélaïde de Lothier ou Adeliza de Louvain, connue aussi sous le nom de Adeline de Brabant (1104 – 1151). La plupart des sources précisent qu’aucun enfant n’est issu de ce mariage.
1. Gundrade ou Gundred ou Gunrade (née en 1089 – ?), princesse d’Angleterre ;
2. Rochèse Fitzroy ou Rohèse d'Angleterre ou Rohese Beauclerc (1091 – 1176) ; elle a épousé Henry de la Pomerai (mort avant 1167) ;
3. Constable William de Corbet, prince d’Angleterre, (né avant 1105 – après 1187) ;
4. Guillaume d’Angleterre (né vers 1120 – ?) ;
5. Gilbert d'Angleterre (1130 - 1142) ;
6. Renaud Réginald ou Rainald de Dunstanville (1092 – 1120), comte de Cornouailles (= Earl of Cornwall), il est aussi connu sous le nom de Renaud de Mortain ; il a épousé Béatrice Fitzwilliam de Mortaigne qui semblerait aussi connue sous le nom de Mabel de Mortain ; il s’est noyé le 25 novembre 1120 dans le naufrage de la « Blanche Nef » à Barfleur ;
7. Sibylle Elisabeth d'Angleterre, reine d’Ecosse (± 1092 – 12/7/1122) naquit en Normandie, à Domfront, Alençon, Orne, France. Elle épousa le roi Alexandre 1er d’Ecosse dit « le Féroce », fils du roi Malcolm III d’Ecosse dit « Canmore » et de la princesse Marguerite Atheling d'Angleterre en 1122. Elle décéda le 12 juillet 1122 à l’île de Woman (Loch Tay, Ecosse) où elle a été inhumée. « Sibyl is thought to be daughter of Sybil Corbett. She is known as a « love child of the King » ;
8. Constance d’Angleterre (1090 - ?) a épousé Vicomte Richard 1er de Beaumont Fresnay et Sainte-Suzanne, fils de Vicomte Raoul de Beaumont V de Maine et Constance ;
9. Constance de Normandie, née après 1105, elle a épousé le vicomte Rosclin 1er de Beaumont-au-Maine (1100 – 1176), fils du Vicomte Raoul VII de Beaumont-au-Maine, elle serait décédée en 1145 ;
10. Mathilda Maud Beauclerc: en 1110, elle a épousé Conan III Fergant de Bretagne, dit « le Gros » ;
11. Eustacie d'Angleterre ou Eustacie Beauclerc (née après 1090) ;
12. Alice Beauclerc ou Alice de Normandie (née après 1090) ;
13. Joan Elisabeth Beauclerc (née en 1087), a épousé en 1097, Fergus, Lord of Galloway ;
14. Emma Beauclerc ou Emma d’Angleterre ou Emma Plantagenêt (1136 – avant 1214) a épousé Guy IV de Laval ;
15. Réginald (1112 – Chersley, Surrey 1/7/1175) a épousé Béatrice FitzRichard ;
16. Sibylle de Falaise (née en 1110) a épousé Baldwin de Boulers (né en 1075).
17. Elisabeth Fitzhenry (1084 - ) épousa Lord Fergus Galloway (1078 – 1166) ;
18. Henry Fitzhenry, le jeune (1105 – 1157). Né à Narberth ; décédé en 1157 à Anglesea Narberth and Pebidbog (Wales ?) ;
19. Robert Fitzhenry ou Robert de Mellent (1090 – 1147).
Né à Caen dans le Calvados en Basse-Normandie, avant qu’Henri 1er ne soit couronné, sa mère est probablement une Française inconnue. Certaines sources d’informations désignent sa mère comme étant Nesta de Galoles mais il semble plus probable que ce soit Sibylle Corbet. Il est aussi connu sous le nom de Comte Robert de Caen ou comte de Gloucester ou Comte Robert de Mellent de Gloucester. Il a épousé Mabel (ou Maud) Fitzhamon, fille de Comte Robert Fitzhamon de Gloucester et Sibyl de Montgomery. Il est couronné comte de Gloucester vers le 15 août 1122. Il décède le 31 octobre 1147 à Bristol, Gloucestershire, Angleterre. Il est inhumé à Prieuré Saint-James, Bristol.
