Bruxelles au temps de la préhistoire
Bruxelles au temps de l’occupation romaine
Bruxelles sous l’occupation franque
Le paysage de Bruxelles avant le 10ème siècle
Les quatre axes du développement de Bruxelles
Du site rural au site semi-urbain
Les origines de Bruxelles
La création de la ville
Le castrum
Sur les traces de la véritable « Première Enceinte » ?
Le port
Bruxelles grandit
Bibliographie
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D'après Victor-Gaston Martiny, « si l'origine du plan de la ville de Bruxelles est à rechercher dans un site privilégié et unique de toute la vallée de la Senne, là où la rivière se démultiplie à proximité du 51ème parallèle, rien dans les occupations antérieures de ce territoire ne fit entrevoir ce choix. Du moins, c'est ce qui ressort de l'apparition, simultanée sans doute, d'une grande variété de stations préhistoriques, dès que l'homme du néolithique moyen (2250 - 1900 avant notre ère) entreprit la colonisation de cette contrée apparemment vouée alors à la chasse et à la pêche.
La plus grande prudence s'impose cependant quant à la localisation des habitats et à la fixation d'une chronologie antérieure à la fondation du noyau urbain proprement dit. L'érosion, le déplacement des ruisseaux et la modification de leurs débits, l'exploitation du sol, le déboisement ou les remblais ont en effet pu modifier le relief du terrain.
De plus, les objets qui nous restent de fouilles entreprises pour la plupart au siècle dernier, par des chercheurs qui ne se préoccupaient guère des stratifications archéologiques, ne constituent plus que des sources tronquées. Nous en sommes réduits à nous référer aux seules communications qui furent faites à l'occasion des découvertes et aux interprétations qui en furent données depuis par des spécialistes car, après les fouilleurs, des travaux d'urbanisation ont complètement anéanti la plupart des sites archéologiques connus jusqu'ici ».
Sur le territoire actuel de Bruxelles-ville, « on découvrit des silex taillés rue des Chartreux, place du Grand-Sablon et dans le Parc ; une hache polie place Sainctelette et rue Philippe-le-Bon ; une pointe de flèche rue du Marteau ainsi qu'une pointe de lance en silex entre le quai aux Barques et le Petit-Château. Toutes ces découvertes furent fortuites. Elles sont d'autant plus précieuses que l'emploi de puissants moyens mécanisés pour le creusement de la tranchée destinée à la jonction ferroviaire Nord-Midi d'abord, des pertuis du métro ensuite, n'a pas permis l'analyse, même superficielle, de quelques millions de mètres cubes de terre déplacée ».
Pour Mina Martens, « le premier souci des Romains fut de renforcer le réseau routier existant en vue de faciliter les communications, gage d'une surveillance et d'une subsistance efficaces. Des voies secondaires ont probablement été reprises de chemins préhistoriques, ce qui expliquerait l'avance aussi rapide des légions de Jules César.
Les Romains créèrent de nouvelles chaussées rectilignes ignorant les huttes et chaumières préexistantes. C'est ce qui justifie le glissement de l'habitat, des sommets et des fonds marécageux, vers les pentes douces qui les séparent et que l'on déboisa pour y établir des «villas», établissements agricoles rythmant les itinéraires aussi surement que les bornes militaires.
Si les 19 communes de l'agglomération de Bruxelles restèrent en dehors de la circulation des grandes voies romaines, les vestiges de villas qui y ont été découverts confirment l'existence de « diverticula » dont la «chaussée romaine» à Wemmel, le Dieweg à Uccle, la rue Haute et la chaussée de Haecht à Bruxelles seraient les lointains souvenirs.
Sur le territoire de Bruxelles-ville, seul un grand bronze d'Antonin le Pieux a été découvert rue de la Grande Île.
Des traces d'incendie à la villa de Laeken (au lieudit « Stuyvenberg ») confirment sa destruction probable par les Barbares vers l'an 175 et le fait que la région bruxelloise était encore peu sure, même à la fin du 3ème siècle ».
« Il est probable, mais pas certain, que cette insécurité a pu entraîner une désurbanisation. Il manque en tout cas des repères intermédiaires jusqu'au 6ème siècle pour voir la vallée de la Senne à nouveau occupée en toute quiétude ».
Trois formes de relief s'imposent dans le développement de la ville : une très large plaine alluviale au mauvais drainage naturel comblée aujourd'hui par dix à vingt mètres d'alluvions, un versant raide et un plateau.
Le paysage de la région bruxelloise, à l'aube du 10e siècle, devait être des plus séduisant. C'était une succession de riantes collines qui s'alignaient à l'est et dont les pentes se couvraient de labours et de vignobles égayés de verdoyantes et riches prairies. A l'ouest, dans les basses étendues marécageuses de la rive gauche de la Senne, le sol peu accidenté était couvert de quelques petits bois.
La Senne traversait une plaine d'alluvions large d'environ un kilomètre qui s'élargissait dans le centre de Bruxelles actuel en formant plusieurs îles.
L'ondulation du terrain, encore très marquée de nos jours, présente de nombreuses collines isolées ou des éperons de sable comme le Coudenberg et le Treurenberg à Bruxelles-ville, l’altitude 100 à Forest, le Groeselenberg à Uccle...
