La famille cistercienne, c'est-à-dire l'ensemble des monastères se rattachant à l’abbaye de Cîteaux, est nombreuse et diversifiée, l'histoire ayant amené des évolutions, des réformes, des différences de coutumes et d'adaptations. De plus, des communautés nouvellement formées ont voulu ou veulent s'y rattacher. Actuellement, des laïcs demandent une certaine forme d'affiliation. Les Cisterciens, vêtus de blanc et de noir, vivent dans la solitude et l'austérité, observant des périodes de silence et privilégiant le travail manuel et la vie intellectuelle.
Héritier du premier monastère de Cîteaux par des abbayes prestigieuses, l'Ordre cistercien comprend des monastères de coutumes et de modes de vie assez divers : abbaye principale avec prieurés dépendants, abbayes autonomes ; vie entièrement claustrale, ou comportant des activités pastorales comme l’enseignement ou la gestion de paroisses. La plupart du temps, ces abbayes n'ont pas eu à souffrir des destructions de la Révolution. L’Ordre cistercien regroupe 13 congrégations masculines – dont 8 ont une branche féminine – ayant leurs statuts propres. Les abbayes de moniales sont réunies en fédérations (en Espagne et en Italie) ou ont un régime particulier.
La majorité des abbayes sont situées en Europe, essentiellement dans les pays germaniques, en Italie et en Espagne, mais il faut noter une congrégation de moines en Ethiopie, une autre de moniales en Bolivie.
Aujourd'hui l'Ordre cistercien de la Stricte Observance, formé de deux branches, l'une masculine, l'autre féminine, compte 2512 moines et 1876 moniales répartis en une centaine de communautés pour les moines et environ septante communautés pour les moniales, dans le monde entier. On observe une diminution des membres et une augmentation du nombre des communautés en dehors de l'Europe, avec de nombreuses fondations, particulièrement chez les moniales.
L'Ordre est gouverné par les deux chapitres généraux des abbés et des abbesses, qui sont indépendants mais qui se réunissent en même temps et dont la majorité des sessions sont en commun.
L'Abbé Général, actuellement Dom Bernardo Olivera, un argentin, pôle d'unité pour tout l'Ordre, est assisté à Rome d'un conseil général mixte avec des représentants et représentantes des grandes régions culturelles de l'Ordre et non plus seulement linguistiques comme auparavant.
Cette structure de l'Ordre reste centralisée. L'évolution actuelle tend à la parité entre moines et moniales qui se traduit parfois, outre les chapitres généraux, par des visites régulières avec un abbé et une abbesse, aussi bien dans des monastères de moines que de moniales.
A la fin du dix-neuvième siècle, les trois congrégations marquées par la réforme de la Trappe, se regroupaient pour former l'Ordre cistercien de la Stricte Observance. Cette « naissance », qui n'a pas été facile, a été interprétée de diverses manières. L'Ordre cistercien de la commune Observance, autre grande composante de la famille cistercienne, la concevait comme un schisme. Quant aux Trappistes, ils se percevaient comme les héritiers authentiques de la racine de Cîteaux par leur mode de vie. Ayant repris l'ancien site de Cîteaux, cela ne fit qu'accentuer les divisions.
Ordre religieux – Ordre cistercien de la Stricte Observance – issu d'une communauté de Bénédictins [4], le mouvement de la Trappe se caractérise au dix-neuvième siècle et au début du vingtième, par un net retrait du monde, une vie de travail manuel et de prière. La règle en est particulièrement sévère : une vie communautaire marquée par le silence, ou en tout cas par une forte limitation des communications verbales, partagée entre la prière et le travail manuel.
On y retrouve donc les grands éléments de la réforme cistercienne des origines avec comme marque particulière, une insistance presque exclusive sur la pénitence, les observances, au détriment parfois de la mystique. Une majoration du travail manuel par rapport à l'étude avec un certain a priori anti-intellectuel. Si cela peut représenter un appauvrissement par rapport à « l'humanisme cistercien » du douzième siècle avec les riches expressions esthétiques architecturales et littéraires de sa spiritualité, la vie retirée du monde des « Trappistes » a recréé un environnement, un lieu adapté à un mode de vie contemplatif.
Une fréquentation plus assidue des Pères cisterciens à partir des années '50 a facilité une réappropriation du patrimoine cistercien ancien, par une vie fraternelle où s'exprime davantage l'échange, par une créativité au plan liturgique, par la recherche d'un environnement simple mais beau. Ces données font que les Trappistes et les Trappistines sont bien des Cisterciens et des Cisterciennes. Après des décennies d'uniformité d'observances, parfois jusqu'à l'aberration, l'inculturation de la vie cistercienne en dehors de l'Europe a complété ce travail de réappropriation. Si le charisme cistercien se caractérise par le fait de faire du neuf à partir de l'ancien on peut dire que l'évolution décrite brièvement ci-dessus va bien dans le sens d'un charisme cistercien renouvelé aujourd'hui, même si les réussites sont loin d'être parfaites.