20. Isabelle d'Angleterre ou Isabel Beauclerc (née vers 1120) ;
21. Maude de Montivilliers Beauclerc, qui devint Abesse Maude de Montivilliers
Les dates de sa naissance et de sa mort ne sont pas connues.
22. Mahaud ou Maud ou Mahaut FitzEdith ou Matilda FitzHenry. Elle naît entre 1086 et 1093.
23. Robert FitzEdith (décédé le 31 mai 1172), baron d'Okenhampton. Il a épousé Mathilde d’Avranches (morte en 1173).
24. Maud de Normandie (1085 – 25/11/1120)
Elle a épousé Rotrou II, comte du Perche, fils de Geoffroy 1er du Perche et Béatrice de Montdidier en 1103. Devenue comtesse du Perche, elle s’est noyée le 25 novembre 1120 dans le naufrage de la « Blanche Nef » à Barfleur.
25. Guillaume de Tracey (Westminster, 1087 – Barnstaple, Devonshire, 1136).
26. Aline d’Angleterre. En 1126, elle a épousé Mathieu 1er de Montmorency (décédé en 1160).
27. Richard de Lincoln.
Il naît avant 1101. Il épouse Amice de Gael, fille de Seigneur Ralph de Gael de Montfort.
Compte de Suffolk, il s’est noyé le 25 novembre 1120 dans le naufrage de la « Blanche Nef » à Barfleur.
28. Juliane d'Angleterre ou Julienne de Breteuil (1099 - après 1136).
Selon certaines sources, elle serait née avant 1090. En 1103, elle épousa Eustache de Pacy, seigneur de Breteuil, fils de Guillaume de Bréteuil. Elle devint religieuse après 1119 à Fontevrault. Elle décéda après 1136.
29. Foulques d'Angleterre ou Foulques de Normandie (né avant 1100).
Il naquit avant 1100. Il fut moine à l’abbaye d’Abingdon au Royaume-Uni.
30. Jeanne d'Angleterre (née vers 1095) ;
31. ... d'Angleterre : un fils qui s’est noyé le 25 novembre 1120 dans le naufrage de la « Blanche Nef » à Barfleur.
32. N… d’Angleterre : un autre fils qui s’est noyé le 25 novembre 1120 dans le naufrage de la « Blanche Nef » à Barfleur.
33. Née vers 1100, Richilde a épousé Guillaume III Gouet, seigneur de Montmirail.
1. Barfleur
De fondation très ancienne, puis viking, Barfleur fut le premier grand port de la côte normande. Il connut au Moyen Age une notoriété considérable. Une tradition constante veut que « Le Mora » vaisseau qui devait transporter Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, en Angleterre, soit sorti des chantiers de Barfleur ainsi que de nombreux navires qui devaient participer à la « conquête ». En tout cas, ainsi que le rappelle un médaillon de bronze fixé sur un gros rocher, à l'entrée du port, inauguré en 1966, pour commémorer le 900e anniversaire de cet événement glorieux, c'est un marin de Barfleur Etienne, fils d'Airard, qui eut le redoutable honneur de piloter le navire ducal au cours de la traversée glorieuse.
C'est encore de Barfleur que, le 25 novembre 1120, le vaisseau la « Blanche Nef » cinglant vers l'Angleterre, transportant les deux fils de Henri 1er de Beauclerc duc de Normandie et roi d'Angleterre, fils du Conquérant, se perdit corps et bien en heurtant le rocher de Quillebœuf à quelques encablures de la côte. Les marins, dit la légende, avaient trop copieusement profité des avantages de Barfleur. Richard Cœur de Lion s'embarqua à son tour à Barfleur en 1194 pour aller se faire couronner roi d'Angleterre et il y passa avec cent gros vaisseaux, ce qui donne une idée de l'importance de Barfleur à l'époque.