Le versant est interrompu par des replats où furent érigées notamment la cathédrale Saint-Michel ainsi que l'église Notre-Dame-du-Sablon et où fut tracée la rue Haute qui bénéficiait ainsi d'une pente minimum.
Le plateau s'allonge du sud au nord entre les vallées de la Senne et du Maelbeek et se termine en un promontoire dominant le confluent de ces deux rivières au-delà de l'église Sainte-Marie à Schaerbeek.
Avant d'arriver à Bruxelles, la Senne se divisait en deux bras sur la commune d'Anderlecht : le bras principal entrait dans la ville (Pentagone actuel) par la Grande Écluse située le long de l'actuel boulevard Poincaré.
Le bras secondaire, appelé Senne de Ransfort, pénétrait dans la ville par la Petite Écluse près de la place de Ninove.
Avec René Dons, examinons d'un peu plus près le cours de la Senne et de ses principaux affluents à travers la future ville de Bruxelles.
Le bras principal de la Senne correspondait grosso modo au tracé des boulevards Lemonnier et Anspach et contournait trois îles dont les deux plus importantes étaient une petite ile triangulaire appelée « Petite Île » ou « Île d'Overmolen », puis une île plus grande ou «Grande Île» qui devint « Île Saint-Géry », enfin, au nord, une nouvelle île triangulaire.
La Senne de Ransfort coulait en droite ligne jusqu'à l'actuelle place du Jardin aux Fleurs et rejoignait le bras principal de la Senne autour de l’Île Saint-Géry, au carrefour des rues Van Artevelde et Van Praet.
Le versant raide de la rive droite de la Senne était profondément découpé par des affluents qui devaient littéralement dévaler vers la rivière.
La Senne et ses affluents
Le site primitif de Bruxelles
d’après R. Dons
Sur la rive droite de la Senne, une voie de communication - probablement antérieure à l'occupation romaine - s'accrochait au flanc des coteaux et dominait la vallée d'une vingtaine de mètres. Ce chemin agricole suivait à peu près le tracé actuel de la rue Haute, de la Steenpoort, de la rue d'Or, de la rue de l'Empereur, du Cantersteen, du Marché-au-Bois et, par la rue des Paroissiens s'élevait vers la colline de sable (le Molenberg) où s'est érigée la cathédrale Saint-Michel, descendait la Montagne du Sion pour rejoindre l'ancienne route de Schaerbeek, l'ancienne Porte de Cologne (un peu plus bas que la porte de Schaerbeek actuelle) ; elle suivait ensuite la rue de la Poste, la chaussée de Haacht et s'embranchait enfin à la voie romaine qui joignait le Rhin à la Mer du Nord à travers la Belgique.
A hauteur de l'église Saint-Michel actuelle, une voie féodale ou voie militaire - selon la dénomination de G. Des Marez (1928) - venait rejoindre ce chemin agricole. Cette voie militaire descendait la rue de la Montagne, glissait le long des collines de sable à l'est de la Grand-Place, passait derrière l'Hôtel de Ville et atteignait l’île Saint-Géry par le Pont du Miroir après avoir suivi le tracé de la rue des Pierres actuelle.
Une voie marchande (ou steenweg) se greffait sur la rue de la Montagne, suivait le Marché-aux-Herbes, le Marché-aux-Poulets, traversait le Pont des Bateaux, poursuivait son tracé par la rue Sainte-Catherine, la rue de Flandre, jusqu'à la chaussée romaine Cologne-Bruges.
A ces trois premières voies de communication, G. Des Marez ajoute la voie d’accès qui mène au château sur le Coudenberg.
D’après Guillaume Des Marez,
Bruxelles s’est développée le long de quatre axes majeurs :
A. la Senne
B. la Senne de Ransfort
C. la Grande Ile
D. La Petite Ile
E. Le Coperbeek
F. Le Ruysbroeck
G. Le Rollebeek
Selon Henri Pirenne les villes du moyen âge ont pris forme aux 10ème et 11ème siècles à l'initiative des commerçants venus s'installer tout près d'un château-fort ou d'un monastère fortifié.
Cette thèse doit être nuancée. En effet, selon Roel Jacobs, « certaines villes se sont développées autour d'un centre domanial. Des centres de pouvoir religieux ou séculier sans fonction militaire, mais hébergeant une population au pouvoir d'achat important, ont aussi connu un développement urbain. Et, quoi qu'il en soit, le cadre naturel a toujours influencé le choix du lieu d'implantation des villes et leur développement». Pour ce chercheur, « Bruxelles a vu le jour et s'est développée par l'effet combiné de plusieurs causes. Hélas, on ne sait rien de certain sur son histoire la plus ancienne ».
Selon Mina Martens, « toute trace d'urbanisation où se situeront les 19 communes de l'agglomération bruxelloise se perd entre 700 et le 11ème siècle : pratiquement aucun type d'habitat n'a été révélé, ni lors de fouilles, ni grâce aux textes ».