Les moines trappistes et les moniales trappistines appartiennent à la famille monastique qui suit le Christ selon la Règle de Saint Benoît, document écrit au 6ème siècle au Mont Cassin en Italie.
Le surnom de «Trappiste» provient d’un mouvement de réforme qui a commencé au 17ème siècle, à partir du monastère français, « la Trappe », en Normandie. Les communautés qui suivent cette réforme s’appellent souvent « Trappistes ».
La réforme trappiste s’est inspirée d’un mouvement plus large de réforme qui avait eu lieu dans le monachisme bénédictin il y a 500 ans, au 12ème siècle, à partir du monastère de Cîteaux, près de Dijon.
Les monastères que suivent cette réforme sont appelés « cisterciens », de Cistercium, traduction latine de Cîteaux. La réforme s’étendit rapidement en Europe sous l’impulsion de Saint Bernard de Clairvaux et compta, à la fin du 13ème siècle, jusqu’à plus de 500 monastères.
Les moines et les moniales trappistes ont la réputation d’être des personnes silencieuses. D’une façon ou d’une autre, cette réputation, qui a un certain fondement réel, a donné naissance à l’idée que les Trappistes font vœu de silence, ce qui n’a jamais été le cas. Dans le monastère cistercien il y a trois motifs pour parler : la communication utile au travail ou pendant les dialogues communautaires, l’échange spirituel avec les supérieurs ou avec un frère sur des sujets de vie personnelle et la conversation spontanée en des occasions spéciales. Ces motifs pour user de la parole font partie intégrante de la discipline pour maintenir dans le monastère un climat de silence qui constitue un moyen privilégié pour parvenir à la prière continuelle.
Cependant, le silence est inclus implicitement dans une des promesses faites par tous les Bénédictins et tous les Cisterciens au moment de la profession monastique, cinq ou six ans après l’entrée au monastère. Ils promettent la « conversion », c’est-à-dire, la fidélité à la vie monastique. Un aspect de cette conversion est la discipline pour maintenir un climat de silence qui exige le contrôle de la langue. D’ailleurs, le moine découvre bientôt que parler n’est pas toujours la forme la meilleure de communication, que les paroles sont utilisées fréquemment pour dissimuler. La bienveillance simple, silencieuse et priante communique quelque chose qui va bien au-delà des paroles.
La congrégation espagnole des moniales de Saint-Bernard est juridiquement rattachée à l'Ordre cistercien de la Stricte Observance. Par ailleurs, plusieurs communautés de moniales de tradition cistercienne entretiennent un lien spirituel avec l'un des deux ordres, tout en conservant leur autonomie.
C'est en 1229 - 1930 que Gilles de Walcourt, seigneur de Rochefort fonde l'abbaye qui s'appelle alors « Secours de Notre-Dame ». En 1792, le Pape Pie VI prononce la sécularisation de l'abbaye. En 1887, la vie monastique reprend ainsi que les activités de brassage pour l’usage personnel des moines.
La première brasserie de l'abbaye qui utilisait houblon et orge poussés sur ses terres, date de 1595, lorsque Arnould de Maison Neuve restaure les lieux et instaure une activité de brassage.
La brasserie moderne fonctionne depuis 1907 mais la commercialisation de la bière a débuté plus tard car le bâtiment actuel et les installations les plus récentes datent de 1960.
Interdite aux visiteurs, la brasserie fonctionne dans la Stricte Observance des règles :
La production est de plus de 200 hectolitres par semaine soit 10 000 hectolitres par an. Elle comprend uniquement trois riches bières brunes typiques, d'une même catégorie de base mais de plus en plus fortes, allant de 6 (7,5 %) à 8 (9,2 %) et 10 (11,3 %), et qui portent le nom de leur degré d'alcool.
Dès le Moyen Age, deux ordres monastiques connaissaient une intense activité de brassage : les Bénédictins et les Cisterciens.
Après la révolution, seuls les Trappistes – Cisterciens de Stricte Observance – ont repris le brassage en Belgique et en Hollande.
Devant le succès de leurs bières et des contrefaçons, les moines ont été conduits à se protéger. Un jugement rendu à Gand en février 1962 a fixé les règles de la dénomination « trappiste ».