2. Le port de Barfleur
La visite du haut Cotentin passe obligatoirement par Barfleur. C'est de ce port que Guillaume – qui n'était pas encore nommé le Conquérant – entreprit la conquête de l'Angleterre à bord d'un drakkar. Havre de prédilection pour les rois anglo-normands, Barfleur fut pendant le Moyen Age le premier port de la côte normande. En 1120, le naufrage de la « Blanche Nef » jeta le doute sur la sécurité de sa côte et marqua le début du déclin de son port.
Ce charmant bourg de pêcheurs est reconnu comme l'un des plus beaux villages de France. Les maisons de granit aux toits de schistes s'alignent le long du petit port près de l'église. Ses quais pittoresques et animés sont encombrés de casiers, lignes et filets. Lors du retour des pêcheurs, la débarque des poissons, crustacés et sacs de moule est une curiosité. A marée basse, les bateaux de pêche couchés sur le flanc ou appuyés sur leurs béquilles attendent le flux. Le port entièrement vide de son eau, retranché derrière sa jetée protectrice vit au rythme des marées.
Les dangereux écueils rocheux qui protègent le port de Barfleur des violentes tempêtes sont aussi ceux qui brisent les coques des navires imprudents.
La mer règne en maître sur le raz de Barfleur. Nul n'aurait l'idée de la défier un jour de tempête. Les forts courants longeant la côte, provoquent tourbillons et remous redoutés des marins.
3. La « Blanche Nef »
Le 25 novembre 1120, pour rejoindre l'Angleterre après un festin copieusement arrosé scellant la réconciliation franco-normande, le roi Henri 1er qui était attendu par un autre navire, fit embarquer à bord de la « Blanche Nef » Guillaume Adelin, son fils unique légitime et héritier de la couronne d'Angleterre accompagné de nombreux jeunes nobles descendant des familles d'Allemagne et de Normandie, en tout quelques 200 jeunes gens.
A la sortie du port de Barfleur, le navire du roi et la « Blanche Nef » se suivaient. La nuit tombée, la visibilité mauvaise, la mer démontée et l'équipage ayant abusé de la boisson, la « Blanche Nef » se trouva distancée. L'homme de barre, pour rattraper le navire de tête commis une grossière erreur en se dirigeant plein nord au lieu de garder le cap à l'est. La « Blanche Nef » vint s'écraser sur le récif de Quillebeuf dans le raz de Gatteville.
La « Blanche Nef » avait fait naufrage à quelques encablures du port de Barfleur, au large de l’île anglo-normande d’Alderney.
Dans ce naufrage immédiat, dont ni du navire du roi, ni de la terre, on ne s'était aperçu, périrent noyées 193 personnes dont 140 chevaliers.
Il ne restait au roi d’Angleterre qu’un enfant légitime, une fille nommée Mathilde et mariée à l’empereur Henri V.
Les circonstances dramatiques de ce naufrage « historique » bouleversèrent l'histoire du 12ème siècle et eurent d'importantes répercutions politiques.
4. La chapelle des marins et le naufrage de la « Blanche Nef »
Je suis un bien vieux sanctuaire de 1070, la première église paroissiale pour abriter les premières communautés chrétiennes au temps de Guillaume le Conquérant, duc de Normandie et roi d'Angleterre. Je suis brute, fidèle aux pierres de la grève de Gatteville sans minauderie.
Il y avait environ 40 ans que j'étais bâtie quand je fus le témoin d'une horrible tragédie qui fit pleurer le roi d'Angleterre de ce temps-là. Le rocher de Quillebœuf et l'effroyable naufrage des enfants d'Henri 1er régnant en cette année de 1120...
« Ah ! Le traître ». Cette nuit-là en novembre, un vaisseau royal, la « Blanche Nef » quittait le port de Barfleur, chargé de la fine fleur de la cour d'Angleterre réunie autour de Guillaume et Richard, les deux fils du roi Henri. Il n'y eut que quelques très rares rescapés... Figurez-vous que ce naufrage eut une conséquence spirituelle assez curieuse.
L'année où avait sombré la « Blanche nef », Rotrou, comte du Perche, veuf de Mathilde victime du naufrage, fut surpris alors qu'il naviguait en Manche par un ouragan d'une exceptionnelle fureur ; il se souvint du naufrage qui avait ravi son épouse à son affection. Il fit alors un vœu solennel d'élever une chapelle en l'honneur de Notre-Dame. Il fit donc bâtir un oratoire appelé de nos jours «la trappe».