«Cependant, au 11ème siècle, l'espace rural présente des configurations paroissiales déjà esquissées. La signification de ce passé demeurera obscure tant que des fouilles, menées avec méthode, n'auront pas mis au jour des restes révélateurs de la présence des hommes et de leurs comportements vis-à-vis de la terre».
Trois siècles d'histoire de Bruxelles s'insèrent entre deux dates, 695 et 977. Entre ces deux dates il faut déplorer une «absence quasi totale de textes, alors que s'établissent les premières structures fondamentales de l'organisation paroissiale et religieuse, que se mettent en place les facteurs décisifs de l'aménagement territorial féodal et que s'élaborent les bases d'une société livrée à une activité marchande de plus en plus manifeste. Tout au plus sait-on qu'un certain cadre territorial, où figure la région bruxelloise, est déterminé : les limites de l'évêché de Cambrai sont en gros définies depuis le 6e siècle, les frontières politiques du pagus de Brabant sont précisées dès 680-700 mais on ignore le nom des titulaires chargés d'administrer ce pagus, d'y assurer l'exercice de la justice et de nommer aux fonctions subalternes».
Quant au contexte religieux, il n'est guère plus probant : les évêques de Cambrai sont connus mais leur rôle dans la région bruxelloise reste généralement ignoré.
Selon les Actes des Évêques de Cambrai (Gesta Episcoporum Cameracensium), l’Évêque VINDICIEN aurait visité la ville en 695 mais cette source est postérieure de trois siècles aux faits qu'elle relate. Par ailleurs, nous dit Roel Jacobs, « il est difficile de déterminer avec exactitude où Bruxelles fut fondée ».
Sur la colline ou dans la vallée ? Les spécialistes sont partagés ! Une fois encore, seule l'archéologie pourrait répondre à cette question.
Les origines lointaines de Bruxelles sont obscures et souvent déformées par des légendes.
D'après le Guide Huysmans (« Bruxelles et ses faubourgs »), « la vallée et les collines qui ont donné naissance à la ville de Bruxelles étaient autrefois couvertes de bois et de marais où les Nerviens auraient abrité leurs non-combattants pendant leur campagne contre Jules César ».
La topographie primitive de la Grand-Place établie par Guillaume Des Marez et des observations géologiques jointes à l'étude des lieux-dits ont permis à ce dernier d'établir que la Grand-Place était à l'origine un marécage. Par ailleurs la toponymie nous apprend aussi que la rue de Tabora s'appelait autrefois rue du Marais !
A l'emplacement de la Grand-Place actuelle s'étendait donc un marais appelé « de Moer ». Lorsqu'il fut asséché, un marché s'y installa. C'était le « Nedermerct » ou « Marché d'en bas » qui resta longtemps purement local. Les paysans des domaines voisins l'animaient régulièrement en venant y vendre les produits de leurs exploitations. Ce forum inferum mentionné en 1174 dans une bulle d'Alexandre III se situait à 1 m 20 sous le niveau actuel.
Cependant, pour Daniel Ch. Luytens, il faudrait oublier cette idée de marais à Bruxelles. Il y avait certes des endroits sablonneux, parfois même des sables mouvants à cause du climat humide, mais il n'y aurait jamais eu de marais ! Le sol était riche en pierres. Celles-ci ont servi à construire des monuments, des steens, les enceintes de la ville... Sous le quartier de la cathédrale Saint-Michel subsisteraient d'ailleurs des restes de carrières de pierres.
Une rivière sillonnait la vallée en formant de nombreuses iles et d'innombrables détours. Sa source était éloignée de huit lieues au sud-ouest.
Selon Daniel Ch. Luytens, à l'époque où les Celtes occupaient le territoire (il y a 3000 ans maximum), Bruxelles se présentait sous la forme de deux falaises d'à peu près 100 mètres de haut (cf. place de l'Altitude Cent à Forest). Au fond de la vallée déambulait une rivière, la BRAINE ou BRANIA dont le nom se retrouve dans les noms des communes de Braine-l'Alleud, Braine-le-Château...
De nombreux toponymes utilisés anciennement ou même encore actuellement rappellent le caractère accidenté de la rive droite de la rivière :
Sur la rive gauche, mais plus distante du centre de la ville, la colline où se dresse la Basilique de Koekelberg en serait également une trace.
Depuis quand parle-t-on de Bruxelles pour la première fois ?
Trois légendes concernent le rôle joué par saint Géry dans la naissance de la ville.
1. Selon Marcel Vanhamme, la version la plus connue parle de l'installation de l'évêque de Cambrai, saint Géry, vers l'an 600 sur une petite île de la Senne.
« Le nom de saint Géry apparaît dans la légende des apôtres du christianisme en Belgique, près d'un siècle avant que le nom de Bruxelles soit mentionné dans un document authentique. Saint Géry ou Gaugericus, serait né vers 540 à Carignan, dans les Ardennes françaises, aux environs de Sedan.
Selon cette première légende, ce personnage, diacre de Trèves, évêque de Cambrai et d'Arras entre 585 et 587, serait mort à Cambrai entre 623 et 636 et non dans l’île que l'on désignera officieusement par son nom («Ile Saint-Géry») ».