Celle-ci « désigne une bière appartenant à l'ordre des Trappistes ou par des personnes qui auraient obtenu à cet effet l'autorisation de cet ordre. Est donc dénommée « trappiste » une bière fabriquée par des moines cisterciens et non une bière dans le style trappiste, qui sera plutôt appelée « bière d'abbaye »... »
En d’autres termes, les bières trappistes sont produites par ou sous contrôle des moines appartenant à des abbayes de l'Ordre cistercien réformé de la Stricte Observance, également appelés « Trappistes » en raison de la célèbre abbaye Notre Dame de la Grande Trappe, située à Soligny dans l'Orne (France).
De ce fait, il n'existe que six brasseries trappistes dont cinq en Belgique :
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Techniquement, les trappistes sont des bières de fermentation haute dont l'eau, puisée sur place, est non traitée. Les moines utilisent 95% de malt ambré à forte teneur en azote, dont dépend le bouquet de la bière, et 5% de malt caramélisé ou torréfié qui en corse le goût et en renforce la couleur.
La bière est fortement houblonnée avec des chaudières à feu direct, ce qui donne un arôme très particulier.
La fermentation dure de cinq à sept jours et le gaz carbonique n'est pas récupéré, ce qui fait la principale caractéristique de cette fabrication.
Au moment de la mise en bouteille, la bière limpide, filtrée, oxygénée et refroidie, contient encore un certain pourcentage de sucre.
Le brasseur en rajoute et injecte une dose de levure fraîche dans chaque bouteille : ainsi la bière va refermenter en bouteille, acquérir son bouquet définitif et se saturer naturellement en gaz carbonique.
Elle ne sera pas commercialisée avant un temps de garde important en chambre tempérée, de deux semaines à deux mois.
Les bières trappistes sont donc foncées, assez fortes, nécessairement livrées en bouteilles. Elles sont nourrissantes. Un dépôt peut provenir de la lie des levures, d'où la nécessité de conserver les bouteilles verticalement une à deux semaines avant de les servir. Les vrais amateurs boiront séparément le fond de levure avec un peu de bière.
La Trappiste de Rochefort est une bière brune de fermentation haute. Elle est brassée et soutirée dans l’enceinte de l’Abbaye Saint-Rémy à Rochefort. Les dimensions modeste de la brasserie permettent aux moines trappistes et à leurs collaborateurs une parfaite maîtrise de la fabrication. Son caractère artisanal est spécialement apprécié des fins dégustateurs !
Cette bière n’est constituée que de produits naturels : eau de source, malt, houblon, sucre. La levure en assure la fermentation. Refermentée en bouteille, la trappiste de Rochefort libère toute sa saveur lorsqu’elle est servie dans son verre d’origine et à une température de 12 à 14 degrés mais il y a aussi des amateurs pour la déguster à 15 ou 16°C.
Seuls les produits fabriqués au sein d’une abbaye trappiste, sous la vigilance de la communauté qui y vit, ont le droit de porter le label d’authenticité trappiste. Cette appellation est rigoureusement contrôlée.
Jusqu'à récemment, les bouteilles ne portaient pas d'étiquette et étaient identifiées par la couleur de la capsule, rouge (6°), verte (8°) et bleue (10°) :
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La plus légère et la plus sèche, la 6°, ne se vend que localement ; elle a une couleur pain d’épice, une mousse légère et fine, un arôme bien houblonné et une rondeur caractéristique.
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Puissamment fruitée, complexe, remarquable par son arôme puissant, et d’une riche texture, la 8° est de beaucoup la plus populaire.
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Bière très ambrée, remarquable de fondu et de puissance aromatique, la 10° est d'une intensité redoutable. Elle a une couleur fauve, capiteuse mais douce, piquante et un peu poivrée, un arôme de réglisse et de prunes mûres, un goût très moelleux, presque oriental.
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L'eau provenant des grottes de la colline n'est pas traitée. Le malt provient de l'orge de printemps. De fermentation haute, la bière est centrifugée. Une adjonction de levure fraîche et de sucre cristallisé assure une seconde fermentation en bouteille. La couleur provient du malt caramélisé et du sucre cassonade du premier brassin, le goût est subtilement chocolat.
Et maintenant, il ne tient plus qu’à vous d’apprécier personnellement la saveur particulière des différentes bières trappistes de Rochefort !
Des visites exceptionnelles, à ne pas manquer!
A. B.
Lien vers un bel article de présentation de la bière Trappiste de Rochefort,
avec notamment une vidéo à la fin, de la part de Côme Besse
[4] établie à l'abbaye de Notre-Dame de la Trappe, fondée par Rotrou III, comte du Perche, en 1140 à Soligny (Orne), rattachée à Cîteaux en 1147, puis réformée en 1664 par Rancé qui y institua la règle de la Stricte Observance.