5. Verneuil-sur-Avre : une ville active et une étape touristique
Ville presque millénaire, à mi - distance - 115 km - de PARIS et de Deauville, station balnéaire aussi réputée que St Tropez, Verneuil-sur-Avre est située en Normandie, théâtre du « D Day » et lieu de rendez-vous historique entre Français et Américains.
Fondée en l’an 1120 par Henri 1er Beauclerc duc de Normandie et roi d’Angleterre, elle était la ville frontière entre le Royaume des Vikings et le Royaume de France. En plus de ses fortifications, elle abrite les célèbres maisons normandes à colombage, de superbes demeures des 16ème et 18ème siècle et la tour de la Madeleine qui domine le paysage.
Cité importante du Moyen Age à la Révolution elle fut le théâtre d’une bataille aussi connue qu’Azincourt mais encore plus meurtrière. Quatre hôtes de marque y firent escale : l’empereur Napoléon 1er et les Rois Charles VII - souverain de Jeanne d’Arc, Louis XVI - qui fut décapité, Charles X - conquérant de l’Algérie.
Fief du fameux camembert, du cidre et du calvados, Verneuil est aujourd’hui une ville active de 7000 habitants.
6. L'histoire de Villedieu-les-Poêles
L'histoire dit qu'en 1130, Henri 1er Beauclerc, duc de Normandie et roi d'Angleterre, donna aux frères hospitaliers de St Jean de Jérusalem, chassés de la Terre Sainte, un terrain au lieu-dit « Siennêtre ». Ils y établirent la première commanderie de leur Ordre et l'appelèrent « Villedieu ». Dans leur cité munie de nombreux privilèges, ils favorisèrent l'installation d'une colonie de « poesliers ». D'où le nom de Villedieu-les-Poêles.
La procession religieuse du Grand Sacre commémore cette époque ; tous les 4 ans, elle est suivie par des dignitaires de l'Eglise et par une délégation des Chevaliers de Malte en grand apparat. Lors de la Révolution de 1789, elle fut interrompue. La prochaine aura lieu en juin 2004.
En 1796, les environs de Villedieu devinrent l'un des principaux foyers de la chouannerie (comme en témoigne le meuble appelé « homme debout »). Le second Empire est une période de prospérité. La grande rue du marché fut élargie et l'hôtel de ville fut construit.
Epargnée par les bombardements au moment du débarquement à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, Villedieu a pu garder tout son charme de petite cité artisanale avec ses ruelles et cours médiévales, semblables à celles du Mont Saint-Michel ou de la Bretagne.
Villedieu est une ville de tradition certes, mais aussi tournée vers l'avenir comme en témoigne son récent classement « Ville et métiers d'Art ».
7. Le château de Falaise
Le château de Falaise
Le château de Falaise, fondé au 10ème siècle, était une place forte de la capitale du duché de Normandie. C'est dans ce château que Robert le Diable rencontra une jeune lavandière nommée Arlette, en 1027. De cette rencontre naquit, la même année, au château de Falaise, Guillaume le Conquérant. Celui-ci n’apporta pas de modification majeure du château puisqu'il fit transférer la capitale du duché de Normandie à Caen.
En 1078, Robert II de Courteheuse, fils aîné de Guillaume, se révolta contre son père pour obtenir le duché de Normandie. Ce fut chose faite en 1087, lors du décès de Guillaume, tandis que son frère Guillaume II le Roux, reçut l'Angleterre en héritage.
Le quatrième fils de Guillaume, Henri 1er Beauclerc, ne reçut aucune terre en héritage, jusqu'au décès de Guillaume II le Roux, qui lui permit de récupérer le royaume d'Angleterre. Il entreprit alors la conquête de la Normandie en 1105 et fit prisonnier son frère Robert II de Courteheuse. Henri 1er Beauclerc devint alors le nouveau propriétaire du château de Falaise.