En effet, selon le Guide Huysmans cité par Léon Van Neck, « c'est vers l'an 580 qu'un nommé Géry s'arrêta dans un des ilots de la Senne et y construisit une demeure ou retraite qu'il gratifia du nom de Brugsele (de Brug, marais, et de sele, habitation) ».
2. Selon Léon Van Neck (« Vieux Bruxelles illustré », 1909), «une seconde légende dit que vers l'an 580, Géry, évêque de Cambrai, vint dans notre région dans un but d'évangélisation».
« Il trouva sur les bords de la Senne une peuplade rude et sauvage, sans religion et sans culte, qu'il résolut de catéchiser ».
D'après le vicomte Ch. Terlinden, « il est probable que dès l'époque des invasions, les habitants de la vallée de la Senne auraient cherché refuge dans la plus grande île. Des Francs Saliens en s'y fixant également lui donnèrent aussi le nom de BRUOCSELE, l'habitation dans le marais ».
« Se mettant courageusement à l’œuvre, Géry bâtit une chapelle dans cette grande ile qui devint plus tard l’Île Saint-Géry. En peu de temps il avait converti toute la contrée.
Encouragé par ces brillants résultats, Géry crut devoir se consacrer entièrement à sa nouvelle région et se fixa donc définitivement dans l’île où il vécut de longues années ».
Ce groupement créé ou développé par saint Géry mit cependant un siècle pour devenir un hameau. Vers l'an 700 environ, la princesse Gudule, petite-nièce de Pépin de Landen, châtelaine de Hamme près d'Alost, émit le vœu de résider dans l’île afin de continuer l’œuvre d'évangélisation entreprise par saint Géry. La princesse Gudule, femme renommée par sa piété et ses bonnes œuvres, donna un grand essor au hameau qu'elle avait adopté. Plus tard elle fut canonisée et fut honorée comme la patronne de la ville de Bruxelles.
3. Selon De Vogel (« Légendes bruxelloises », 1890) « outre l'édification d'une chapelle, la légende attribue à Saint-Géry le mérite d'avoir miraculeusement débarrassé le territoire bruxellois d'un dragon qui infestait la contrée ».
« Lorsque saint Géry eut fini de noyer le dragon dans la Senne, il s'en revint vers la colline où il semblerait qu'une petite chapelle se trouvait déjà. C'est là qu'aurait été construite plus tard l'église Saint-Michel ».
Pour Louis Hymans (« Bruxelles d'autrefois », 1993), « l'origine de Bruxelles se perd dans la nuit des temps. Son nom même a été écrit de vingt façons diverses dont la plus curieuse est Bructersele, orthographe imaginée par un avocat, Me Spinnael, en vue de démontrer que Bruxelles fut la capitale des Bructères » !
Une autre hypothèse ferait dériver Bruxelles du nom flamand BROK-SELLES qui signifierait « PONT SUR LA SELLE » (devenue plus tard la Senne) autour duquel quelques premiers habitants seraient venus s'installer malgré les risques d'inondations.
Historiens et chercheurs, après s'être livrés à des luttes séculaires au sujet de ses origines, après avoir trouvé une racine possible du nom de Bruxelles dans les mots brug, broeyen et broek (et qui donnaient respectivement l'idée d'un pont, d'un nid et d'un marais) ont fini par se mettre d'accord pour affirmer que Bruxelles vient de Broeksele, habitation, manoir, château ou site au bord d'un marais.
Bruxelles représente, dans toute l'histoire de la genèse des villes entre la mer du Nord, le Rhin et les Ardennes, l'une des énigmes les plus rebelles et les plus irritantes : tant de problèmes surgissent à tout instant de l'enquête que la naissance de Bruxelles reste un mystère des plus profonds.
Selon le professeur G. Despy, « le schéma des origines de Bruxelles, tel qu'il se présente après un siècle de recherches patientes, minutieuses et ingénieuses, s'articule autour de quelques étapes majeures. Mais le peu de documents nous empêche de connaitre avec certitude le berceau de Bruxelles.
Si l'on admet l'hypothèse qu'un hameau mérovingien a été à l'origine de Bruxelles, nous en ignorons absolument tout sur le plan archéologique. En effet, avec l'application radicale des préceptes de l'Eglise, à partir de 700 environ, les cimetières cessèrent de nous livrer des éléments de datation et des renseignements archéologiques sur l'habillement et l'armement. Il était en effet interdit de déposer dans les tombes des éléments de mobilier funéraire, les bijoux des femmes ou l'équipement des guerriers défunts ».
Le centre de Bruxelles a pu être occupé à l'époque carolingienne comme en témoigne un peigne en os de bœuf découvert sous l'actuelle Grand-Place dans une couche tourbeuse sous le niveau du pavement du 11ème – 12ème siècle.
Pour Henne et Wauters (1845), « c'est à l'emplacement approximatif de l'actuelle cathédrale Saint-Michel que la ville serait née. La bourgade aurait ainsi été à l'abri des inondations qui envahissaient la vallée et dont il est question dans un texte datant de 1125 ».
Daniel Ch. Luytens expliquerait le nom de Bruxelles à partir du Celte « BRUOC » qui désigne la LANDE, c'est-à-dire un terrain où dominent les bruyères, les genêts et les ajoncs, végétaux qui abondent sur un sol sablonneux. « SELA » viendrait de «CELLA» et désignerait une chapelle.
