Une visite au musée Louvres - Lens
Ce 12 janvier 2017, nous avons décidé de nous rendre au Musée « Louvre – Lens », ce « deuxième Louvre » situé à Lens dans le Pas-de-Calais. Il s'agit d'un établissement étonnant, très futuriste, avec un côté japonisant pour le grand parc qui l'entoure. Bien qu'autonome, il est lié au musée du Louvre parisien par une convention scientifique et culturelle.
Avant d'accueillir le musée Louvre-Lens, ce bout de terre lensois était un carreau de mine qui s'appelait la fosse Théodore Barrois, plus connue sous le nom de fosse n° 9. On y a extrait du charbon pendant un peu moins d'un siècle.
Ci-dessus, un beau montage réalisé par mon épouse !
Maquette de l'ancien site minier
La fosse a commencé à extraire le 1er octobre 1890. Un puits d'abord profond de 304,40 mètres. Il appartenait à la Compagnie des mines de Lens. La fosse fut détruite durant la Première Guerre mondiale mais rapidement reconstruite. Voici comment elle se présentait dans les années 30 :
Le bâtiment moderne actuel accueille des expositions semi-permanentes représentatives de l'ensemble des collections du musée du Louvre, renouvelées régulièrement. Il accueille également des expositions temporaires de niveau national ou international.
Le Louvre-Lens compte trois espaces d'expositions : la Grande Galerie, le Pavillon de verre et la Galerie des expositions temporaires. Diverses expositions sont organisées dans ces espaces.
Dans la matinée, nous avons tout d’abord visité « la Galerie du Temps », qui est une immense pièce avec une frise chronologique qui présente des œuvres de tout temps. Il y en a clairement pour tous les goûts : des tableaux, des sculptures, divers objets, de belles mosaïques, même des sarcophages... Chaque oeuvre possède son annotation détaillée avec la date, une petite description, la provenance de l'objet ainsi que sa vie jusqu'au musée. Il nous a fallu une bonne heure pour voir toute cette salle à notre aise. Il en faudrait davantage pour s'intéresser davantage à toutes les œuvres.
La « Galerie du Temps » montre le long et passionnant cheminement de l'humanité. Elle offre un parcours inédit à travers l'histoire de l'art, de la naissance de l'écriture en Mésopotamie au 4ème millénaire avant notre ère, jusqu'à la révolution industrielle en Europe au milieu du 19ème siècle. Sur une surface spectaculaire de 3 000 m2 d'un seul tenant, elle réunit plus de 200 chefs-d’œuvre du Louvre. Élégante et astucieuse, la scénographie à la fois chronologique et pluridisciplinaire crée un dialogue nouveau entre les époques, les techniques et les civilisations.
Lorsque vous rentrez dans cet immense couloir, s'offre à vous une vision étonnante : vous surplombez une véritable frise « grandeur nature ». Au premier plan, des sarcophages égyptiens... et au loin, le chef-d'oeuvre de Delacroix, symbole de l'antenne nordiste du Louvre.
J'ai personnellement éprouvé comme un sentiment d'être au pied de millénaires d'histoire et de culture... et de pouvoir m'y balader, ensuite, au gré de mes envies ! Cette « Galerie du temps » est très bien conçue car les œuvres y sont exposées en quinconce, de sorte que le visiteur est contraint de passer devant chacune d'elles.
Lien avec mes photos personnelles prises dans la Galerie du Temps
Après la visite de la Galerie du Temps, nous avons déjeuné dans cette sympathique petite brasserie friterie, « Chez Cathy » « typiquement CHT'I », dans un cadre typique du nord Pas de calais.
Ce restaurant existait déjà avant la construction du musée et est resté authentique.
La brasserie « Chez Cathy » est parfaitement située à proximité immédiate du Louvre-Lens. Elle connaît un grand succès.
L’accueil était avenant et souriant, simple, rapide mais pas pressant, et efficace. La cuisine est régionale. Les plats simples, copieux et d'excellente qualité, les frites très bonnes, servies copieusement, un régal ! Le dessert maison - une tarte tatin surmontée d'une délicieuse boule de vanille était succulent. Le service souriant et attentionné. Le rapport qualité prix est remarquable et la « formule déjeuner » que nous avons choisie était attractive.
En début d'après-midi, nous avons aussi visité une exposition temporaire...
Jusqu'au 23 janvier 2017, le Louvre-Lens consacre une exposition, à la fois belle et pédagogique, à la Mésopotamie, cette fascinante contrée, où l’écriture, le tissage et la roue furent inventés.
Nous avons été agréablement surpris par la qualité de l'organisation de cette exposition qui, dès son entrée, met les visiteurs dans de bonnes conditions en lui proposant des repères actuels qui lui permettront de faire le lien avec cette époque si lointaine.
Les éclairages, jeux de lumières et toute la mise en scène de cette exposition nous ont réellement séduits.
Code Hammurabi - Babylone - Inscriptions cunéiformes - Détail
La Mésopotamie, le pays entre les deux fleuves situé pour l'essentiel en Irak actuel, est le berceau de l'économie moderne et de l'écriture avec laquelle commence l'histoire. C'est aussi le pays des premières villes et des systèmes politiques et administratifs les plus anciennement connus à ce jour. Si nos villes, notre cadre de vie, nos croyances et notre imaginaire modernes sont bien différents de ceux de la Mésopotamie antique, ils n'en sont pas moins les héritiers des « premières fois » fondamentales de la civilisation mésopotamienne.