Par mariage de lion l'ensemble des possessions de Henri 1er Beauclerc revint aux Plantagenêt. Les rois de France convoitèrent les propriétés continentales des Plantagenêt. En 1204, Philippe II Auguste finit par s'emparer de la Normandie et, en particulier, du château de Falaise qu'il fit fortifier. Les Anglais renonceront officiellement à la Normandie en 1259.
Pendant la guerre de cent ans, en 1415, après la victoire d'Azincourt, Henri V Plantagenêt s'empara à nouveau du duché de Normandie, et du château de Falaise en 1417. Cette occupation durera jusqu'à la victoire de Formigny en 1450, date à laquelle Falaise et sa région reviendront au roi de France Charles VII qui fut couronné en 1429 avec l'aide de Jeanne-d'Arc. En 1589, les troupes d'Henri IV tenteront d'assaillir le château où les rebelles catholiques se sont retranchés. A partir de cette date le château ne sera le plus utilisé qu'à des fins militaires.
8. Le château de Gisors
Ce magnifique exemple d'architecture féodale du 12ème siècle compte, avec Carcassonne, parmi les deux mieux conservés de France.
Nous avons peu de renseignements quant à l'occupation de ce camp militaire de trois hectares avant que ne soit élevé le château. Gisors était un point fortifié secondaire, un avant-poste, une ville frontière entre le Vexin français et le Vexin normand, dépendant du château de Neaufles-Saint-Martin (environ 3 km).
Nous savons aussi qu'à l'origine le château de Gisors était tenu par Thibaud Payen, fils de Hugues de Chaumont (Chaumont-en-Vexin) et que celui-ci fut chassé par Guillaume le Roux qui, en 1097, confia à l'architecte Robert de Bellesme la construction sur ce site d'une forteresse plus importante. De la fin du 11ème siècle il ne reste actuellement que la motte artificielle.
Pendant tout le 12ème siècle, la Normandie étant devenue anglaise, rois de France et d'Angleterre se sont échangé cette place forte à plusieurs reprises. Ainsi le donjon d'origine, vraisemblablement de plan carré, a été repris en partie dans le donjon octogonal reconstruit en 1124 sous Henri 1er Beauclerc après que Thibaud Payen tentant en 1123 de reconquérir Gisors ait incendié le château. On reconnaît d'ailleurs des fragments de ce premier donjon dans les parties nord de l'actuel.
Henri 1er Beauclerc a donc fait construire le rez-de-chaussée et le premier étage de ce donjon. Cela se distingue dans le petit appareil de blocage irrégulier très différent de l'appareil régulier et en belle pierre taillée des 2 étages ajoutés par Henri II Plantagenêt.
A l'origine, on accédait à ce donjon côté nord par une « passerelle » provisoire en bois que l'on brisait facilement, compliquant ainsi l'ascension de la motte pour l'ennemi qui, posté au pied de celle-ci, devenait une proie très vulnérable.
Un peu plus tard, Henri 1er Beauclerc fit élever la partie ouest de l'enceinte, Henri II achevant les parties nord et est perfectionnées par la suite.
De 1145 à 1161, le château revint au roi de France Louis VII, qui semble s'être contenté de l'entretenir sans y ajouter quelque modification que ce soit. De 1158 à 1161, Louis VII confia la surveillance de la forteresse aux Templiers et en 1161 Henri II Plantagenêt le récupéra par subterfuge à l'insu du roi de France. Jusqu'en 1184, Henri II ne cessa ainsi de fortifier le donjon et les remparts qui le protégeaient.
En 1193, profitant de la captivité de Richard Cœur de Lion, Philippe-Auguste se fit livrer le château par le capitaine Gilbert de Vascoeuil. Sans attendre le retour de son adversaire, il entreprit de gros travaux : construction de la Tour dite « du Prisonnier », remplacement de la Tour du Gouverneur dont il doubla la porte et à laquelle il ajouta une tour ronde : la Tour Blanche.
Un homme, enfermé au 16ème siècle dans le cachot de la Tour du Prisonnier, y sculpta de superbes bas-reliefs dont le thème principal est celui de la Passion du Christ.
Pendant la Guerre de Cent Ans, après un siège de trois semaines les Anglais s'emparèrent du château en 1419 où ils siégèrent pendant 30 ans.
