Nous sommes allés visiter l'exposition consacrée au peintre Jean Martin à "La Piscine" de Roubaix ce jeudi 6 octobre 2016.
Depuis le 25 juin jusqu'au 9 octobre, "La Piscine" propose une exposition inédite sur l’oeuvre de Jean Martin (1911-1996), peintre autodidacte lyonnais présent dans les collections roubaisiennes grâce aux récentes donations faites au musée en 2011 et 2013. Cette exposition est l’occasion de découvrir l’univers original de Jean Martin, marqué par un style réaliste et expressionniste, mais également ses nombreuses contributions pour les mondes du théâtre et de la télévision.
Fils d’ouvrier, Jean Martin est un peintre figuratif français, né à Lyon en 1911 et mort dans la même ville en 1996. Il a développé en autodidacte une pratique assidue du dessin et de la peinture.
Le musée nous propose un parcours artistique de ce peintre original, attaché à la question de l’objet et du décor. De ses personnages aux silhouettes étirées, et souvent dégingandées ou démantibulées à la manière de mannequins, on prétend qu’ils évoquent certaines figures du Greco ou de Picasso.
En 2011, "La Piscine de Roubaix" a reçu "Le Fils du bedeau" (1933) et "Le Noyé" (1937) puis "L’Exilé" (1938), trois peintures particulièrement significatives des choix esthétiques de l’artiste durant les années 1930. Ces grandes toiles emblématiques du style réaliste et expressionniste produites durant l’entre-deux-guerres, sont marquées par le 16ème siècle allemand, mais aussi par l’expressionnisme contemporain belge. Dans les œuvres de cette période, traversées par une évidente inquiétude et une grande sensibilité aux difficultés et aux drames de la vie, les silhouettes des personnages, très étirées, et souvent comme dégingandées ou démantibulées à la manière de mannequins, évoquent certaines figures du Greco ou de Picasso. Parmi elles, " L’Exilé " qui, dans une composition dont l’ambition politique touche à l’évidence au sacré, représente un jeune déserteur allemand persécuté par le régime nazi et recueilli par Jean Martin, chez lui, à Lyon.
Le Fils du Bedeau L’Exilé L'inquiétude de la mère
Voici quelques toiles que j'ai beaucoup appréciées :
Femme au pigeon Dormeurs au matin Les aveugles
« La solidarité dans la nuit, chacun tient l'autre pour avancer. Dans quelle direction ? Y a-t-il un espoir ? » Jean Martin a représenté à trois reprises le thème des Aveugles (1934, 1938 et 1951). Marqué par l'allure et la démarche des pensionnaires de la Maison des femmes aveugles de Fourvière, il a choisi de peindre des personnages masculins, probablement afin de mieux rendre les mouvements des corps ; le corps humain, souvent représenté de façon sculpturale, ayant toujours une grande importance dans l'œuvre de Jean Martin. L'escalier « le Passage des anges », typique des ruelles montant à Fourvière ou de la Croix Rousse, s'apparente plutôt ici à une descente aux enfers.
Le choix du thème reflète peut-être un sentiment personnel d'anxiété : le grand père de Jean Martin était aveugle, et distinguait ses deux petits-fils par le toucher ; le peintre a souvent exprimé la crainte de devenir aveugle à son tour.
La femme aux gants verts Le Noyé ou l'Innondation Tête de crucifié
(L'épouse du peintre)
Comme dans "Les Aveugles", sur le glacis bleu de ses fonds se dressent des personnages dans leurs attitudes simples et superbes à la fois. Ses "Crucifiés" (qui ne sont pas des Christs) offrent leurs chairs obsédantes, leur nudité impitoyable. Leurs gestes ont tellement été dépouillés qu’ils apparaissent neufs, comme s’ils n’avaient jamais été vus, car l’observation aiguë de la réalité découvre des profondeurs insoupçonnées : le réaliste devient visionnaire.
Le Crucifié Saint-Sébastien Le Calvaire
Saint Sébastien (1942), devant la ville de Lyon, est un martyr circoncis qui répond, comme un cri de conscience, aux lois et aux persécutions antisémites du régime de Vichy.
Après-guerre, Jean Martin quitte Lyon pour Paris où il participe au renouveau des arts de la scène en créant décors et costumes – notamment des masques très impressionnants – pour des productions théâtrales qui lui font côtoyer des personnalités essentielles du spectacle français.
Au début des années cinquante, il s’oriente définitivement vers la tradition médiévale et crée des images empreintes d’idéal roman et byzantin, proches d’une inspiration surréaliste ou symboliste. Il joue un rôle important dans le renouveau de l’art sacré en France à l’heure de la Reconstruction.
J'ai apprécié ce clin d’œil aux Templiers !
En 2013, par un ensemble significatif de dessins préparatoires, maquettes, photographies et documents, Jean Martin se consacre à des projets de décors et de costumes pour des pièces de théâtre. Plus de deux cents documents – dessins préparatoires et maquettes de l’artiste – ont permis d’apprécier,au travers de cette exposition, la contribution du peintre dans le domaine du décor et du costume.
De 1947 à 1954, Jean Martin est l'auteur de nombreux décors, masques et postiches, costumes et statues pour le théâtre.
Voyez ce que mon épouse a réalisé sur ce sujet : Lien URL
Jean Martin a également dessiné des masques et des costumes pour des géants.
D'autres toiles que j'ai beaucoup appréciées :
Les blouses blanches L'homme aux violettes Le verre de vin Le veilleur
La repasseuse L'homme qui mange Maternité Nu au carrelage
L'Annonciation La blessure au côté L'hôpital
La longue chemise Le poète Les dormeurs au matin
Mon épouse a également traité ce sujet, à sa manière. Une petite visite s'impose : Lien URL vers cette page
A. B.