En l'an 1000 circulait à Bruxelles une monnaie frappée du nom de la ville BRUOC-SELLA et de l'évêque S.G.P.E. (Sanctus Gauguericus Epis Copus, c'est-à-dire Saint-Géry, évêque). Quelques exemplaires de cette pièce d'argent ont été fort heureusement conservés.
Toujours selon ce chercheur, Bruxelles signifierait donc ERMITAGE ou CHAPELLE DANS LA LANDE. Pourquoi ? Selon des origines légendaires, Bruxelles semble avoir toujours été un lieu sacré. Les Celtes y rendaient hommage à 7 dieux. Dans un temple situé sur la colline (à l'emplacement actuel de la cathédrale Saint-Michel) les Gaulois auraient adoré le dieu LUG, protecteur des routes et des voyageurs, dieu des messagers, des coursiers. A l’époque romaine, ce culte au dieu LUG fut remplacé par le culte de MERCURE puis, sous l'influence du christianisme, par la vénération de saint Michel. Cette évolution se vérifie aussi au Mont Saint-Michel en Normandie.
C'est en 1047 seulement que, selon Mina Martens, l'on apprend de source pratiquement sure que l'église de Bruxelles est consacrée à saint Michel. « Loin d'être un saint local, connu dans la région pour son action pieuse, l'archange Michel vit son culte se propager d'abord d'Orient vers l'Italie. Grâce au pèlerinage du Monte Gargano au 5ème siècle, en Italie, le culte à l'archange atteignit Lyon en 506, Limoges en 550 et Arles entre 574 et 632. La première mention datée en Belgique est celle du prieuré de Roksem en Flandre occidentale en 754. Saint Michel est anciennement honoré dans des domaines mérovingiens ou carolingiens d'origine (Andennes vers 690, Nivelles vers 650, Gerpinnes vers 775) ».
Selon Daniel Ch. Luytens, Bruxelles serait un des 7 Monts Saint-Michel d'Europe occidentale, un endroit visité par Saint-Michel, censé rendre justice sur la terre.
Selon le Professeur Paul Bonenfant, «le culte rendu à Michel à Bruxelles est soit le premier indice révélateur de l'existence probable d'un village mérovingien bruxellois établi sur la colline s'élevant au bord de la Senne, soit le résultat de l'influence exercée par les Carolingiens qui l'avaient en honneur particulier».
«Bruxelles serait-elle partie constituante d'un domaine carolingien ou centre d'une paroisse très ancienne ? En tout cas, l'antériorité du sanctuaire de la colline sur tous les autres lieux cultuels de la région - dont celui de Saint-Géry dans la vallée de la Senne - a été établie par le chanoine Placide Lefèvre, le savant archiviste de la cathédrale Saint-Michel».
Daniel Ch. Luytens considère Bruxelles comme une ville «récente». Des documents qui se trouvent à l'évêché de Cambrai et datant de 695 évoquent déjà notre ville. Ces documents anciens relatent le passage de l'évêque Vindicien à Brosella pour contrôler comment les prêtres organisaient leur travail. Bruxelles s'avérait en effet être un lieu très chrétien : un pèlerinage s'y organisait en l'honneur de Saint-Michel qui devint beaucoup plus tard patron de la ville.
En 1934, Paul Bonenfant avançait déjà cette hypothèse : Brosella, localité indiquée par un chroniqueur anonyme du 11ème siècle, semble désigner Bruxelles pour la première fois dans l'histoire.
Saint Vindicien, fort âgé et mourant, exprima le souhait de se faire transporter de Brosella à l'abbaye du Mont Saint-Eloi où il fut inhumé. Cet événement se situerait vers 695.
Le professeur G. Despy reprend également l'hypothèse selon laquelle un domaine rural aurait existé à Bruxelles à l'époque mérovingienne mais sa formulation est différente : « L'évêque de Cambrai Vindicien serait en effet passé à Bruxelles en 695 et aurait doté le domaine d'une église paroissiale qui fut consacrée à Saint Michel à l'époque carolingienne. L'habitat rural de ce village aurait été groupé autour de cet oratoire et le long d'un ancien diverticulum romain parallèle au cours de la Senne sur la rive droite » (la rue Haute actuelle).
A partir du milieu du 10ème siècle, ce village serait sorti progressivement de l'ombre, amorçant lentement une sorte de mutation pré-urbaine.
Dès 965 un atelier monétaire y aurait fonctionné régulièrement et les deniers qu'on y frappa furent retrouvés jusqu'en Suède et en Poméranie puisque les deniers passaient de marchand en marchand.
Cependant, il est difficile de concevoir la frappe de deniers en milieu rural à l'époque ottonienne car il s'agit tout de même de l'exercice d'un droit régalien qui peut certes s'opérer par délégation de pouvoir de la part du souverain mais il faut se demander quelle autorité publique a bien pu procéder à un tel monnayage dans une localité rurale comme devait l'être Bruxelles au milieu du 10ème siècle.
La seule certitude est l'existence d'un atelier comtal à Bruxelles qui émit des deniers de BRVOCSELLA dans les premières décennies du 10ème siècle et qui est cité dans les sources écrites dès 1073.