En 1449, Charles VII en reprit possession et procéda à une grande remise en état. C'est à ce moment qu'ont été construites la Tour de Guet du donjon et les casemates couvertes qui longeaient les remparts depuis l'actuelle entrée jusqu'à la Porte des Champs.
Au 17ème siècle le château servit de base à Henri IV pour maintenir ses communications avec la Normandie. Puis, sur ordre de Sully, la forteresse fut déclassée ; son entretien cessa, son rôle militaire était terminé.
Vers 1770, une grande vague de misère due à un chômage croissant s'abattant sur Gisors, on décida que chaque hiver « l'atelier de charité » emploierait des ouvriers sans travail à aménager les remparts en promenade, à les planter d'arbres et à les entretenir proprement.
En 1786, le Duc de Penthièvre fit construire des halles au milieu du parc (démontées en 1920 et remplacées par les parterres gazonnés et fleuris). C'est en 1809 que la ville acheta cet ensemble devenu bien national.
En 1850, Monsieur Thierry, maire de Gisors, annonçant aux autorités concernées la découverte des « souterrains » encombrés de gravats, demanda une aide financière qui lui fut tout de suite accordée afin de déblayer et mettre en valeur ce trésor inestimable que l'on visite aujourd'hui.
Après un congrès archéologique qui se tint à Gisors, on décida en 1851 de restaurer en particulier le donjon. Le couronnement des murs fut ainsi repris, le puits curé et remis en eau. Cette exploration permit d'ailleurs de vérifier qu'il faisait 40 mètres de profondeur et de constater que les fondations de ce donjon de 1200 tonnes n'étaient enfoncées que d'un mètre (parfois moins) dans la motte. Mais c'est en 1890 que les travaux de restauration les plus importants eurent lieu, intervenant plus généralement sur le château et son enceinte.
Après cette restauration, le château de Gisors fut de nouveau maltraité dans les années 1960 par les fouilleurs nocturnes et clandestins qui, cherchant cette supposée chapelle souterraine contenant ce tout autant supposé trésor des Templiers, n'ont pas hésité à piocher dans la motte artificielle. Ce qui devait arriver arriva : sous l'effet du temps et des fortes pluies de 1966, la motte se tassa tout l'automne et c'est le 17 décembre que la tour Saint-Thomas se fendit. Peu à peu, les lézardes s'agrandirent et pour parer à la menace d'écroulement de ce donjon, il fallut reprendre le sous-œuvre. Actuellement la tour Saint-Thomas repose donc sur 15 piles de béton d'un mètre de diamètre et de 27 m de hauteur. Le donjon est sauvé mais à quel prix !
9. L’abbaye de Mortemer du 12ème siècle
Au cœur de la hêtraie de Lyons-la-Forêt, blottie au creux d'un vallon, l'abbaye de Mortemer est le témoin d'un passé prestigieux.
Reçue dans l'ordre de Cîteaux en 1138, l'abbaye prospère rapidement grâce à de généreux donateurs comme Henri 1er Beauclerc, fils de Guillaume le Conquérant, ou Mathilde « l'emperesse ».
Dès le 12ème siècle, les bâtiments sont si beaux que les rois viennent en visite : Richard Cœur de Lion, Philippe Auguste, Charles le Bel, Saint-Louis,...
Avec ses ruines romantiques, son colombier et ses boulins, ce site d’exception mérite d’être découvert. Ne dit-on pas qu’il est hanté de personnages de légendes ?
10. Le château de Caen
Au début du 12ème siècle, vers 1120, Henri 1er Beauclerc, roi d'Angleterre depuis 1100, fit édifier la salle de l'Echiquier et le donjon. Le donjon est une tour de plan légèrement rectangulaire de 27,40 mètres selon l'axe est/ouest, sur 24 mètres selon l'axe nord/sud. Les murs ont 4,40 mètres d'épaisseur. Ils sont munis dans les angles et au milieu de chaque face de contreforts plats à double ressaut, comme il est habituel pour les édifices militaires normands de cette époque. Il devait avoir une trentaine de mètres de haut. Quatre niveaux : le premier, au rez-de-chaussée est complètement aveugle pour des raisons de sécurité ; on y entreposait les vivres et les armes, ainsi que le trésor ducal et royal quand le duc roi y séjournait ; le deuxième étage était l'étage noble séparé en deux parties inégales par le mur de refend. Au sud, la grande salle ; au nord les appartements privés. Le troisième étage était réservé à la garnison du donjon. Au quatrième, la plate-forme est composée du chemin de ronde protégé par le crénelage, et des deux parties de la toiture. L'accès se fait par le flanc sud occupé par un avant-corps. La communication entre les étages se faisait par des escaliers compris dans l'intérieur des murs ou par des escaliers intérieurs en bois.