C'est ce monde à la fois proche et lointain que l'exposition présentera, à travers des œuvres majeures et des témoins inédits de la Mésopotamie du IIIe au 1er millénaire avant J.-C.
Le musée du Louvre entend ainsi montrer l'importance fondamentale de ce patrimoine mondial, connu partiellement grâce à la Bible et redécouvert à partir du 19ème siècle lors des fouilles archéologiques, alors qu'il est aujourd'hui menacé par la situation tragique en Irak et au Moyen-Orient.
Née entre le Tigre et l’Euphrate, la Mésopotamie tient son nom des Grecs qui l’avaient appelée le « pays entre deux fleuves ». Cette civilisation a rayonné pendant trois mille ans jusqu’à la conquête d’Alexandre le Grand, en 331 avant J.C. Tombée progressivement dans l’oubli, elle fut redécouverte au 19ème siècle par les archéologues et les érudits.
Paul-Émile Botta, consul à Mossoul, fut le premier, en 1842, à entreprendre des fouilles dans le nord de l’Irak actuel, à la recherche de l’antique cité de Ninive dont parle la Bible. S’il ne la trouva pas, il exhumera non loin de là, à Khorsabad, l’ancienne capitale assyrienne, les joyaux qui font aujourd’hui la fierté du Musée du Louvre.
Un patrimoine menacé
En raison de leur stature monumentale, les célèbres taureaux ailés n’ont pas pu faire le déplacement jusqu’à Lens, de même que les trésors du Musée de Bagdad, rouvert depuis un an et demi. En Irak, toute sortie d’objets de valeur reste impossible : les pillages sont légion et les combats contre Daech font encore rage. L’ancienne cité de Nimroud, près de Mossoul, vient d’être libérée, il y a quelques semaines à peine, et la Ziggurat, sa colossale tour à étages, a malheureusement été rasée.
L’exposition évoque par petites touches les menaces qui planent sur ce patrimoine, comme sur une image satellite du site de Khorsabad percé de dizaines de trous par les pilleurs. Le parcours, coloré par les magnifiques relevés de bas-reliefs réalisés lors des fouilles au 19ème siècle, insiste surtout sur l’importance et la richesse de cette civilisation souvent mal connue.
La Mésopotamie, « le monde des premières fois »
La commissaire Ariane Thomas est parvenue à rendre lisible les 400 objets venus notamment du Musée du Louvre à Paris, et du British Museum de Londres, à travers un dispositif varié de cartes, de frises chronologiques, de maquettes et de films.
Nous avons ainsi cheminé dans le palais disparu de Khorsabad et dans ses luxuriants jardins reconstitués en trois dimensions. Là, nous nous sommes « initiés » aux bases de l’écriture cunéiforme dont les signes sont poinçonnés dans l’argile fraîche à l’aide d’un roseau biseauté.
Pour Ariane Thomas, la Mésopotamie fut le « monde des premières fois ». Non seulement ce peuple fut le premier à écrire son histoire, via des chroniques royales fort détaillées, mais on lui doit aussi de nombreuses inventions : l’irrigation, la roue, la brique moulée, le verre, les produits laitiers, le vin et même la bière, que les notables buvaient à l’aide d’une paille recouverte d’or et de lapis-lazuli !
Les statuettes finement ciselées et les somptueuses parures féminines témoignent du raffinement de ces élites lettrées, férues de médecine et d’astronomie. Et cette civilisation brillante n’a pas livré tous ses mystères : plusieurs grandes cités antiques, comme celle d’Akkad, n’ont pas encore été retrouvées.
Mythes et fantasmes à foison
Depuis le 19ème siècle, la Mésopotamie a inspiré nombre de créations plus ou moins fantaisistes, dont une projection d’images en préambule du parcours donne un aperçu bigarré. Delacroix a peint magistralement la mort tragique de Sardanapale, mis en musique par Berlioz. Sémiramis, légendaire reine de Babylone, a inspiré à Voltaire une pièce et à Rossini un opéra. En 1842, c’est « Nabucco » (contraction de Nabuchodonosor, roi de Babylone), présenté à la Scala de Milan, qui a lancé la carrière de Verdi ! À New York, des taureaux ailés flamboyants ornent la façade d’un gratte-ciel, le Fred F. French building. L’assyriomanie a même gagné la bande dessinée, de Tintin à Adèle Blanc-Sec !
Lien avec mes photos personnelles de quelques belles pièces de cette exposition
Nous avons bien apprécié cette deuxième visite dans ce très bon musée. Et la gratuité d'accès à la "Galerie du Temps" en fait un excellent centre culturel et pédagogique à la portée de tous. Nous y avons observé des groupes de jeunes étudiants français, intéressés et relativement calmes. Nous avons aussi remarqué que toutes les descriptions d'objets exposés le sont en français, en anglais et en néerlandais, ce qui témoigne d'une politique d'accueil remarquable. Lorsque la Flandre en fera autant, elle aura fait un grand pas en avant sur le plan de la tolérance.
A. B.
Sources consultées :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Louvre-Lens
http://www.louvre.fr/departments/le-louvre-lens
http://www.routard.com/forum_message/3241688/avez_vous_visite_le_louvre_lens.htm