En 966, l'abbaye de Nivelles y aurait possédé une propriété foncière qualifiée de stadium, terme dont certains chercheurs ont voulu faire un marché.
A. Van Loey (1937) reconnait Bruxelles dans le nom « Bruocsella » désignant une localité indiquée dans un diplôme de 966 de l'empereur Otton 1er le Grand.
Cet acte parle d'une donation du prêtre Regennaldus à l'abbaye de Nivelles qui possède dans le pays des biens considérables tels que vignobles, pêcheries et salines.
Très précieux pour l'étude des origines de la ville, ce texte parle également de l'ecclesiam matriciam qui désignerait l'église Saint-Michel.
Selon l'avis de Henri Pirenne, le mot « stadium » qui figure dans cet acte pourrait être traduit par «marché» car les marchands nivellois, particulièrement actifs, avaient l'habitude de passer par Bruxelles en se rendant à Londres.
Mais ce mot « stadium » pourrait tout simplement désigner une propriété foncière de l'abbaye de Nivelles, antérieur au « forum » et que G. Des Marez (1935) a situé à l'emplacement de la Bourse actuelle, c'est-à-dire dans la ville basse, sur la rive droite de la Senne.
Ce dernier détail apporterait un indice d'une parcellisation du sol, liée à une croissance démographique, ainsi qu'une preuve de l'intérêt que commençaient à éprouver des abbayes à acquérir des biens immeubles en milieu urbain.
En 977 enfin, Bruxelles serait échue au duc de Basse-Lotharingie CHARLES, qui serait entré en possession de ce domaine royal des souverains germaniques soit par héritage familial, soit comme bénéfice de fonction. Et celui qui gouvernait au nom de l'Empereur un vaste duché qui s'étendait de l'Escaut jusqu'au Rhin, aurait fait ériger, entre 977 et 991, un château dans les îles de la Senne ainsi qu'une chapelle dédiée à saint Géry et dans laquelle il fit transporter les reliques de sainte Gudule venues de l'ancienne abbaye de Moorsel.
Mais qu'en est-il de la création de la ville ?
Au 10ème siècle, en 966 exactement, Othon Ier, Empereur du Saint Empire, fit construire une chapelle à l'emplacement actuel (ou très proche ?) de la cathédrale Saint-Michel. Une légende raconte que c'est à cet endroit que l'archange Michel aurait terrassé le dragon, symbole de Satan, du mal.
En 966, le hameau de Bruxelles faisait partie du duché de Basse Lotharingie, inclus dans le Saint Empire Romain Germanique. En 977, CHARLES, neveu de l'empereur Othon Ier, devint Duc de Basse Lotharingie et c'est au cours de cette même année que Charles édifia un « castrum » dans l’Île Saint-Géry et en fit sa résidence habituelle. Selon le Professeur Paul Bonenfant, le lieu n'aurait pas été un camp retranché avant la présence du Duc Charles.
Peut-être cette construction défensive a-t-elle été élevée à l'initiative de l'Empereur qui, de cette manière, protégeait la frontière ouest de ses terres contre les invasions du Marquis de Flandre. Le site géographique était en tout cas propice à la défense.
Les redoutables marécages (ou tout simplement quelques sables mouvants ?) qui s'étendaient le long de la vallée de la Senne, de même que les quelques bras de la rivière, valaient l'imposante accumulation de pierres et les épais donjons du castrum de Gand ou du castrum de Bruges.
Le castrum de l'Ile Saint-Géry était complexe : il rappelait les oppida des Gaulois et des Germains. Il ne faut pas se le figurer pareil aux châteaux forts des barons féodaux. C'était non seulement un poste militaire mais aussi un centre administratif. Il comprenait par conséquent des bâtiments aux destinations diverses.
En l'an 979, le Duc CHARLES fut proclamé Roi de France. C'est pourquoi les Bruxellois l'ont appelé CHARLES de FRANCE. Avec l'accord de l'évêque de Cambrai, CHARLES de FRANCE choisit Bruxelles pour capitale, site magique où l'on invoquait saint Michel.
Le rite de la fondation de Bruxelles eut lieu le 11 août, jour de la mort de saint Géry.
Le 12 août 979, Charles fit revenir de Cambrai les reliques de saint Géry.
C'est cette année qui a été choisie pour fêter, en 1979, le millénaire de Bruxelles !
Pendant quelques années, Bruxelles aura donc été la capitale de la France. De nombreux points de similitude assez troublants existent entre les deux capitales actuelles :
Voilà donc l'existence de Bruxelles établie. Mais il faut bien avouer que presque tout ce que l'on a pu avancer sur l'histoire de Bruxelles avant 1050, repose soit sur des légendes, soit sur des textes tardifs, soit sur des hypothèses souvent fragiles. D'après Roel Jacobs, le texte le plus ancien qui mentionne le château de Bruxelles ne date que du douzième siècle : c'est la «Vie de Saint-Guidon».