Le donjon a un objectif militaire défensif clair. Il est là pour renforcer la défense du seul accès au château en doublant la tour – porte du nord.
L'Echiquier de Henri 1er Beauclerc est une « aula » beaucoup vaste que l'aula de Guillaume : 30,70 sur 11 mètres. Les murs sont plus épais, de 0,92 à 1,02 mètre. Le bâtiment est à deux étages, une salle d'apparat au rez-de-chaussée, l'étage noble sur plancher au 1er étage. Le vieux bâtiment construit par Guillaume se trouve à angle droit de l'Echiquier. Il aurait continué de servir comme appartements privés. Une porte de la salle de l'Echiquier relie très exactement les deux bâtiments.
L'ouest de l'enceinte est laissé vide de toute construction. Un moulin était implanté au nord. A l'est une citerne et un silo transformés par la suite en dépotoir, une cuisine, un four à pains avec plusieurs foyers.
Henri 1er Beauclerc transforme la résidence fortifiée de son père en une forteresse où l'énorme donjon donne immédiatement une impression de puissance et de force. En 1182, il y réunit une cour composée de plus de 1000 chevaliers, défiant alors le jeune roi de France Philippe Auguste, incapable à la même époque de réunir semblable assistance.
Malgré cet aspect imposant, le château possède de nombreux points faibles qui feront que Philippe Auguste le prendra sans coup férir en mai 1204.
11. L’abbatiale Saint-Georges de Boscherville et la chapelle des Chambellans
Par la charte de 1113, Henri 1er Beauclerc, duc de Normandie et roi d'Angleterre, autorise les Bénédictins de St Evroult en Ouche sous couvert de Guillaume de Tancarville à construire une abbatiale.
De 1113 à 1140 fut donc édifiée cette église en style roman. La pierre utilisée fut le calcaire régional dit « de Caumont ». Le parti pris des Normands d'avoir des nefs largement éclairées fut obtenu par de grandes fenêtres hautes.
De plan bénédictin (en forme de croix latine), orienté vers l'est, avec transepts largement marqués contenant tous deux une tribune, ce qui est classique en Normandie, comme est fréquente la tour lanterne élevée à la croisée du transept (arcs ogifs reposant sur des têtes de pères abbés).
Par ailleurs le chœur est assez petit, suffisant pour contenir la trentaine de moines que comptait l'abbaye. L'abside est de forme arrondie couverte par un quart de sphère soutenu par les grosses nervures du début 12ème siècle. Avancée technique à l'étage où les charges reposent sur des piliers détachés du mur et dégageant ainsi le passage des moines dans une grande élégance.
A l'extérieur, il faut noter en limite nord du domaine les restes du logis des Tancarville (Raoul de Tancarville, chambellan de Normandie) qui présentait au rez-de-chaussée une vaste salle de réception, les appartements privés tant à l'étage et communiquant avec la chapelle du 13ème siècle : chapelle privée des Tancarville, desservie par un chapelain indépendant de l'abbaye.
A. B.
New York, Macmillan, 1917
Normandie - Vallée de la Seine - Page 19
Neveux François
La Normandie des ducs aux rois, 10ème – 12ème siècles
Rennes, Ouest-France, 1998
Favier Jean
Dictionnaire de la France médiévale
Paris, Fayard, 1993
Henri 1er Beauclerc, roi d'Angleterre, duc de Normandie, seigneur de Domfront.
Le Domfrontais médiéval, XII, 1992
Maurice Philippe
Guillaume le Conquérant
Editions Flammarion, Grandes Biographies, 2002