Pour G. Despy, « Est-il bien prudent d'envisager que Brosella ait existé comme village ou comme paroisse à la fin du 7ème siècle au plus tard ? Ce serait faire un crédit bien aveugle à une source écrite bien tardive (350 ans plus tard, à une époque où Bruxelles commençait à s'affirmer comme une agglomération urbaine naissante). S'il fallait retenir ce témoignage à tout prix, pourquoi faudrait-il voir en ce Brosella de 695 le centre d'un vaste domaine rural déjà muni, de surcroît, d'une église paroissiale alors que ce pouvait fort bien être un simple hameau dans l'un des grands domaines ruraux de la vallée de la Senne ? »
Pour ce même auteur, «il parait aussi imprudent de faire de l'église Saint-Michel de Bruxelles le centre paroissial d'une villa carolingienne, d'autant qu'il faut se rappeler que la première charte qui mentionne cette église à Bruxelles ne date que de 1073» !
Une première alternative doit donc être posée à propos de saint Michel : église paroissiale carolingienne d'un domaine rural existant depuis les temps mérovingiens ou bien chapitre canonial construit par l'autorité princière au milieu du 11e siècle dans une agglomération urbaine naissante.
Selon le choix que l'on fera entre ces deux interprétations (et seule l'archéologie permettrait peut-être un jour de trancher entre elles), la genèse de la ville pourra être présentée de deux manières différentes :
« Les origines de Bruxelles constituent toujours aujourd'hui un mystère profond », conclut G. Despy. « Le seul espoir de voir un jour se lever un certain nombre d'hypothèques qui pèsent lourdement sur l'histoire de la genèse de la ville se trouve du côté de l'archéologie. Mais, sous ce rapport, la situation de Bruxelles est véritablement catastrophique : peu d'informations sérieuses sur les églises et les bâtiments civils datant d'avant 1200 ; pas de sondages dans le sous-sol qui révèlent quoi que ce soit aussi bien pour la chronologie du château ducal que pour l'habitat. Alors que le territoire de Bruxelles a été labouré à plusieurs reprises depuis le siècle dernier à la suite de grands travaux d'infrastructure, l'archéologie urbaine reste singulièrement muette pour tout le Haut Moyen Age ».
Selon G. Despy, des enquêtes magistrales, fondées essentiellement sur la toponymie ancienne, ont permis d'établir que tout un complexe castral avait été construit dans les îles de la Senne à une époque fort ancienne. Il se trouvait là, incontestablement, un castrum mais aussi une exploitation domaniale ainsi qu'une église consacrée à saint Géry.
L'endroit qui devait défendre nos régions contre une invasion éventuelle venant de l'ouest, de Flandre, était admirablement choisi pour ses aptitudes défensives : situé dans une île, protégé par des bras de la rivière, par des terres bourbeuses du fond de la vallée, par des prairies probablement marécageuses sur la rive occidentale et, par surcroît, dans la zone des inondations périodiques de la Senne.
Le castrum comprenait la Grande Île, défendue selon toute vraisemblance par une solide levée de terre servant aussi de digue, par une portion d'un vieux parc et garantie par un premier rempart percé d'une porte, la Porte du Lion (N.B. Ce premier rempart sera récupéré à cet endroit pour être incorporé à l'enceinte du 11ème siècle).
Dans le castrum, on trouvait :
Daniel Ch. Luytens situe cette forteresse ducale non pas à l'emplacement actuel de l'église des Riches-Claires comme l'ont prétendu certains historiens, mais dans le pâté de maisons compris entre la rue Van Praet, la rue Auguste Orts et la rue Van Aertevelde, c'est-à-dire tout près du Pont de la Carpe.
L'accès au castrum était rendu possible par trois ponts. Le plus important, le Pont du Miroir ou Spiegelbrug, enjambait l'actuel boulevard Anspach à hauteur de la rue des Pierres et de la rue du Borgval.
Le pont en direction de la chaussée de Flandre s'appelait Pont Hollant, Pont de la Carpe ou encore Haut-Pont ; c'était en fait le Pont des Juifs ou Jodenbrugge.
Un deuxième Pont des Juifs ou Werversbrugge ou Pont des Teinturiers menait à la rive droite de la Senne.
Sans doute, dit Marcel Vanhamme, les Juifs se sont-ils groupés entre ces deux ponts et ont formé ainsi le premier ghetto de Bruxelles.
Le castrum et le castellum
L’Ile Saint-Géry par rapport au quartier actuel
Probablement construite à la même époque, c'est-à-dire aux environs de 977, une tête de pont formant une défense supplémentaire - un castellum - fut établi sur la rive droite de la Senne.
Originellement constitué par des remblais de terre ou des palissades de bois, ce premier rempart a sans aucun doute été rapidement empierré. Des vestiges de cette première muraille défensive existent encore de nos jours mais on en parle peu ou pas !
Pour Paul Bonenfant, les remparts établis sur la rive droite de la Senne remontent à l'époque du château construit dans le dernier quart du 10ème siècle, en face, sur la plus grande île qu'entourait la rivière.
Selon Daniel Ch. Luytens, il subsiste un magnifique pan de mur dans la cave de la Maison Dandoy à proximité de la Grand-Place mais son propriétaire refuse de le montrer et va même jusqu'à en nier l'existence ! En procédant à des travaux de pavement rue au Beurre, on a découvert des restes de cette enceinte primitive. Il existe encore des traces de cette même muraille dans les caves de la bijouterie située au coin de la Petite rue au Beurre.
Selon Roel Jacobs, « deux textes du 18ème siècle donnent à penser que jadis des remparts s'élevaient à cet endroit ».
En 1694, les graissiers demandent l'autorisation de rénover un immeuble de location situé derrière « La Brouette » - leur local sur la Grand-Place - et derrière lequel se trouve un bâtiment bas qu'ils désirent agrandir et surélever «jusque sur l'ancien mur de la ville». Ils demandent la permission de « construire sur ledit mur ou rempart de la ville sans que cela entraine des frais pour la ville ».
Un autre texte, datant de 1752, renvoie à l'époque où « la ville princière de Bruxelles était encore tellement petite que ses portes et ses remparts se situaient à l'entrée de la rue au Beurre, proche de la Grand-Place ».
En 1972, des restes d'un « guichet » (porte de moindre importance, inaccessible au grand trafic) – la Porte du Lion – ont été découverts rue de la Grande Île actuelle (anciennement rue des Sœurs Noires) mais les promoteurs de la construction de nouveaux bâtiments se sont empressés de faire tout recouvrir ! Ce Guichet du Lion appartenant donc au castellum fut incorporé à l’enceinte du 13ème siècle.
L'installation de ce premier système défensif devait être décisive pour la naissance et pour le développement de notre ville. C'est, en effet, à l'abri de l'ile fortifiée, et à cause de son existence, que la ville de Bruxelles a pu naître et se développer.
A cet endroit se trouvait jadis le Guichet du Lion
Restes probables des substructions du Guichet du Lion démoli en 1594,
découverts en 1972 rue de la Grande Ile
A la pointe septentrionale de la petite ile située au nord du castrum, se trouvaient le port de Bruxelles et un pont permettant le chargement des barques. Le Pont des Bateaux (pons navium ou scipbrug) ou Pont des Poissonniers marquait le terme de la navigation sur la Senne. Ce pont à deux arches servait au transbordement des produits agricoles.
Henri Pirenne a démontré que la formation des villes au Moyen Age était essentiellement due à l’œuvre des marchands qui pratiquaient le commerce en des endroits favorables.
Ainsi, si ce sont des préoccupations militaires qui ont fait choisir l'emplacement de l'Île Saint-Géry pour l'édification du castrum, la naissance de la cité est due également à la profondeur des eaux de la Senne.
La profondeur de la rivière était plus importante en aval de l’île qu'en amont où des ensablements causés par l'existence de plusieurs bras se produisaient régulièrement.
C'est donc sur la pointe nord de l’Île Saint-Géry que fut aménagé le premier port de Bruxelles.
En contact avec le Rupel, l'Escaut, le Rhin inférieur, en rapport avec Londres et Cologne, les bateliers qui naviguaient sur la rivière trouvaient au pied du castrum une défense bien organisée.
Bruxelles est très vite apparue comme un portus, c'est-à-dire un endroit où les marchandises devaient être débarquées puisque la Senne cessait d'être navigable.
Bientôt l’Île Saint-Géry devint trop petite pour contenir l'accroissement rapide de sa population. Les habitations s'établirent d'abord sur les bords de la Senne puis elles s'étendirent en diverses rues vers les collines, sur la rive droite.
Comme la plupart des villes qui surgirent en ces temps reculés, notre ville devait être un amas confus de chétives masures très primitives : ce n'étaient que de modestes abris faits de lattes et de pieux couverts d'argile et de chaume, bordant des ruelles étroites, sans pavé, ressemblant en hiver à de vrais cloaques.
La bourgade se développa rapidement et, vers l'an 1000, elle était devenue suffisamment importante pour que Lambert II Baldéric décida de la faire entourer d'une ceinture de remparts. Nos manuels d'histoire désignent donc peut-être à tort cette nouvelle enceinte comme étant la «première enceinte de Bruxelles». Elle suscite nombre d'énigmes. Les archéologues situent la fin de son édification aux environs de l'an 1100.
A. B.
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Bruxelles, Office de Publicité s.a. Editeurs, 1951
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VIEUX BRUXELLES ILLUSTRE
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BRUXELLES D'AUTREFOIS
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BIJDRAGE TOT DE KENNIS VAN HET ZUIDWESTBRABANTSCH
In de 13de en 14de eeuw fonologie
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P. Bonenfant
Quelques cadres territoriaux de l'histoire de Bruxelles
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Alexandre Henne et Alphonse Wauters
HISTOIRE DE BRUXELLES
en 3 tomes
Bruxelles, 1843
Alexandre Henne et Alphonse Wauters
HISTOIRE DE LA VILLE DE BRUXELLES
en 4 volumes
Bruxelles, Edition Culture et Civilisation, 1968
Sous la direction de Mina Martens
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Sous la direction de Jean Stengers
BRUXELLES, CROISSANCE D'UNE CAPITALE
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ATLAS DU SOUS-SOL ARCHEOLOGIQUE
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10.1 Bruxelles Pentagone
Potentiel archéologique
Bruxelles, Editions Gutenberg, 1995